La peur de mal faire : pourquoi la communication écoresponsable paralyse tant d’entreprises
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai cette sensibilité écologique qui grandit, cette petite voix qui s’inquiète pour l’avenir. En tant que mère, je me demande souvent : ‘à quoi ressemblera la vie de mes enfants quand ils seront adultes ?’. C’est une question lourde, presque paralysante. Et si je suis tout à fait honnête, cette angoisse ne se traduit pas toujours en actions concrètes. Pire encore, quand je pense à mon entreprise, le vide est presque total. Pourquoi ? La peur. La peur viscérale d’être taxée de ‘greenwashing’, de récupération, d’instrumentalisation. Je suis sûre que je ne suis pas la seule à ressentir ce blocage. On voit tellement d’exemples d’entreprises qui essaient de communiquer sur leurs efforts et qui se font descendre en flèche, que l’inaction semble parfois la solution la plus sûre.
C’est un véritable cercle vicieux : on ressent l’urgence d’agir, mais la peur du jugement nous empêche de communiquer sur nos actions, voire d’agir tout court. Comme je le disais dans le podcast, ‘c’est le chat qui se mord la queue’. On a l’impression que quoi que l’on fasse, ce ne sera jamais assez bien, jamais assez pur. Cette crainte est d’autant plus forte que le scepticisme ambiant est à son comble. Le public a été tellement exposé à des promesses vertes non tenues qu’il a développé, à juste titre, ce que Julien Reynaud de Treedom appelle un ‘bullshit detector’ très affûté.
Pourtant, rester immobile n’est plus une option. L’enjeu dépasse la simple image de marque ; il est devenu existentiel pour nos entreprises et pour notre société. Comment sortir de cette impasse ? Comment transformer cette peur en un moteur d’action positive et authentique ? C’est précisément pour répondre à ces questions que j’ai invité Julien Reynaud. Son expertise nous offre une bouffée d’air frais et, surtout, une méthode claire pour intégrer une véritable dimension écoresponsable dans nos activités et apprendre à en parler avec justesse, transparence et humilité. Cet article est une retranscription enrichie de notre conversation, un guide pas à pas pour que votre entreprise devienne, à son échelle, une partie de la solution, sans jamais tomber dans les pièges de la communication de façade.
Le greenwashing : décrypter le piège pour mieux l’éviter
Avant de pouvoir construire une communication écoresponsable solide, il est impératif de comprendre son opposé : le greenwashing. Ce terme, souvent galvaudé, est au cœur de la méfiance des consommateurs et de la paralysie des entrepreneurs. Le définir précisément est la première étape pour s’en prémunir. Il ne s’agit pas simplement de ‘mal communiquer’, mais d’une démarche fondamentalement malhonnête ou, dans le meilleur des cas, terriblement maladroite, qui discrédite l’ensemble des efforts écologiques. Comprendre ses mécanismes, ses différentes formes et les enjeux qu’il soulève est essentiel pour quiconque souhaite s’engager sur la voie de la durabilité avec intégrité.
Définition officielle et exemples concrets de greenwashing
Le greenwashing, ou écoblanchiment, est un véritable fléau. Il sème la confusion et nuit à la crédibilité des entreprises qui agissent sincèrement. Pour y voir clair, Julien Reynaud nous rappelle la définition de l’ARPP (l’Agence de Régulation des Professionnels de la Publicité) : c’est ‘l’utilisation abusive de l’argument écologique dans la communication d’une organisation’. Le mot clé ici est ‘abusif’. L’abus peut prendre plusieurs formes, souvent subtiles.
La plus courante est l’utilisation d’un vocabulaire disproportionné ou flou. Julien cite un exemple classique et parlant : ‘la voiture verte’. Il souligne avec justesse : ‘Je suis désolé hein mais jusqu’à preuve du contraire, vert c’est pas un terme scientifique, c’est pas mesurable et en fait à part la peinture, je vois pas ce que ça veut dire’. C’est exactement ça. Le terme ‘vert’ ou ‘écologique’ ne signifie rien s’il n’est pas soutenu par des données chiffrées, comparatives et vérifiables. Une voiture peut être *moins* polluante que le modèle précédent, émettre X% de CO2 en moins, être composée de 30% de matériaux recyclés. Ces informations sont précises. ‘Voiture verte’ est un slogan vide qui induit le consommateur en erreur en lui faisant croire à un impact nul ou positif, ce qui est factuellement faux pour une automobile en 2022.
Un autre piège est l’utilisation d’éléments visuels ou sonores déconnectés de la réalité du produit. L’exemple de la publicité montrant ‘une petite fleur qui sort du pot d’échappement’ est caricatural mais illustre parfaitement le propos. On associe artificiellement le produit à la nature pour lui conférer une image positive, alors que son impact fondamental reste négatif. C’est une manipulation émotionnelle qui court-circuite la réflexion rationnelle du consommateur. Il faut également se méfier des affirmations vagues comme ’50 % recyclé’ sans préciser sur quelle partie du produit porte ce pourcentage, ou des auto-labels créés par la marque elle-même, sans aucune certification par un tiers de confiance.
Les enjeux de la communication durable : au-delà du simple marketing
Pour éviter le greenwashing, il faut viser plus haut : la communication durable. Ce n’est pas juste une version ‘honnête’ du marketing vert, c’est un changement de paradigme. Julien explique que cela implique d’adopter une approche ‘plus holistique’. L’entreprise ne se contente plus de parler de ses produits, elle prend conscience de sa place dans un écosystème plus large et communique sur son impact global. Cela signifie ‘élargir la responsabilité de ton entreprise et son impact et son récit au climat, à la biodiversité, à la société de manière plus large’.
L’un des premiers objectifs de cette démarche est de restaurer la confiance. Les chiffres cités par Julien sont alarmants : la confiance du public dans le discours des entreprises est passée de 54% en 2004 à seulement 29% en 2019. C’est un effondrement. La communication durable, par sa transparence et son honnêteté, est le seul moyen de regagner cette confiance perdue. Elle implique de parler non seulement de ses succès, mais aussi de ses défis, de sa trajectoire d’amélioration continue.
Le deuxième enjeu est de promouvoir le ‘faire ensemble’. La transition écologique ne peut être une quête solitaire. ‘Quand on est sur une transformation durable, on ne la fait pas tout seul. C’est par définition écosystémique’, rappelle Julien. Une communication durable réussie embarque toutes les parties prenantes : les fournisseurs, les collaborateurs, les clients, et même les concurrents. Elle favorise l’intelligence collective et la collaboration pour résoudre des problèmes complexes. L’exemple de Patagonia, qui incite ses clients à moins consommer et à réparer leurs vêtements, est emblématique. C’est une marque qui a réussi à ‘changer les comportements’ en créant une communauté forte autour de valeurs partagées.
Le cadre légal se resserre : la fin de l’autorégulation
Pendant longtemps, le greenwashing a prospéré dans un certain flou juridique, principalement encadré par des recommandations non contraignantes. Mais cette époque est révolue. Comme le souligne Julien, nous sommes dans un ‘contexte de transition aussi légale’. La loi Climat et Résilience, adoptée en France, a changé la donne avec des décrets d’application très concrets visant à encadrer strictement les allégations environnementales.
L’arrivée imminente d’un ‘décret anti Green washing’ est une excellente nouvelle pour tout l’écosystème. Cela signifie que les entreprises ne pourront plus utiliser des termes comme ‘neutre en carbone’ sans pouvoir le prouver de manière extrêmement rigoureuse, en détaillant l’ensemble de leur démarche de réduction d’émissions avant de parler de compensation. Ce durcissement légal va ‘renforcer le contrôle et les moyens de sanction’.
Loin d’être une contrainte supplémentaire, cette régulation est une chance. Elle offre des garde-fous clairs qui protègent à la fois les consommateurs de la désinformation et les entreprises vertueuses de la concurrence déloyale de celles qui ne font que du marketing de façade. Ce cadre légal nous aide à ‘savoir jusqu’où tu peux aller’. Il nous force à être plus précis, plus mesurables et donc plus crédibles. C’est une incitation puissante à passer des paroles aux actes, car demain, il faudra pouvoir prouver chaque mot utilisé dans sa communication.
Cette évolution législative marque la fin d’une ère et le début d’une autre : celle où la responsabilité environnementale n’est plus un argument marketing optionnel, mais une composante essentielle et vérifiable de la stratégie d’entreprise. Pour les entrepreneurs qui, comme moi, avaient peur de mal faire, c’est un signal positif : les règles du jeu deviennent plus claires pour tout le monde.
La transition écologique n’est plus une option, c’est une nécessité économique
Pendant des années, l’écologie en entreprise a été perçue comme une affaire de ‘bons sentiments’, une démarche éthique réservée à quelques marques militantes. Aujourd’hui, cette vision est complètement dépassée. Comme l’explique brillamment Julien, s’engager dans une transition écologique n’est plus un choix moral, mais un impératif stratégique et économique. Les forces qui transforment notre monde sont si puissantes que les entreprises qui les ignorent prennent un risque majeur pour leur survie. Il est crucial de comprendre que la durabilité est devenue un levier fondamental de résilience, d’innovation et de pertinence sur le marché. C’est un changement de perspective radical : l’écoresponsabilité n’est pas un coût, c’est un investissement dans l’avenir.
Les nouvelles réalités macroéconomiques que vous ne pouvez ignorer
Pour nous faire prendre conscience de l’urgence, Julien partage quatre certitudes qui devraient résonner chez chaque dirigeant d’entreprise. La première est que, quoi qu’il arrive, nous ferons face à de ‘plus grandes contraintes écologiques’ d’ici 2050. L’objectif de neutralité carbone en 2050 implique que d’ici là, les effets du changement climatique vont continuer de s’intensifier. Pour une entreprise, cela se traduit par des risques concrets : ruptures de chaînes d’approvisionnement dues à des événements climatiques extrêmes, raréfaction de certaines matières premières, stress hydrique affectant la production.
La deuxième certitude découle logiquement de la première : nous allons connaître de ‘plus en plus de contraintes économiques’ liées à l’environnement. Cela se matérialise déjà. Pensez à la fiscalité carbone qui va s’alourdir, au coût des matières premières qui explose en raison de leur rareté, au prix de l’énergie qui devient un enjeu de compétitivité majeur, et aux primes d’assurance qui augmentent pour couvrir des risques climatiques croissants. Ignorer ces signaux, c’est comme naviguer sans regarder la météo : tôt ou tard, la tempête vous rattrape. Adopter un modèle plus frugal et circulaire n’est donc plus une utopie, mais une stratégie de gestion des risques financiers.
Les générations Y et Z au pouvoir : le nouveau paradigme du consommateur et du collaborateur
La troisième certitude est peut-être la plus impactante à court terme, car elle est d’ordre démographique et culturel. Les générations Y (Millenials) et Z, nées avec la conscience de la crise écologique, sont en train de devenir majoritaires. Comme le dit Julien, ‘elle va être majoritaire dans notre pouvoir d’achat, majoritaire sur notre force de travail d’ici 3-4 ans max’. Ces générations ne fonctionnent pas comme leurs aînées. Elles ont ‘une conscience de la biosphère qui est nettement plus développée’.
Pour elles, une entreprise qui n’a pas de modèle économique durable n’est tout simplement pas une entreprise d’avenir. Ce changement de mentalité a deux conséquences majeures. D’une part, en tant que consommateurs, ils choisissent des marques alignées avec leurs valeurs, et leur ‘bullshit detector’ est extrêmement sensible au greenwashing. Perdre leur confiance, c’est perdre le marché de demain. D’autre part, en tant que collaborateurs, ils cherchent du sens dans leur travail. Ils veulent rejoindre des entreprises qui ont un impact positif. Une entreprise sans stratégie RSE sérieuse aura de plus en plus de mal à attirer et à retenir les talents.
La quatrième et dernière certitude est la conclusion logique des trois précédentes : ‘adopter dans ton entreprise un modèle qui soit plus frugal, qui soit plus circulaire, qui soit moins carboné, bah en fait c’est un grand moyen pour toi de résilience’. Cette résilience est à la fois financière, comme nous l’avons vu, mais aussi commerciale et humaine. C’est la clé pour rester pertinent et désirable aux yeux de vos clients et de vos futurs employés. L’écoresponsabilité n’est plus un département isolé de l’entreprise, c’est le nouveau système d’exploitation sur lequel tout le reste doit se construire.
La méthode en 3 étapes pour une stratégie écoresponsable authentique
Maintenant que nous avons compris le ‘pourquoi’, il est temps de passer au ‘comment’. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une méthode claire et structurée pour construire une démarche sincère et éviter les faux pas. Julien insiste sur un principe fondamental : ‘avant de communiquer, il faut faire’. La communication n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le véritable travail se fait en amont, dans l’analyse, la prise de décision et l’action. C’est ce travail de fond qui donnera toute sa légitimité et sa force à votre discours. Oubliez les slogans et les campagnes tape-à-l’œil ; la crédibilité se construit sur des preuves tangibles. Voici la feuille de route pour transformer votre entreprise de l’intérieur.
Étape 1 : Le bilan de lucidité – Analyser la chaîne de vie de votre produit
Tout commence par un exercice d’humilité et de transparence radicale : faire son propre bilan. Comme le dit Julien, il faut être ‘lucide’. Cette lucidité passe par une analyse exhaustive de la chaîne de vie de votre produit ou service. C’est une étape cruciale, car ‘si tu n’es pas exhaustif dans cette étape, ensuite tu seras imprécis dans ta communication et en étant imprécis dans ta communication […] tu feras quand même du Green washing de manière involontaire’. Pour mener cette analyse, on utilise un cadre structuré en trois ‘scopes’ ou périmètres.
Le **Scope 1** concerne vos fournisseurs. Il s’agit de regarder en amont de votre propre activité. Quelles sont les conditions sociales et écologiques d’extraction de vos matières premières ? Votre fournisseur d’énergie est-il renouvelable ? Si vous vendez des vêtements, d’où vient le coton ? A-t-il nécessité une quantité d’eau déraisonnable ? Si vous êtes une entreprise de services, quel est l’impact de vos prestataires, comme votre hébergeur web ? C’est une enquête approfondie sur l’empreinte de tout ce qui entre dans votre entreprise.
Le **Scope 2** se concentre sur votre production interne. C’est l’analyse de ce qui se passe ‘dans son centre de production’, ou dans vos bureaux. Cela concerne absolument toutes les entreprises, même les indépendants. Julien donne des exemples très concrets : ‘le choix du mobilier, si possible réutiliser, si possible en matière recyclée, fournisseur d’électricité renouvelable […], l’impression de tes communications en papier et en matière recyclée’. Chaque détail compte. Pour une entreprise digitale, cela peut être l’optimisation du code de son site web pour qu’il consomme moins d’énergie sur les serveurs et les appareils des utilisateurs. Pour un restaurant, ce sera la gestion du gaspillage alimentaire. C’est une introspection sur vos propres processus.
Enfin, le **Scope 3** analyse ce qui se passe après que votre produit ou service a quitté votre entreprise : son utilisation et sa fin de vie. L’exemple classique est celui de la bouteille en plastique, dont l’impact majeur se situe après sa consommation, si elle n’est pas recyclée. Pour un fabricant d’électronique, c’est l’efficacité énergétique de l’appareil pendant son utilisation et sa capacité à être réparé ou recyclé. Pour une agence de conseil, cela pourrait être l’impact des recommandations que vous faites à vos clients. Ce scope est souvent le plus complexe à mesurer, mais il est essentiel pour avoir une vision complète.
Étape 2 : Définir une vision et des actions concrètes et proportionnelles
Une fois cet audit complet réalisé, vous disposez d’une cartographie précise de vos impacts. Vous savez où vous êtes bon, et surtout, où se situent vos principaux points faibles. L’étape suivante n’est pas de tout corriger d’un coup – c’est impossible – mais de définir une vision et un plan d’action réaliste. Où voulez-vous être dans 1 an ? Dans 5 ans ? Quels sont les 2 ou 3 chantiers prioritaires sur lesquels vous pouvez avoir le plus d’impact rapidement ?
La clé ici est la proportionnalité. Si votre bilan révèle que 80% de votre empreinte carbone est liée au transport de marchandises, votre action prioritaire doit porter sur ce point. Communiquer avec emphase sur le fait que vous avez installé des poubelles de tri au bureau serait disproportionné et pourrait être perçu comme une diversion. Il s’agit d’allouer vos efforts là où ils comptent le plus. Fixez-vous des objectifs chiffrés et mesurables (par exemple, ‘réduire la consommation d’énergie de nos bureaux de 15% en 2 ans’ ou ‘passer à 50% de matières premières recyclées d’ici 3 ans’). C’est ce plan d’action qui constituera la colonne vertébrale de votre démarche et de votre future communication.
Étape 3 : Communiquer avec transparence et humilité
Ce n’est qu’après avoir réalisé le bilan et défini un plan d’action que vous êtes légitime pour communiquer. Et la manière de le faire est tout aussi importante que le fond. Oubliez le ton triomphaliste. La communication durable est une communication d’humilité. Il ne s’agit pas de se présenter comme une entreprise parfaite et ‘verte’, mais comme une entreprise consciente de ses impacts, en chemin, qui a mis en place des actions pour s’améliorer. Partagez votre démarche, pas seulement vos résultats finaux.
Soyez transparent. Expliquez d’où vous partez (les résultats de votre bilan), où vous voulez aller (votre vision et vos objectifs) et comment vous comptez y arriver (votre plan d’action). N’hésitez pas à parler des difficultés que vous rencontrez, des compromis que vous devez faire. Cette honnêteté créera un lien de confiance bien plus fort qu’un discours lisse et parfait. Utilisez des données précises et des preuves tangibles. Faites appel à des labels et certifications reconnus (comme B Corp, mentionné par Julien) pour faire valider votre démarche par un tiers de confiance. Enfin, impliquez votre communauté. Faites de vos clients et collaborateurs des partenaires de votre transition. C’est en partageant le voyage que vous créerez le plus d’engagement et d’impact.
Conclusion : de la culpabilité à l’action, devenez un acteur du changement
Le chemin vers une entreprise plus responsable peut sembler intimidant. La peur du greenwashing, la complexité de l’analyse, l’ampleur de la tâche… tout cela peut nous inciter à baisser les bras avant même d’avoir commencé. Pourtant, l’échange avec Julien Reynaud nous montre une autre voie, plus accessible et plus optimiste. Le message essentiel est simple : il ne s’agit pas d’atteindre la perfection du jour au lendemain, mais de s’engager dans un processus d’amélioration continue avec sincérité et méthode.
Le parcours est clair : on commence par une prise de conscience lucide de nos impacts, sans jugement. On poursuit avec un bilan honnête de notre chaîne de valeur pour identifier les vrais leviers d’action. Ensuite, on définit un plan de route réaliste, avec des objectifs concrets. Et c’est seulement à ce moment-là que l’on communique, non pas pour se vanter, mais pour partager notre démarche avec humilité et transparence. C’est ce passage de l’intention à l’action mesurée qui fait toute la différence et qui nous protège du piège du greenwashing.
Votre entreprise, quelle que soit sa taille, est un formidable levier de changement. Comme le dit Julien, ‘chaque petite contribution additionnée donnera un un un énorme résultat’. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de votre exemple. En choisissant un fournisseur plus local, en réduisant vos consommations d’énergie, en concevant des produits plus durables, vous envoyez un signal fort à tout votre écosystème. Vous cessez d’être une simple entité économique pour devenir un acteur à part entière de la société. C’est un chemin exigeant, certes, mais c’est aussi le plus porteur de sens et, à terme, le plus résilient. Alors, n’ayons plus peur de mal faire. Faisons, mesurons, améliorons, et parlons-en avec le cœur. C’est ainsi que nous construirons, pas à pas, l’économie et le futur que nous souhaitons pour nos enfants.
Questions fréquentes sur la communication écoresponsable
1. Qu’est-ce que le greenwashing concrètement ?
Le greenwashing, ou écoblanchiment, est une pratique marketing qui consiste à utiliser des arguments écologiques de manière trompeuse ou abusive pour se donner une image écoresponsable. Cela se manifeste souvent par l’emploi de termes vagues et non mesurables comme ‘vert’ ou ‘naturel’, l’utilisation d’imagerie évoquant la nature sans lien réel avec le produit, ou la mise en avant d’une action écologique mineure pour masquer un impact global négatif bien plus important. L’objectif est de tromper le consommateur sur la réalité de l’impact environnemental d’un produit ou d’une entreprise. C’est un manque de proportionnalité et de preuve qui caractérise le plus souvent cette pratique.
‘La définition que je pourrais t’en donner et qui est donnée par l’ARPP donc l’agence de régulation des professionnels de la publicité, c’est l’utilisation abusive de l’argument écologique dans la communication d’une organisation.’
2. Comment une petite entreprise peut-elle commencer une démarche écoresponsable ?
Une petite entreprise peut commencer par des actions simples et concrètes qui ne nécessitent pas forcément d’investissements lourds. Tout part d’un bilan de ses propres pratiques (le ‘scope 2’) : choix d’un fournisseur d’électricité verte, optimisation des impressions (recto-verso, papier recyclé), choix de mobilier de seconde main, proposition de repas locaux, ou encore encouragement du télétravail pour limiter les déplacements. L’idée est d’adopter l’état d’esprit du ‘colibri’ : chaque geste compte. Ces premières actions, même modestes, créent une dynamique positive et peuvent être le point de départ d’une réflexion plus globale sur les fournisseurs et le cycle de vie des produits ou services.
‘Chaque détail compte, le choix du mobilier, si possible réutiliser, si possible en matière recyclée, fournisseur d’électricité renouvelable ou décarboné, euh les fruits, les repas locaux, l’impression de tes communications en papier et en matière recyclée…’
3. Est-ce que communiquer sur l’écologie est toujours risqué pour une entreprise ?
Communiquer sur l’écologie comporte un risque si la communication n’est pas le reflet d’actions sincères, mesurables et proportionnelles. Le principal danger est d’être accusé de greenwashing. Cependant, ne pas communiquer est aussi un risque, celui de ne pas valoriser ses efforts et de ne pas répondre aux attentes des clients et des talents. La clé pour minimiser le risque est l’honnêteté et l’humilité. Il est préférable de communiquer sur un chemin d’amélioration, en étant transparent sur ses objectifs et même ses difficultés, plutôt que de prétendre à une perfection ‘verte’ qui n’existe pas. Une communication authentique sur une démarche en cours est souvent mieux perçue qu’un silence total.
‘Ce qui me gêne maintenant, c’est que il y ait certaines entreprises qui contribuent et qu’on va taxer de Green washing par principe quoi. On va dire Green égale Green washing. Non. Écoresponsabilité n’égale pas Green washing à partir du moment où on est dans le proportionnel.’
4. Quelle est la différence entre communication durable et marketing vert ?
Le marketing vert se concentre principalement sur la promotion des caractéristiques écologiques d’un produit ou d’un service dans un but commercial. La communication durable est une approche beaucoup plus large et ‘holistique’. Elle ne se limite pas aux produits mais englobe l’ensemble de l’entreprise et son impact sur la société et l’environnement. Elle s’adresse à toutes les parties prenantes (employés, fournisseurs, clients, société civile) et vise à construire la confiance sur le long terme en étant transparente sur la vision, les valeurs, les actions et la trajectoire globale de l’entreprise. Le marketing vert est transactionnel, la communication durable est relationnelle et systémique.
‘Le but de la communication, il peut se limiter à tes produits, à tes services, mais il est quand même intéressant qu’il ait une approche plus holistique. C’est-à-dire qu’il concerne en fait ta communication, ta publicité, ton marketing, tes relations publiques qui puissent concerner toutes les parties prenantes sociale et écologique de ton entreprise.’
5. Pourquoi les générations Y et Z sont-elles si importantes pour la transition écologique des entreprises ?
Les générations Y (nées après 1980) et Z sont cruciales car elles représentent à la fois la force de travail et le pouvoir d’achat de demain et d’aujourd’hui. Ayant grandi avec une conscience aiguë des enjeux climatiques, elles placent la durabilité et l’éthique au cœur de leurs décisions. En tant que consommateurs, elles sont plus enclines à choisir des marques engagées et à boycotter celles perçues comme irresponsables. En tant que collaborateurs, elles cherchent du sens et sont plus attirées par des entreprises ayant un impact positif. Ignorer leurs attentes, c’est prendre le risque de perdre sa pertinence sur le marché du travail et auprès de sa future clientèle.
‘Cette génération, il se trouve qu’elle va être majoritaire dans notre pouvoir d’achat, majoritaire sur notre force de travail euh mais d’ici d’ici 3 4 ans max quoi. Donc à un moment donné quand c’est un marketeux tu poses la question ‘comment je peux parler ?’… il faut parler à cette génération là.’
6. Comment puis-je mesurer l’impact écologique de mon activité si je vends des services ?
Même une entreprise de services a un impact écologique mesurable. L’analyse des ‘scopes’ s’applique également. Le ‘scope 1’ inclut les impacts de vos fournisseurs (logiciels, consultants, etc.). Le ‘scope 2’ est très important : il couvre la consommation énergétique de vos bureaux, les déplacements professionnels, l’empreinte carbone de votre infrastructure numérique (site web, emails, stockage cloud), et la gestion de vos déchets. Le ‘scope 3’ peut concerner l’impact des conseils que vous donnez à vos clients ou les déplacements de ces derniers pour venir à vos rendez-vous. Il est donc tout à fait possible de réaliser un bilan carbone et d’identifier des axes d’amélioration concrets.
‘Analyse de la chaîne de de vie de ton produit, c’est d’abord analyser le scope 1. Il y en a trois des scopes. Le premier scope, c’est à l’échelle de tes fournisseurs. Le scope 2, ça va être à l’échelle de ta propre production et le scope 3, ça va être à l’échelle finalement de la consommation de ton produit.’
7. En quoi consiste l’analyse des 3 scopes pour un bilan carbone ?
L’analyse des trois scopes est une méthode standardisée pour réaliser un bilan d’émissions de gaz à effet de serre. Le **Scope 1** couvre les émissions directes provenant des sources que l’entreprise contrôle (ex: chaudières, véhicules de l’entreprise). Le **Scope 2** couvre les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie (électricité, chaleur, vapeur) achetée par l’entreprise. Le **Scope 3** est le plus large ; il englobe toutes les autres émissions indirectes qui ne sont pas sous le contrôle direct de l’entreprise mais qui découlent de son activité : achats de matières premières, transport amont et aval, déplacements des salariés, utilisation et fin de vie des produits vendus. Cette analyse permet d’avoir une vision complète de son empreinte carbone.
‘Le premier scope, c’est à l’échelle de tes fournisseurs. Le scope 2, ça va être à l’échelle de ta propre production et le scope 3, ça va être à l’échelle finalement de la consommation de ton produit.’
8. Un label comme B Corp est-il nécessaire pour être crédible ?
Un label comme B Corp n’est pas strictement ‘nécessaire’, mais il est extrêmement utile pour renforcer sa crédibilité. Ces certifications, délivrées par des organismes tiers indépendants et exigeants, agissent comme une preuve tangible de l’engagement d’une entreprise. Elles valident que l’entreprise répond à des normes élevées de performance sociale et environnementale, de transparence et de responsabilité. Pour une entreprise qui communique sur sa démarche RSE, un tel label permet de passer de l’affirmation à la démonstration, ce qui est un gage de confiance très puissant pour les consommateurs, les investisseurs et les futurs talents qui sont de plus en plus méfiants face aux auto-déclarations.
‘Tridom, c’est une société certifiée Bicorp. Alors si vous connaissez pas Bicorp, Bicorp c’est un label qui regroupe des entreprises aux performances environnementale et sociale élevée.’


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