Lever des fonds en 2025 : mission impossible ou nouvelle opportunité ?
Bonjour à tous, je suis Germain Leconte, co-fondateur de Braquage. Tous les jours, mon métier est d’accompagner des entrepreneurs dans l’une des étapes les plus intenses et décisives de leur aventure : la levée de fonds. Et si vous êtes ici, c’est probablement que vous vous posez cette question simple mais angoissante : est-ce encore possible de lever des fonds aujourd’hui, dans ce contexte de 2024-2025 où, comme on l’entend souvent dans la tech, ‘ça couine énormément’ ? On est bombardé sur LinkedIn d’histoires extraordinaires, de levées records, mais la réalité du terrain semble bien différente. La frénésie des années passées a laissé place à une prudence palpable, et de nombreux entrepreneurs se sentent découragés avant même d’avoir commencé.
Laissez-moi être direct : la levée de fonds n’est pas une norme, c’est une exception. Comme je l’expliquais, ‘on cite qu’après 5 % des boîtes qui arrivent à lever des fonds’. C’est un outil de financement puissant, mais spécifique, qui ne convient pas à toutes les entreprises. C’est un marathon, pas un sprint. Et pourtant, la réponse à la question est oui. Oui, il est toujours possible de lever des fonds. Mais les règles du jeu ont changé. L’argent n’est plus ‘gratuit’, les investisseurs ne signent plus des chèques sur une simple idée ou par peur de manquer une opportunité (le fameux FOMO). Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, plus mature, plus exigeante, mais aussi, je le crois profondément, plus saine pour tout l’écosystème. Dans cet article, je vais partager avec vous notre vision chez Braquage, issue de dizaines d’accompagnements. Nous allons décortiquer ensemble l’état du marché, définir ce qu’est une ‘belle boîte’ aujourd’hui, et surtout, vous donner les clés concrètes pour préparer et réussir votre levée de fonds dans ce nouveau paradigme.
Le marché de la levée de fonds en 2024-2025 : entre prudence et assainissement
La première chose à comprendre, c’est que le ralentissement que nous observons n’est pas un arrêt. C’est une transformation. Oui, les statistiques le montrent, les montants globaux levés se réduisent depuis 2023 et la tendance se confirme en 2024. Les investisseurs sont devenus, pour reprendre mes termes, ‘de plus en plus frileux’. Ils prennent davantage leur temps, analysent les dossiers plus en profondeur, et les processus de décision se sont allongés. Ce qui pouvait se boucler en trois mois demande aujourd’hui plutôt six à huit mois. Pour un entrepreneur, cela peut être frustrant, voire anxiogène. On a l’impression que toutes les portes se ferment et que le cash est devenu inaccessible. Mais il faut regarder derrière le rideau et comprendre la dynamique profonde de ce changement.
Un mécanisme d’assainissement salutaire pour l’écosystème
À titre personnel, je suis convaincu que ce que nous vivons est un ‘mécanisme assez sain’. L’euphorie des années 2020-2021 a conduit à des excès : des valorisations déconnectées de la réalité, des investissements faits à la va-vite sur des dossiers peu solides, et une course effrénée à la croissance à tout prix, souvent au détriment de la rentabilité. La correction actuelle remet les pendules à l’heure. On voit des ‘investisseurs plus sérieux dans leur analyse, dans leur audit’. Cela signifie qu’ils ne se contentent plus d’une belle histoire ; ils veulent des preuves, une équipe solide, une vision claire et un chemin crédible vers la rentabilité. En conséquence, ‘on a aussi moins de boulettes qui se font avec cette période’. Cela profite à tout le monde : les investisseurs font de meilleurs paris, et les entrepreneurs qui réussissent à se financer sont ceux qui ont des bases vraiment solides. Cela force les fondateurs à se concentrer davantage sur leur ‘equity story’, c’est-à-dire l’histoire qu’ils racontent non seulement sur leur produit, mais sur la valeur qu’ils créent à long terme pour leurs futurs actionnaires.
L’early stage, un segment encore protégé ?
Il est crucial de distinguer les différents stades de financement. Si les tours plus tardifs (Série A, Série B et au-delà) sont les plus impactés, le segment qui nous intéresse chez Braquage, l’amorçage (pré-seed et seed), est relativement épargné. Pourquoi ? La raison est simple : les acteurs ne sont pas les mêmes et leurs logiques d’investissement diffèrent. Sur ces premiers tours, on trouve principalement des Business Angels (BA), des clubs de BA et des fonds d’amorçage très spécialisés. Ces investisseurs ont encore de l’argent à déployer. Comme je l’expliquais, ‘ils ont des poches à investir qu’ils souhaitent déployer’. Je discutais encore récemment avec le gérant d’un fonds qui me disait avoir quatre opérations à conclure avant la fin de l’année. L’argent est donc disponible. Le défi pour ces fonds n’est pas tant le manque de capital que la difficulté à trouver les bons projets dans lesquels l’investir. Il y a donc un écosystème qui est toujours bien vivant, avec de l’argent d’un côté et des projets de l’autre. La conclusion est claire : il y a toujours de la place pour les belles boîtes. Elles arrivent toujours à lever. La question qui brûle toutes les lèvres est donc : qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ en 2025 ?
Qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ ? Les deux critères non-négociables pour séduire un investisseur
Quand un investisseur analyse un projet, il coche une liste de cases assez classique : le produit, la taille du marché, la stratégie de commercialisation, les aspects financiers… Si une seule de ces cases n’est pas remplie, il sera ‘quasiment impossible de lever’. Mais au-delà de cette checklist, en early-stage, la réalité est que la décision se cristallise autour de deux piliers fondamentaux. Ce sont les deux éléments qui transcendent tous les autres et sur lesquels un investisseur prend son risque. Ce ne sont pas des concepts compliqués, mais ce sont les plus difficiles à incarner pour un entrepreneur.
Le critère numéro un : L’équipe, le pari sur l’humain avant tout
C’est le point le plus important, et de loin. ‘Quand on lève des fonds, on investit surtout sur des fondateurs, des fondatrices’. En amorçage, le produit est souvent à peine existant (un MVP, voire quelques maquettes), le marché est une hypothèse et le business model va certainement évoluer. La seule véritable certitude, c’est l’équipe qui porte le projet. Un investisseur le sait : il ne finance pas une photo à l’instant T, mais un film dont il ne connaît pas la fin. Il parie sur la capacité des fondateurs à naviguer dans l’incertitude, à pivoter si nécessaire, à attirer les talents et à exécuter leur vision avec une détermination sans faille. Pour le dire plus crûment : ‘un investisseur préfère miser sur un projet plus ou moins bancal mais qui sera l’idéé par un entrepreneur, une entrepreneuse qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution plutôt que l’inverse’. Une équipe ‘Top Gun’, complémentaire, avec une expérience pertinente (idéalement, une précédente aventure entrepreneuriale réussie) et une résilience à toute épreuve, peut faire passer un projet de ‘moyen’ à ‘très investissable’.
Le second pilier : La vision globale, le potentiel de devenir une licorne
Le deuxième critère, qui peut paraître simpliste mais qui est rédhibitoire pour 99% des projets, est la vision. Un fonds de capital-risque (VC) a un modèle économique très particulier. Sur dix investissements, sept ou huit vont échouer ou simplement rembourser la mise. Un ou deux vont bien performer. Et un seul doit générer un retour sur investissement massif (10x, 50x, 100x) pour couvrir toutes les pertes et assurer la performance du fonds. Par conséquent, chaque projet doit avoir le potentiel, même infime, de devenir une licorne. ‘Un par définition, il y a une boîte sur 10 qui va qui va fonctionner et donc il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance’. Cela signifie que votre projet ne doit pas seulement viser à être une belle PME rentable. Il doit avoir l’ambition de devenir un leader sur un marché immense, de préférence à l’échelle européenne ou mondiale. C’est souvent là que le bât blesse. Nous voyons passer des projets excellents, avec des équipes solides, mais dont le marché adressable est trop restreint. Comme me le confiait un ami dans un fonds de premier plan à Paris, ‘son problème numéro 1, c’était de trouver des belles boîtes qui peuvent demain peser plusieurs milliards d’euros’. Votre mission, en tant qu’entrepreneur, est de convaincre l’investisseur que votre vision est suffisamment grande pour justifier son risque.
Le grand débat : Faut-il absolument générer du revenu pour lever des fonds ?
C’est sans doute le conseil que l’on entend le plus souvent : ‘Il faut que tu génères du revenu, sinon n’y va même pas’. C’est une idée reçue tenace, et pourtant, elle est fondamentalement fausse dans le monde du capital-risque en amorçage. Je le dis sans détour : ‘Non, je suis pas d’accord avec ça et la plupart des investes non plus’. Et ce n’est pas un discours marketing pour attirer les entrepreneurs le plus tôt possible, c’est une réalité stratégique. Vouloir à tout prix atteindre un certain niveau de chiffre d’affaires avant de se lancer peut même être une erreur fatale.
La traction, une notion bien plus large que le simple chiffre d’affaires
Ce qu’un investisseur achète, ce n’est pas un revenu à un instant T, c’est une dynamique. C’est une trajectoire. C’est ce qu’on appelle la traction. ‘Un investisseur va acheter une traction et dans la traction, il y a une notion de vitesse’. Imaginez deux scénarios. Le premier : un entrepreneur qui a 10 000 € de revenu mensuel récurrent (MRR), mais qui stagne à ce niveau depuis six mois. Le second : un entrepreneur qui n’a aucun revenu, mais qui a une liste d’attente de 5000 utilisateurs qualifiés, trois lettres d’intention signées avec des grands comptes, et un produit dont les premiers testeurs sont dithyrambiques. Lequel est le plus séduisant ? Sans hésiter, le second. Car ce qu’il vend à l’investisseur, c’est une promesse d’accélération fulgurante. Il lui dit : ‘Regardez tout ce qui se passe. […] demain, vous appuyez sur le bouton de lever de fond avec moi. voilà ce que je vais pouvoir exécuter’. La traction pré-revenus peut se matérialiser de nombreuses manières : l’engagement des utilisateurs sur un MVP, la croissance d’une communauté, des partenariats stratégiques noués, etc. C’est la preuve que vous avez trouvé un problème pertinent et que votre solution suscite un intérêt fort.
Le timing parfait pour approcher les investisseurs
L’erreur classique est d’attendre d’être au pied du mur. ‘On a parfois beaucoup d’entrepreneurs qui font l’erreur d’aller chercher des investisseurs quand ils sont à un moment ce plafond de verre commercial’. Ils ont exploité leur réseau, atteint les limites de leur croissance organique et se disent : ‘Maintenant, j’ai besoin d’argent pour passer à l’échelle’. Le problème, c’est qu’un processus de levée dure en moyenne 4 à 8 mois. Pendant toute cette période, les investisseurs vont observer l’évolution de vos indicateurs. Si rien ne bouge, si votre croissance est à l’arrêt, leur intérêt va s’effriter et ils finiront par se retirer (‘l’investisseur drop’). Il est beaucoup plus puissant d’initier sa levée de fonds à un point d’inflexion, au moment où vous sentez que la machine est prête à décoller et qu’il ne manque que le carburant. Bien sûr, arriver plus mature avec des revenus permet de mieux négocier sa valorisation. Mais le timing de la dynamique est souvent plus important que le niveau absolu des métriques.
Le processus de levée de fonds décortiqué : comment s’y préparer concrètement
Une levée de fonds est un processus structuré, avec des étapes bien définies. Chez Braquage, notre rôle de ‘leveur’ ou de ‘banque d’affaires’ est d’être le chef d’orchestre de ce processus. Nous accompagnons les entrepreneurs sur les trois grandes phases : la préparation, le roadshow (la rencontre avec les investisseurs) et le closing (la finalisation juridique). Notre approche est de rendre l’entrepreneur le plus autonome possible, car en early-stage, les investisseurs veulent voir le fondateur briller et maîtriser son sujet. Nous intervenons là où notre valeur ajoutée est maximale : sur la stratégie, la négociation et l’accès à notre réseau.
L’arme secrète de l’entrepreneur : un deck simple, percutant et bien designé
Le deck (la présentation de votre projet) est votre porte d’entrée. C’est souvent le premier et unique contact que vous aurez avec un investisseur. Il faut donc le soigner. Gardez en tête qu’un ‘bon fond de VC à Paris reçoit 300 400 decks par semaine’. Votre présentation sera lue en diagonale, en moins de cinq minutes, par un analyste ou un stagiaire. Votre seul objectif est de décrocher un rendez-vous. Pour cela, trois règles d’or. Premièrement, la simplicité : utilisez des mots simples, évitez le jargon technique. Si le lecteur ne comprend pas ce que vous faites dès la deuxième slide, il fermera le document. Deuxièmement, le storytelling : votre deck doit raconter une histoire captivante. Il doit y avoir ‘ce fameux où à la fin du deck’, ce moment où le lecteur se dit ‘Wow, il faut absolument que je parle à cette équipe’. Troisièmement, le design : inutile de dépenser des fortunes, mais la forme compte. C’est ‘quasiment la seule occasion de montrer […] que votre façon de bosser elle est propre, qu’il y a pas de typo’. Un design soigné renvoie une image de rigueur et de professionnalisme.
La bonne approche : comment contacter un leveur ou un investisseur
La manière dont vous approchez les gens est cruciale. Que ce soit nous ou un VC, la posture compte énormément. L’erreur à ne pas commettre est l’arrogance. Nous voyons parfois des ‘entrepreneurs un peu sûrs d’eux qui vont avoir cette posture de presque il nous faire le cadeau de travailler avec eux’. C’est rédhibitoire. Nous cherchons des entrepreneurs qui ont une vision forte et une confiance inébranlable en leur projet, mais qui sont aussi humbles, à l’écoute et ouverts au feedback. Notre processus chez Braquage est conçu pour évaluer cela : un premier appel de découverte de 30 minutes, une analyse du projet en interne, puis un ou deux rendez-vous supplémentaires pour creuser les points clés avant de décider si nous pouvons collaborer efficacement.
L’engagement en temps : le véritable coût caché d’une levée de fonds
C’est un point que je ne soulignerai jamais assez : une levée de fonds est ‘très chronophage’. C’est du temps que vous ne passerez pas à développer votre produit ou à signer des clients. Il faut en avoir pleinement conscience. Le succès de l’opération dépend d’un investissement total. C’est pourquoi ‘généralement on conseille qu’il y ait un des founders qui se soit focus à 100 % sur la sur la levée de fond’. La phase de préparation (création du deck, du business plan, etc.) peut prendre un mois et demi et monopoliser 50 à 70% du temps d’un fondateur. Le roadshow, qui est un véritable marathon de rendez-vous, est un travail à plein temps, voire plus. La phase de closing est moins chronophage mais génère un stress intense. C’est un engagement majeur qui doit être mûrement réfléchi par toute l’équipe fondatrice.
Après la signature : comprendre la dilution et la nouvelle relation avec vos investisseurs
Félicitations, vous avez réussi à lever des fonds ! Mais l’aventure ne fait que commencer. La signature marque le début d’une nouvelle relation et de nouvelles responsabilités. Il est essentiel de bien comprendre ce que cela implique, notamment en termes de capital et de gouvernance.
La valorisation et la dilution : chiffres clés et leviers de négociation
La question de la valorisation (la valeur de votre société) et de la dilution (le pourcentage de capital que vous cédez) est souvent une source d’angoisse pour les entrepreneurs. Pourtant, en amorçage, c’est une ‘question relativement mineure’. L’important est de trouver les bons partenaires qui vous aideront à construire une entreprise beaucoup plus grande. Cela étant dit, il y a des standards de marché. ‘La dilution moyenne elle est […] autour de 20 %’. Pour un premier tour en pré-seed, l’idéal est de céder entre 10 et 15%. Sur un tour de seed un peu plus conséquent, ce sera plutôt entre 20 et 25%. Qu’est-ce qui détermine la valorisation finale ? Ce n’est pas un calcul savant basé sur vos revenus quasi-inexistants. C’est la loi de l’offre et de la demande. ‘Si au bout de 2 mois de chaud, tu as que une sur la table, tu seras beaucoup moins fort que si au bout de 3 semaines tu as 10 investisseurs qui tape la porte’. Votre capacité à créer un processus compétitif est le principal levier pour négocier de bonnes conditions. C’est là que l’accompagnement d’un expert peut faire toute la différence.
Le pacte d’actionnaires : les nouvelles règles du jeu
Faire entrer un investisseur, c’est signer un ‘contrat de mariage’. Ce contrat, c’est le pacte d’actionnaires. Il formalise les règles de votre collaboration. Et il faut être très clair sur ce point : ‘à partir du moment où tu fais rentrer un investisseur, tu es plus totalement chez toi’. Vous avez désormais des comptes à rendre. Cela se traduit par des obligations concrètes : un reporting régulier, des comités stratégiques ou ‘boards’ mensuels ou trimestriels, et un engagement de vous consacrer à 100% au projet. C’est la fin des activités annexes. C’est une perte d’autonomie, mais c’est aussi le début d’une collaboration avec des personnes expérimentées qui sont financièrement alignées avec votre succès. C’est un changement de paradigme majeur qu’il faut accepter et embrasser pour que la relation soit fructueuse.
Conclusion : Lever des fonds est un moyen, pas une fin
Au terme de cette discussion, j’espère avoir démythifié le parcours de la levée de fonds. Oui, le contexte a changé. Il est plus difficile, plus long, plus exigeant. Mais il est aussi plus rationnel et plus focalisé sur la création de valeur durable. Lever des fonds reste une option viable et puissante pour les projets ambitieux portés par des équipes exceptionnelles. Les investisseurs ont de l’argent et cherchent activement les pépites de demain.
Rappelez-vous des fondamentaux : concentrez-vous sur votre équipe et votre vision. Travaillez votre traction, qu’elle soit commerciale ou non. Préparez-vous avec une rigueur absolue, car ce processus ne laisse aucune place à l’improvisation. Et surtout, n’oubliez jamais pourquoi vous le faites. La levée de fonds n’est pas une consécration. Comme je le dis toujours, ‘ça reste un outil plutôt que un coup de tampon d’une belle histoire d’une boîte’. C’est un carburant pour accélérer votre croissance et réaliser votre vision. Le véritable objectif reste de construire une entreprise saine, qui résout un vrai problème pour ses clients. Si vous gardez ce cap, le financement ne sera qu’une étape logique sur le chemin de votre succès.
Questions fréquentes sur la levée de fonds
Est-ce vraiment le bon moment pour lever des fonds en 2025 ?
Oui, c’est toujours un bon moment pour les excellents projets. Le marché s’est durci, ce qui signifie que les investisseurs sont plus sélectifs et les processus plus longs. Cependant, ce ralentissement est aussi un assainissement. Les fonds d’amorçage ont toujours des capitaux à déployer et sont activement à la recherche de startups prometteuses. Une ‘belle boîte’ avec une équipe solide et une grande vision trouvera toujours des financements. La clé n’est pas tant le climat macroéconomique que la qualité intrinsèque de votre projet et de votre préparation. Il faut simplement être conscient que les conditions sont plus exigeantes qu’auparavant.
‘À la question est-ce qu’on peut le défendre 2024? Clairement, oui, c’est encore le cas sur des conditions plus difficiles, sur des temps plus plus long avec des challenges plus importants, mais quand on souhaite se faire financer, ça reste une option.’
Puis-je vraiment lever des fonds sans avoir de chiffre d’affaires ?
Absolument. C’est une idée reçue très répandue de croire que le revenu est un prérequis. Pour les levées en amorçage (pré-seed/seed), les investisseurs se concentrent davantage sur la ‘traction’ que sur le chiffre d’affaires. La traction est la preuve que votre projet suscite de l’intérêt et a un potentiel de croissance. Elle peut se manifester par une liste d’attente, des lettres d’intention, un fort engagement des premiers utilisateurs ou des partenariats stratégiques. Une startup pré-revenus avec une forte dynamique est souvent plus attractive qu’une startup avec de faibles revenus stagnants.
‘Lever près revenus c’est évidemment une difficulté. […] Ceci étant dit à la question est-ce qu’on peut le 20 près revenu ? Oui, c’est possible et parfois c’est une nécessité pour un entrepreneur qui doit accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant.’
Quels sont les deux critères les plus importants pour un investisseur en early-stage ?
En phase d’amorçage, où tout n’est encore qu’hypothèse, deux éléments priment sur tout le reste : l’équipe et la vision. L’équipe, car les investisseurs parient avant tout sur la capacité des fondateurs à exécuter, à s’adapter et à surmonter les obstacles. Une équipe d’exception peut transformer une idée moyenne en succès. La vision, car les fonds de capital-risque ont besoin d’investir dans des projets qui ont le potentiel de devenir des leaders sur des marchés immenses, des ‘licornes en puissance’, afin de générer les retours sur investissement attendus par leur modèle économique.
‘La réalité c’est qu’il y a deux critères […] Le premier c’est le critère de l’équipe. Quand on lève des fonds, on investit surtout sur des fondateurs […]. Et le deuxième bloc, […] c’est une vision globale. Un par définition, il y a une boîte sur 10 qui va qui va fonctionner et donc il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance.’
Combien de capital dois-je céder lors de ma première levée de fonds ?
La dilution est une question clé, mais elle ne doit pas être une obsession. Pour une première levée de fonds (pré-seed ou seed), la norme du marché se situe autour de 20%. Idéalement, pour un tour de pré-seed, on vise plutôt une dilution entre 10 et 15%. Pour un tour de seed, cela peut monter jusqu’à 20-25%. Le pourcentage final dépendra moins de formules complexes que de votre capacité à créer de la compétition entre plusieurs investisseurs. Plus vous aurez d’offres sur la table, plus vous serez en position de force pour négocier une meilleure valorisation et donc limiter votre dilution.
‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapprochent quand même autour de 20 %. Sur du précide, l’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10 15 %. […] sur un peu plus importante, c’est 20 25 % avec une grosse marie autour de 20 %.’
Quel est le rôle exact d’un leveur de fonds comme Braquage ?
Notre métier est d’être le ‘chef d’orchestre de la levée de fonds’. Nous accompagnons les entrepreneurs sur l’ensemble du processus pour maximiser leurs chances de succès. Cela inclut la phase de préparation (stratégie, deck, business plan), la phase de roadshow (identification et contact des bons investisseurs) et la phase de closing (négociation des termes juridiques et financiers). Notre objectif est de professionnaliser la démarche, de faire gagner un temps précieux à l’entrepreneur et de rééquilibrer le rapport de force face à des investisseurs beaucoup plus expérimentés, grâce à notre connaissance fine de l’écosystème.
‘Notre métier c’est d’être le chef d’orchestre de la levée de fonds et donc de les accompagner sur l’ensemble de ces étapes au travers de notre cabinet.’
Quelles sont les plus grosses erreurs à éviter lors de la création de son deck ?
Trois erreurs principales peuvent tuer un deck dans l’œuf. La première est le manque de simplicité : utiliser un jargon trop technique ou ne pas expliquer clairement le problème résolu. Un investisseur qui ne comprend pas passe au deck suivant. La deuxième est l’absence de storytelling : un bon deck n’est pas une liste de fonctionnalités, c’est une histoire captivante qui doit donner envie d’en savoir plus. La troisième est de négliger le design : un deck avec des fautes d’orthographe ou une mise en page brouillonne renvoie une image peu professionnelle et suggère un manque de rigueur de la part de l’entrepreneur.
‘C’est un peu les trois facteurs, simplicité, storytelling, design qui font un bon deck.’
Combien de temps faut-il consacrer à une levée de fonds ?
Il faut être très lucide : une levée de fonds est extrêmement chronophage et mobilise une énergie considérable. Ce n’est pas une tâche que l’on peut faire en parallèle de ses activités quotidiennes. Nous conseillons systématiquement qu’un des co-fondateurs se consacre quasi-exclusivement à ce processus. La phase de préparation peut occuper 50 à 70% de son temps pendant plus d’un mois. La phase de roadshow, qui consiste à enchaîner les rendez-vous, est un travail à plein temps (au moins 80% de la journée). C’est un véritable tunnel pendant 4 à 8 mois, un coût d’opportunité majeur à prendre en compte.
‘Généralement on conseille qu’il y ait un des founders qui se soit focus à 100 % sur la sur la levée de fond, il y a des parties plus ou moins chronophages. […] Ensuite il y a le chaud. […] Là c’est évidemment du plein temps.’
Que se passe-t-il concrètement après avoir signé avec des investisseurs ?
Signer avec des investisseurs marque le début d’une nouvelle ère pour votre entreprise. Vous n’êtes plus seul maître à bord. Concrètement, cela signifie que vous avez des comptes à rendre. Un pacte d’actionnaires est mis en place, définissant les règles de gouvernance, vos obligations de reporting (souvent mensuel ou trimestriel) et les décisions qui nécessitent l’accord du conseil d’administration. C’est un ‘contrat de mariage’ qui vous lie à vos investisseurs. Vous vous engagez à vous consacrer à 100% au projet. C’est une perte d’autonomie, mais aussi l’opportunité de bénéficier de l’expérience et du réseau de vos nouveaux partenaires.
‘À partir du moment où tu fais rentrer un investisseur, tu es plus totalement chez toi. […] tu devras rendre des comptes non pas au quotidien mais […] Tu as un bord de par mois par exemple.’




