Votre produit est génial, mais le monde s’en moque : bienvenue dans la quête du Product Market Fit
Chaque entrepreneur connaît cette flamme. L’étincelle d’une idée qui semble révolutionnaire, la conviction profonde de détenir une solution que le monde attend. On passe des nuits blanches à peaufiner son produit, à imaginer son succès, à se visualiser en héros de son propre récit. Pourtant, une vérité brutale attend la majorité d’entre nous au tournant : une idée brillante ne vaut rien si personne n’est prêt à payer pour elle. C’est le mur contre lequel tant de projets passionnés viennent s’écraser. On a construit le plus beau des navires, mais on a oublié de vérifier s’il y avait un océan où naviguer. Cette adéquation cruciale, ce point de bascule où un produit rencontre enfin son marché, porte un nom qui est sur toutes les lèvres dans le monde de la tech et du marketing : le Product Market Fit. Loin d’être un simple buzzword, c’est la boussole qui sépare les entreprises qui survivent de celles qui prospèrent. C’est le signal que vous attendiez pour enfin appuyer sur l’accélérateur. Comme je l’expliquais à Laurent dans le podcast, cette notion est au cœur de toute stratégie de croissance saine. C’est l’assurance que lorsque vous investirez dans le marketing digital, chaque euro dépensé aura un impact, car vous vous adresserez aux bonnes personnes, avec le bon message, pour un produit qu’elles désirent vraiment.
Dans cet article, je vous propose de plonger au cœur de ce concept fondamental. Nous allons décortiquer ensemble ce qu’il signifie vraiment, au-delà des définitions académiques. Nous verrons comment le rechercher activement, que ce soit avant même d’avoir écrit une seule ligne de code ou après avoir réalisé vos premières ventes. Je partagerai avec vous des méthodes concrètes, des exemples tirés de mes expériences, notamment avec mon propre side project, le jeu Mimétix, et des stratégies que nous appliquons chez Spag pour nos clients. L’objectif est simple : vous donner les clés pour transformer votre intuition en certitude, pour passer du rêve d’un produit parfait à la réalité d’un produit qui a trouvé sa place sur le marché. Car la plus grande erreur n’est pas de se tromper, mais de persister dans l’erreur par peur de se confronter à la vérité de ses clients.
Qu’est-ce que le Product Market Fit, au-delà du simple buzzword ?
Le terme ‘Product Market Fit’ est souvent galvaudé, réduit à une simple case à cocher dans le parcours d’une startup. Mais sa signification est bien plus profonde et stratégique. Chez Spag, notre définition est très opérationnelle : il s’agit de s’assurer que l’on a le bon produit, que ce produit a véritablement trouvé son marché, et surtout, que tous les voyants sont au vert avant de lancer des campagnes marketing à grande échelle. C’est un point de validation critique. Comme je le disais, il faut s’assurer ‘qu’en fait au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert pour commencer des vrais tests’. Ignorer cette étape, c’est comme essayer de remplir une baignoire percée. Vous pouvez y verser des litres et des litres d’eau – comprenez votre budget marketing – mais elle ne se remplira jamais. Vous dépenserez des fortunes en publicité pour attirer des utilisateurs qui ne resteront pas, qui ne comprendront pas la valeur de votre offre ou qui ne deviendront jamais des clients fidèles.
Les conséquences d’une accélération prématurée sont souvent désastreuses. On observe un coût d’acquisition client qui explose, un taux de désabonnement (churn) élevé, et une équipe qui s’épuise à développer des fonctionnalités que personne n’utilise. C’est le fameux piège de la ‘feature qui ne sert à rien et qui a été chronophage pour l’entrepreneur’. On se retrouve piégé dans un cycle où l’on ajoute des options en espérant que l’une d’elles finira par ‘coller’, alors que le problème se situe à la racine même du produit ou de son positionnement. Le Product Market Fit, c’est donc l’inverse de cette approche. C’est un processus méthodique qui confirme que votre produit résout un problème réel pour un groupe de personnes défini, et que ces personnes sont prêtes à payer pour votre solution. C’est le moment où la croissance devient organique, où le bouche-à-oreille commence à fonctionner, où les clients ne se contentent pas d’acheter, mais deviennent des ambassadeurs. C’est le fondement sur lequel toute stratégie de croissance durable (‘growth’) peut être construite. Sans lui, toute tentative de ‘hacking’ n’est qu’un artifice coûteux et éphémère.
Il faut aussi comprendre que le Product Market Fit n’est pas un état binaire, un simple ‘oui’ ou ‘non’. C’est plutôt un spectre. On peut avoir un PMF faible, où quelques clients aiment le produit mais la croissance est lente, ou un PMF fort, où la demande dépasse votre capacité à la satisfaire. L’objectif est de tendre vers ce second état. Cela implique une écoute active, une capacité à se remettre en question et une volonté d’itérer. C’est un ‘mindset’ avant d’être une métrique. C’est accepter que le produit parfait n’existe pas au jour un, mais qu’il se construit et s’affine au contact de son marché. C’est le passage de ‘voici ce que j’ai construit pour vous’ à ‘voici ce que nous avons construit ensemble’.
La phase cruciale : comment valider votre idée AVANT le lancement ?
L’une des plus grandes angoisses de l’entrepreneur est de passer des mois, voire des années, à développer un produit en secret, pour finalement le lancer dans un silence assourdissant. Pour éviter ce scénario catastrophe, la recherche du Product Market Fit doit commencer bien avant la première ligne de code ou le premier prototype industriel. C’est une phase d’exploration, d’écoute et de co-création. Pourtant, une barrière mentale freine de nombreux créateurs : la peur de se faire piquer son idée. C’est une crainte que j’entends constamment, et ma réponse est toujours la même. Comme je le disais, ‘Ah ça je suis pas du tout d’accord… ce qui compte c’est l’exécution après coup. Enfin tout le monde l’a toujours dit mais si l’idée de génie quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée’. Une idée, même brillante, n’est qu’un multiplicateur de zéro si l’exécution est nulle. Le véritable avantage concurrentiel ne réside pas dans le secret, mais dans la vitesse d’apprentissage et d’adaptation. Et pour apprendre, il faut parler, partager, confronter son concept à la réalité.
De l’étude de marché à la co-création active
La première étape, souvent perçue comme scolaire mais indispensable, reste l’étude de marché. Il ne s’agit pas seulement de remplir les cases d’un business plan, mais de comprendre l’écosystème. Qui sont les concurrents ? Sont-ils matures ? Peut-on aller ‘plus vite, plus fort qu’eux’ ? Cette analyse permet de cartographier le terrain de jeu. Mais cela ne suffit pas. L’étape suivante est de passer de l’analyse passive à la discussion active. L’ère numérique nous offre des outils incroyables pour cela. Si vous voulez créer un logiciel pour les ressources humaines, par exemple, pourquoi ne pas ‘aller contacter quelques RH sur LinkedIn et puis leur demander un peu leurs avis pour co-construire avec eux’ ? Cette démarche de co-création est immensément riche. Il ne s’agit pas de vendre, mais de comprendre. Quels sont leurs ‘pain points’ actuels ? Quelles solutions utilisent-ils ? Qu’est-ce qui les frustre au quotidien ? En impliquant votre cible potentielle dès l’origine, vous ne validez pas seulement un besoin, vous créez aussi vos premiers ambassadeurs. Vous transformez des prospects en partenaires qui se sentiront investis dans le succès de votre projet.
L’exemple de Mimétix : le prototypage comme arme secrète
Mon expérience avec Mimétix, le jeu de société que j’ai co-créé, est une illustration parfaite de ce processus. L’idée initiale nous semblait bonne, mais nous étions conscients de nos propres biais. Nous l’avons donc testée, encore et encore, bien avant d’investir dans une production. ‘On en avait fait un peu des prototypes mais sans se lancer dans un prototype énorme, sur des petits papiers, on a fait jouer des gens mais pendant 3 ans avant de se lancer vraiment’. Trois ans de tests, d’ajustements, d’écoute. Ce processus itératif nous a permis de découvrir des problèmes que nous n’aurions jamais anticipés. Par exemple, nous nous sommes rendu compte que les joueurs tournaient toujours autour des mêmes expressions. Cette observation a été fondatrice. ‘On s’est dit bon OK, il faut qu’en fait on leur donne des cartes avec des expressions sinon ils vont toujours mimer avoir les yeux plus gros que le ventre’. Ce qui aurait pu être un défaut majeur du jeu est devenu sa caractéristique principale. Au moment du lancement, nous n’étions plus dans l’incertitude. Nous avions co-créé le produit avec des dizaines de joueurs. Nous savions qu’il répondait à une attente, car cette attente, nous l’avions façonnée avec notre communauté. Le principe est universel : que vous vendiez un jeu, un service B2B ou une application, créez la version la plus simple et la plus basique de votre concept (un ‘MVP’, ou même juste une présentation) et confrontez-la à de vrais utilisateurs le plus tôt possible.
Le moment de vérité : que faire APRÈS avoir lancé votre produit ?
Le lancement d’un produit n’est pas une ligne d’arrivée, c’est le véritable point de départ de la quête du Product Market Fit. C’est à ce moment que les hypothèses se confrontent à la réalité du marché. Vous avez désormais des données réelles, des comportements d’achat, et surtout, de vrais clients. C’est une mine d’or d’informations, à condition de savoir l’exploiter. Malheureusement, c’est souvent là qu’un autre biais intervient : la distance. Une fois le produit lancé, beaucoup d’entrepreneurs se réfugient derrière leurs écrans, analysant des tableaux de bord et des statistiques, oubliant l’essentiel. Or, le digital ne doit pas être un rempart mais un pont vers vos clients. Il faut aller à leur contact, que ce soit en B2C ou en B2B. Pour Mimétix, nous avons fait ‘beaucoup de marchés de Noël, de foire de pour être face aux clients, jouer, leur montrer’. Se confronter aux réactions en direct, voir l’étincelle dans leurs yeux ou l’incompréhension sur leur visage, est une source d’apprentissage inestimable. C’est là que l’on collecte les arguments marketing les plus authentiques et les plus efficaces.
Le dialogue client : votre source de vérité numéro un
Le paradoxe est fascinant : alors que tout le monde s’accorde sur l’importance du client, ‘les gens en fait, ils ont presque peur de parler à leurs clients souvent’. Cette peur est humaine. C’est la peur de la critique, la peur de voir sa vision remise en cause, la peur de découvrir que les raisons pour lesquelles les gens achètent ne sont pas celles que l’on avait imaginées. Pourtant, c’est précisément dans ce dialogue que se trouve la clé. Il faut dépasser cette appréhension et systématiser la collecte de feedback. Prenez votre téléphone et appelez vos dix premiers clients. Demandez-leur simplement ce qui les a fait passer à l’acte. Mais ne vous arrêtez pas là. Le plus important est de comprendre la fidélité : ‘pourquoi ils réachètent parce que c’est surtout ça qu’on veut savoir pourquoi ils deviennent fidèles à un produit et un service’. Les avis en ligne sont une première source, instantanée et précieuse. Les questionnaires peuvent aider à quantifier les tendances. Mais rien ne remplace une conversation directe. Créez une petite communauté de vos premiers utilisateurs, impliquez-les, valorisez leur opinion. Ils ne sont pas de simples acheteurs, ils sont vos partenaires de croissance.
Découvrir sa véritable cible : l’art de pivoter sans paniquer
L’une des plus grandes révélations du post-lancement est souvent de découvrir que votre véritable cœur de cible n’est pas celui que vous aviez théorisé. C’est une situation qui peut être déstabilisante si on la perçoit comme un échec, ou incroyablement stimulante si on la voit comme une opportunité. C’est le biais de l’entrepreneur qui veut vendre à une cible ‘cool’ – ‘les femmes de 35 ans bobo parisienne’ – alors que la réalité du marché est tout autre. Avec Mimétix, nous avons vécu cela de plein fouet. Nous pensions nous adresser principalement à notre cercle d’amis, les trentenaires qui aiment les jeux de société. Or, l’analyse des ventes et les discussions sur les marchés nous ont révélé une vérité surprenante : ‘finalement c’était pas les gens de notre entourage spécifiquement qui acheté le plus mais des mamans de 50 ans et plus qui achetaient parce qu’elles voulaient créer de l’unité dans leur famille’. Ce ‘insight’ a tout changé. Nous avions découvert un besoin profond, une motivation d’achat émotionnelle que nous n’avions pas anticipée. La réaction ne doit pas être le déni, mais l’action : ‘bon bah OK, c’est eux notre cible qui achètent le plus le jeu… Bah allons leur parler et changeons un peu nos canaux quoi’. Cela signifie adapter le message marketing, choisir d’autres plateformes publicitaires, peut-être même ajuster le packaging. C’est ça, la recherche active du Product Market Fit : être à l’écoute des signaux faibles du marché et avoir le courage d’adapter sa stratégie, même si cela implique de renoncer à ses idées préconçues.
Le Test and Learn : une méthodologie pour une croissance durable
Une fois que vous avez commencé à dialoguer avec vos clients et à identifier des pistes, comment savoir quelles stratégies amplifier ? Comment prendre des décisions basées sur des données plutôt que sur l’intuition ? La réponse réside dans une méthodologie rigoureuse que nous utilisons constamment : le Test and Learn. C’est bien plus qu’un simple A/B testing ; c’est un état d’esprit d’expérimentation continue. Le principe est de poser des hypothèses et de les vérifier via des tests à petite échelle avant de déployer des budgets conséquents. Attention cependant, pour que cette méthode soit efficace, les tests doivent être ‘significatifs’. Il ne suffit pas de lancer une publicité pendant deux jours, de dépenser 20 euros et de conclure ‘ça ne marche pas’. Un test valable requiert un volume suffisant pour en tirer des conclusions fiables et un protocole clair pour pouvoir comparer ce qui est comparable.
Les trois dimensions du Test and Learn efficace
La puissance du Test and Learn réside dans son approche multidimensionnelle. Il ne s’agit pas de tester un élément contre un autre (A vs B), mais d’explorer simultanément plusieurs axes pour comprendre les interactions complexes du marché. Comme je l’expliquais, c’est une approche ‘multi-axe’. On peut la décomposer en trois dimensions principales :
- Les audiences (les cibles) : C’est le ‘à qui’. On va tester nos messages sur différents segments. Par exemple, pour notre jeu, nous pourrions cibler ‘la femme de 50 ans’ versus ‘la femme de 35 ans’. Pour un logiciel B2B, ce serait les DAF contre les CEO.
- Les bénéfices (les axes marketing) : C’est le ‘pourquoi’. Pour une même cible, quel est l’argument qui résonne le plus ? Pour Mimétix, est-ce l’aspect ‘intergénérationnel’, l’idée de ‘se marrer en soirée’, ou le fait que ce soit un ‘cadeau de pot de départ’ original ? Chaque bénéfice peut faire l’objet d’une campagne distincte.
- Les formats (les créas) : C’est le ‘comment’. Une fois l’audience et le bénéfice définis, quel est le meilleur format pour transmettre le message ? Une vidéo, un carrousel d’images, un témoignage client, un article de blog ? Chaque format a ses propres forces et faiblesses selon la plateforme et l’audience.
En croisant ces trois dimensions, on obtient une matrice de tests qui permet d’identifier très finement les combinaisons les plus performantes. On découvre non seulement qui est notre cible, mais aussi pourquoi elle achète et comment lui parler. C’est une démarche exploratoire qui transforme le marketing en une science expérimentale.
Comment mener des tests significatifs même avec un petit budget ?
Cette méthodologie peut sembler réservée aux grands groupes disposant de budgets colossaux. C’est une idée reçue. Un entrepreneur solo ou une petite équipe peut tout à fait l’appliquer, à condition d’être méthodique. Le principal écueil que j’observe chez les petites structures est le manque de rigueur : ‘les gens ont l’impression d’avoir testé. Et en fait pas correctement’. La clé est la documentation. Avant même de lancer un test, il faut prendre le temps de formaliser ses pensées. ‘Il faut prendre je pense le pli de documenter avant de tester pour voir si notre test il est valable et surtout pour se souvenir de ce qu’on avait testé’. Créez un simple tableau avec des colonnes : période du test, hypothèse (ex: ‘Je pense que l’argument ‘intergénérationnel’ performera mieux auprès des femmes de 50+’), variable testée, audience ciblée, budget alloué, résultats (clics, conversions, coût…), et surtout, ‘apprentissages’. Cette discipline simple force à clarifier ses objectifs et permet de construire une base de connaissances sur ce qui fonctionne ou non pour votre marché. C’est aussi un garde-fou contre la mémoire qui flanche. Dans un an, vous serez reconnaissant d’avoir cette archive pour comprendre l’évolution de votre stratégie et ne pas répéter les mêmes erreurs. Le Test and Learn, c’est votre journal de bord dans l’exploration de votre marché.
Conclusion : le Product Market Fit n’est pas une destination, c’est un dialogue permanent
Au terme de cette exploration, une chose est claire : le Product Market Fit n’est pas un trophée que l’on gagne une fois pour toutes. C’est un processus dynamique, un dialogue constant entre votre produit et son marché. C’est accepter que votre vision initiale n’est qu’un point de départ et que la vérité se trouve dans les mains, les mots et les comportements de vos clients. Nous avons vu que cette quête commence bien avant le lancement, par la co-création et l’écoute, en bravant la peur de dévoiler son idée. Nous avons compris qu’après le lancement, le véritable travail commence : celui de parler à ses clients, d’analyser leurs retours sans se voiler la face, et d’avoir le courage de pivoter quand les données nous montrent un chemin inattendu. Enfin, nous avons détaillé comment la méthodologie du Test and Learn peut structurer cette exploration, la transformant en une démarche scientifique, même avec des moyens limités. Le fil rouge de tout cela est un changement de posture : passer de créateur isolé à partenaire à l’écoute. La plus grande valeur de votre entreprise ne réside pas dans son code ou ses brevets, mais dans sa compréhension profonde de ses clients. Alors, je vous invite à faire ce premier pas. Posez vos certitudes, prenez votre téléphone, et appelez un client. N’ayez pas peur de ce que vous allez entendre. Chaque retour, même négatif, est un cadeau, une pépite d’or qui vous rapproche un peu plus de cette adéquation parfaite. Cessez de supposer, commencez à discuter. Cessez de deviner, commencez à tester. Votre véritable marché vous attend.
FAQ sur le Product Market Fit
Quelle est la définition concrète du Product Market Fit ?
Le Product Market Fit est l’état où vous avez prouvé que votre produit répond à un besoin réel pour un marché clairement identifié. Il ne s’agit pas seulement de réaliser quelques ventes, mais de s’assurer que vous avez une base solide avant d’investir massivement en marketing. C’est le signal que votre offre, votre cible et vos canaux de distribution sont alignés, créant les conditions d’une croissance saine et durable. C’est le moment où le marché ‘tire’ le produit de vos mains, plutôt que vous ne deviez le ‘pousser’.
‘Notre définition chez Spag du product Market Fit, c’est plutôt d’essayer de d’être sûr que le qu’on a le bon produit, que le produit a trouvé son marché et surtout qu’en fait au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert pour commencer des vrais tests.’
Comment puis-je valider mon idée de produit avant même de le lancer ?
La validation pré-lancement est cruciale et repose sur la co-création. Commencez par une étude de marché pour comprendre le paysage concurrentiel. Ensuite, identifiez votre cible potentielle et engagez la conversation, par exemple via LinkedIn. Ne cherchez pas à vendre, mais à comprendre leurs problèmes. Vous pouvez aussi créer des prototypes très simples, comme des ‘petits papiers’ ou une fausse landing page qui décrit le produit. L’objectif est de recueillir un maximum de retours pour affiner votre concept avant d’investir massivement en développement.
‘On peut très bien faire des bêta testeurs pour tout. Moi j’ai je sais pas pardon… On en avait fait un peu des prototypes mais sans se lancer dans un prototype énorme, sur des petits papiers, on a fait jouer des gens mais pendant 3 ans avant de se lancer vraiment.’
Faut-il avoir peur de se faire voler son idée si on en parle trop tôt ?
Absolument pas. C’est l’un des plus grands mythes de l’entrepreneuriat. Une idée en soi a très peu de valeur ; ce qui compte, c’est la qualité et la vitesse de l’exécution. Les bénéfices que vous tirerez en parlant de votre projet à des clients potentiels, des experts ou des mentors sont infiniment supérieurs au risque, très faible, que quelqu’un s’en empare et l’exécute mieux et plus vite que vous. Le secret est un mauvais allié ; le feedback est votre meilleur atout pour construire un produit que les gens voudront vraiment.
‘Ah ça je suis pas du tout d’accord… Ce qui compte c’est l’exécution après coup. Enfin tout le monde l’a toujours dit mais si l’idée de génie quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée. Donc en fait c’est il faut que si c’est un très bon produit, il faut qu’il soit développé et puis il faut qu’il soit faut qu’il y ait du faire savoir sur ce produit.’
En quoi consiste la méthodologie du ‘Test and Learn’ ?
Le ‘Test and Learn’ est une approche d’expérimentation marketing qui va au-delà du simple A/B testing. Il s’agit de tester simultanément plusieurs hypothèses sur différentes dimensions : les cibles (qui), les bénéfices ou messages (quoi), et les formats publicitaires (comment). Cette approche ‘multi-axe’ permet de comprendre finement quelles combinaisons fonctionnent le mieux et d’optimiser en continu sa stratégie. Elle transforme le marketing d’une dépense incertaine en un investissement mesurable, basé sur des données probantes pour prendre des décisions éclairées.
‘Le principe du test and learn c’est du multi multiaxe, on va tester des audiences, des cibles… Face à ces cibles, les bénéfices, les axes marketing… et puis suite à ça, est-ce qu’il y a des formats publicitaires qui marchent mieux ? Il au moins trois dimensions quoi.’
Comment savoir si ma cible marketing initiale est la bonne ?
La seule façon de le savoir est de se confronter à la réalité du marché et d’analyser qui sont vos vrais clients, par opposition à ceux que vous aviez imaginés. Souvent, il y a un décalage. Analysez vos données de vente, mais surtout, parlez à vos acheteurs. Demandez-leur pourquoi ils ont acheté. Vous pourriez découvrir que votre produit séduit une audience inattendue pour des raisons que vous n’aviez pas prévues. L’important est de ne pas s’accrocher à sa vision initiale et d’avoir l’agilité d’adapter son marketing à cette nouvelle réalité.
‘Nous on s’est rendu compte pour Mimétix que finalement c’était pas les gens de notre entourage spécifiquement qui acheté le plus mais des mamans de 50 ans et plus qui achetaient parce qu’elles voulaient créer de l’unité dans leur famille. Et ça on l’avait pas anticipé mais c’est pas grave.’
Quel est le plus grand piège pour un entrepreneur qui cherche son Product Market Fit ?
Le plus grand piège est le biais cognitif, cette tendance naturelle à ‘se voiler la face’. Les entrepreneurs sont passionnés par leur produit et tombent facilement amoureux de leur solution, au point d’ignorer les signaux contraires du marché. On pense savoir ce que le client veut, on interprète les données de manière à confirmer nos propres croyances. Pour éviter cela, il faut cultiver l’humilité, chercher activement les retours contradictoires et accepter que la vérité du client prime sur notre vision initiale. Parler directement aux utilisateurs est le meilleur antidote.
‘C’est quand même le monde du biais cognitif en fait, c’est cette ce sujet parce que en en tant qu’entrepreneur souvent, on a on se voit un peu la face. son produit, c’est le meilleur avant même de d’avoir questionné ses clients… C’est également parler à la place de son client en fait.’
Comment analyser les retours clients, qu’ils soient positifs ou négatifs ?
Il faut aborder les retours clients avec un esprit d’analyse critique et chercher la représentativité. Un seul avis, qu’il soit dithyrambique ou très négatif, n’est pas forcément significatif. Il est important de ne pas sur-réagir à un client mécontent, tout comme il ne faut pas se reposer sur ses lauriers après quelques compliments. L’idée est de collecter un volume suffisant de retours, de chercher des tendances et des motifs récurrents. Considérez chaque retour comme une donnée, mais prenez vos décisions stratégiques sur la base de l’ensemble des données, pas sur des anecdotes isolées.
‘Faut pas non plus prendre tous les avis négatifs comme voilà, c’est pas parce qu’il y a un client qui dit que c’est vraiment nul qu’il est représentatif. Il y a un peu aussi ce sujet de la représentativité… De la même manière qu’on se voit la face, tous les avis 5 étoiles ou très positifs ne sont pas forcément significatifs.’
Est-ce que ces stratégies sont applicables pour une petite entreprise ou un side project ?
Oui, absolument. En fait, elles sont encore plus importantes pour une petite structure qui ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources. Les principes de validation, de dialogue client et de ‘Test and Learn’ ne dépendent pas de la taille du budget, mais de la rigueur méthodologique. La clé pour un petit projet est de documenter scrupuleusement chaque test, même s’il est mené à petite échelle. Cela permet de capitaliser sur chaque euro dépensé et chaque heure investie, en construisant une base de connaissances solide pour orienter la croissance future.
‘Ce qu’il faut faire attention dans les petits projets, souvent nous ce qu’on voit, c’est que les gens ont l’impression d’avoir testé. Et en fait pas correctement… faut prendre je pense le pli de documenter avant de tester pour voir si notre test il est valable et surtout pour se souvenir de ce qu’on avait testé.’




