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Email Marketing : le cas Avène avec Céline Bokobza – Episode 225 – on parle d’emailing, d’engagement et de réseaux sociaux

Épisode diffusé le 28 mars 2024 par Estelle Ballot

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Votre base email est endormie ? Le cas Avène ou comment nous avons réveillé 80% d’une base de données inactive

Vous avez passé des mois, peut-être des années, à construire méticuleusement votre liste d’abonnés. Chaque nouvelle inscription était une petite victoire. Pourtant, aujourd’hui, le constat est amer : lorsque vous envoyez un email, c’est le silence radio. Les taux d’ouverture stagnent, les clics se font rares et vous avez l’impression de parler dans le vide. Ce sentiment de travailler pour rien, de voir cet actif si précieux qu’est votre base de données s’éroder jour après jour, est l’une des plus grandes frustrations du marketing digital. C’est un problème que je rencontre constamment dans mon métier : des entreprises avec des bases de données de plusieurs milliers, voire centaines de milliers de contacts, dont plus de 80% sont considérés comme ‘inactifs’. On se demande alors s’il faut tout jeter, recommencer à zéro. La réponse est un non catégorique.

Cette situation, c’est précisément celle que nous avons trouvée lorsque le groupe Pierre Fabre nous a contactés pour sa marque phare, Avène. Ils faisaient face à un défi colossal : une base de données massive mais profondément désengagée. Le premier réflexe aurait pu être de lancer des promotions agressives ou de nettoyer drastiquement la liste. Mais ce n’est pas notre approche. Pour moi, une base inactive n’est pas un cimetière de contacts, c’est une communauté silencieuse qui attend la bonne conversation pour se réveiller. C’est une opportunité unique de tout remettre à plat et de reconstruire une relation saine et profitable.

Dans cet article, je vais vous ouvrir le ‘capot’ de notre stratégie, comme j’aime le dire. Je vais vous partager, pas à pas, la méthode que nous avons appliquée pour Avène, une méthode qui a permis de faire exploser les taux d’engagement et de transformer leur newsletter en un rendez-vous attendu. Oubliez les solutions miracles et les ‘hacks’ éphémères. Nous allons parler de psychologie du consommateur, de stratégie de contenu, de tests rigoureux et de segmentation intelligente. Préparez-vous à changer radicalement votre vision du marketing par courriel et à redonner vie à votre plus grand atout commercial.

Le diagnostic : pourquoi une communication d’expert peut tuer votre engagement

Lorsqu’une marque comme Avène, fleuron du groupe Pierre Fabre, vient nous voir avec un problème d’engagement, la première étape n’est jamais de proposer des solutions immédiates. C’est d’abord de comprendre profondément la racine du mal. Le brief de départ était clair : ‘près de 80 % de leur base de données qui étaient inactive, donc ils n’ouvraient plus, qui ne cliquaient plus sur sur leurs messages’. Face à un tel chiffre, il est facile de blâmer les algorithmes des boîtes mail ou le manque d’intérêt des consommateurs. Mais la vérité est souvent plus proche de nous, dans la manière même dont on communique.

Notre premier réflexe a donc été de faire ce que tout consommateur ferait : s’abonner à la newsletter. Il faut vivre l’expérience pour la comprendre. Nous avons commencé à recevoir les emails, à analyser les objets, le ton employé, la structure des messages, les images. Et le constat fut sans appel. Avène, en tant que marque dermatologique, communiquait avec une extrême expertise. C’était juste et noble, mais c’était aussi le cœur du problème. Dans un contexte post-COVID, où les gens cherchaient de la légèreté et du réconfort, les emails étaient anxiogènes. Comme je l’expliquais : ‘on voyait des plaies en gros plan, on voyait des choses un peu angoissantes’ pour démontrer l’efficacité des produits. La marque parlait de problèmes (eczéma, peau atopique) avec des termes cliniques, alors que les consommateurs cherchaient des solutions et de l’espoir.

C’est ce que j’appelle le ‘piège de l’expert’. Les marques sont tellement fières de leur R&D, de leurs actifs brevetés et de leur efficacité prouvée qu’elles oublient à qui elles s’adressent. Elles communiquent ‘de l’intérieur vers l’extérieur’, en parlant de leurs produits, de leurs technologies. Or, un marketing par courriel efficace fait exactement l’inverse : il part du consommateur, de ses émotions, de ses besoins exprimés avec ses propres mots, pour ensuite y apporter une solution. Ne pas faire ce travail, c’est prendre le risque de créer une distance infranchissable. Le consommateur ne se sent pas compris, il se sent face à un discours technique qui ne le touche pas personnellement. Les conséquences sont directes : désintérêt, non-ouverture, et à terme, le statut redouté d’ ‘inactif’. Le premier changement devait donc être un changement radical de perspective.

La révolution stratégique : passer du produit au consommateur

Une fois le diagnostic posé, il ne s’agissait pas de faire de simples ajustements. Il fallait opérer une véritable révolution dans la manière de prendre la parole. Nous devions passer d’un monologue d’expert à un dialogue complice avec le consommateur. Cela reposait sur trois piliers fondamentaux que vous pouvez appliquer dès demain à votre propre stratégie de marketing par courriel.

Adopter la philosophie ‘Consumer is Boss’ en pratique

Ce motto, hérité de mes années chez Procter & Gamble, est le fondement de toute stratégie marketing réussie. Il ne s’agit pas juste d’un slogan à afficher au mur, mais d’un principe directeur qui doit infuser chaque décision. Pour Avène, cela signifiait arrêter de parler d’ ‘eczéma’ ou de ‘peau atopique’ si le consommateur, lui, cherche sur Google ‘comment soigner ma peau très sèche’ ou ‘j’ai des plaques rouges qui grattent’. Comme Estelle le soulignait, ‘Ce qui est important, c’est les mots qu’utilise le consommateur. Et si le consommateur, par exemple, le mot peau atopique, c’est pas du tout ce qu’il raconte, mais il dit ‘Bah, non, mais j’ai la peau sèche.’ et ben il faut utiliser ‘J’ai la peau sèche. ». C’est exactement ça. Il faut faire l’effort de se mettre à leur place, d’écouter leurs conversations sur les réseaux sociaux, de lire les forums, de comprendre leur vocabulaire. C’est seulement en parlant leur langue que l’on peut espérer capter leur attention. Concrètement, nous avons donc réorienté la communication non plus sur le problème, mais sur le bénéfice ressenti, la solution, le soulagement et le bien-être retrouvé.

Injecter de l’émotion et de la proximité pour humaniser la marque

Une communication technique est froide. Pour créer de l’engagement, il faut de la chaleur, de l’émotion, de la proximité. Le défi était de le faire sans dénaturer l’ADN scientifique et dermatologique d’Avène. La solution a été de montrer les humains derrière la marque. C’est ainsi qu’est né un concept de ‘rendez-vous’ éditorial qui est devenu un immense succès : la newsletter ‘En Coulisse’. L’idée est simple mais puissante. Chaque début de mois, nous donnons la parole à une personne de l’entreprise. ‘On va présenter des chefs de produits, on va présenter des experts scientifiques, on va présenter le directeur de la marque qui vont expliquer quels sont les produits qu’ils aiment, comment ils s’y prennent pour lancer un nouveau produit’. Soudain, la marque n’est plus une entité abstraite, elle a un visage, des histoires, des challenges. Cela crée une crédibilité et une confiance incroyables. Si la cheffe de produit elle-même adore cette crème solaire, c’est qu’elle doit vraiment avoir quelque chose de spécial. On applique les codes des réseaux sociaux, ce côté ‘voyeur’ bienveillant, pour créer un lien affectif fort. Cela n’enlève rien à l’expertise, au contraire, ça la rend plus accessible et désirable.

Créer l’anticipation avec des rendez-vous éditoriaux clairs

Le succès de ‘En Coulisse’ nous a confortés dans l’idée que la clé était de transformer la newsletter d’un simple outil promotionnel en un véritable média attendu par les abonnés. Nous avons donc structuré le mois autour de plusieurs rendez-vous. En plus des coulisses, nous avons lancé ‘Le produit chouchou’. Ce format met en scène un produit Avène, non pas à travers un discours marketing, mais à travers l’œil d’un tiers de confiance : un magazine prestigieux, une célébrité, un expert reconnu. ‘On a eu le cas de Vogue qui plébiscitait l’eau thermale Avène pour les looks de des modèles pendant les défilés de mode (…) ou on va avoir Hailey Bieber qui a son petit crush quand elle a des boutons’. Cela sort la marque de son univers purement dermatologique pour l’inscrire dans la culture, la mode, le lifestyle. Ces différents rendez-vous créent une routine et une anticipation. Les abonnés n’ouvrent plus l’email en se demandant ‘qu’est-ce qu’ils vont encore essayer de me vendre ?’, mais plutôt ‘quelle histoire vont-ils me raconter ce mois-ci ?’. C’est ce changement de perception qui a fait passer le taux d’ouverture de très faible à plus d’un consommateur sur deux qui ouvre chaque newsletter.

Cette transformation, de l’expert distant à l’ami complice, est le socle sur lequel nous avons tout reconstruit. Elle a permis de recréer du lien, de la confiance, et in fine, de l’engagement. Mais une bonne idée ne suffit pas, il faut pouvoir la valider, la mesurer et l’optimiser en permanence. C’est là qu’intervient la rigueur de l’analyse et des tests.

La preuve par les chiffres : une méthodologie de test et d’optimisation rigoureuse

Avoir une nouvelle stratégie créative est une chose, s’assurer qu’elle fonctionne et l’améliorer continuellement en est une autre. En marketing par courriel, l’intuition est un bon point de départ, mais ce sont les données qui tranchent. Notre approche est donc itérative et obsessionnellement centrée sur la mesure. Nous ne voulions surtout pas attendre six mois pour réaliser que nous faisions fausse route. La clé est de suivre les performances ‘comme le lait sur le feu’.

La règle d’or de l’A/B testing : une seule variable à la fois

C’est sans doute le conseil le plus important que je puisse donner : lorsque vous testez, ne testez qu’une seule chose à la fois. C’est une erreur très commune de vouloir tout changer d’un coup – l’objet, l’image principale et le bouton d’action – et de se réjouir d’une hausse des performances sans savoir ce qui l’a réellement provoquée. Pour être efficace, il faut être méthodique. ‘On a validé, on valide toujours avec nos clients de dire bah voilà, à ce moment-là on va tester le jour d’envoi, à ce moment-là on va tester l’heure d’envoi, à ce moment-là on va tester l’objet et cetera, mais une seule chose à la fois.’ Concrètement, cela se traduit par un plan de test clair, établi sur plusieurs semaines ou mois. Semaine 1, on teste un objet sous forme de question contre un objet affirmatif. Semaine 2, on garde l’objet gagnant et on teste la couleur du bouton d’appel à l’action. Semaine 3, on teste l’envoi le mardi matin contre le jeudi soir. En isolant chaque variable, vous construisez une connaissance fiable et actionnable de ce qui résonne avec votre audience. C’est un travail de patience, mais c’est le seul moyen de construire des améliorations durables.

Les indicateurs clés à surveiller pour piloter sa stratégie

Le taux d’ouverture est souvent l’indicateur roi, mais il ne dit pas tout. Il montre que votre objet et votre nom d’expéditeur ont été convaincants. Mais que se passe-t-il ensuite ? Le taux de clic (CTR) est essentiel : il mesure l’intérêt réel pour votre contenu. Un indicateur encore plus fin est le taux de réactivité (ou CTOR – Click-To-Open Rate), qui est le rapport entre les cliqueurs et les ouvreurs. Il vous dit si les gens qui ont ouvert votre email ont trouvé le contenu suffisamment pertinent pour cliquer. Un taux d’ouverture élevé avec un faible taux de réactivité signifie que votre objet était peut-être prometteur (voire ‘putaclic’), mais que le contenu a déçu. Nous suivons également de très près le taux de désabonnement. Une petite hausse après un envoi peut être normale, mais une tendance à la hausse est un signal d’alarme : votre contenu n’est plus aligné avec les attentes. En regardant ces indicateurs de manière combinée après chaque envoi, on peut ajuster le tir en quasi-temps réel et éviter de ‘se retourner dans 6 mois et se rendre compte que la stratégie n’a pas du tout été gagnante’.

L’absence de formule magique et la culture du test permanent

Il est crucial de comprendre que ce qui a fonctionné pour Avène ne fonctionnera pas forcément à l’identique pour une autre marque, même dans le même secteur. ‘D’une marque à l’autre, les résultats seront jamais les mêmes. Ce qui marche avec l’une ne marche pas avec l’autre donc il faut à chaque fois repartir dans un plan de test différent.’ Chaque audience est unique. C’est pourquoi il est illusoire de chercher la recette miracle sur un blog marketing. La seule vérité se trouve dans vos propres données. Adopter une culture du test permanent signifie que rien n’est jamais acquis. Même une campagne qui a très bien fonctionné peut être optimisée. C’est un processus d’amélioration continue qui transforme votre marketing par courriel d’une simple tâche opérationnelle à un véritable levier de croissance stratégique. C’est en testant, en apprenant et en optimisant sans cesse que l’on passe de bons à excellents résultats.

Une fois que vous savez comment parler à votre audience et comment mesurer l’impact de vos actions, l’étape suivante consiste à affiner votre communication en parlant de manière encore plus personnalisée. C’est tout l’enjeu de la qualification et de la segmentation.

L’art du raffinement : segmentation et personnalisation intelligentes

Envoyer le même message à toute sa base de données, c’est un peu comme crier la même chose dans une foule hétérogène en espérant que cela intéresse tout le monde. C’est inefficace. Pour atteindre un niveau supérieur d’engagement, il faut passer de la communication de masse à la conversation personnelle. Cela passe par deux étapes indissociables : connaître ses abonnés (la qualification) et leur adresser des messages pertinents (la segmentation).

La qualification progressive : connaître son audience sans l’agresser

Il est tentant de vouloir tout savoir sur un nouvel abonné dès son inscription. Mais comme le disait Estelle, personne ne remplira un questionnaire de 20 questions. C’est intrusif et contre-productif. L’approche la plus efficace est la qualification progressive. ‘C’est bien beau d’avoir des emails, mais c’est important de savoir qui sont derrière ces emails là.’ On peut commencer par le strict minimum (email, prénom), puis enrichir le profil au fil du temps. Comment ? Par exemple, en intégrant un simple sondage à une question dans une newsletter (‘Quel est votre principal défi capillaire ?’). En analysant les clics : une personne qui clique systématiquement sur les produits pour peaux sèches nous donne une information précieuse. En proposant un centre de préférences où l’abonné peut lui-même indiquer les sujets qui l’intéressent. Pour Avène, mon ‘grand dada’ était de qualifier sur le type de peau. Pour une autre marque, ce serait le type de cheveux. Cette connaissance est le carburant de la personnalisation. Sans elle, toute tentative de segmentation reste superficielle.

Une segmentation qui a du sens : au-delà des critères démographiques

La segmentation n’est utile que si elle permet d’adapter le message. Segmenter par tranche d’âge n’a d’intérêt que si vous avez un discours et des produits différents pour chaque âge. La segmentation la plus puissante est celle qui se base sur les besoins, les préférences ou le comportement. ‘Si moi j’ai les cheveux colorés et qu’une personne n’a pas les cheveux colorés, on va pas être intéressé par les mêmes messages. (…) Ça sert à rien de m’envoyer un message pour dompter mes cheveux ma crinière indomptable si j’ai les cheveux ultra fins.’ Cet exemple est parlant. Envoyer un message non pertinent n’est pas neutre : cela génère de la frustration, de l’indifférence, et peut mener au désabonnement. Une segmentation réussie, c’est s’assurer que chaque email reçu par un abonné a une forte probabilité de l’intéresser personnellement. Cela augmente non seulement les taux d’ouverture et de clic, mais renforce aussi la perception que la marque le comprend vraiment.

Le pouvoir de renoncer : l’art de l’exclusion stratégique

Parfois, la meilleure stratégie de segmentation consiste à ne PAS envoyer d’email. C’est un concept difficile à accepter pour beaucoup de marketeurs, qui pensent que chaque envoi est une chance de vendre. J’ai un exemple très concret d’une marque de mode féminine que nous avons accompagnée. Près de 20% de sa base était composée d’hommes. Pourtant, ils recevaient trois newsletters par semaine sur les nouvelles robes et les jupes. C’était absurde. ‘Mon premier conseil ça a été de leur dire ‘Mais ces hommes là, arrêtez de leur écrire trois fois par semaine, c’est le meilleur moyen de les lasser ». La bonne stratégie était d’exclure ce segment des communications quotidiennes et de les solliciter uniquement à des moments clés, propices à l’achat de cadeaux : Noël, la Saint-Valentin, la Fête des Mères, ou l’anniversaire de leur premier achat. Accepter de renoncer à une communication de masse permet de préserver des segments précieux de votre base, d’améliorer votre délivrabilité globale et de rendre vos messages beaucoup plus percutants lorsque vous décidez de les envoyer. C’est l’ultime raffinement : parler moins, mais parler mieux.

Conclusion : Votre base email est une conversation, pas une audience

Le parcours que nous avons mené avec Avène, passant d’une base de données silencieuse à une communauté engagée, n’est pas le fruit d’une formule magique. C’est le résultat d’un changement fondamental de paradigme. Nous avons cessé de considérer la liste d’emails comme une simple audience à qui diffuser des messages promotionnels, pour la voir comme un ensemble d’individus avec qui nous pouvions et devions construire une conversation authentique et durable.

Les points clés de cette transformation sont accessibles à tous. Premièrement, osez ‘ouvrir le capot’ et diagnostiquer honnêtement votre communication : parlez-vous le langage de votre marque ou celui de vos clients ? Deuxièmement, placez le consommateur au centre absolu de votre stratégie en adoptant un ton complice et en créant des rendez-vous éditoriaux qui apportent de la valeur au-delà du produit. Troisièmement, instaurez une discipline de test rigoureuse, en acceptant que l’amélioration est un processus continu et que les données sont votre meilleur allié. Enfin, raffinez votre approche grâce à une qualification progressive et une segmentation intelligente, en n’oubliant jamais que parfois, le silence est la meilleure des communications.

Si vous retenez une seule chose, que ce soit celle-ci : le marketing par courriel n’est pas mort, loin de là. C’est l’un des canaux les plus puissants pour créer de la préférence de marque et de la fidélité. Mais il exige plus qu’un simple automatisme. Il demande de l’empathie, de la créativité, de la rigueur et de la patience. Ne baissez pas les bras face à des taux d’ouverture décevants. Voyez-les comme une invitation à entamer une nouvelle conversation, plus juste, plus humaine et, au final, infiniment plus performante.

Foire aux questions sur la réactivation et l’engagement par email

Comment commencer à réactiver une base de données email majoritairement inactive ?

La première étape n’est pas d’envoyer une campagne de ‘réactivation’ agressive, mais de faire un diagnostic. Comme pour Avène, abonnez-vous à votre propre newsletter avec une nouvelle adresse et analysez l’expérience. Le ton est-il engageant ? Le contenu est-il pertinent ? Souvent, le problème vient de la stratégie de contenu elle-même. Commencez par changer votre approche pour être plus centré sur le consommateur, en créant des rendez-vous éditoriaux et en adoptant un ton plus complice. Ce changement qualitatif va naturellement ré-engager une partie de vos inactifs qui ouvriront par curiosité. La segmentation des inactifs pour une campagne spécifique ne doit venir qu’après avoir amélioré votre stratégie globale.

‘Ils partaient du du constat que leur base de données manquait d’engagement. Ils avaient près de 80 % de leur base de données qui étaient inactive (…). Nous ce qu’on a fait, on a commencé (…) par ouvrir le capot et de de manière un peu pragmatique (…) de commencer à regarder les chiffres et à m’abonner et à recevoir des newsletter.’

Quelle est la première étape pour changer le ton de sa communication par email ?

La toute première étape est un changement de perspective : passer de ‘ce que je veux dire en tant que marque’ à ‘ce que mon client veut entendre’. Concrètement, écoutez vos clients. Lisez les commentaires sur vos réseaux sociaux, les avis produits, les forums de discussion dans votre secteur. Identifiez les mots qu’ils utilisent, leurs vraies préoccupations. Vous passerez naturellement d’un jargon technique à un langage émotionnel et orienté solutions. Pour Avène, nous sommes passés d’un discours sur les ‘pathologies’ à un discours sur le ‘bien-être’ et la ‘beauté’, ce qui a tout changé.

‘Notre parti pris ça a été de complètement retravailler cette façon de prendre la parole auprès des consommateurs et d’être beaucoup plus léger dans l’air du temps. (…) On est parti d’un mode très expert à un mode beaucoup plus complice et orienté solution.’

Un A/B test doit-il porter sur un grand ou un petit groupe de la base de données ?

Idéalement, un A/B test se fait sur un échantillon représentatif de votre base de données, mais suffisamment petit pour ne pas impacter la majorité de votre audience avec une version potentiellement moins performante. Une pratique courante est de tester sur deux groupes de 10% de votre liste (soit 20% au total). Vous envoyez la version A à 10% et la version B aux 10% autres. Après quelques heures, vous analysez les résultats (souvent le taux d’ouverture) et vous envoyez la version gagnante aux 80% restants de votre base. Cela maximise la performance de chaque envoi tout en vous permettant d’apprendre continuellement.

‘On va découper notre cible en plusieurs groupes. On va tester des jours d’envoi, des dates d’envoi, des messages, des boutons d’action au sein des newsletter, des objets et on va et on va comparer.’

Est-il plus important d’avoir un taux d’ouverture élevé ou un taux de clic élevé ?

Les deux sont importants, mais ils ne mesurent pas la même chose. Un taux d’ouverture élevé signifie que votre objet et votre expéditeur ont convaincu. C’est la porte d’entrée. Cependant, un taux de clic (CTR) ou de réactivité (CTOR) élevé est souvent plus significatif : il prouve que le contenu de votre email était pertinent et a suscité une action. Je préfère un taux d’ouverture légèrement plus bas mais avec un excellent taux de clic, car cela indique un public qualifié et réellement intéressé par ce que vous proposez. L’objectif final n’est pas l’ouverture, mais l’engagement qui mène à la conversion.

‘On a aussi regardé de manière très terre à terre les taux d’ouverture, les taux de clics, ce qui intéressaient les gens. Et on s’est rendu compte que Avène parlait de manière très experte (…) mais qu’on pouvait parler aussi de manière un peu plus proche.’

Comment qualifier sa base de données sans agacer les abonnés ?

La clé est la progressivité et la pertinence. N’envoyez jamais un long formulaire. Intégrez plutôt des micro-interactions dans vos communications habituelles. Par exemple, un simple sondage à une question dans une newsletter (‘Êtes-vous plutôt intéressé(e) par les soins du visage ou du corps ?’), dont le clic enregistre la préférence. Utilisez le comportement de clic : si un abonné clique régulièrement sur des liens concernant les cheveux bouclés, segmentez-le dans ce groupe. Proposez un ‘centre de préférences’ accessible dans le pied de page de chaque email, où l’abonné peut volontairement mettre à jour les sujets qui l’intéressent. L’idée est de récolter de l’information en échange de la promesse d’emails plus pertinents.

‘C’est bien beau d’avoir des emails, mais c’est important de savoir qui sont derrière ces emails là. Donc de qualifier, de récupérer le nom, le prénom, la date de naissance (…) les préférences en fonction de de la marque, les goûts parce que derrière la marque pourra aller bien plus loin.’

La segmentation est-elle pertinente pour une entreprise qui ne vend qu’un seul produit ?

Absolument. Même avec un seul produit, vos clients ne sont pas tous au même stade de maturité. Vous pouvez segmenter en fonction de leur parcours : les nouveaux abonnés qui ont besoin d’éducation sur le problème que votre produit résout, les prospects ‘tièdes’ qui connaissent la solution mais hésitent encore, et les clients existants qui pourraient bénéficier de conseils d’utilisation avancée ou être intéressés par un réachat. Comme le disait Estelle, la segmentation peut se faire sur ‘la maturité du client’. Cette approche permet d’adapter le message pour accompagner chaque personne vers l’étape suivante, rendant votre communication beaucoup plus efficace.

‘On on on va pouvoir des fois segmenter par exemple sur la maturité du client. On va avoir des des personnes qui ne seront pas prêtes ou prêtes à acheter parce qu’ils ont besoin d’un temps d’éducation.’

Qu’est-ce que le concept de ‘rendez-vous’ par email et pourquoi est-ce efficace ?

Le concept de ‘rendez-vous’ consiste à créer des rubriques récurrentes et identifiables dans vos newsletters, transformant un envoi ponctuel en une sorte de mini-magazine attendu par vos abonnés. Pour Avène, nous avons créé ‘En Coulisse’ en début de mois et ‘Le produit chouchou’ plus tard. C’est efficace car cela crée une habitude et de l’anticipation. Les lecteurs savent à quoi s’attendre et ouvrent l’email non pas pour une promotion, mais pour le contenu lui-même. Cela renforce énormément la préférence de marque et l’engagement sur le long terme, car vous bâtissez une relation éditoriale forte avant même de vendre.

‘On leur a créé un rendez-vous qui est un qui est un rendez-vous de début du mois (…) qui s’appelle En Coulisse. Et ce rendez-vous est extrêmement suivi. (…) Ça permet de rajouter un peu de proximité et du coup de se mettre à la place du consommateur qui lui a envie de savoir en fait, qu’est-ce qu’il y a derrière son produit.’


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