Logo de l'épisode Utiliser le growth marketing pour son lancement avec Coralie Dussart - Episode 191 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Utiliser le growth marketing pour son lancement avec Coralie Dussart – Episode 191

Épisode diffusé le 10 août 2023 par Estelle Ballot

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Le Growth Marketing : le guide pour dérisquer et réussir votre lancement

Le terme ‘Growth’ est partout. On l’imagine souvent comme une potion magique, un ensemble de ‘hacks’ obscurs réservés à des start-ups en hyper-croissance, prêtes à tout casser. J’ai longtemps observé ce phénomène, notamment en suivant des figures comme Grégoire Gambato, le fondateur de Germinal. Son énergie, sa capacité à avoir ‘toujours cinq tests en tête pour faire avancer son entreprise toujours plus loin, toujours plus vite’ est fascinante. Mais cette image du conquérant, du guerrier qui va ‘péter le truc’, peut aussi être intimidante et sembler chaotique. On peut se demander : où est la stratégie là-dedans ? Où est la rigueur statistique qu’on nous a enseignée dans les grandes écoles de marketing ? Et surtout, comment appliquer cette énergie débordante à un projet concret comme un lancement de produit, sans y aller ‘tête baissée’ et risquer de se brûler les ailes ?

La réalité, c’est que le Growth Marketing a mûri. Il est passé de l’adolescence un peu rebelle à un âge adulte, structuré et incroyablement puissant. C’est une discipline qui, bien comprise, ne consiste pas à s’exciter dans tous les sens, mais à construire une machine de croissance prédictible et rentable. C’est un pont entre l’audace créative et la rigueur scientifique. C’est l’art de poser les bonnes questions et d’utiliser la donnée pour y répondre, non pas dans six mois après une étude de marché coûteuse, mais la semaine prochaine. Dans cet article, nous allons plonger au cœur de cette philosophie. Nous allons décortiquer ce qu’est réellement le Growth Marketing aujourd’hui, pourquoi le test est son pilier le plus fondamental, et comment vous pouvez l’appliquer, pas à pas, pour transformer l’incertitude d’un lancement en une série de décisions éclairées. Préparez-vous à changer votre regard sur le marketing.

Redéfinir le Growth Marketing : bien plus qu’une simple quête de ‘hacks’

Pour beaucoup, le Growth Marketing reste un concept un peu flou, souvent résumé à des techniques d’acquisition rapide sur les réseaux sociaux. Mais c’est une vision très réductrice. Le Growth n’est pas une liste de recettes magiques, c’est avant tout un état d’esprit, une philosophie appliquée au business. Il est temps de déconstruire les mythes et de comprendre ses véritables fondations.

Au-delà du buzzword : une philosophie tournée vers la croissance

Alors, qu’est-ce que le Growth Marketing ? Ma définition est simple : c’est du marketing appliqué à la croissance. Cela signifie que chaque action, chaque test, chaque décision est directement connectée aux objectifs business de l’entreprise : le chiffre d’affaires, la marge, la rétention client. Comme je l’explique souvent, c’est un ‘marketing très business qui est très lié aux ventes, au commercial, au sales’. Fini le temps où le marketing travaillait dans sa tour d’ivoire, se concentrant sur des indicateurs de notoriété déconnectés des réalités financières. Le Growth Marketer a un pied dans la créativité et l’autre dans un tableau Excel. La discipline repose sur trois piliers fondamentaux : un esprit business, une obsession pour la donnée, et une culture du test permanent. La grande révolution vient de la data. Avant, le marketing reposait beaucoup sur l’intuition, ‘le bon sens et le sens commun’. Aujourd’hui, nous avons la capacité d’appuyer chaque décision, chaque intuition, par des données concrètes. Cela ne tue pas la créativité, au contraire, cela la guide et la rend plus efficace.

L’état d’esprit du Growth : entre rigueur scientifique et intuition créative

L’un des plus grands défis pour un professionnel du Growth est de réussir ce que j’appelle ‘le grand écart’. Il faut être capable d’allier deux mondes qui semblent parfois opposés. D’un côté, il y a la rigueur quasi scientifique. Il s’agit de mettre en place des protocoles de test qui soient ‘valables, qui sont fiables, où les données sont statistiquement significatives’. Sans cette rigueur, on risque de tirer des conclusions hâtives sur des données incomplètes et de prendre de mauvaises décisions stratégiques. C’est ce qui différencie un professionnel d’un amateur qui ‘s’excite dans tous les sens’. Un test mal conçu est pire qu’une absence de test, car il vous conforte dans une fausse certitude. De l’autre côté, il faut garder une âme de créatif, un esprit curieux et intuitif. L’intuition reste primordiale, surtout chez les fondateurs qui connaissent leur marché sur le bout des doigts. C’est cette intuition qui va générer les hypothèses les plus audacieuses, celles qui permettent de ‘sortir un peu des sentiers battus’. Le rôle du Growth n’est pas de tuer cette intuition, mais de la challenger, de la vérifier. Une intuition, même brillante, reste une hypothèse tant qu’elle n’a pas été confrontée à la réalité du marché. C’est en maîtrisant ce grand écart que l’on trouve les véritables leviers de croissance, les fameuses ‘martingales’ qui peuvent transformer une entreprise.

Maintenant que nous avons posé les bases de cet état d’esprit si particulier, il est temps de plonger dans le cœur du réacteur : le test. Car si le Growth est une philosophie, le test en est la pratique quotidienne, l’outil qui transforme les idées en croissance tangible. C’est particulièrement vrai et puissant dans le cadre d’un lancement, une phase où chaque décision peut coûter cher et où l’incertitude est reine.

Le test, pilier central d’un lancement réussi

L’énergie du lancement est souvent grisante. On a envie de foncer, de ‘tout casser’. Cette impulsion est saine et nécessaire. Cependant, canaliser cette énergie à travers une phase de test intelligente peut faire la différence entre un lancement qui s’essouffle rapidement et un succès durable. Le test n’est pas là pour freiner l’élan, mais pour s’assurer que l’on court dans la bonne direction.

‘Test and Learn’ : arrêter de deviner, commencer à savoir

L’approche ‘Test and Learn’ est souvent mal interprétée. Il ne s’agit pas d’ ‘essayer au pif jusqu’à ce que ça marche’. C’est une démarche structurée qui vise à minimiser les risques et à maximiser les apprentissages. Le plus grand danger est de comparer des choses qui ne sont pas comparables. Je vois trop souvent des entrepreneurs me dire : ‘J’ai testé Facebook de juillet à août et ça n’a pas marché, puis Google Ads d’octobre à novembre et c’était mieux’. Mais comment comparer une période estivale creuse avec une fin d’année commercialement forte, avec des budgets et des messages différents ? C’est impossible. Un test fiable exige de la méthode. Il faut définir des hypothèses claires, des variables précises et des conditions de test similaires pour pouvoir tirer des conclusions valides. L’objectif est de répondre à des questions spécifiques : Quelle audience réagit le mieux à mon message ? Quel bénéfice produit suscite le plus d’intérêt ? Quel format créatif génère le plus de clics ? C’est en isolant et en testant ces variables que l’on passe de l’intuition (‘Je pense que ma cible est…’) à la certitude (‘Je sais que cette cible-là convertit à ce coût-là’).

De l’idée au marché : comment tester un produit qui n’existe pas encore ?

C’est sans doute l’une des applications les plus puissantes du Growth Marketing, surtout pour les lancements. Grâce au digital, nous pouvons aujourd’hui sonder le marché et valider l’appétit pour un produit avant même d’avoir écrit une seule ligne de code ou produit un seul exemplaire. Prenons un exemple concret que nous avons mené pour un grand groupe de cosmétiques. Ils avaient une idée pour une nouvelle gamme de crèmes pour bébés, une cible qu’ils ne connaissaient pas bien. Plutôt que d’investir des millions en R&D et en production, nous avons mis en place un dispositif de test léger et rapide. Voici les étapes :
1. Création d’une ‘fausse’ marque : Nous avons créé une marque fictive, avec un nom, un logo, et un univers graphique. On peut même en tester plusieurs pour voir quel positionnement résonne le mieux. L’avantage ? ‘On ne va pas faire les tests sous leur vrai nom’ pour ne pas alerter les concurrents ou impacter l’image de la marque mère.
2. Développement d’une landing page : Une simple page web présentant les produits fictifs, leurs bénéfices, et différents packagings.
3. Campagnes publicitaires ciblées : Nous avons lancé des publicités sur les réseaux sociaux visant les jeunes mamans, les dirigeant vers notre landing page.
4. Collecte de données : Sur la page, un questionnaire permettait aux visiteurs de laisser leur email pour être prévenus du lancement, mais surtout de donner leur avis : ‘Pourquoi ça les a intéressé ? Quel packaging ils préfèrent ?’

Le résultat est doublement puissant. D’une part, on collecte des données quantitatives : combien de clics, quel coût par clic, quel taux de conversion sur la page. Cela permet d’estimer un futur coût d’acquisition client. D’autre part, on obtient des données qualitatives inestimables qui vont ‘orienter leur développement produit au moment de la conception’. C’est une véritable étude de marché en temps réel, sur un public qui ne sait pas qu’il est testé, et qui fournit des insights bien plus fiables qu’un focus group traditionnel.

Cette capacité à tester en amont est révolutionnaire. Mais que se passe-t-il quand les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances ? C’est là que la véritable mentalité du Growth entre en jeu. Il ne s’agit pas seulement de valider les bonnes idées, mais aussi, et surtout, d’invalider les mauvaises le plus tôt possible.

De la donnée à la décision : l’art d’interpréter les résultats

Récolter des données, c’est bien. Savoir les transformer en décisions stratégiques, c’est tout l’art du Growth Marketing. Cela demande de la méthode pour structurer les tests, mais aussi une bonne dose de sang-froid pour accepter les résultats, qu’ils soient bons ou mauvais, et d’en faire un moteur pour avancer.

L’échec comme apprentissage : pourquoi un test ‘raté’ est une victoire

C’est un point essentiel et souvent contre-intuitif. Dans la culture d’entreprise traditionnelle, un résultat négatif est perçu comme un échec. Dans la culture Growth, c’est un apprentissage. Comme je le dis souvent, ‘il faut être OK avec le fait que les tests ne soient pas satisfaisants’. Recevoir des résultats décevants peut être frustrant, mais c’est en réalité ‘un super apprentissage’. Cela signifie que vous venez d’économiser potentiellement des centaines de milliers d’euros en évitant de lancer un produit que personne n’attend, ou de cibler une audience qui n’est pas la bonne. Chaque test ‘raté’ vous rapproche de la bonne formule. C’est un processus d’élimination. Trouver la ‘fameuse martingale’, cette combinaison parfaite qui débloque la croissance, prend du temps et passe par une série d’échecs. Le Growth Marketing, c’est un marathon de sprints, où chaque sprint apporte son lot de leçons. Il faut donc cultiver cette patience et cette résilience, surtout dans la pression d’un lancement, et voir chaque résultat comme une brique de connaissance qui solidifie votre projet.

La méthode scientifique du Growth : créer des tests fiables et comparables

Pour que ces apprentissages soient valides, la rigueur des tests est non négociable. Un test fiable n’est pas un événement isolé, c’est un dispositif complet. L’idée est de créer ce que j’appelle des ‘arbres à possibilités’ pour identifier la meilleure combinaison possible. Pour que ce soit concret, imaginons que nous testions un nouveau service. Notre plan de test pourrait ressembler à ça :
1. Les Leviers : On décide de tester en parallèle Facebook Ads et Google Ads pour voir lequel est le plus performant.
2. Les Audiences : Sur chaque levier, on va tester plusieurs cibles. Par exemple : les femmes de 30-40 ans intéressées par l’entrepreneuriat, les hommes de 25-35 ans travaillant dans la tech, et une audience basée sur les visiteurs de notre site web.
3. Les Bénéfices (messages) : Pour chaque audience, on va tester trois angles de communication différents. Par exemple : ‘Gagnez du temps’, ‘Augmentez votre chiffre d’affaires’, ‘Réduisez votre stress’.
4. Les Formats (créatifs) : Pour chaque message, on va tester plusieurs formats : une vidéo courte, une image statique, un carrousel.

Vous voyez la complexité ? On se retrouve avec des dizaines de variations qui tournent en même temps. Le travail consiste alors à ‘couper au fur et à mesure ce qui marche le moins, ce qui coûte trop cher, ce qui n’apporte pas de volume’. C’est un processus d’optimisation continue pour ne garder que la combinaison la plus performante : le meilleur levier, pour la meilleure audience, avec le meilleur message et le meilleur format. C’est cette approche systématique qui apporte des résultats probants et qui éloigne le Growth du simple bricolage.

Une fois que nous avons identifié ces combinaisons gagnantes, le travail n’est pas terminé. Le Growth Marketing ne s’arrête pas à l’optimisation d’un seul canal. Sa véritable puissance réside dans sa capacité à orchestrer l’ensemble des leviers marketing pour créer une expérience client fluide et une croissance globale.

La vision 360° : le Growth comme chef d’orchestre du marketing

L’une des plus grandes erreurs est de penser le marketing en silos. Une campagne Facebook d’un côté, une stratégie SEO de l’autre, des emails dans un troisième temps. Le Growth Marketing vient briser cette vision fragmentée. Il adopte une perspective holistique, centrée sur le parcours complet du client, et s’assure que tous les instruments jouent la même partition pour maximiser la croissance de l’entreprise.

Briser les silos : le lien vital entre marketing et ventes

Historiquement, le marketing et les ventes sont deux départements qui se parlent peu, voire se regardent en chiens de faïence. Le marketing se plaint que les commerciaux ne suivent pas les leads, et les commerciaux se plaignent que les leads sont de mauvaise qualité. Le Growth est né, entre autres, pour ‘arrêter les silos entre les équipes’. Il se positionne comme un médiateur, un traducteur entre ces deux mondes. Par exemple, lorsque nous générons des leads pour un client B2B, notre travail ne s’arrête pas à la livraison du contact. Nous sommes ‘très souvent en relation avec les équipes commerciales’ pour avoir leur feedback. Est-ce que les leads étaient bons ? Qu’est-ce qui a manqué ? Cette information est de l’or. Elle nous permet de retourner dans nos outils publicitaires et d’affiner nos ciblages, nos messages, pour générer des leads de meilleure qualité. C’est une boucle de rétroaction vertueuse qui aligne tout le monde sur le même objectif : la croissance de l’entreprise, pas seulement la performance d’un département.

La synergie des leviers : au-delà de l’acquisition payante

Une autre idée reçue tenace est que le Growth se résume à l’acquisition payante. C’est faux. Le Growth, c’est une ‘synergie entre tous les leviers’. Il faut comprendre qu’un client ne se décide pas sur un coup de tête après avoir vu une seule publicité. On estime qu’il y a en moyenne ‘neuf points de contact minimum avant de prendre une décision’. Un consommateur va écouter un podcast, puis faire une recherche sur Google, voir une publication sur LinkedIn, être exposé à une publicité sur Facebook, entendre un influenceur en parler, et enfin, peut-être, acheter. Le rôle du Growth Marketer est de visualiser ce parcours complexe et de s’assurer que la marque est présente aux bons endroits, au bon moment, avec le bon message. C’est un travail matriciel où l’on cherche à identifier les ‘trous dans la raquette’. Peut-être que nous sommes excellents pour générer de la notoriété avec un blog (organique), mais très mauvais pour convertir cette notoriété en clients. Ou peut-être que nos publicités Facebook (payant) fonctionnent bien, mais que nous n’avons aucune stratégie pour fidéliser les clients acquis. Il s’agit de construire le ‘meilleur mix levier’ en fonction des étapes du tunnel de conversion : notoriété, acquisition, conversion, rétention, recommandation.

Le KPI roi : pourquoi la Lifetime Value (LTV) change tout

Pour piloter cette machine complexe, il nous faut un indicateur de performance qui reflète la vision à long terme. Cet indicateur, c’est la LTV, ou Lifetime Value, la ‘valeur vie client’. C’est la marge (ou le chiffre d’affaires) totale qu’un client va générer tout au long de sa relation avec votre entreprise. Pourquoi est-ce si crucial ? Parce que cela change complètement la façon de prendre des décisions. On ne se concentre plus sur le profit d’une seule commande, mais sur la rentabilité globale d’un client. Si je sais qu’un client me rapporte en moyenne 500 € sur deux ans (sa LTV), je sais que je peux me permettre de dépenser jusqu’à un certain montant pour l’acquérir tout en restant rentable. ‘C’est ça qui nous fait prendre des décisions’. Cela nous permet de justifier des investissements sur des canaux qui ne sont peut-être pas rentables à la première commande, mais qui attirent les clients les plus fidèles et les plus rentables sur le long terme. C’est le KPI ultime qui relie les actions marketing quotidiennes à la santé financière et à la stratégie à long terme de l’entreprise.

Conclusion : Adoptez l’état d’esprit Growth pour passer à l’action

Nous avons parcouru un long chemin, de la démystification du terme ‘Growth’ à l’exploration de ses mécaniques les plus profondes. Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, ce serait celle-ci : le Growth Marketing n’est pas une série d’outils, c’est un état d’esprit. C’est l’engagement de remplacer les suppositions par des données, l’attentisme par l’action, et la peur de l’échec par la soif d’apprendre. C’est une approche qui allie l’agilité d’un commando à la rigueur d’un scientifique.

Que vous soyez sur le point de lancer un nouveau produit, une start-up ou une nouvelle offre au sein d’un grand groupe, cette philosophie est votre meilleure alliée pour naviguer dans l’incertitude. Commencez petit. Nul besoin de lancer un ‘arbre à possibilités’ complexe dès le premier jour. Choisissez une hypothèse clé pour votre projet – ‘Je pense que ma cible principale est X’ – et concevez un test simple pour la valider ou l’invalider. L’important est d’entrer dans ce cycle vertueux : hypothèse, test, mesure, apprentissage. Adoptez cette cadence que j’évoquais, celle de ‘penser à la semaine’. Une semaine, ce n’est pas juste du temps qui passe, c’est ’25 % du chiffre que peut faire une marque’ dans un mois. Chaque semaine sans apprendre est une opportunité de croissance manquée. Alors, n’attendez plus. Lancez-vous, testez, échouez, apprenez, et recommencez. C’est le chemin le plus sûr et le plus rapide vers un lancement réussi et une croissance durable.


Questions fréquentes sur le Growth Marketing

Quelle est la différence fondamentale entre le growth marketing et le marketing traditionnel ?

La différence majeure réside dans l’état d’esprit et les objectifs. Le marketing traditionnel se concentre souvent sur des objectifs de notoriété ou d’image de marque (le haut du tunnel de conversion), avec des cycles de planification plus longs. Le Growth Marketing, lui, est obsédé par la croissance mesurable sur l’ensemble du parcours client (de l’acquisition à la rétention). Il est intrinsèquement lié aux objectifs business (ventes, marge) et utilise une approche agile, basée sur des cycles rapides de tests et d’itérations pour trouver les leviers les plus efficaces.

‘Le gross marketing, je dirais que c’est du marketing appliqué, du marketing appliqué à la croissance. Donc c’est un marketing très business qui est très lié aux ventes, au commercial, au sales avec beaucoup de données.’

Comment commencer à tester une idée de produit avec un petit budget ?

L’avantage du digital est de pouvoir tester des idées sans investir massivement en production. La méthode la plus efficace est de créer une ‘landing page’ (une page web unique) qui présente votre produit comme s’il existait déjà. Vous pouvez y mettre des visuels, décrire les bénéfices et inclure un bouton d’appel à l’action comme ‘Précommandez’ ou ‘Soyez prévenu du lancement’. Ensuite, investissez un petit budget (même 100 ou 200 €) en publicités sur les réseaux sociaux pour diriger votre cible vers cette page. Le nombre de clics et d’inscriptions vous donnera une première indication très concrète de l’intérêt du marché.

‘Là il y a pas besoin de créer de site web. C’est vraiment juste des landing page qui sont liées à des publicités et derrière on récolte de la data à la fois quanti et à la fois cali.’

Le growth marketing est-il réservé aux startups et aux entreprises tech ?

Absolument pas. Bien que né dans l’écosystème des startups tech, le Growth Marketing est une méthodologie qui s’applique à toute entreprise cherchant la croissance, y compris les grands groupes et les entreprises plus traditionnelles. De plus en plus de grandes entreprises intègrent des équipes ou des logiques Growth pour accélérer leur innovation et optimiser leurs lancements de produits. La clé est d’avoir un ‘conquérant en interne’, quelqu’un qui porte cette culture d’agilité et de test au sein de l’organisation.

‘Moi je suis ravie de voir qu’il y a de plus en plus de gros corporate, tu parlais des grands groupes qui commencent à avoir cette logique mais il faut toujours qu’il y ait quelqu’un en interne qui porte cette idée.’

Qu’est-ce que le ‘Test and Learn’ et comment l’appliquer concrètement ?

Le ‘Test and Learn’ est une approche itérative qui consiste à poser une hypothèse, la tester à petite échelle, analyser les résultats et en tirer des apprentissages pour la prochaine action. Concrètement, cela signifie, par exemple, de ne pas lancer une campagne publicitaire avec un seul visuel et un seul message. Vous en créez plusieurs variations (différentes audiences, différents bénéfices, différents formats) et vous allouez un budget de test pour voir quelle combinaison fonctionne le mieux, avant d’investir la majorité de votre budget sur la version gagnante. C’est une démarche scientifique pour optimiser ses actions.

‘Ça fait effectivement partie intégrante du gross marketing d’avoir cet esprit de test and learn. Ce qui est difficile quand on est un gross marketer, c’est d’avoir à la fois la rigueur, le côté un peu scientifique d’un test.’

Pourquoi est-il crucial de créer une fausse marque pour tester un nouveau produit ?

Créer une marque fictive pour vos tests présente deux avantages stratégiques majeurs. Premièrement, la confidentialité : vous pouvez tester un marché sans révéler à vos concurrents vos intentions stratégiques. Si le test n’est pas concluant, vous pouvez abandonner l’idée en toute discrétion. Deuxièmement, la neutralité : cela évite de biaiser les résultats. Si une grande marque connue teste un nouveau produit, l’attrait peut venir de la marque elle-même et non du produit. Utiliser une nouvelle marque permet de mesurer l’intérêt réel pour la proposition de valeur du produit seul.

‘On va pas faire les tests sous leur vrai nom parce que voilà imaginons c’est Chanel, ils ont peut-être pas envie de dire à tous leurs concurrents qu’ils sont en train de tester lancer des produits pour les bébés par exemple.’

Comment le growth marketing fait-il le lien entre les équipes marketing et commerciales ?

Le Growth Marketing agit comme un pont en se concentrant sur des objectifs communs et en instaurant une boucle de feedback constante. Au lieu que le marketing envoie des leads ‘à l’aveugle’ aux commerciaux, l’équipe Growth va suivre ces leads et demander activement l’avis des vendeurs : étaient-ils qualifiés ? Quels étaient les points de friction ? Ce retour qualitatif est ensuite réinjecté dans les campagnes marketing pour affiner le ciblage et les messages. Cela transforme une relation souvent conflictuelle en un partenariat où chaque équipe aide l’autre à être plus performante.

‘Le gross était vraiment au service de la croissance de l’entreprise, donc faisait le lien entre ces départements. Nous aujourd’hui, on est souvent très souvent en relation avec les équipes commerciales de nos clients B2B.’

Quel est l’indicateur (KPI) le plus important à suivre en growth marketing ?

S’il ne fallait en choisir qu’un, ce serait la Lifetime Value (LTV), ou ‘valeur vie client’. Cet indicateur mesure le revenu ou la marge totale qu’un client génère tout au long de sa relation avec l’entreprise. Il est fondamental car il permet de prendre des décisions d’acquisition rentables à long terme. En connaissant votre LTV, vous savez combien vous pouvez vous permettre de dépenser pour acquérir un nouveau client (le Coût d’Acquisition Client, ou CAC). Se focaliser sur la LTV plutôt que sur une transaction unique pousse à optimiser non seulement l’acquisition, mais aussi la rétention et la fidélisation.

‘On utilise beaucoup un KPI… qui est le ce qu’on appelle la LTV, la lifetime value… C’est ça qui nous fait prendre des décisions. C’est pas forcément une commande à l’instant T d’un bon montant, c’est est-ce que dans toute sa vie ce client, ça va être un très bon client.’

En quoi consiste l’agilité dans une stratégie de growth marketing ?

L’agilité en Growth Marketing se traduit par la vitesse d’exécution et la capacité à s’adapter rapidement en fonction des données. Plutôt que de suivre un plan marketing annuel rigide, on travaille par cycles courts, souvent à la semaine (‘sprints’). Chaque semaine, on déploie des tests, on analyse les résultats de la semaine précédente, et on ajuste la stratégie en conséquence. Cette approche permet de ne pas perdre de temps sur des actions inefficaces et de saisir rapidement les opportunités qui se présentent. C’est une mentalité de ‘commando’ qui privilégie l’action et l’apprentissage rapides.

‘On pense à la semaine… plus on va vite, plus on trouve des solutions rapidement, plus on engrange du chiffre d’affaires… Nous quand on déploie des tests, on les déploie en 2 jours.’


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