Logo de l'épisode Retour d'expérience : j'ai subi une cyberattaque - Episode 259 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Retour d’expérience : j’ai subi une cyberattaque – Episode 259

Épisode diffusé le 21 novembre 2024 par Estelle Ballot

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Mon retour d’expérience : quand une cyberattaque s’invite dans votre newsletter

L’été dernier, j’ai vécu une expérience que je ne souhaite à aucun entrepreneur : une cyberattaque. Pas une de ces attaques spectaculaires qu’on voit dans les films, mais quelque chose de plus insidieux, de plus sournois, qui a visé l’un de mes actifs les plus précieux : ma newsletter. Si vous me suivez, vous savez à quel point je prends ce canal de communication au sérieux. C’est le lien direct, intime, que je tisse avec vous chaque semaine. Alors, quand ce lien est menacé, je peux vous dire que c’est une sensation particulièrement désagréable. Tout a commencé par ce qui ressemblait à un succès fulgurant. Je venais de refondre mon site, tout beau, tout coloré, avec de nouvelles ressources gratuites, mes fameux ‘lead magnets’. Et là, magie ! Les inscriptions à ma newsletter ont explosé. Chaque jour, de nouveaux abonnés. J’étais aux anges. Je me disais : ‘Estelle, tu es sacrément douée !’. L’ego, ce moteur puissant mais parfois si aveuglant.

Et puis soyons honnêtes hein, je me trouve sacrément doué. Qu’est-ce que je suis doué hein pour attirer autant de monde ? Et puis tout à coup, j’ai un doute. Est-ce que je suis doué ? Ou est-ce que j’ai surtout un gros excès d’ego ? Vous voyez venir la chute, elle est un peu brutale, je vous avoue.

Cet article n’est pas juste le récit de mes déboires. C’est un guide de survie, un partage d’expérience pour que vous puissiez, à votre tour, identifier les signaux, comprendre les enjeux et, surtout, savoir comment réagir vite et bien si cela vous arrive. Parce que dans ce genre de situation, chaque jour compte. Nous allons voir ensemble comment un triomphe apparent peut cacher une attaque, pourquoi des personnes malveillantes s’en prennent à nos listes email, et quelles sont les étapes concrètes pour non seulement stopper l’hémorragie, mais aussi pour reconstruire une base email encore plus forte qu’avant. C’est une histoire de résilience, de stratégie et de vigilance. Attachez vos ceintures, on plonge dans les coulisses d’une crise pour en ressortir plus aguerris.

Le faux triomphe : quand une croissance explosive cache un désastre

Le point de départ de cette mésaventure est un piège psychologique dans lequel tout créateur de contenu peut tomber. On travaille d’arrache-pied pour créer de la valeur, pour attirer notre audience, et quand les chiffres semblent enfin nous donner raison, notre premier réflexe est la satisfaction. C’est humain. Dans mon cas, le contexte était parfait pour une auto-congratulation. Cinq ans après le lancement du podcast, je m’étais enfin décidée à donner un coup de jeune à mon site internet. J’avais investi dans de nouvelles photos, plus colorées, plus alignées avec mon énergie. J’avais retravaillé l’architecture des pages, et surtout, j’avais créé de nouvelles ressources gratuites pour attirer des prospects qualifiés. Le plan était parfait. Et il a semblé fonctionner au-delà de mes espérances.

L’ego, ce piège tentateur : ma première réaction face aux chiffres

Les premiers jours, c’était l’euphorie. Voir le compteur d’abonnés grimper quotidiennement est une des plus grandes satisfactions pour un entrepreneur du web. Chaque nouvel inscrit est une validation de notre travail, la preuve que notre message résonne. J’observais cette courbe ascendante avec une fierté immense. Je l’interprétais comme le résultat direct de mes efforts : mon nouveau site plaisait, mes lead magnets étaient pertinents, ma stratégie portait ses fruits. Je me voyais déjà partager mes ‘secrets de croissance’ avec d’autres entrepreneurs. C’est là que le biais de confirmation entre en jeu : on veut tellement que ça soit vrai qu’on ignore les petits détails qui clochent. On se concentre sur la métrique flatteuse (le nombre d’abonnés) et on occulte le reste. C’était l’été, une période où l’on relâche un peu la pression, ce qui n’a fait qu’aggraver mon aveuglement. J’ai laissé mon ego prendre le volant, savourant ce succès sans me poser les bonnes questions. Une leçon que j’ai apprise à mes dépens : en marketing digital, un succès trop beau pour être vrai… est souvent faux.

Les premiers doutes : identifier les signes d’une cyberattaque sur sa newsletter

Heureusement, après plusieurs semaines de cette croissance ‘magique’, une petite voix a commencé à me chuchoter à l’oreille. Le doute s’est installé. Cette croissance, bien que réjouissante, était un peu trop linéaire, un peu trop mécanique pour être entièrement naturelle. C’est là que j’ai commencé à regarder de plus près. Et ce que j’ai découvert a fait voler en éclats ma bulle de satisfaction. Le premier indice, et le plus flagrant dans mon cas, était dans les prénoms des nouveaux inscrits.

Le prénom, c’était toujours une suite alpha numérique, c’est-à-dire des chiffres, des lettres, des majuscules, des minuscules qui ne veulent absolument rien dire.

Un prénom comme ‘JkLp56T’ n’est pas courant, même à l’international. C’était le signal d’alarme. En creusant, j’ai réalisé que la plupart des adresses email, bien que réelles, provenaient de domaines peu courants et majoritairement américains. Des gens qui, pour la plupart, ne comprenaient pas un mot de français et n’avaient aucun intérêt pour le marketing. D’autres signaux d’alerte peuvent exister : des inscriptions massives à des heures creuses (en pleine nuit, par exemple), une absence totale d’engagement (aucun clic sur l’email de bienvenue), ou encore des adresses provenant de domaines connus pour générer du spam. La leçon ici est claire : ne vous contentez jamais des chiffres globaux. Plongez dans les détails de votre liste. Qui sont ces nouvelles personnes ? D’où viennent-elles ? Leur profil correspond-il à votre audience cible ? Une vigilance régulière est votre meilleure défense.

Passer de l’euphorie à l’inquiétude est une étape déstabilisante. On réalise soudain que non seulement notre succès était une illusion, mais qu’en plus, notre travail est activement saboté. La première question qui vient à l’esprit est : ‘Pourquoi ?’. Qui peut bien perdre son temps à inscrire des gens au hasard à ma newsletter ? C’est une question légitime qui nous plonge dans les motivations parfois obscures qui se cachent derrière une cyberattaque.

Anatomie d’une attaque : pourquoi quelqu’un voudrait saboter votre newsletter ?

Une fois le choc de la découverte passé, l’incompréhension domine. C’est une démarche qui semble absurde, gratuite et profondément malveillante. J’ai moi-même dû faire des recherches pour comprendre les logiques à l’œuvre. Comme je le disais, ça sortait complètement de mon paradigme. J’ai même demandé à ChatGPT de m’éclairer sur les raisons possibles, car j’avais du mal à y croire. Les réponses, bien que logiques, font froid dans le dos. Il ne s’agit pas d’un acte anodin ; c’est une attaque ciblée avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour votre activité. Comprendre ces motivations est la première étape pour mesurer l’ampleur du problème et agir en conséquence.

Le sabotage de réputation et de délivrabilité, l’objectif numéro un

La raison principale, et la plus pernicieuse, est de nuire à votre réputation d’expéditeur. C’est un concept un peu technique mais absolument fondamental en emailing. Votre ‘réputation’ est une sorte de note de confiance que les fournisseurs d’accès à internet (FAI) comme Google (Gmail), Microsoft (Outlook) ou Orange vous attribuent. Cette note détermine si vos emails méritent d’atterrir dans la boîte de réception principale, dans l’onglet ‘Promotions’, ou directement dans le dossier spam. Cette attaque, qu’on appelle ‘list bombing’, est conçue pour détruire cette réputation. Le mécanisme est simple : en ajoutant des centaines d’adresses email de personnes n’ayant rien demandé, le pirate sait que plusieurs scénarios négatifs vont se produire. Primo, ces personnes, surprises de recevoir vos emails, vont probablement les signaler comme spam. C’est le pire signal que vous puissiez envoyer à Google. Deuxio, la majorité n’ouvrira jamais vos emails. Votre taux d’ouverture va chuter drastiquement.

J’ai perdu 10 points d’ouverture sur mes emails. C’est énorme. 10 points d’ouverture sur mes emails, je suis passée de 42 % de taux d’ouverture à 30-32 %. Donc c’est énorme. Ça fait vraiment baisser les stats.

Google analyse ces taux. Si un faible pourcentage de destinataires ouvre vos emails, son algorithme en conclut que votre contenu n’est pas pertinent ou non sollicité. La sentence est alors immédiate : direction le dossier spam pour tout le monde, y compris pour vos abonnés fidèles qui, eux, attendent votre newsletter. C’est la catastrophe absolue, car comme je le disais dans le podcast, personne ne va chercher vos emails dans ses spams.

L’impact financier et logistique : plus qu’un simple désagrément

Au-delà de la réputation, il y a un impact direct sur vos finances et votre organisation. La plupart des outils d’emailing (Mailchimp, ConvertKit, ActiveCampaign…) facturent leurs services en fonction du nombre de contacts dans votre base. Plus vous avez d’abonnés, plus votre abonnement est cher. L’attaquant le sait très well. En faisant gonfler artificiellement votre liste, il espère vous faire passer à un palier de facturation supérieur. C’est une manière de vous mettre des bâtons dans les roues et de faire en sorte que votre business vous coûte plus cher à opérer. Dans mon cas, l’attaque n’était pas assez massive pour me mettre en péril financier, mais sur la durée, ces quelques centaines d’adresses auraient représenté un coût non négligeable. C’est de l’argent dépensé pour des contacts qui non seulement ne vous rapporteront jamais rien, mais qui en plus détruisent activement votre réputation. C’est le double peine. Il y a aussi le coût en temps : le temps de comprendre, d’analyser, de nettoyer, de mettre en place des stratégies correctives… C’est autant de temps que vous ne passez pas à développer votre activité.

La menace silencieuse : brèches de sécurité et autres risques

Enfin, même si je pense que ce n’était pas le cas pour moi, il faut envisager des motivations plus techniques. Parfois, ces attaques de ‘list bombing’ ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Des robots peuvent bombarder vos formulaires d’inscription non pas pour vous nuire directement, mais pour tester des vulnérabilités dans votre système. Ils cherchent une faille, une brèche qui pourrait leur permettre d’accéder à des données plus sensibles sur votre site ou votre serveur. C’est une sorte de test de résistance à grande échelle. Dans ce scénario, votre newsletter n’est qu’un dommage collatéral d’une tentative de piratage plus vaste. C’est une perspective encore plus inquiétante qui souligne l’importance d’avoir des systèmes sécurisés, des plugins à jour et des bonnes pratiques en matière de cybersécurité, même pour un ‘petit’ entrepreneur. La bonne nouvelle, c’est que dans mon cas, l’attaque s’est arrêtée très facilement, ce qui me laisse penser qu’il s’agissait plus de malveillance que d’une tentative de piratage sophistiquée.

Comprendre le ‘pourquoi’ est essentiel, mais l’urgence est de savoir le ‘comment’. Comment réagir face à cette situation ? La panique peut vite prendre le dessus, mais il existe une action simple, rapide et incroyablement efficace pour couper le robinet et reprendre le contrôle. Il est temps de passer en mode gestion de crise.

L’action immédiate : comment stopper l’hémorragie en moins de 10 minutes

Face à une attaque en cours, la première règle est d’agir vite. Chaque heure qui passe, ce sont potentiellement des dizaines de nouvelles adresses frauduleuses qui polluent votre base et endommagent votre réputation. Il ne faut pas attendre d’être certain à 100% qu’il s’agit d’une attaque. Au moindre doute, il faut mettre en place une mesure de protection. La bonne nouvelle, c’est que la solution la plus efficace est souvent déjà intégrée à votre outil d’emailing et ne demande que quelques clics pour être activée. C’est ce qui m’a permis de stopper net l’hémorragie et de me donner le temps de respirer pour analyser la situation plus sereinement.

Le double opt-in : votre bouclier ultime (et temporaire)

La solution miracle, c’est le double opt-in. Vous connaissez tous ce mécanisme. C’est lorsque vous vous inscrivez à une newsletter et que vous recevez immédiatement un email vous demandant de confirmer votre inscription en cliquant sur un lien. Tant que vous n’avez pas cliqué, vous n’êtes pas officiellement abonné. Ce processus en deux étapes est la bête noire des robots. Un bot peut remplir un formulaire des milliers de fois, mais il ne peut pas accéder à une boîte mail pour cliquer sur un lien de confirmation. En activant cette fonctionnalité, vous érigez une barrière infranchissable pour les inscriptions automatisées.

Qu’est-ce que j’ai fait tout simplement pour que ce piratage s’arrête, j’ai activé le double opt-in. […] Évidemment le robot hein qui vous inscrit des emails par dizaines, bah personne va venir valider. Donc bah nécessairement ces emails là ne vont pas être inscrits dans votre base email.

Dans mon cas, le résultat a été instantané. Dès l’activation du double opt-in, le flux d’inscriptions suspectes s’est arrêté. J’ai laissé cette protection en place pendant deux semaines, le temps que le robot ‘m’oublie’ et aille sévir ailleurs. Ensuite, j’ai pu le désactiver tout en surveillant ma liste de très près. C’est une mesure d’urgence parfaite : simple, rapide et redoutablement efficace.

Le dilemme du double opt-in : sécurité vs. croissance

Si le double opt-in est si efficace, pourquoi ne pas le laisser activé en permanence ? C’est un débat légitime, et de nombreux experts en cybersécurité vous le recommanderont. Cependant, il y a un revers à la médaille : il freine la croissance de votre liste. L’expérience montre qu’un certain pourcentage de personnes qui souhaitent sincèrement s’inscrire ne finalisent jamais le processus. Pourquoi ? La vie, tout simplement. Elles s’inscrivent, puis sont interrompues par un appel, un enfant, une notification. Elles oublient d’aller dans leur boîte mail pour confirmer. L’email de confirmation peut aussi se perdre ou arriver avec un léger décalage. Résultat : vous perdez des abonnés potentiels, des gens qui voulaient vraiment vous suivre. C’est pourquoi je fais personnellement le choix de ne pas l’activer en temps normal.

Moi, je suis pas tout à fait favorable au double opt-in parce que c’est dur de faire grossir sa base email, on va pas se raconter de bêtises, c’est difficile. Chaque inscrit, on va le chercher vraiment avec notre travail et c’est vrai que c’est dur de voir des personnes ne pas s’inscrire juste à cause de ce double opt-in.

Ma stratégie est donc un compromis : je le désactive par défaut pour maximiser les inscriptions légitimes, mais je garde un œil quotidien sur les nouveaux entrants. Au moindre signe suspect, je le réactive immédiatement. C’est un choix personnel, à vous de peser le pour et le contre en fonction de votre tolérance au risque et de vos objectifs de croissance. Mais en cas de crise, il n’y a pas de débat : le double opt-in est votre meilleur ami.

Une fois l’attaque stoppée, le plus urgent est fait. Mais le travail est loin d’être terminé. Il faut maintenant panser les plaies. Votre base email est contaminée par des centaines de contacts indésirables qui continuent de nuire à vos statistiques et à votre réputation. Il est temps de sortir les gants et de lancer la grande opération de nettoyage.

L’opération ‘nettoyage’ : reconstruire une base email saine et engagée

Stopper l’attaque, c’est comme fermer une brèche dans la coque d’un navire. C’est essentiel, mais il faut encore écoper l’eau qui est déjà entrée. Dans notre cas, l’eau, ce sont toutes ces adresses email frauduleuses qui polluent notre liste. Les laisser là serait une grave erreur. Elles continuent de tirer vos statistiques vers le bas, de coûter de l’argent et d’envoyer de mauvais signaux aux FAI à chaque envoi. La phase de nettoyage est donc cruciale. Mais elle ne s’arrête pas là. Il faut également mettre en place une stratégie sur le long terme pour regagner la confiance perdue des algorithmes et s’assurer que notre base reste saine pour le futur. C’est un travail de patience et de précision.

L’identification et la suppression des intrus

La première étape consiste à jouer les détectives et à traquer les faux abonnés. Dans mon cas, le critère était assez simple : tous les inscrits avec un prénom alphanumérique suspect. J’ai donc dû passer en revue manuellement les ajouts des dernières semaines et supprimer tous les contacts qui correspondaient à ce profil. C’est un travail un peu fastidieux, mais absolument nécessaire. Selon la nature de l’attaque que vous subissez, d’autres indices peuvent vous aider : analysez la date et l’heure d’inscription (les robots travaillent souvent par vagues), les noms de domaine des adresses email (une soudaine concentration de domaines inhabituels est un drapeau rouge), ou encore l’adresse IP d’inscription si votre outil la fournit. Le but est de purger votre liste de tous les contacts qui n’y ont pas leur place. Il vaut mieux avoir une liste plus petite mais saine et engagée, qu’une grande liste remplie de contacts inutiles et nuisibles. C’est la qualité qui prime sur la quantité.

La stratégie de reconquête de confiance auprès des algorithmes

Nettoyer la liste est une chose, mais réparer les dégâts causés à votre réputation en est une autre. Comme je l’expliquais, ma réputation auprès de Google avait pris un coup, et mes taux d’ouverture avaient chuté. Pour remonter la pente, il faut prouver aux algorithmes que vos emails sont désirés et pertinents. Cela ne se fait pas en un jour.

C’est un véritable travail de longue haleine d’aller reconstruire la confiance auprès de Google. […] Je vais vous donner ma stratégie, il y en a peut-être d’autres, probablement d’autres. En tout cas, moi, c’est celle que j’utilise pour et bien doucement mais sûrement, regagner des points d’ouverture.

La stratégie repose sur la segmentation. L’idée est d’isoler vos plus grands fans : les personnes qui ouvrent et cliquent systématiquement sur vos emails. Vous créez un segment ‘cœur d’audience’ ou ‘super-engagés’. Pendant un certain temps, vous allez privilégier ce segment. Par exemple, au lieu d’envoyer votre newsletter hebdomadaire à tout le monde, vous ne l’envoyez qu’à ce groupe. Le résultat mécanique est que votre taux d’ouverture sur cette campagne sera excellent (puisque vous n’écrivez qu’à des gens qui vous lisent). Vous envoyez ainsi un signal extrêmement positif à Google : ‘Quand j’envoie un email, les gens l’ouvrent !’. Progressivement, vous pouvez réintégrer des segments moins engagés. C’est une stratégie qui demande de sacrifier un peu de portée à court terme pour reconstruire une délivrabilité saine à long terme.

L’hygiène essentielle : nettoyer régulièrement les abonnés inactifs

Cette crise a été un rappel brutal d’une vérité fondamentale en emailing : l’hygiène de la liste n’est pas une option. Il faut régulièrement ‘nettoyer’ sa base, même en dehors de toute attaque. Cela signifie identifier et supprimer les personnes qui n’ouvrent plus vos emails depuis longtemps (par exemple, 3 ou 6 mois). Mais attention, on ne le fait pas de manière brutale. La bonne pratique est de lancer une campagne de réactivation. Vous envoyez un dernier email à ce segment d’inactifs en leur disant quelque chose comme : ‘J’ai remarqué que vous n’ouvrez plus mes emails, ce qui n’est pas un souci. Si vous ne souhaitez plus les recevoir, vous n’avez rien à faire. Si vous voulez rester, cliquez simplement ici’. Toutes les personnes qui ne cliquent pas peuvent alors être supprimées en toute sécurité. Cela permet de maintenir des taux d’ouverture élevés, de réduire les coûts et de s’assurer que l’on ne parle qu’à une audience intéressée. Un point de vigilance crucial : assurez-vous d’exclure les nouveaux abonnés de ce nettoyage ! Une personne inscrite il y a deux semaines n’a peut-être juste pas eu le temps d’ouvrir votre dernier email. C’est une erreur que j’ai faite au début et qu’il faut absolument éviter.

Conclusion : transformer une crise en opportunité pour une newsletter plus forte

Ce que j’ai vécu cet été a été une épreuve stressante et frustrante. Voir son travail saboté par une malveillance anonyme est une expérience profondément désagréable. Pourtant, avec le recul, cette cyberattaque a été une leçon précieuse. Elle m’a forcée à sortir de ma zone de confort, à remettre en question mes certitudes et à renforcer drastiquement mes processus. La première grande leçon est celle de l’humilité. Ne jamais laisser l’ego prendre le pas sur l’analyse critique des données. Des chiffres qui semblent trop beaux pour être vrais doivent déclencher la vigilance, pas l’auto-congratulation. La deuxième leçon est celle de la réactivité. Dans le monde digital, les menaces évoluent vite. La capacité à détecter une anomalie et à agir en quelques heures est une compétence clé pour protéger son activité. Le double opt-in, que je voyais comme un frein, est devenu un outil stratégique que je sais désormais manier en cas d’urgence.

Enfin, et c’est peut-être le plus important, cette crise a renforcé ma conviction que la qualité d’une base email prime sur la quantité. Mon objectif n’est plus seulement de faire grossir ma liste, mais de la maintenir aussi saine, engagée et réactive que possible. Les stratégies de segmentation et de nettoyage que j’ai dû mettre en place pour ‘guérir’ ma liste sont désormais intégrées à ma routine. Ma newsletter est aujourd’hui plus robuste, et ma relation avec mon audience, celle qui est vraiment là, n’en est que plus forte. J’espère que mon expérience vous servira de guide et de rappel. Surveillez vos listes, chérissez votre base email comme votre plus grand atout, et n’oubliez jamais que derrière chaque chiffre se cache une question à se poser. Votre vigilance est votre meilleur rempart.

Vos questions sur la sécurité de votre newsletter

Quels sont les premiers signes d’une cyberattaque sur une newsletter ?

Les signes les plus courants sont une augmentation soudaine et anormale du nombre d’inscrits, qui ne correspond pas à une action marketing spécifique de votre part. Il faut ensuite regarder les détails : l’apparition de ‘prénoms’ qui sont en réalité des suites de lettres et de chiffres aléatoires, une concentration d’adresses email provenant de domaines étrangers ou inhabituels, et des inscriptions massives à des heures inhabituelles, comme au milieu de la nuit. Un autre signal est une chute brutale de votre taux d’ouverture, car ces faux comptes n’ouvriront jamais vos emails.

Mon audience ne grossit pas comme par magie, je suis en train de subir une attaque. Des robots inscrivent tous les jours des gens qui n’ont rien demandé à ma newsletter.

Pourquoi la réputation d’expéditeur est-elle si importante ?

La réputation d’expéditeur est votre ‘score de confiance’ aux yeux des fournisseurs de messagerie comme Gmail ou Outlook. C’est ce score qui détermine si vos emails atterrissent dans la boîte de réception principale ou dans le dossier spam. Une bonne réputation, construite sur des taux d’ouverture élevés et peu de plaintes pour spam, garantit que votre message atteint votre audience. Une mauvaise réputation, souvent causée par l’envoi à des adresses non sollicitées ou inactives, rend tout votre travail inutile car vos emails deviennent invisibles, perdus dans les filtres anti-spam.

Si vous avez de mauvais taux d’ouverture, et bien Gmail va avoir tendance à vous mettre directement dans les spam. Donc de voir vos taux d’ouverture baisser de 10 points, c’est une catastrophe.

Le double opt-in est-il obligatoire pour protéger sa base email ?

Non, il n’est pas techniquement obligatoire, mais il est fortement recommandé comme la meilleure défense contre les inscriptions par des robots. C’est un compromis entre sécurité maximale et optimisation de la croissance. L’inconvénient est qu’il peut réduire le nombre total d’inscriptions, car certaines personnes oublient de cliquer sur l’email de confirmation. Une bonne stratégie peut être de l’activer en cas de doute ou d’attaque, puis de le désactiver en surveillant attentivement les nouvelles inscriptions, comme je le fais personnellement.

Les spécialistes de cybersécurité vous diront probablement tous ‘Mettez toujours un double opt-in.’ Moi, je suis pas tout à fait favorable au double opt-in parce que c’est dur de faire grossir sa base email.

Comment identifier et supprimer les faux abonnés ajoutés par un robot ?

La méthode la plus directe est de chercher des schémas anormaux. Dans mon cas, le critère le plus évident était les prénoms composés de suites de caractères aléatoires. Il faut passer en revue les abonnés récents et supprimer manuellement tous ceux qui correspondent à ce profil. Vous pouvez aussi filtrer par nom de domaine si vous remarquez un afflux d’adresses suspectes. C’est une tâche manuelle mais indispensable pour assainir votre liste et stopper les dégâts sur vos statistiques et votre réputation.

Je suis allée manuellement supprimer toutes les adresses email qui avaient un prénom qui ne voulait rien dire.

Comment faire remonter son taux d’ouverture après une attaque ?

Remonter la pente demande du temps et une stratégie précise. La clé est de prouver aux algorithmes que vos emails sont pertinents. Pour cela, il faut segmenter votre liste. Créez un segment de vos abonnés les plus engagés (ceux qui ouvrent et cliquent souvent) et, pendant un temps, n’envoyez vos campagnes qu’à eux. Cela va mécaniquement générer des taux d’ouverture très élevés, envoyant un signal positif fort à Google. Progressivement, vous pourrez réintégrer les autres segments de votre audience, une fois votre réputation restaurée.

La première chose à faire, c’est d’aller segmenter son audience et d’identifier les personnes qui sont vos plus grands fans. […] Et vous allez envoyer des emails à ces personnes-là en priorité.

Faut-il supprimer les abonnés qui n’ouvrent jamais les emails ?

Oui, c’est une pratique d’hygiène essentielle. Cependant, il ne faut pas le faire de manière brutale. La meilleure approche est de créer un segment des personnes inactives depuis plusieurs mois (par exemple, 3 à 6 mois) et de leur envoyer une campagne de ‘réactivation’. Dans cet email, vous leur demandez s’ils souhaitent rester abonnés. Ceux qui n’interagissent pas avec cet email peuvent ensuite être supprimés. Cela garantit une liste saine, engagée, des statistiques fiables et une meilleure délivrabilité pour tout le monde.

Ce que je vous conseille de faire, c’est de faire un segment, effectivement sur lequel vous allez identifier les personnes qui n’ont pas ouvert vos emails […] et de leur envoyer un email dans lequel vous leur expliquez que […] vous allez les supprimer de votre base.

Une attaque par bot peut-elle faire augmenter les coûts de ma newsletter ?

Absolument. La plupart des plateformes d’emailing facturent leurs services en fonction du nombre de contacts dans votre base. Une attaque par ‘list bombing’ qui ajoute des centaines ou des milliers de faux abonnés peut vous faire basculer vers un palier de tarification supérieur. Vous vous retrouvez alors à payer plus cher pour des contacts qui non seulement ne vous apporteront jamais de valeur, mais qui en plus nuisent activement à la performance de votre newsletter. C’est l’une des motivations financières derrière ce type d’attaque.

Si d’un coup vous vous retrouvez avec des centaines de personnes en plus sur votre base email, bah ça va vous coûter plus cher. Donc peut-être que ce pirate, il s’est dit ‘Ah bah tiens, on va lui mettre un peu des bâtons dans les roues’.

Que faire si on se rend compte trop tard d’une cyberattaque sur sa liste email ?

Il n’est jamais trop tard pour agir, même si la situation est plus complexe. La première étape reste la même : activer immédiatement le double opt-in pour stopper l’attaque. Ensuite, le travail de nettoyage et de reconstruction sera plus long. Il faudra méticuleusement supprimer les faux inscrits. La stratégie de reconquête de la réputation en segmentant et en ciblant les abonnés les plus engagés devient alors encore plus cruciale. Il faut être patient, car reconstruire la confiance avec les FAI peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois de bonnes pratiques constantes.

Ça se fait pas en 2 secondes. C’est un travail de longue haleine, voyez, on est en novembre et moi j’y travaille encore. […] C’est un véritable travail de longue haleine d’aller reconstruire la confiance auprès de Google.


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