62% des dirigeants le font, et vous devriez faire pareil – Episode 204

L’intuition : l’arme secrète que 62% des dirigeants utilisent (et pourquoi vous devriez vous y mettre)

Je vais vous faire une confidence : je suis quelqu’un de plutôt terre à terre. J’aime les faits, la logique, les plans bien ficelés. L’idée de prendre une décision majeure en me basant sur un simple ‘feeling’ a longtemps été pour moi l’équivalent entrepreneurial de sauter d’une falaise les yeux bandés. Comme je le dis souvent :

‘J’aime comprendre les choses, j’aime qu’il ait un sens, j’aime qu’il y ait une certaine logique. Et puis disons-le clairement, ben j’aime contrôler et c’est quand même bien plus simple ben quand c’est concret.’

Pourtant, après des années à la tête de mon entreprise, à analyser des données et à construire des stratégies, j’en suis arrivée à une conviction profonde, presque déroutante pour la personne rationnelle que je suis : l’intuition n’est pas un ennemi de la logique, c’est son plus puissant allié. Dans un monde obsédé par la data, les tableurs Excel et les business plans millimétrés, nous avons oublié d’écouter notre outil de décision le plus sophistiqué : notre propre cerveau. Cet article n’est pas une invitation à abandonner vos analyses, mais à les enrichir avec une ressource que vous possédez déjà. Nous allons explorer ensemble pourquoi cette ‘petite voix’ est en réalité un super-ordinateur traitant des milliers de données en une fraction de seconde, comment les leaders les plus performants s’en servent, et surtout, comment vous pouvez, vous aussi, apprendre à lui faire confiance pour construire un business non seulement plus performant, mais aussi plus aligné avec qui vous êtes vraiment.

Pourquoi le business a désespérément besoin de votre intuition (même si on vous a dit le contraire)

L’image traditionnelle de l’entrepreneur est celle d’un stratège hors pair, un maître des chiffres qui pèse chaque décision sur la balance de la rationalité pure. On nous apprend à faire des études de marché, à analyser la concurrence, à remplir des tableaux prévisionnels. Et tout cela est absolument essentiel. Mais il y a un secret que l’on omet souvent de nous confier : aucune quantité de données ne pourra jamais vous garantir le succès. La vérité, c’est que le business est un terrain de jeu fondamentalement incertain.

‘Quoi qu’on fasse, on n’a pas de boule de cristal. Et c’est pas parce que on a rempli des beaux tableaux, qu’on a des bonnes stratégies bien ficelées qu’on sait exactement ce qui va se passer. Si c’était le cas, je vous le dis tout de suite, on serait tous milliardaires.’

Cette réalité est la raison fondamentale pour laquelle l’intuition business est non seulement utile, mais indispensable. Les décisions les plus cruciales, celles qui peuvent faire ou défaire une entreprise, sont souvent celles pour lesquelles nous disposons du moins d’informations fiables. Lancer un nouveau produit, pivoter de modèle économique, recruter un collaborateur clé… ce sont des paris sur l’avenir. Et c’est précisément dans ce vide de certitudes que l’intuition entre en jeu. Prenez mon propre exemple. Il y a près de cinq ans, j’ai décidé de lancer ‘Le Podcast du Marketing’. Sur le papier, c’était une décision discutable. Le podcast en France était un marché de niche, la monétisation était incertaine et l’investissement en temps était colossal. Rationnellement, il y avait cent autres choses plus ‘sûres’ à faire. Mais j’avais une conviction profonde, une intuition que ce média allait devenir une référence. Ce n’était pas une pensée magique, mais un pressentiment fort que le besoin d’authenticité et de connexion allait trouver dans l’audio un support idéal. Aujourd’hui, 90% de mes revenus proviennent, directement ou indirectement, de cette décision. Mon intuition avait perçu une tendance bien avant que les chiffres ne la confirment. Et je suis loin d’être un cas isolé. Une étude de Forbes a révélé que 62% des dirigeants font confiance à leur intuition. Ce chiffre est capital. Il ne s’agit pas de débutants qui naviguent à vue, mais de leaders qui ont accès à plus de données que n’importe qui d’autre, et qui, malgré tout, choisissent d’écouter cette voix intérieure. Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris que la data décrit le passé et le présent, mais que l’intuition est souvent la seule boussole qui pointe vers l’avenir.

Adopter la règle du ‘Hell Yes’ : le premier filtre de vos décisions

Face à une décision, comment savoir si c’est votre intuition qui parle ou simplement la peur, l’excitation ou la pression extérieure ? Les Anglo-Saxons ont une formule aussi simple que redoutable d’efficacité pour cela :

‘If it’s not a hell yes, it’s a hell no.’

Cette phrase est bien plus qu’un simple slogan ; c’est un véritable outil stratégique. Elle signifie que si une opportunité ne déclenche pas en vous un enthousiasme profond, une conviction viscérale, une énergie qui vous pousse à l’action, alors la réponse est non. Un ‘oui, mais…’, un ‘ça pourrait être intéressant’, un ‘je devrais peut-être le faire’ sont en réalité des ‘non’ déguisés. Appliquer ce filtre change radicalement la qualité de vos engagements. Pensez aux projets que vous avez acceptés par obligation, aux clients que vous avez signés parce que l’offre était belle sur le papier mais que vous ne ‘sentiez’ pas. Ces décisions, prises sans un ‘Hell Yes’, sont souvent celles qui drainent votre énergie, vous coûtent plus qu’elles ne rapportent et vous éloignent de votre vision. L’intuition business se manifeste souvent par cette sensation physique : l’excitation et l’énergie d’un ‘Hell Yes’ ou le poids et la contraction d’un ‘Hell No’. Ignorer cette sensation, c’est choisir de ramer à contre-courant. Bien sûr, cela ne veut pas dire que chaque projet doit être facile ou dénué de peur. Un véritable ‘Hell Yes’ peut être terrifiant, mais c’est une peur excitante, celle du défi, pas la peur pesante de l’incongruence. C’est la différence entre escalader une montagne que vous rêvez de conquérir et vous sentir forcé de le faire.

Décoder le ‘truc magique’ : ce qu’est VRAIMENT votre intuition

L’un des plus grands freins à l’utilisation de l’intuition, surtout pour les esprits cartésiens comme le mien, est sa réputation. On l’associe à quelque chose d’ésotérique, d’irrationnel, voire de ‘magique’. J’ai longtemps cru que faire confiance à mon intuition était une faiblesse, une abdication de mon esprit critique.

‘J’ai tendance à croire que mon intuition, par principe, est fausse parce que j’ai assimilé l’intuition à quelque chose de magique alors que non, ça n’a rien de magique.’

La réalité est bien plus fascinante et… scientifique. Votre intuition n’est pas une communication avec l’au-delà ; c’est une communication ultra-rapide avec la partie la plus puissante de votre cerveau. Pensez à votre cerveau comme un iceberg. Votre conscience, la pensée logique et verbale, n’est que la pointe émergée. L’immense masse immergée, c’est votre inconscient. Et cet inconscient est une machine à traiter de l’information d’une puissance phénoménale. Toute la journée, vous êtes bombardé de milliers de ‘stimuli’. Des conversations que vous entendez, des expressions faciales que vous croisez, des articles que vous lisez en diagonale, des tendances de fond dans la société… Votre esprit conscient en ignore 99%. Mais votre inconscient, lui, enregistre tout. Il analyse, connecte, et identifie des schémas (patterns) à une vitesse fulgurante.

‘Notre cerveau, et bien il va plus vite que nous. Je le dis souvent hein, il analyse les choses bien plus vite que nous ne pouvons les verbaliser.’

Lorsque vous avez une ‘intuition’, ce n’est rien d’autre que la conclusion de cette analyse massive qui remonte à votre conscience sous la forme d’un sentiment, d’une certitude ou d’une ‘petite voix’. C’est pour cela que vous ‘sentez’ qu’un accord est bancal sans pouvoir l’expliquer immédiatement. Votre cerveau a probablement détecté des micro-expressions de doute chez votre interlocuteur, une incohérence dans son discours, un parallèle avec une mauvaise expérience passée… des dizaines de signaux faibles que votre logique n’a pas encore eu le temps d’assembler. Comprendre cela change tout. Suivre son intuition n’est plus un acte de foi aveugle. C’est un acte de confiance éclairée en votre propre capacité d’analyse. C’est reconnaître que vous en savez bien plus que vous ne le pensez consciemment. Votre ‘gut feeling’ n’est pas irrationnel, il est pré-rationnel. C’est de la data traitée à la vitesse de l’éclair.

L’intuition, votre boussole interne pour un business aligné et durable

Au-delà de la prise de décision ponctuelle, l’intuition joue un rôle encore plus fondamental : celui de gardien de votre alignement. Pourquoi est-ce si important ? Parce qu’un business peut être rentable mais vous rendre profondément malheureux s’il n’est pas en phase avec qui vous êtes. Votre cerveau, dans sa fonction la plus primitive, a un objectif principal : vous maintenir en vie et en sécurité. Pour cela, il adore la cohérence. Il cherche en permanence à s’assurer que vos actions sont en adéquation avec vos expériences passées, vos valeurs et votre identité.

‘Notre cerveau, il a pour objectif de nous garder absolument sur la bonne ligne, sur une ligne droite. Il aime la cohérence, il aime qu’on soit en adhésion, en adéquation avec et ben tout ce qu’on a fait avant et tout ce qu’on va faire après.’

C’est ici que l’intuition devient une boussole interne. Lorsque vous envisagez une décision qui va à l’encontre de vos valeurs profondes, de votre mode de fonctionnement naturel ou de ce que vous aimez vraiment faire, votre système nerveux envoie un signal d’alarme. C’est ce sentiment de malaise, cette boule au ventre, ce ‘je ne le sens pas’. C’est votre cerveau qui vous dit : ‘Attention, ce chemin est incohérent avec notre structure. Danger.’ À l’inverse, une décision alignée, même si elle est risquée, procure un sentiment de justesse, d’énergie. C’est le fameux ‘Hell Yes’. C’est votre cerveau qui valide : ‘Ce chemin est en phase avec qui nous sommes. Allons-y.’ Suivre son intuition est donc l’une des stratégies les plus sûres pour construire une entreprise durable. C’est s’assurer de bâtir une activité qui vous ressemble, qui vous nourrit au lieu de vous épuiser. C’est un choix qui peut sembler contre-intuitif, mais qui est en réalité un gage de sécurité sur le long terme.

‘Suivre son intuition ça vous permet, de façon générale, de rester parfaitement aligné avec vos valeurs, avec qui vous êtes, avec ce que vous aimez, avec votre façon de faire.’

Un entrepreneur aligné est un entrepreneur plus résilient, plus créatif et plus convaincant. Car lorsque vous êtes en phase avec ce que vous faites, vous n’avez plus besoin de puiser dans vos réserves de volonté ; vous êtes porté par une énergie naturelle et authentique.

Un plan d’action pragmatique pour faire confiance à votre instinct (sans tout risquer)

Accepter l’idée de suivre son intuition est une chose. Le faire en est une autre, surtout quand le doute s’en mêle. Le chemin vers une intuition business affûtée n’est pas un saut dans le vide, mais une pratique qui se cultive. Voici une approche structurée pour intégrer cette compétence sans angoisse.

Étape 1 : Documenter pour contrer le doute inévitable

Vous avez suivi votre instinct. Vous avez pris la décision. Et dix minutes plus tard, la panique s’installe. Votre cerveau rationnel se réveille et hurle : ‘Mais sur quoi t’es-tu basé ? C’est de la folie !’ Ce doute est non seulement normal, mais presque inévitable pour quiconque est habitué à tout justifier par la logique.

‘Je doute, c’est absolument normal que le doute vienne s’insérer. Là, j’ai une petite stratégie pour vous pour vous éviter de sombrer dans le doute.’

La stratégie est simple : documenter. Tenez un ‘journal de bord intuitif’. Au moment où vous prenez une décision basée sur votre instinct, prenez cinq minutes pour écrire. Notez la décision, mais surtout, décrivez ce que vous ressentez. Pourquoi avez-vous ce sentiment ? Quelles sont les petites observations, même vagues, qui le soutiennent ? Quelle est la sensation physique associée (légèreté, excitation, lourdeur) ? Cet exercice a un double bénéfice. Premièrement, lorsque le doute vous assaille, vous pouvez relire vos notes et vous reconnecter à la clarté du moment initial. C’est un ancrage puissant qui vous empêche de revenir en arrière sur un coup de tête anxieux. Deuxièmement, c’est un outil d’apprentissage extraordinaire. En relisant ce journal des mois plus tard, vous commencerez à voir des schémas. Vous apprendrez à reconnaître la ‘signature’ de votre véritable intuition et à la distinguer de la simple peur ou de l’envie passagère.

Étape 2 : Accepter l’erreur comme une source d’apprentissage

La plus grande peur qui nous empêche d’écouter notre intuition est celle de se tromper. ‘Et si mon instinct me mène droit dans le mur ?’ La réponse est simple : c’est possible. L’intuition n’est pas une science exacte à 100%. Mais la rationalité pure ne l’est pas non plus. L’échec fait partie intégrante du parcours entrepreneurial, quelle que soit la méthode de décision. La clé est de changer de perspective.

‘Si je me trompe, ben j’apprends. Bienvenue dans le business, quand on se trompe, c’est toujours une occasion d’apprendre.’

Chaque ‘erreur’ intuitive, si elle est documentée et analysée, devient une leçon précieuse. Vous affinez votre boussole interne. De plus, mon expérience personnelle, et celle de nombreux entrepreneurs, montre que les erreurs issues de l’intuition sont rarement catastrophiques. Souvent, ce sont de légers ajustements de trajectoire, des leçons qui coûtent peu mais rapportent beaucoup en sagesse. Si vous êtes encore sceptique, commencez petit. Appliquez votre intuition à des décisions à faible enjeu. Choisissez un prestataire pour une petite mission, décidez du thème d’un article de blog, optez pour une approche lors d’une négociation mineure. Documentez, observez les résultats, et construisez progressivement ce ‘muscle’ de la confiance intuitive. Vous serez surpris de voir à quel point il est fiable.

Au-delà de l’instinct : bâtir une confiance en soi inébranlable

Nous avons exploré l’intuition comme un outil de décision, d’alignement et d’apprentissage. Mais son impact le plus profond se situe peut-être à un autre niveau. Chaque fois que vous osez écouter cette voix intérieure, que vous lui faites confiance et que vous agissez en conséquence, vous ne faites pas que prendre une décision. Vous vous envoyez un message puissant à vous-même : ‘Je me fais confiance. Mon jugement a de la valeur.’ C’est la raison bonus, et sans doute la plus importante, pour cultiver votre intuition.

‘Suivre son instinct c’est quoi ? Puisque je vous dis que c’est votre cerveau qui vous dit des choses, bah suivre son instinct, finalement c’est savoir se faire confiance. Savoir se faire confiance c’est une force qui permet d’aller beaucoup beaucoup plus loin, c’est pas qu’une question d’instinct, c’est une question de confiance en soi.’

La confiance en soi n’est pas un trait de caractère inné ; c’est une compétence qui se bâtit par des actions répétées. C’est une boucle de rétroaction positive : vous faites confiance à votre intuition, vous obtenez un bon résultat (ou une leçon précieuse), votre confiance en votre jugement augmente, ce qui vous rend plus apte à écouter votre intuition la prochaine fois. Un entrepreneur qui se fait confiance est transformé. Il est plus rapide dans ses décisions, car il n’attend pas d’avoir 100% des données (ce qui n’arrive jamais). Il est plus résilient face aux échecs, car son estime de soi n’est pas uniquement liée aux résultats externes. Il est plus authentique et inspirant, car il dirige depuis un lieu de conviction intérieure, et non en suivant simplement les dernières tendances. En fin de compte, apprendre à écouter son intuition business, c’est bien plus qu’une technique. C’est un chemin vers un entrepreneuriat plus souverain, plus incarné et, paradoxalement, plus solide.

Conclusion : Votre prochaine décision sera-t-elle un ‘Hell Yes’ ?

Nous avons parcouru un long chemin, de la méfiance d’une personne ‘terre à terre’ envers l’instinct à la compréhension de son pouvoir en tant qu’outil stratégique majeur. Retenons l’essentiel : le business, par sa nature incertaine, exige plus que des tableurs. Il exige de l’audace, de la vision, et cette capacité à sentir la bonne direction. Cette capacité, c’est l’intuition. Nous avons vu qu’elle n’a rien de magique ; c’est votre cerveau qui travaille pour vous en coulisses, analysant une quantité de données que votre esprit conscient ne pourrait jamais traiter. C’est votre boussole la plus fiable pour rester aligné avec vos valeurs et construire une entreprise qui a du sens pour vous. La clé n’est pas de jeter la rationalité par la fenêtre, mais de l’inviter à danser avec votre intuition. Utilisez les données pour cadrer le problème, puis écoutez votre instinct pour choisir la voie. Appliquez le filtre du ‘Hell Yes or Hell No’. Documentez vos choix pour apprendre et contrer le doute. Et surtout, voyez chaque décision intuitive comme un pas de plus vers une confiance en vous inébranlable. La prochaine fois que vous serez face à un choix, petit ou grand, je vous invite à faire une pause. Après avoir analysé les faits, fermez l’ordinateur, respirez, et posez-vous la question : au fond de moi, qu’est-ce que je ressens ? C’est peut-être le début d’une nouvelle façon de piloter votre entreprise, plus audacieuse, plus juste, et infiniment plus puissante.

Foire aux questions sur l’intuition en business

Comment puis-je distinguer une véritable intuition d’une simple peur ou d’un vœu pieux ?

C’est une excellente question, car la confusion est fréquente. La véritable intuition est souvent calme, claire et persistante. Elle se manifeste comme un ‘savoir’ tranquille, même si elle n’est pas logique. La peur, au contraire, est bruyante, anxieuse et crée un sentiment de contraction et de panique. Le vœu pieux, lui, est basé sur l’excitation d’un gain potentiel et a tendance à ignorer les signaux d’alarme. L’intuition, elle, reste présente même après que l’excitation initiale soit retombée. Une bonne méthode est de noter votre sentiment et d’attendre 24 heures. L’intuition reste stable, tandis que la peur ou l’euphorie ont tendance à fluctuer.

‘L’intuition c’est vraiment le chemin qu’on sent, on ne sait pas trop pourquoi, mais on sent bien qu’il y a un truc qui nous attire vers ça. Ben en général, c’est plutôt safe option hein, c’est plutôt votre cerveau qui vous dit ‘Va par là mon gars, a priori, tu vas pas mourir’.’

L’intuition est-elle fiable pour des décisions financières importantes en business ?

Absolument, mais elle doit être utilisée en partenariat avec une analyse rigoureuse. L’intuition ne remplace pas un bilan comptable ou une analyse de rentabilité. Cependant, elle est cruciale pour interpréter les chiffres. Par exemple, les données peuvent indiquer qu’un investissement est rentable, mais votre intuition peut vous alerter sur le manque de fiabilité d’un partenaire ou sur une faiblesse cachée du marché. Dans ce cas, l’intuition vous pousse à creuser davantage, à poser les bonnes questions. Utilisez les chiffres pour valider la viabilité, et l’intuition pour sentir l’opportunité et les risques humains ou contextuels que les chiffres ne montrent pas.

‘Bien sûr que on s’appuie sur des éléments concrets, des éléments logiques, des choses rationnelles pour prendre ses décisions. On a même peut-être fait un business plan […] Alors, pourquoi est-ce qu’on irait y mettre de l’instinct ? Et ben tout simplement parce que quoi qu’on fasse, euh on n’a pas de boule de cristal.’

Que faire si mon intuition contredit complètement les données et les analyses rationnelles ?

C’est la situation la plus délicate et la plus révélatrice. N’ignorez ni l’un ni l’autre. Une forte intuition qui contredit les données est un signal d’alarme majeur. Cela signifie soit que votre intuition est erronée, soit, et c’est fréquent, que votre analyse rationnelle manque une information capitale. Dans ce cas, utilisez votre intuition comme un guide pour réexaminer vos données. Questionnez vos hypothèses. Y a-t-il un facteur que vous n’avez pas pris en compte ? Un ‘cygne noir’ potentiel ? Si après un examen approfondi, le conflit persiste, la décision dépend de votre tolérance au risque. La plupart des grandes innovations sont nées d’une intuition qui défiait la logique du moment.

‘Souvenez-vous, 62 % des dirigeants suivent leur intuition. On parle pas de gens qui n’ont pas d’éducation […] Non, on parle de gens qui ont un maximum de data, les dirigeants. Je dis pas qu’ils font pas confiance à la data, mais je dis qu’ils font aussi confiance à leur intuition.’

Comment développer son intuition quand on est une personne très analytique ?

Pour un esprit analytique, le développement de l’intuition passe par la pratique consciente et la dédramatisation. Commencez par des exercices à faible enjeu : devinez qui appelle avant de regarder votre téléphone, essayez de sentir l’ambiance d’une pièce avant d’y entrer. En business, commencez par documenter vos ‘pressentiments’ sur des petits sujets, sans forcément agir dessus au début. Relisez vos notes une semaine après pour voir si vous aviez vu juste. La méditation ou de simples pauses silencieuses dans la journée aident aussi à calmer le bruit mental analytique et à mieux entendre les signaux faibles de l’intuition. Il s’agit de s’entraîner à écouter un canal d’information différent.

‘C’est un vrai exercice que de faire confiance à son intuition, de donner de la place à son intuition et c’est pour ça que je voulais en parler aujourd’hui parce que c’est pas juste un truc facile comme ça. En fait, pour beaucoup de gens, moi y compris, c’est vraiment presque une douleur que de faire confiance à mon intuition.’

Est-ce que suivre son intuition signifie qu’il ne faut plus faire de business plan ?

Pas du tout ! C’est une fausse opposition. L’intuition et la planification ne sont pas ennemies, elles sont complémentaires. Le business plan est un exercice rationnel essentiel pour structurer votre pensée, valider la viabilité de votre projet et fixer un cap. L’intuition, elle, intervient à chaque étape de ce plan. Elle vous aide à choisir le bon marché (celui que vous ‘sentez’), à définir une vision qui vous anime vraiment, à sentir si vos prévisions sont trop optimistes ou pessimistes. Le plan est votre carte, l’intuition est votre boussole. La carte vous montre le terrain, mais la boussole vous aide à naviguer quand le brouillard se lève.

‘Évidemment, quand bien même habituellement on est dans des des choix purement rationnels dans le business parce qu’on nous a appris à fonctionner comme ça et c’est très bien, je suis pas en train de dire qu’il faut absolument laisser de côté toutes les stratégies et les tableurs Excel, pas du tout.’

Pourquoi l’intuition est-elle si importante pour lancer un nouveau projet ou une start-up ?

Le lancement d’un projet innovant est le moment où l’intuition est la plus critique. Par définition, quand vous créez quelque chose de nouveau, il y a très peu de données historiques fiables sur lesquelles s’appuyer. Le marché n’existe pas encore ou est naissant. Les études de marché traditionnelles peuvent être trompeuses car les clients eux-mêmes ne savent pas encore qu’ils ont besoin de votre solution. C’est donc l’intuition du fondateur qui doit combler ce manque de données. C’est sa vision, sa conviction profonde que le problème qu’il résout est réel et que sa solution est la bonne, qui va porter le projet à travers les premières phases d’incertitude.

‘Les plus grosses décisions qu’on a à prendre, ben parce que c’est celles où on a le moins d’informations, on sait le moins si ça va fonctionner, typiquement lancer un business. Je vous donne l’exemple du podcast. Il y a maintenant près de 5 ans […] je me dis ‘Tiens, je vais lancer un podcast’ sur une intuition.’

En quoi le fait de suivre son instinct peut-il améliorer ma confiance en tant qu’entrepreneur ?

Suivre son instinct est un puissant catalyseur de confiance en soi. Chaque fois que vous écoutez votre intuition et que cela mène à un bon résultat, vous renforcez la croyance en votre propre jugement. C’est une validation interne qui est beaucoup plus solide que n’importe quelle validation externe. Même lorsque vous vous trompez en suivant votre instinct, le fait d’avoir pris une décision souveraine, basée sur votre conviction, et d’en tirer les leçons, renforce votre résilience. Vous apprenez que vous êtes capable de naviguer dans l’incertitude et de vous relever. Cela crée une confiance qui n’est pas basée sur le succès, mais sur votre capacité à décider et à apprendre.

‘Savoir se faire confiance c’est une force qui permet d’aller beaucoup beaucoup plus loin, c’est pas qu’une question d’instinct, c’est une question de confiance en soi.’