Logo de l'épisode 12 stratégies pour trouver de nouvelles idées - Episode 214 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

12 stratégies pour trouver de nouvelles idées – Episode 214

Épisode diffusé le 18 janvier 2024 par Estelle Ballot

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Le brainstorming est mort, vive le brainstorming ! Comment vraiment générer des idées qui changent la donne ?

Quand on prononce le mot ‘marketing’, les esprits s’enflamment souvent autour des notions de créativité et d’innovation. On imagine des équipes dynamiques, réunies dans une salle, prêtes à faire jaillir l’idée du siècle. Cette image d’Épinal, c’est celle du brainstorming. Comme je le dis souvent, ‘Ah le brainstorming, c’est toute une histoire’. On se dit que ça va être génial, qu’on va se retrouver tous ensemble et que la magie va opérer. Mais la réalité est souvent bien différente. Qui n’a jamais participé à une de ces sessions qui s’éternisent, où les mêmes personnes monopolisent la parole et où l’on repart avec un sentiment de frustration, sans aucune idée concrète ? La vérité, c’est que la créativité ne se décrète pas, elle se cultive et, surtout, elle se structure. Le mythe du génie créatif qui attend l’inspiration divine est tenace, mais terriblement inefficace.

Le véritable enjeu n’est pas de se réunir, mais de savoir *comment* se réunir pour être créatif. Comment faire pour que chaque participant, de l’introverti au plus extraverti, puisse apporter sa pierre à l’édifice ? Comment dépasser les idées convenues pour toucher du doigt la véritable innovation ? C’est une question que beaucoup d’entrepreneurs et de managers se posent, se sentant démunis face à une feuille blanche ou une équipe qui patine. L’échec de nombreuses sessions de brainstorming ne vient pas d’un manque d’idées, mais d’un manque de méthode. On pense qu’il suffit de poser une question pour que les réponses fusent, mais c’est une erreur. Le cerveau a besoin de contraintes, de cadres et de chemins de traverse pour sortir de ses automatismes de pensée. C’est précisément pour cela que j’ai voulu consacrer un épisode entier à ce sujet : pour vous donner des outils concrets, des stratégies tangibles qui transforment une réunion potentiellement chaotique en une puissante machine à idées.

Dans cet article, nous allons explorer ensemble 12 techniques de brainstorming que vous pourrez appliquer dès demain. Oubliez les sessions où l’on se regarde en chiens de faïence. Nous allons voir comment générer un volume massif d’idées avec de simples post-it, comment creuser un concept en profondeur avec la méthode de l’étoile, comment évaluer une idée avec le pragmatisme de l’analyse SWOT, et bien plus encore. Mais nous n’allons pas nous arrêter là. Car générer des idées, c’est bien, mais savoir quoi en faire, c’est mieux. Nous verrons donc également comment trier, classer et prioriser cette matière brute pour en extraire les pépites qui feront vraiment avancer votre projet. Préparez-vous à changer radicalement votre vision du brainstorming.

Les fondamentaux : 6 techniques pour amorcer la pompe à idées

Avant de s’aventurer dans des méthodes complexes, il est essentiel de maîtriser les bases. Les premières techniques que je vous propose sont conçues pour être accessibles, rapides à mettre en place et incroyablement efficaces pour briser la glace et générer un volume initial d’idées. Elles sont le terreau sur lequel la créativité pourra s’épanouir. L’objectif ici est double : d’une part, faire comprendre à chaque participant que toutes les idées sont les bienvenues, et d’autre part, produire une grande quantité de matière première que nous pourrons ensuite affiner. Ne sous-estimez jamais la puissance d’un départ structuré ; c’est lui qui donne le ton pour le reste de la session et met tout le monde dans un état d’esprit productif et ouvert.

La stratégie du post-it : la puissance du volume et de la simplicité

C’est ma stratégie favorite, et pour une bonne raison : elle est d’une simplicité désarmante et d’une efficacité redoutable. Le principe est de court-circuiter notre censeur interne, ce petit juge qui nous murmure à l’oreille ‘cette idée est stupide’ ou ‘ce n’est pas réalisable’. Comme je l’explique, le but est de vous obliger ‘à générer beaucoup d’idées dans un temps restreint et d’autre part à synthétiser vos idées’. Pour cela, l’équipement est minimal : des post-it et des feutres. L’utilisation de feutres n’est pas un détail anodin. Elle vous contraint physiquement à être concis : ‘vous allez pouvoir écrire 1, 2, 3, allez cinq mots maximum, pas plus par postit’.

Le processus est une forme d’écriture automatique appliquée au business. On définit un sujet de départ clair et un temps limité (5 à 10 minutes suffisent souvent). Ensuite, chacun écrit, dans son coin, sans parler. Une idée par post-it. La règle d’or est absolue : ‘il n’y a pas de fausses idées, il n’y a pas de mauvaises idées, il n’y a pas d’idées infaisables’. Cette phase est une pure divergence. Vous serez surpris de voir émerger ce que j’appelle ‘la purge’ : des idées farfelues, sans rapport apparent. Ne les jetez pas ! Elles sont le signe que votre cerveau s’autorise enfin à être créatif. C’est en laissant sortir ces pensées que l’on fait de la place pour les véritables innovations. Une fois le temps écoulé, vous vous retrouverez avec un mur d’idées. C’est une base de travail extraordinaire, visuelle et collaborative, parfaite pour lancer d’autres techniques.

La technique de l’étoile : cartographier une idée pour la rendre tangible

Une fois que vous avez une idée prometteuse, peut-être issue de la méthode des post-it, comment l’explorer en profondeur sans se perdre ? La technique de l’étoile est l’outil parfait pour cela. Elle structure l’exploration d’un concept en forçant à répondre à six questions fondamentales. Le principe est simple : écrivez votre idée au centre d’un tableau blanc ou d’une grande feuille, puis dessinez une étoile à six branches autour. Chaque branche correspond à une question clé : ‘qui ? quoi ? quand ? où ? pourquoi ? et comment ?’.

Cette méthode transforme une idée abstraite en un projet concret en examinant ses facettes essentielles. Prenons mon exemple du ‘nouveau concept de thé aromatisé’. Le ‘Qui ?’ nous pousse à définir notre client idéal : est-ce un jeune urbain stressé ou une personne âgée en quête de bien-être ? Le ‘Quand ?’ interroge le moment du lancement (saisonnalité) mais aussi le moment de consommation (le matin pour l’énergie, le soir pour la détente). Le ‘Où ?’ explore les canaux de distribution (épiceries fines, vente en ligne, salons de thé ?) et de communication. Le ‘Pourquoi ?’ nous ramène à la mission de notre produit. Le ‘Comment ?’ s’attaque à la logistique de production et de marketing. En répondant à chaque question, on ne fait pas que creuser l’idée ; on commence déjà à ébaucher un véritable plan d’action, identifiant les points forts et les zones d’ombre à éclaircir.

L’analyse SWOT : le cadre réaliste pour une innovation ancrée

Souvent reléguée aux cours de marketing des écoles de commerce, l’analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) est un outil de brainstorming formidablement puissant. Son avantage est de confronter immédiatement la créativité au principe de réalité. Plutôt que de générer des idées dans le vide, on les ancre dans le contexte interne de l’entreprise (ses forces et faiblesses) et son environnement externe (les opportunités et menaces du marché). Cela permet de ‘vous ouvrir un champ des possibles, de nouvelles réflexions peut-être et ça va vous permettre d’aller et bien apporter de nouvelles idées’.

Imaginez que vous travaillez sur l’idée d’une nouvelle application mobile. Dans la case ‘Faiblesses’, vous pourriez noter ‘équipe de développeurs réduite’. Plutôt que de voir cela comme un frein, le brainstorming peut transformer cette contrainte en une idée : ‘Et si on créait une application no-code ultra-simple mais répondant à un besoin très précis ?’. Une ‘Menace’ comme ‘l’arrivée d’un concurrent majeur’ peut générer des idées de différenciation radicale. Le SWOT n’est pas un simple outil d’analyse, c’est un moteur à idées qui utilise les contraintes et les réalités du terrain comme carburant pour l’innovation. Il garantit que les idées générées ne sont pas seulement créatives, mais aussi stratégiquement pertinentes.

L’analyse des écarts : transformer les obstacles en feuille de route

Cette technique est particulièrement efficace pour les projets qui ont un objectif clair mais un chemin incertain. Elle part d’un postulat simple : le meilleur moyen d’atteindre sa destination est d’anticiper les obstacles sur la route. La démarche se fait en trois temps. D’abord, on définit avec précision la situation actuelle (‘Où sommes-nous ?’) et l’objectif final (‘Où voulons-nous aller ?’). Cet alignement initial est crucial. Ensuite, vient la phase de brainstorming pure : lister ‘tous les obstacles qui pourraient se mettre en travers de notre chemin’. Il faut être pessimiste, imaginer le pire : problèmes techniques, résistance du marché, contraintes budgétaires, etc.

La troisième étape est la plus créative. Pour chaque obstacle identifié, l’équipe doit réfléchir à des solutions pour le ‘détourner’ ou le ‘passer outre’. C’est une approche de résolution de problèmes proactive. L’intérêt est double. Premièrement, cela désamorce l’anxiété liée à l’inconnu et au risque. En ayant déjà envisagé des solutions aux problèmes potentiels, l’équipe se sent beaucoup plus confiante. Deuxièmement, cela permet de ‘comprendre quels sont les chemins difficiles, quels sont les chemins un peu plus faciles ou risqués’. L’analyse des écarts ne se contente pas de générer des idées ; elle dessine une véritable carte stratégique, avec les itinéraires les plus sûrs et les plus rapides pour atteindre l’objectif fixé.

Le brainwriting : la créativité silencieuse pour des idées plus riches

Le brainwriting est la solution miracle pour les réunions où les mêmes personnes prennent toute la place. C’est une méthode de partage d’idées ‘en silence’, ce qui la rend ‘très utile notamment quand on a des personnes qui peuvent monopoliser la parole ou des personnes peut-être qui n’osent pas nécessairement donner leurs idées’. Le processus est simple et structuré. Chaque participant reçoit une feuille de papier et écrit trois idées relatives au sujet. Puis, au lieu de les présenter oralement, il passe sa feuille à son voisin de droite.

La magie opère à ce moment-là. Chaque personne lit les idées de son prédécesseur et doit les enrichir, les développer, ajouter des commentaires ou des variations. On continue de faire tourner les feuilles jusqu’à ce que chacun ait contribué à toutes les listes. Cette méthode a des avantages considérables. Elle force l’écoute (ou plutôt la lecture) et la construction collaborative. Au lieu de critiquer ou de rejeter une idée, on est obligé de bâtir dessus. Elle permet également aux idées de mûrir et de s’enrichir des perspectives de tout le monde, pas seulement de leur auteur initial. À la fin, l’animateur collecte les feuilles et peut lire à voix haute des idées qui sont déjà le fruit d’une intelligence collective, prêtes à être discutées par le groupe.

La méthode des six chapeaux : multiplier les angles d’analyse

Cette technique, développée par Edward de Bono, est d’une intelligence rare. Elle part du constat que notre cerveau a du mal à être à la fois créatif, critique, factuel et émotionnel en même temps. La méthode des six chapeaux propose donc de dissocier ces modes de pensée. Chaque participant (ou le groupe entier successivement) ‘porte’ un chapeau de couleur imaginaire qui lui assigne un rôle précis. Il ne s’agit pas d’un rôle métier, mais d’une ‘fonction en rapport avec l’activité’. Je donne les exemples de la fonction ‘conséquence’, ‘contrainte’ ou ‘concurrence’.

Pour être plus précis, les six chapeaux traditionnels sont : le blanc (faits objectifs), le rouge (émotions, intuitions), le noir (critique, risques – le fameux ‘avocat du diable’), le jaune (optimisme, bénéfices), le vert (créativité, nouvelles idées) et le bleu (organisation, vue d’ensemble). En demandant à tout le monde de ‘porter’ le chapeau vert en même temps, on libère une créativité collective sans la brider par la critique du chapeau noir. Puis, en passant tous au chapeau noir, on analyse les risques de manière constructive, sans que cela soit perçu comme une attaque personnelle. Cette méthode permet d »aller creuser de façon beaucoup plus précise, beaucoup plus profonde des idées qu’on aurait travaillé probablement en surface normalement’. C’est un outil extraordinaire pour une analyse complète et équilibrée de n’importe quelle idée.

Aller plus loin : 6 approches pour briser les cadres de la pensée

Une fois les bases solides posées et un premier volume d’idées généré, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Les techniques suivantes sont conçues pour vous pousser hors de votre zone de confort, pour déconstruire vos certitudes et faire émerger des innovations de rupture. Elles demandent un peu plus d’audace et de lâcher-prise, mais les résultats peuvent être spectaculaires. Ce sont ces méthodes qui permettent de trouver ‘la petite pépite, l’idée qui fait que notre marque, notre produit est différent des autres’. Elles sont le sel de la créativité, ce qui transforme une bonne idée en une idée géniale.

Le role storming : penser comme un autre pour voir autrement

Si la méthode des six chapeaux structure la pensée, le role storming structure l’empathie. Ici, on ne se contente pas d’adopter un mode de pensée, on incarne une personnalité. ‘Chaque personne va prendre une personnalité, mais la personnalité d’un individu’. Cela peut être un client (le plus courant), mais aussi un fournisseur, un employé du service après-vente, le PDG d’un concurrent, ou même un journaliste qui doit écrire un article sur votre produit. L’idée est de sortir de son propre corps et de ses propres biais pour analyser la problématique à travers les yeux de quelqu’un d’autre.

La puissance de cette méthode réside dans sa capacité à révéler des angles morts. Comme je le souligne, ‘un client ne va pas regarder votre produit de la même façon qu’un fournisseur, de la même façon que le PDG ou de la même façon qu’un employé’. En jouant une petite scène, en improvisant un dialogue, on fait émerger des préoccupations, des désirs et des frustrations très concrets. Par exemple, en jouant le rôle d’un client qui découvre votre nouveau site web, vous pourriez réaliser que le bouton d’achat est mal placé ou que le langage utilisé est trop technique. C’est une technique de brainstorming qui se rapproche de l’UX design et qui met l’humain au centre du processus d’innovation.

La visualisation : l’imagination comme outil de conception

Cette approche est plus méditative, presque sensorielle. Elle est particulièrement puissante pour les sujets qui ont une forte composante visuelle ou esthétique, comme le design d’un produit, d’un packaging ou d’une interface. Le processus se déroule en plusieurs étapes guidées. On commence par ‘poser une intention’ générale. Si je reprends mon exemple, ce serait ‘créer le packaging de notre thé aromatisé’. Ensuite, chaque participant ferme les yeux et se laisse aller à son imagination. L’animateur guide cette visualisation en posant des questions ouvertes : quelles couleurs voyez-vous ? Quelle est la forme ? Quelle texture a-t-il ?

Après quelques minutes, le groupe rouvre les yeux et partage ses visions, sans jugement. On ne cherche pas un consensus, mais à collecter des impressions, des images mentales. Puis, on répète l’exercice en se concentrant sur un détail de plus en plus précis : ‘la pochette dans laquelle le thé va se trouver’, puis ‘la petite étiquette qui est au bout du cordon’. Cette méthode du ‘zoom progressif’ permet de construire une vision collective couche par couche. Elle fait appel à une partie du cerveau différente de la logique pure et permet de faire émerger des concepts esthétiques cohérents et chargés d’émotion, souvent bien plus riches que ceux issus d’une discussion classique.

La stratégie du ‘Et si…’ : la liberté absolue pour des idées disruptives

J’adore cette stratégie car ‘elle permet toutes les fantaisies’. C’est l’outil ultime pour briser les chaînes du possible et du raisonnable. Le principe est de poser des questions de départ totalement absurdes, contre-intuitives ou anachroniques pour voir quelles idées en découlent. Les exemples que je donne sont volontairement extrêmes : ‘Et si ça se produisait en 1852 ?’, ‘Et si notre produit était vendu dans un autre pays ?’, ‘Et si nous n’avions pas deux bras, mais trois ?’.

L’objectif n’est pas de prendre la question au pied de la lettre. Personne ne va concevoir un produit pour des gens à trois bras. L’objectif est d’utiliser la contrainte absurde comme un tremplin pour la pensée latérale. ‘Et si on était en 1852 ?’ pourrait nous faire réfléchir à un produit sans électronique, basé sur la mécanique, ce qui pourrait inspirer une version ‘low-tech’ de notre solution. ‘Et si nos clients étaient des enfants de 5 ans ?’ nous forcerait à simplifier radicalement notre interface ou notre message. C’est une technique qui ‘permet d’ouvrir notre créativité et de faire jaillir des idées auxquelles nous n’aurions pas pensé’. Elle est parfaite pour débloquer une équipe qui tourne en rond avec des idées trop conventionnelles.

Le changement de décor : l’environnement comme muse

C’est un principe fondamental, et pourtant si souvent négligé. ‘Le fait d’être toujours dans un même environnement ne participe pas à la créativité’. La salle de réunion, avec ses murs blancs, son éclairage au néon et son atmosphère formelle, est souvent le pire endroit pour être créatif. Le changement de décor n’est pas un gadget, c’est une nécessité neurologique. Sortir de l’environnement habituel expose notre cerveau à de nouveaux stimuli (sons, odeurs, lumières, rencontres) qui créent de nouvelles connexions neuronales, propices à l’émergence d’idées neuves.

Les possibilités sont infinies. ‘Ça peut être tout simplement de faire notre brainstorming en marchant’. La marche est connue pour stimuler la pensée créative. On peut aussi choisir un lieu en lien avec le sujet : un musée pour un projet de design, un parc pour un projet lié au bien-être, un café animé pour un produit destiné aux jeunes. Comme je le dis, que ce soit ‘à la plage’, ‘à la campagne’ ou ‘dans un restaurant’, l’important est de casser la routine. Ce changement d’environnement envoie un message fort au cerveau : ‘aujourd’hui, nous ne pensons pas comme d’habitude’. C’est une autorisation implicite à sortir des sentiers battus.

La matrice How/Now/Wow : un premier tri instinctif et efficace

Après une session de brainstorming intense, on se retrouve souvent face à une montagne d’idées. La difficulté est alors de savoir par où commencer. La matrice How/Now/Wow est une excellente première étape de tri, rapide et intuitive. On classe chaque idée (souvent représentée par un post-it) dans l’une des trois catégories. La catégorie ‘Now’ (maintenant) regroupe les idées familières, faciles à mettre en place, mais souvent peu innovantes. Ce sont les ‘quick wins’.

La catégorie ‘How’ (comment) concerne les idées qui sont ‘originales mais qui sont pas encore tout à fait faisables’. Ce sont des concepts prometteurs, mais qui nécessitent plus de recherche, de technologie ou de ressources. Elles alimentent la vision à long terme. Et enfin, la catégorie ‘Wow’, la plus recherchée. Ce sont ‘les idées véritablement innovantes, originales, mais qui en plus semblent être faisables’. Elles combinent un fort potentiel d’impact avec une faisabilité raisonnable. Cet exercice de tri visuel permet à l’équipe de voir rapidement où se situent les pépites et de concentrer la discussion sur les idées ‘Wow’, tout en gardant les idées ‘How’ pour plus tard et en planifiant la mise en œuvre des idées ‘Now’.

Lightning Decision Jam (LDJ) : prioriser par la valeur et l’effort

Pour aller plus loin dans la priorisation, la méthode inspirée du Lightning Decision Jam est plus analytique. Elle consiste à évaluer chaque idée selon deux axes pour créer une matrice. Le premier axe est la ‘valeur ajoutée’ de la solution : quel impact aura-t-elle pour le client ou pour l’entreprise ? Le second axe est le ‘niveau d’effort’ nécessaire pour la mettre en place : temps, argent, ressources humaines. En plaçant chaque idée sur cette matrice, on obtient quatre quadrants distincts.

Les idées à forte valeur ajoutée et faible effort sont les priorités absolues, les fameuses ‘solutions miracles’. Celles à forte valeur et fort effort sont les grands projets stratégiques à planifier soigneusement. Les idées à faible valeur et faible effort peuvent être mises en œuvre si on a du temps, mais ne doivent pas détourner des priorités. Enfin, les idées à faible valeur et fort effort sont à écarter sans hésiter. Cet outil est extrêmement puissant car il oblige à une discussion honnête sur les ressources disponibles et l’impact réel attendu. Il ‘permet en tout cas et bien de choisir, de définir les idées qui sont à creuser en priorité’, en passant de l’enthousiasme créatif à la prise de décision stratégique.

De la créativité à la réalité : les 6 règles d’or d’un brainstorming qui fonctionne

Posséder une boîte à outils remplie des meilleures techniques de brainstorming du monde ne sert à rien si les conditions de leur application ne sont pas réunies. Le succès d’une session de créativité repose autant sur la méthode que sur l’état d’esprit, la préparation et l’environnement que vous instaurez. Ignorer ces règles fondamentales, c’est prendre le risque de voir la plus brillante des mécaniques s’enrayer. Voici les six piliers sur lesquels vous devez bâtir chacune de vos sessions pour garantir non seulement une profusion d’idées, mais aussi l’engagement et le bien-être de votre équipe.

1. Préparez le terrain : Un brainstorming ne s’improvise pas. Il faut ‘se préparer un petit peu’, et cela va au-delà de la logistique. Choisissez en amont la ou les techniques que vous allez utiliser en fonction de votre objectif. Préparez le matériel nécessaire : des post-it de plusieurs couleurs, des feutres qui fonctionnent, un tableau blanc propre. Mais surtout, préparez le cadre intellectuel : rédigez une problématique claire, concise et inspirante qui servira de point de départ. Une question bien posée est la moitié de la solution.

2. Communiquez une intention claire : Tous les participants doivent être sur la même longueur d’onde. ‘Dites clairement à tout le monde ce qu’on est censé faire, ce qu’on cherche à faire’. Est-ce une session pour générer des idées folles et disruptives sans limite de budget (pensée divergente) ? Ou cherche-t-on des solutions concrètes à un problème précis et applicable dès le trimestre prochain (pensée convergente) ? Cette clarté initiale évite les malentendus et concentre l’énergie du groupe dans la bonne direction.

3. Accueillez absolument tout : C’est la règle la plus connue, mais la plus difficile à appliquer. Durant la phase de génération, il faut ‘accueillir toutes les idées, quelles qu’elles soient’. Cela signifie suspendre son jugement. Aucune idée n’est ‘stupide’, ‘irréaliste’ ou ‘déjà faite’. Chaque idée est une brique. Même une idée apparemment farfelue peut en inspirer une autre, plus aboutie. Le rôle du facilitateur est crucial pour rappeler cette règle et couper court à toute critique prématurée.

4. Créez un espace sûr (safe space) : C’est la condition sine qua non de la libération de la parole. ‘L’espace du brainstorming doit impérativement être un espace sûr. Tout le monde doit se sentir absolument à l’aise pour partager’. Cela implique une bienveillance active, une écoute respectueuse et la certitude qu’aucune idée ne sera tournée en dérision, ni pendant ni après la session. Dans un groupe avec une forte hiérarchie, il peut être judicieux que le manager se mette volontairement en retrait pour ne pas inhiber ses collaborateurs.

5. Osez sortir des sentiers battus : Le but même d’un brainstorming est d’explorer de nouvelles pistes. Il faut donc encourager activement l’audace et l’originalité. ‘On est là pour faire preuve de créativité. Donc ouvrez vos chakras et lâchez-vous’. Utilisez des techniques comme le ‘Et si…’ pour pousser les participants à quitter leur mode de pensée habituel. La créativité est un muscle, et ces sessions sont l’occasion de l’entraîner.

6. Combinez les techniques : Ne vous limitez pas à une seule méthode. Les techniques de brainstorming sont comme des légos : elles sont encore plus puissantes quand on les assemble. ‘Plus on va utiliser de techniques différentes, plus ça va nous permettre et bien de trouver de nouvelles idées’. Un enchaînement logique pourrait être : démarrer avec les ‘Post-it’ pour générer du volume, choisir une idée et la creuser avec ‘l’Étoile’, puis évaluer sa pertinence avec le ‘SWOT’, et enfin la prioriser avec la matrice ‘Impact/Effort’. Cette polyvalence maintient l’énergie du groupe et permet d’analyser le sujet sous toutes ses coutures.

Conclusion : La créativité est un processus, pas un miracle

Nous avons parcouru ensemble un large éventail de stratégies pour transformer vos sessions de brainstorming en véritables usines à idées. De la simplicité du post-it à la complexité des six chapeaux, de la logique de l’analyse des écarts à la fantaisie du ‘Et si…’, vous avez désormais entre les mains une panoplie d’outils pour débrider la créativité de votre équipe, ou même la vôtre si vous travaillez seul. Mais l’enseignement le plus important n’est peut-être pas dans la description de ces 12 techniques. Il réside dans la prise de conscience que la créativité et l’innovation ne sont pas des éclairs de génie imprévisibles, mais le résultat d’un processus structuré, d’un environnement bienveillant et d’un état d’esprit ouvert.

Arrêtons de nous mettre une pression démesurée en attendant LA bonne idée. Concentrons-nous plutôt sur la mise en place des bonnes conditions pour que des dizaines d’idées, petites et grandes, puissent émerger. C’est dans ce volume, dans cette diversité, que se cachent les véritables pépites. Le tri et la priorisation, grâce à des outils comme les matrices How/Now/Wow ou LDJ, sont tout aussi importants que la génération. Ils permettent de passer de l’effervescence créative à un plan d’action concret et réaliste.

Alors, mon appel à l’action est simple : n’attendez plus. La prochaine fois que vous sentirez le besoin de nouvelles idées, ne vous contentez pas de réserver une salle de réunion. Choisissez une ou deux techniques de cet article, préparez votre session, et lancez-vous. Expérimentez, combinez, amusez-vous. C’est en pratiquant que vous trouverez les méthodes qui résonnent le mieux avec votre culture d’entreprise et votre personnalité. Car comme je le dis en conclusion de l’épisode, c’est souvent grâce à ce processus que l’on ‘trouve souvent la petite pépite, l’idée qui fait que notre marque, notre produit est différent des autres’. Votre prochaine grande idée n’attend que le bon cadre pour éclore.

Questions fréquentes sur les techniques de brainstorming

Comment réussir un brainstorming quand on travaille seul ?

Le brainstorming n’est pas l’apanage des grandes équipes. Si vous êtes solopreneur, vous pouvez parfaitement l’adapter. La clé est de solliciter des regards extérieurs pour briser l’écho de votre propre pensée. Vous pouvez organiser une session avec d’autres entrepreneurs, des amis qui connaissent votre secteur, ou même des mentors. L’important est de choisir des personnes bienveillantes mais capables de challenger vos idées. Vous pouvez aussi utiliser ces techniques en solo, en vous forçant à adopter différents points de vue, comme avec la méthode des six chapeaux où vous endossez chaque rôle successivement. L’essentiel est de formaliser le processus pour ne pas rester dans un simple vagabondage mental.

‘Si vous travaillez seul, vous pouvez demander à des copains, des gens qui connaissent un petit peu votre boîte, votre marché de travailler avec vous sur ce brainstorming. ça peut être intéressant aussi d’avoir des gens extérieurs à votre entreprise qui participent au brainstorming, pourquoi pas.’

Quelle est la meilleure technique de brainstorming pour commencer ?

Pour une première session ou pour un groupe qui n’a pas l’habitude de cet exercice, la stratégie du post-it est sans conteste la meilleure porte d’entrée. Elle est extrêmement simple à comprendre, non intimidante et très efficace pour générer une grande quantité d’idées rapidement. Son format ‘une idée, un post-it’ et l’usage de feutres forcent la concision et l’écriture en silence permet aux personnalités plus introverties de s’exprimer à égalité. C’est une excellente méthode pour briser la glace, mettre tout le monde à l’aise et créer une base de matière brute visuelle sur laquelle le groupe pourra ensuite travailler avec d’autres techniques plus analytiques.

‘Alors, c’est parti pour ma toute première stratégie, c’est ma stratégie favorite, c’est la plus simple, c’est la stratégie du postit… C’est ultra simple et c’est ultra puissant. Vous allez voir que et bien vous allez générer des tonnes d’idées, normalement, des tonnes d’idées.’

Comment gérer les personnes qui critiquent toutes les idées ?

La critique prématurée est le poison de tout brainstorming. Il est crucial de poser des règles claires dès le début, notamment la règle numéro un : suspendre tout jugement pendant la phase de génération d’idées. Le rôle du facilitateur est d’incarner et de faire respecter ce cadre. Si une personne persiste à critiquer, on peut lui rappeler la règle avec bienveillance. Une autre approche consiste à utiliser une technique structurée comme celle des ‘six chapeaux’. En dédiant un moment spécifique au ‘chapeau noir’ (la critique, les risques), on donne un espace légitime à cette pensée critique, mais on l’empêche de contaminer la phase créative du ‘chapeau vert’.

‘Accueillir toutes les idées, quelles qu’elles soient, qu’elles soient intelligentes, faisables, pas faisables, farfelues, nouvelles, déjà faites, on s’en fiche, on accueille absolument toutes les idées… il ne doit y avoir aucun jugement à aucun moment.’

Combien de temps doit durer une session de brainstorming ?

Il n’y a pas de durée idéale, mais il faut éviter les sessions à rallonge qui épuisent la créativité. Une bonne pratique est de privilégier des sessions courtes et intenses. Une session de 45 à 90 minutes est souvent plus productive qu’une réunion de 3 heures. Il est préférable de bien la préparer en amont, avec un objectif clair et des techniques choisies. Pour des sujets complexes, il vaut mieux prévoir plusieurs sessions courtes réparties sur plusieurs jours qu’une seule longue session. Cela laisse le temps au cerveau de ‘mûrir’ les idées entre les réunions, un processus connu sous le nom d’incubation créative, qui est souvent très fertile.

‘Le principe, c’est de l’écriture automatique, vous ne vous mettez aucune limite et vous écrivez tout ce qui vous passe par la tête quand on vous donne une idée, un point de départ hein évidemment, on se donne un point de départ, un temps défini…’

Que faire si aucune bonne idée ne sort du brainstorming ?

Il est rare qu’absolument rien d’utilisable ne sorte d’une session bien menée. Cependant, il peut arriver que l’on ne trouve pas ‘l’idée du siècle’. Dans ce cas, il ne faut pas considérer la session comme un échec. Le brainstorming a peut-être permis de clarifier le problème, d’éliminer des pistes, ou simplement de renforcer la cohésion de l’équipe. Il faut analyser ce qui a pu bloquer la créativité : le sujet était-il trop large ? Le groupe était-il fatigué ? La technique était-elle inadaptée ? On peut alors planifier une nouvelle session en changeant radicalement d’approche : un autre lieu (changement de décor), une autre technique (passer d’une méthode analytique à une méthode plus fantaisiste comme le ‘Et si…’), ou un autre groupe de participants.

‘Ouvrez vos chakras et lâchez-vous. Et puis 6e règle, en tout cas, c’est pas une règle mais un conseil… c’est d’associer et de combiner les techniques de brainstorming, on n’est pas obligé de ne choisir qu’une seule technique.’

Comment choisir la bonne technique de brainstorming pour son projet ?

Le choix de la technique dépend de votre objectif. Si vous êtes au tout début d’un projet et cherchez à générer un maximum de pistes diverses, optez pour des techniques de divergence comme la stratégie du post-it ou le brainwriting. Si vous avez déjà une idée et que vous souhaitez l’approfondir et la structurer, des techniques de convergence comme la méthode de l’étoile ou l’analyse SWOT seront plus adaptées. Pour sortir d’une impasse et trouver une innovation de rupture, osez des méthodes qui cassent les codes comme le ‘Et si…’ ou le ‘Role storming’. N’hésitez pas à combiner les approches : une technique de divergence pour commencer, suivie d’une technique de convergence pour affiner.

‘L’idée ici c’est d’être pas trop nombreux, un maximum de 10 personnes sinon, ça va être compliqué à gérer. Mais très intéressant parce que vous allez devoir rebondir sur les idées des autres.’

Comment prioriser les idées quand il y en a trop ?

Avoir trop d’idées est un luxe, mais cela peut être paralysant. Il est essentiel d’avoir une méthode de tri. Je propose deux stratégies complémentaires. La première, la matrice ‘How/Now/Wow’, est un tri rapide et intuitif qui permet de séparer les idées faciles à mettre en œuvre (‘Now’), les idées innovantes et réalisables (‘Wow’), et celles qui demandent plus de réflexion (‘How’). La seconde, inspirée du Lightning Decision Jam, est plus analytique. Elle consiste à créer une matrice en évaluant chaque idée selon sa valeur ajoutée potentielle et l’effort requis pour la développer. Cela permet d’identifier les ‘gros gains faciles’ et de planifier les projets plus ambitieux de manière stratégique.

‘On va aller rechercher entre valeur ajoutée et niveau d’effort et bien ce qui va être le plus intéressant pour nous, de quel côté on veut tirer la corde plutôt vers la valeur ajoutée ou plutôt vers l’effort à apporter.’


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