Une licorne dans un pub : mon voyage inattendu dans la création d’images par IA
L’autre jour, une scène improbable s’est matérialisée sur mon écran : une licorne en jean et t-shirt, accoudée au comptoir d’un pub bondé, sirotant tranquillement une bière. Ce n’était pas un rêve, mais le résultat d’une simple phrase tapée dans ChatGPT. J’avais besoin d’une illustration pour un post LinkedIn, quelque chose d’original pour parler d’un événement avec le fondateur d’une ‘licorne’ de la tech. En quelques secondes, j’avais une image. Certes, elle était un peu étrange, mais d’un réalisme saisissant. Mes enfants ont adoré, et moi, j’ai eu une prise de conscience fulgurante.
Je me suis souvenue de ma dernière tentative, six mois plus tôt, qui s’était soldée par ‘un chien bizarre à qui il manquait un œil’. Le progrès était spectaculaire. Même avec ce que les experts appelleraient un ‘prompt bien nul’, j’avais obtenu un résultat plus que satisfaisant. Cet épisode m’a frappée de plein fouet : l’IA avance à une vitesse vertigineuse, bien plus vite que notre capacité à l’intégrer. Nous ne pouvons plus nous contenter de l’observer de loin. Il est devenu impératif de comprendre comment fonctionne la création d’images par IA, de connaître ses possibilités, ses limites, mais aussi les questions profondes qu’elle soulève sur notre image de marque, nos sociétés et notre rapport à la créativité.
Cette aventure m’a laissée avec une multitude de questions. Est-ce si simple d’utilisation ? Qu’en est-il des droits ? Est-ce que cela signe la fin des photographes et des directeurs artistiques ? Comment créer quelque chose d’unique et ne pas se noyer dans un océan d’images qui se ressemblent toutes ? Pour y voir plus clair, j’ai invité une véritable experte du sujet, Manon Verbeke. Designer, formatrice et ‘fausse créative’ auto-proclamée, Manon allie une passion pour l’art à un amour des maths et du code, le combo parfait pour décrypter les mystères de l’IA générative. Ensemble, nous allons explorer cet univers fascinant, pour vous donner les clés pour utiliser la création d’images par IA de manière intelligente, créative et consciente.
L’IA et les images : est-ce vraiment la fin de la complexité ?
Comme beaucoup d’entrepreneurs et de créateurs de contenu, j’ai longtemps perçu la génération d’images par IA comme une forteresse impénétrable. En voyant passer des ‘prompts’ qui ressemblaient à des formules mathématiques complexes, j’ai vite été découragée. J’avais le sentiment qu’il fallait être un photographe aguerri, maîtrisant des concepts techniques comme la distance focale, l’ouverture, ou la profondeur de champ pour espérer obtenir un résultat potable. Cette perception, comme le confirme Manon Verbeke, n’était pas totalement fausse à l’époque.
‘Tu as raison au moment où tu as regardé, il y avait une certaine technicité à avoir pour générer des images qui n’étaient pas normées par le style mi-journée.’ – Manon Verbeke
En effet, les premières versions des outils comme Midjourney nécessitaient une grande précision pour sortir du style par défaut, souvent très reconnaissable, un peu onirique et léché. Pour obtenir un rendu photographique réaliste, il fallait ‘parler’ à la machine dans son langage, en spécifiant le type d’appareil photo, l’objectif, les réglages de lumière. Sans cette culture photographique, on était condamné à accepter ‘son expression artistique à lui’. Mais la situation a radicalement changé.
Une accessibilité croissante pour les non-initiés
La révolution actuelle ne réside pas seulement dans la qualité des images, mais dans la simplification de l’interaction. Les développeurs de ces outils ont un objectif clair : rendre la technologie intuitive pour le plus grand nombre. Manon l’explique très bien, les choses ont évolué sur plusieurs fronts. Premièrement, la compréhension du langage naturel est devenue beaucoup plus efficace. On n’a plus besoin de connaître une syntaxe rigide ; on peut s’adresser à l’IA comme à un assistant humain. L’ordre des mots et le jargon technique ont moins d’importance, car l’IA saisit mieux l’intention globale.
Deuxièmement, les interfaces elles-mêmes sont devenues plus conviviales. Fini le temps où tout passait par des lignes de commande cryptiques. Manon souligne que ‘même mi-journée qui est pourtant un des plus techniques a développé une interface qui est en ligne avec des boutons, avec des glissé-déposé ta photo’. Cette évolution majeure signifie qu’on peut commencer à expérimenter sans connaître la moindre commande, en utilisant des éléments visuels pour guider l’IA. Enfin, le processus est devenu itératif et conversationnel. On peut générer une première version, puis demander des ajustements : ‘c’est pas exactement le résultat que j’attendais. Tiens outil. Maintenant ajoute ça dans mon prompt, ajoute ça dans ma demande’. C’est ce dialogue qui permet d’affiner le résultat pas à pas, rendant le processus beaucoup moins intimidant. On n’a plus besoin d’avoir le prompt parfait du premier coup.
Ai-je encore besoin d’une formation pour me lancer ?
La question est légitime. Si les outils sont si simples, à quoi bon se former ? Manon, bien que formatrice, est honnête : ‘Alors je me tire une balle dans le pied mais non, tu n’as pas besoin. Tu n’as plus besoin.’ pour une utilisation basique. On peut tout à fait s’amuser et obtenir des résultats intéressants sans formation. Cependant, la nuance est importante. Pour aller plus loin, pour maîtriser l’outil, sortir des sentiers battus et développer un style qui vous est propre, comprendre les mécanismes sous-jacents reste un avantage considérable. Une formation ne vous apprendra pas seulement à cliquer sur des boutons, mais à penser visuellement, à structurer vos idées et à dialoguer efficacement avec l’IA pour qu’elle devienne un véritable partenaire créatif, et non un simple exécutant imprévisible. L’accessibilité est là, mais la maîtrise demande toujours un effort d’apprentissage.
Le casse-tête des droits d’auteur : à qui appartiennent vraiment vos créations ?
C’est sans doute le point qui m’a le plus surprise, voire choquée, lors de ma conversation avec Manon. On imagine naïvement que l’image que l’on a mis tant de soin à ‘prompter’ nous appartient. La réalité juridique est bien plus complexe et, soyons honnêtes, assez déconcertante. Lorsque Manon m’a expliqué le fonctionnement de Midjourney, j’ai eu un véritable moment de flottement. La règle est simple et brutale : tout ce que vous générez avec l’outil ne vous appartient pas en termes de propriété intellectuelle.
‘Si tu mets des visuels dans Mid journée, Mid journée comme va s’en servir pour créer son modèle et donc du coup entre guillemets, tout ce qui est généré derrière lui appartient et donc tu n’as pas les droits de propriété sur ce qui va être généré derrière.’ – Manon Verbeke
Cette déclaration a l’effet d’une bombe. Cela signifie que l’auteur légal de l’œuvre n’est pas vous, mais la société Midjourney. C’est une information capitale, surtout pour les entreprises et les créateurs qui pensent utiliser ces outils pour construire leur identité de marque. Mais alors, que peut-on faire avec ces images ? Sommes-nous de simples locataires de nos propres créations ? La réponse se trouve dans la distinction subtile entre droit de propriété et droit d’usage.
Propriété vs. Usage : une distinction cruciale
Si Midjourney détient le droit de propriété, la plateforme vous accorde en retour des droits d’usage. Ces droits varient selon votre niveau d’abonnement. Un utilisateur gratuit peut diffuser les images, mais sans but commercial. C’est l’abonnement payant qui ouvre la porte à une utilisation professionnelle. ‘Si tu es un utilisateur payant, tu peux t’en servir pour faire du commerce. Tu peux t’en servir pour générer des profits, donc pour mettre sur ta page de vente ou pour les revendre’, précise Manon. Jusqu’ici, tout semble acceptable. Je paie, donc j’ai le droit d’utiliser les images pour mon business. Le véritable piège se trouve dans la phrase suivante de Manon : ‘Donc tu as les droits d’usage mais pas que toi, tous les autres utilisateurs aussi.’
Relisez bien cette phrase. Cela signifie que l’image que vous avez générée, celle avec votre visage, votre logo, ou un visuel clé pour votre marque, peut être reprise et utilisée par n’importe quel autre abonné payant de Midjourney. Sans vous demander la permission. Sans vous créditer. Pour un usage commercial, y compris par un concurrent. Cette politique de ‘pot commun’ est au cœur du modèle de Midjourney : chaque image générée enrichit la base de données et devient une ressource pour toute la communauté. C’est une forme de licence Creative Commons à l’échelle d’une plateforme privée. Le cas de la photo de Leonardo DiCaprio est parlant, mais imaginez les implications si vous avez passé des heures à créer un univers visuel unique pour votre marque, et que vous le voyez apparaître sur le site d’un concurrent le lendemain. C’est une dimension à prendre très au sérieux avant d’investir massivement dans la création d’assets stratégiques via ces plateformes.
Quelles précautions prendre pour votre marque ?
Face à cette réalité, la prudence est de mise. Manon nous alerte : ‘sache que tout ce que tu génères derrière après, c’est encore une fois utilisable par mi journée et n’importe quel utilisateur payant de mi journée pour diffusion.’ Le premier conseil est donc de ne jamais mettre d’informations ou d’éléments visuels sensibles dans ces outils. De la même manière qu’on ne met pas de données confidentielles dans ChatGPT, il faut éviter d’y ‘uploader’ des logos non finalisés, des designs propriétaires ou des photos personnelles sensibles, comme celles de nos enfants. On ne sait jamais comment ces données seront utilisées à l’avenir.
Pour les entreprises, cela impose une réflexion stratégique. L’IA est fantastique pour de l’illustration de contenu, des posts sur les réseaux sociaux, de l’idéation rapide. Mais pour les éléments centraux de votre branding (logo, mascottes, visuels de campagnes majeures), il est peut-être plus sage de s’en tenir à des créations dont vous détenez 100% de la propriété intellectuelle, réalisées par des designers ou des photographes. L’IA devient alors un formidable outil d’exploration et de production à volume, mais les piliers de votre identité visuelle doivent rester sous votre contrôle exclusif. C’est un équilibre à trouver entre l’efficacité de l’IA et la protection de vos actifs immatériels.
Sortir du moule : comment créer une identité visuelle unique avec l’IA
L’un des principaux reproches faits aux images générées par IA est leur uniformité. On a tous vu ces portraits aux peaux lisses, aux cheveux parfaits, avec un éclairage flatteur mais sans âme, à mi-chemin ‘entre la photo et l’illustration’. C’est ce que Manon appelle le ‘style mi-journée’. Cette signature visuelle est le résultat de la manière dont l’IA a été entraînée à comprendre ce qui est ‘beau’. Le problème, c’est que si tout le monde utilise les mêmes réglages par défaut, tout le monde obtient les mêmes résultats. Comment, dans ce contexte, construire une image de marque distinctive ?
‘C’est Lia qui choisit le style qu’elle va te donner. Et du coup elle se sert de ses styles à elle qu’elle a appris durement à travers des images et donc c’est là que tu fais qui fait que tu reconnais très fort une image.’ – Manon Verbeke
Heureusement, il est tout à fait possible de briser ce moule. La clé est de reprendre le contrôle créatif et de ne pas laisser l’IA décider à votre place. Il faut lui imposer votre vision, votre intention artistique. Cela passe par deux stratégies principales : l’utilisation de références externes et la recherche volontaire de l’imperfection.
L’aspirateur de style : votre meilleur allié créatif
La fonctionnalité la plus révolutionnaire pour personnaliser ses créations est ce que Manon appelle ‘un aspirateur de style’. Concrètement, vous pouvez fournir à Midjourney une image existante et lui demander de s’en inspirer pour le style, la lumière, la composition ou l’ambiance. C’est une véritable passerelle entre le monde de l’art, de la photographie, du design, et celui de l’IA.
Imaginez les possibilités. Vous aimez l’esthétique granuleuse et contrastée des photos d’un certain photographe ? Vous pouvez lui donner une de ses photos en référence. Vous voulez créer une illustration dans le style d’un peintre du 19ème siècle ? C’est possible. Comme l’explique Manon, ‘si tu lui donnes un visuel d’une photo, il va copier la lumière, le style de cette photo. Et c’est du coup beaucoup plus simple de sortir de son style à lui’. L’exemple que nous avons pris est parlant : ‘demain je lui donne une photo de Doisneau, je peux lui dire prends le style de Doisneau et mets-moi sur la plage à Deauville façon Doisneau’. Cette technique permet de puiser dans une culture visuelle infinie pour créer des images uniques qui portent votre signature, et non plus seulement celle de l’outil. C’est à ce moment que l’IA devient un véritable instrument au service de votre créativité, plutôt qu’un générateur de standards.
La beauté de l’imperfection pour un rendu plus humain
L’autre écueil de l’IA est sa tendance à la perfection. ‘Elles veulent faire des gens qui ont pas de grains de peau. Elles veulent faire des gens qui ont les cheveux parfaitement brossés’, remarque Manon. Cette perfection glacée, issue de l’esthétique des jeux vidéo, crée une distance et manque cruellement d’authenticité. Pour rendre vos images plus vivantes et plus humaines, il faut donc consciemment introduire du désordre, de l’imprévu, de l’imperfection.
Cela se fait au niveau du prompt. Au lieu de simplement demander ‘une femme souriante dans un bureau’, vous pouvez ajouter des termes qui évoquent le réel : ‘photo prise sur le vif’, ‘léger flou de mouvement’, ‘lumière naturelle de fin de journée’, ‘composition asymétrique’, ‘grain de photo argentique’. Ce sont ces détails qui vont casser la perfection stérile de l’IA et donner une âme à vos images. Il s’agit de déconstruire le ‘beau’ selon la machine pour le remplacer par le ‘vrai’ selon votre perception. C’est un travail de direction artistique : vous ne vous contentez plus de décrire un sujet, vous définissez un cadre, une atmosphère, une émotion. C’est en maîtrisant cet art de l’imperfection que vous pourrez créer des visuels qui non seulement vous ressemblent, mais qui résonnent aussi plus fortement avec votre audience.
Miroir de nos sociétés : les biais cachés de l’intelligence artificielle
Au-delà des questions techniques et créatives, l’utilisation de l’IA pour générer des images soulève une problématique sociétale profonde : celle des biais et des stéréotypes. En discutant avec Manon, j’ai découvert un aspect auquel je n’avais absolument pas pensé. Les IA ne sont pas neutres. Elles sont le reflet des données sur lesquelles elles ont été entraînées, et ces données sont le reflet de notre monde, avec tous ses préjugés, conscients ou inconscients.
‘Il y a mi-journée, si tu demandes un prompt, il y a pas de gros, il y a pas de noir, il y a rien. Enfin les gens ils sont blancs classiques et ils sont encore plus tout est renforcé dans les préjugés.’ – Manon Verbeke
Cette observation est glaçante. Manon donne des exemples très concrets : si vous demandez un ‘secrétaire’ (terme non genré en anglais), l’IA générera une femme. Si vous demandez un ‘CEO’, ce sera un homme. Et dans la plupart des cas, ils seront blancs et conformes à des standards de beauté normatifs. L’IA ne fait pas que reproduire nos stéréotypes, elle les amplifie, les solidifie et les présente comme une norme. En tant que créateurs de contenu et chefs d’entreprise, utiliser ces outils sans esprit critique revient à participer activement à la diffusion de ces clichés.
La responsabilité des créateurs face aux biais de l’IA
Le danger est immense. En cherchant à gagner du temps, nous risquons de produire des communications qui manquent cruellement d’inclusivité et qui renforcent des représentations datées et souvent blessantes. Une marque qui ne montrerait que des hommes cadres et des femmes assistantes, ou qui ignorerait la diversité ethnique et corporelle, enverrait un message désastreux à son audience. La facilité d’utilisation de l’IA peut nous rendre paresseux et nous faire oublier notre responsabilité sociale.
Il ne s’agit pas de jeter la pierre aux développeurs, même s’ils ont une part de responsabilité évidente. Le problème est systémique : les IA sont entraînées sur des milliards d’images issues d’Internet, qui véhiculent déjà ces biais. Le véritable enjeu est donc de notre côté, en tant qu’utilisateurs. Nous devons devenir des ‘prompteurs’ conscients et engagés. Il ne suffit plus de demander ‘une équipe qui travaille sur un projet’. Il faut être intentionnel et précis : ‘une équipe diversifiée en termes de genre, d’origine ethnique et d’âge, collaborant dans un espace de travail inclusif’. C’est plus long, cela demande un effort de réflexion, mais c’est absolument essentiel pour ne pas laisser la machine formater notre vision du monde.
Comment ‘prompter’ pour plus d’inclusivité ?
La solution réside dans l’intentionnalité. Pour contrer les biais de l’IA, il faut lui donner des instructions claires qui vont à l’encontre de ses tendances par défaut. Voici quelques pistes concrètes :
1. **Spécifiez la diversité :** Intégrez systématiquement des termes décrivant la diversité que vous souhaitez voir (genre, origine, âge, type de corps, handicap, etc.).
2. **Déconstruisez les rôles stéréotypés :** Demandez explicitement ‘une femme CEO’, ‘un homme infirmier’, ‘une scientifique noire’, etc.
3. **Variez les contextes :** Ne vous limitez pas aux environnements de bureau occidentaux. Explorez différentes cultures, différents cadres de vie et de travail.
4. **Jouez avec les adjectifs :** Utilisez des mots qui décrivent des personnalités et des émotions variées pour éviter les visages lisses et inexpressifs.
Cet effort conscient est une nouvelle compétence à acquérir. C’est une forme d’activisme créatif. En choisissant de ne pas accepter le premier résultat que l’IA nous propose, nous reprenons le pouvoir et nous utilisons la technologie pour façonner un monde visuel plus juste et plus représentatif de la réalité dans toute sa richesse. C’est une responsabilité que nous ne pouvons plus ignorer.
L’avenir des créatifs et notre responsabilité écologique
La question qui brûle toutes les lèvres est inévitable : l’IA va-t-elle signer l’arrêt de mort des métiers créatifs ? Photographes, illustrateurs, directeurs artistiques… doivent-ils commencer à chercher une reconversion ? La réponse de Manon est à la fois rassurante et exigeante. Pour elle, la réponse est un non catégorique, mais à une condition : celle de ne pas refuser la modernité et de savoir intégrer intelligemment ces nouveaux outils.
‘Je suis convaincue que non. Je suis convaincue par contre qu’il faut être malin et il faut pas refuser la modernité.’ – Manon Verbeke
L’IA n’est pas un ennemi, c’est un levier. Un photographe ne sera pas remplacé par Midjourney, mais il pourrait être remplacé par un photographe qui utilise Midjourney pour accélérer son processus créatif, pour générer des ‘moodboards’ en quelques minutes, ou pour explorer des concepts audacieux avec ses clients. La clé, selon Manon, est de ‘garder la main en tant qu’humain sur ce qu’on est en train de créer’. C’est l’émotion humaine, l’intention, l’histoire que l’on veut raconter qui font la différence. L’IA peut générer une image techniquement parfaite, mais elle ne peut pas, pour l’instant, y insuffler une âme. Ce rôle reste, et restera sans doute longtemps, la prérogative de l’artiste. L’enjeu est donc de passer du statut de simple créateur à celui de pilote de processus créatifs augmentés par l’IA.
L’impact invisible : le coût énergétique de nos prompts
Un autre aspect crucial, souvent oublié dans l’excitation de la découverte, est l’impact environnemental de ces technologies. Chaque image générée, chaque prompt envoyé, consomme une quantité d’énergie considérable. Les serveurs qui font tourner ces modèles d’IA sont des monstres énergétiques. Manon insiste sur ce point de vigilance.
‘Prompter ça coûte. C’est pas parce que c’est derrière notre écran que ça a aucun impact. Ça coûte des ressources […] mais ça coûte surtout de l’énergie. Énormément d’énergie.’ – Manon Verbeke
Cette prise de conscience doit changer notre façon d’utiliser ces outils. L’époque du ‘prompt’ à tout-va pour s’amuser doit laisser place à une utilisation plus réfléchie. Manon appelle cela ‘prompter avec parcimonie’. Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de devenir plus efficace. Plus on réfléchit en amont à ce que l’on veut obtenir, plus notre prompt sera précis, et moins on aura besoin d’itérations pour arriver au résultat souhaité. ‘Plus tu réfléchis 2 minutes avant de cliquer sur générer, […] moins tu dépenses d’énergie au final.’ C’est une nouvelle forme d’éco-conception créative. Avant de lancer une génération de 25 variations ‘juste pour voir’, demandons-nous si nous avons réellement besoin de toutes. C’est un petit changement de mentalité qui, à grande échelle, peut avoir un impact significatif.
Conclusion : Devenir des créateurs augmentés et conscients
Notre plongée dans le monde de la création d’images par IA avec Manon Verbeke nous laisse avec une certitude : nous sommes à l’aube d’une révolution créative sans précédent. L’accessibilité de ces outils ouvre des portes incroyables pour tous ceux qui ont des idées mais n’avaient pas les compétences techniques pour les réaliser. Cependant, cette puissance nouvelle vient avec son lot de responsabilités.
Nous avons vu que la simplicité d’utilisation ne doit pas nous aveugler sur les questions complexes de droits d’auteur. Nous devons être conscients que nous sommes souvent des utilisateurs-locataires de nos créations. Nous avons appris qu’il est essentiel de lutter contre l’uniformité en développant notre propre style, en cherchant l’imperfection et en nous inspirant du monde réel. Nous avons compris notre rôle crucial pour contrer les biais stéréotypés que l’IA peut propager, en devenant des ‘prompteurs’ inclusifs et intentionnels. Enfin, nous avons pris conscience de l’impact écologique de nos clics et de la nécessité d’une créativité plus sobre et réfléchie.
Loin d’être une menace, l’IA est une invitation à devenir de meilleurs créatifs : plus stratégiques, plus intentionnels, plus curieux et plus conscients. Le futur n’appartient pas à la machine, mais à ceux qui sauront dialoguer avec elle pour augmenter leur propre humanité. Alors, la prochaine fois que vous voudrez mettre une licorne dans un pub, faites-le, mais faites-le avec art, avec intention, et avec la conscience de l’incroyable pouvoir que vous avez entre les mains.
Questions fréquentes sur la création d’images par IA
1. Midjourney est-il trop compliqué pour un débutant en 2024 ?
Non, absolument pas. Si les premières versions de Midjourney et d’autres outils similaires exigeaient des connaissances techniques, notamment en photographie, pour obtenir de bons résultats, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les plateformes ont considérablement simplifié leurs interfaces, en introduisant des boutons, des fonctions de glisser-déposer et une meilleure compréhension du langage naturel. Un débutant peut obtenir des résultats très satisfaisants avec des phrases simples, sans connaître de jargon technique. Le processus est devenu conversationnel, permettant d’affiner l’image pas à pas. L’accès est donc très facile, même si la maîtrise complète de l’outil pour un rendu expert demande toujours un temps d’apprentissage.
‘De plus en plus, les interfaces des IA génératives, qu’elles soient textuelles ou visuelles, mettent en œuvre des interfaces simplifiées, une compréhension en langage naturel de plus en plus efficace.’ – Manon Verbeke
2. Qui possède les droits des images que je crée avec Midjourney ?
C’est un point crucial et souvent mal compris. Vous ne détenez pas les droits de propriété intellectuelle sur les images que vous générez. C’est la société Midjourney qui est considérée comme l’auteur et le propriétaire de l’œuvre. Cependant, en tant qu’utilisateur (surtout avec un abonnement payant), vous obtenez une licence d’utilisation très large, qui inclut le droit d’utiliser les images à des fins commerciales. Le piège, c’est que cette licence n’est pas exclusive : n’importe quel autre utilisateur payant de Midjourney peut également trouver, utiliser et modifier les images que vous avez créées, y compris pour son propre business.
‘C’est mi journée qui a les droits de propriété dessus. De propriété intellectuelle, c’est lui l’auteur. Par contre, toi tu as les droits d’usage.’ – Manon Verbeke
3. Puis-je utiliser les images générées par IA pour un usage commercial ?
Oui, à condition d’avoir le bon abonnement. La plupart des plateformes comme Midjourney différencient leurs offres. Les comptes gratuits permettent généralement de générer des images pour un usage personnel et non commercial. Pour utiliser vos créations sur une page de vente, dans des publicités, sur des produits ou tout autre support visant à générer des revenus, vous devez souscrire à un abonnement payant. Ce dernier vous confère les droits d’usage commerciaux. Il est donc impératif de bien lire les conditions d’utilisation de l’outil que vous choisissez pour vous assurer d’être en conformité avec leur politique de licence.
‘Si tu es un utilisateur payant, tu peux t’en servir pour faire du commerce. Tu peux t’en servir pour générer des profits, donc pour mettre sur ta page de vente ou pour les revendre ou ce genre de choses.’ – Manon Verbeke
4. Comment éviter que mes images IA ressemblent à toutes les autres ?
Pour sortir du style standard et très reconnaissable de l’IA, vous devez prendre le contrôle créatif. La première stratégie est d’utiliser ce que l’on peut appeler un ‘aspirateur de style’ : vous donnez à l’IA une image de référence (une photo, une peinture, une illustration) et lui demandez d’appliquer son style à votre propre création. La deuxième stratégie consiste à rechercher l’imperfection. Les IA tendent à créer des images trop lisses et parfaites. En ajoutant dans votre prompt des termes comme ‘photo prise sur le vif’, ‘grain argentique’, ‘légèrement flou’, ou en demandant une composition asymétrique, vous obtiendrez un résultat beaucoup plus humain, authentique et unique.
‘Ce qui m’anime et ce que j’enseigne au maximum dans ma formation, finalement c’est comment sortir de cette norme… C’est Lia qui choisit le style qu’elle va te donner.’ – Manon Verbeke
5. L’IA va-t-elle vraiment remplacer les photographes et les designers ?
Il est peu probable que l’IA remplace complètement ces métiers. Elle va plutôt les transformer. L’expertise humaine reste essentielle pour l’intention créative, la direction artistique, la compréhension émotionnelle d’un projet et la relation client. L’IA devient un outil extrêmement puissant au service des créatifs, leur permettant d’accélérer les phases d’idéation, de tester des concepts rapidement ou de produire des variations. Un professionnel qui refuse d’intégrer l’IA dans son processus de travail risque d’être dépassé, non pas par l’IA elle-même, mais par un confrère qui l’utilise pour être plus efficace et créatif. La clé est de voir l’IA comme un collaborateur plutôt qu’un concurrent.
‘Je pense que chacun a encore sa place notamment les photographes… c’est pas la même qualité, c’est pas les mêmes intentions, c’est pas la même le même souvenir par rapport à la séance.’ – Manon Verbeke
6. Comment l’IA peut-elle renforcer les stéréotypes et comment l’éviter ?
L’IA apprend à partir de gigantesques bases de données d’images et de textes provenant d’Internet. Elle reproduit donc les biais et stéréotypes présents dans notre société. Si vous demandez un ‘CEO’, elle dessinera probablement un homme blanc, car c’est la représentation dominante dans les données. Pour éviter cela, vous devez être très intentionnel dans vos prompts. Au lieu de descriptions génériques, soyez spécifique : demandez explicitement de la diversité en termes de genre, d’origine ethnique, d’âge, de type corporel, etc. En spécifiant ‘une femme ingénieure noire dans un fauteuil roulant’, vous forcez l’IA à sortir de ses schémas par défaut et à créer des représentations plus inclusives.
‘Tout est renforcé dans les préjugés. Donc si tu demandes que tu dis un secrétaire en anglais, donc il y a un terme qui est non genré, ça va être une femme, si tu demandes un CEO, ça va être un homme. Blanc tous les deux.’ – Manon Verbeke
7. Quel est l’impact écologique de la création d’images par IA ?
C’est un impact significatif et souvent sous-estimé. Chaque requête envoyée à une IA, que ce soit pour du texte ou une image, sollicite des serveurs très puissants qui consomment énormément d’électricité. La génération d’images est particulièrement énergivore. Il est donc important d’adopter une approche responsable. Cela signifie qu’il faut réfléchir à son prompt avant de le soumettre pour minimiser le nombre d’essais et d’itérations. Évitez de générer des dizaines de variations ‘juste pour voir’. Une utilisation plus réfléchie et précise permet de réduire sa propre empreinte carbone numérique liée à l’IA.
‘Prompter en étant conscient que chaque promte, chaque requête qu’on envoie a un coup énergétique qui est pas neutre, qui est pas zéro.’ – Manon Verbeke


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