Logo de l'épisode [Best Episode] C'est quoi les signaux faibles - Episode 227 - on parle de client idéal, stratégie marketing, persona du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

[Best Episode] C’est quoi les signaux faibles – Episode 227 – on parle de client idéal, stratégie marketing, persona

Épisode diffusé le 14 octobre 2025 par Estelle Ballot

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Votre cerveau sait des choses que vous ignorez : et si c’était la clé de votre future stratégie ?

Il y a une sensation que tout entrepreneur, tout marketeur connaît bien : celle de courir en permanence après le temps, après la prochaine tendance, après la dernière innovation. On a l’impression d’être sur un tapis roulant qui accélère sans cesse. On réagit, on s’adapte, on pivote… mais on a rarement le sentiment de véritablement anticiper. Et si je vous disais que vous possédez déjà en vous l’outil le plus puissant pour voir plus loin que les autres ? Comme je le dis souvent, ‘Notre cerveau est plus rapide que nous. Il découvre, il analyse, il comprend, il adapte, il retient et il fait tout ça sans qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte.’

Cette incroyable machine de traitement de l’information capte en permanence des milliards de données, bien au-delà de notre conscience. Il perçoit des murmures, des frémissements, des changements subtils dans notre environnement que notre esprit logique ignore. Ces murmures, ce sont les signaux faibles. Ce ne sont pas des prédictions magiques ou des intuitions sorties de nulle part. Ce sont des fragments de l’avenir, déjà présents aujourd’hui, qui attendent d’être écoutés. Dans un monde où les marchés peuvent basculer en quelques mois, savoir décoder ces signaux n’est plus un ‘plus’, c’est une compétence de survie business. C’est la différence entre être le prochain Netflix ou le prochain Blockbuster. Dans cet article, nous allons plonger ensemble dans cet univers fascinant. Nous verrons ce que sont réellement ces signaux, comment les chasser activement, comment les transformer en or stratégique pour votre marketing et, surtout, comment éviter les mirages qui peuvent vous conduire à la catastrophe. Préparez-vous, je vous emmène dans les coulisses de la prise de décision de demain.

Qu’est-ce qu’un signal faible ? Décoder les murmures de l’avenir

Avant de pouvoir les utiliser, il est crucial de bien comprendre ce que sont, et ce que ne sont pas, les signaux faibles. On les confond souvent avec les modes ou les tendances, mais c’est une erreur fondamentale. Un signal faible n’est pas la vague que tout le monde voit arriver sur la plage ; c’est le changement de courant en haute mer qui, bien plus tard, créera cette vague. C’est une information parcellaire, une anomalie, une idée émergente qui annonce une rupture potentielle avec le présent. Comme je l’explique dans le podcast, ce sont ‘des indices, des codes, des petits éléments au sein de notre société, partout autour de nous, […] qui viennent s’imprégner dans notre esprit pour nous dire qu’il y a quelque chose qui est en train de se modifier, un bouleversement naissant.’ C’est l’annonce d’une nouvelle tendance sociétale, mais à un stade embryonnaire, avant qu’elle ne soit évidente pour tous.

Au-delà du bruit : distinguer les signaux faibles des tendances éphémères

La plus grande confusion règne entre les signaux faibles et ce que j’appelle les ‘signaux bruyants’. Les signaux bruyants, ce sont les tendances actuelles, l’actualité, la dernière application à la mode, le sujet qui domine les réseaux sociaux. C’est ce qui est visible, quantifiable et discuté par tous. C’est l’information que vos concurrents voient aussi. S’appuyer uniquement sur ces données bruyantes, c’est se condamner à être un suiveur. Vous arriverez toujours après la bataille, lorsque le marché est déjà saturé.

Le signal faible, lui, est par nature discret, presque invisible. Il peut s’agir d’une conversation surprenante sur un forum de niche, d’une nouvelle utilisation détournée de votre produit par une poignée de clients, d’une étude scientifique dans un domaine sans rapport apparent avec le vôtre, ou d’une œuvre d’art qui explore une nouvelle angoisse collective. L’enjeu est de comprendre que ces éléments ne sont pas du bruit de fond, mais les prémices d’un changement de fond. Ignorer la différence, c’est comme confondre la météo du jour avec le changement climatique. L’un est immédiat et visible, l’autre est profond, structurel et infiniment plus impactant à long terme.

L’intuition, ce décodeur inconscient de la complexité

Alors, comment percevoir ces choses si subtiles ? La première porte d’entrée est ce que beaucoup appellent, un peu mystiquement, l’intuition. Mais il faut démystifier ce terme. L’intuition n’est pas un don magique. ‘Certains appellent ça l’intuition, je dis que c’est de la connaissance inconsciente.’ C’est simplement votre cerveau qui fait son travail de synthèse à une vitesse fulgurante. Il connecte des points que votre esprit conscient n’a pas encore eu le temps de relier logiquement. Lorsque vous avez un ‘pressentiment’ sur l’évolution de votre marché ou sur les besoins de vos clients, ce n’est pas le fruit du hasard.

C’est le résultat d’un traitement en arrière-plan de milliers de signaux faibles que vous avez accumulés : des discussions, des lectures, des observations… Votre cerveau a détecté un schéma, une cohérence émergente, mais il n’a pas encore la capacité de vous l’expliquer avec un raisonnement A+B. Il vous livre la conclusion avant le développement. C’est pourquoi écouter cette intuition est si crucial, notamment au démarrage d’une activité. Quand vous n’avez pas encore de clients pour vous dire ce dont ils ont besoin, votre intuition, nourrie par les signaux faibles, est votre meilleur guide pour définir votre persona et sa problématique principale.

La trousse à outils du détecteur de tendances

Comprendre ce que sont les signaux faibles est une chose, mais les collecter activement en est une autre. Attendre passivement que l’intuition frappe à votre porte est une stratégie risquée. Pour devenir un véritable détecteur de tendances, il faut mettre en place une démarche proactive, une sorte de discipline de la curiosité. Je vois cela comme une combinaison de trois grands piliers qui se nourrissent mutuellement : l’expertise humaine, l’analyse rigoureuse des données et, de plus en plus, l’intelligence artificielle comme un formidable accélérateur.

L’expertise humaine : affûter votre propre radar

Le premier outil, et le plus important, c’est vous. C’est votre cerveau, votre sensibilité. Il s’agit de cultiver activement votre ‘capacité à prendre conscience de votre inconscient’. Cela signifie créer les conditions pour que les signaux faibles puissent être captés et reconnus. Comment faire concrètement ? D’abord, en diversifiant radicalement vos sources d’information. Si vous lisez toujours les mêmes blogs, écoutez les mêmes podcasts et parlez aux mêmes personnes de votre secteur, vous créez une chambre d’écho qui étouffe les signaux faibles. Lisez des magazines sur l’architecture, intéressez-vous à la sociologie, regardez des documentaires sur la biologie marine. Les innovations les plus disruptives naissent souvent à l’intersection de disciplines qui n’avaient, a priori, rien en commun.

Ensuite, pratiquez l’observation active. Prenez le temps de vous asseoir à la terrasse d’un café et de regarder les gens, d’écouter les bribes de conversation. Allez dans des lieux où vos clients ne sont pas censés être. Quelles sont leurs préoccupations en dehors de leur relation avec votre produit ? C’est en sortant de votre ‘biais de l’entre-soi’ que vous alimenterez votre cerveau avec une matière première riche et variée, lui donnant ainsi beaucoup plus de points à connecter.

L’analyse de données : nourrir votre cerveau avec la bonne information

L’intuition seule ne suffit pas ; elle doit être nourrie et validée par des données. Mais pas n’importe lesquelles. Il ne s’agit pas seulement de regarder vos tableaux de bord Google Analytics. Il s’agit de chercher l’inattendu dans vos données. Cherchez les anomalies, les comportements marginaux. Qui sont ces 1% d’utilisateurs qui se servent de votre logiciel d’une manière totalement imprévue ? Quelle est cette requête étrange qui amène quelques personnes sur votre site chaque mois ? Ce sont souvent des signaux faibles.

Surtout, privilégiez les données qualitatives. Plongez dans les commentaires de blogs, les forums Reddit, les groupes Facebook, les avis clients (les vôtres et ceux de vos concurrents). Ne cherchez pas ce que les gens disent, mais comment ils le disent. Quels mots utilisent-ils pour décrire leur frustration ? Quelle est l’émotion sous-jacente ? C’est dans ces ‘données non structurées’ que se cachent les besoins non encore formulés, les douleurs latentes qui seront les grands marchés de demain. La clé est la curiosité : ‘Plus on va être curieux, curieuse, plus on va aller chercher à s’imprégner de cette société, […] plus on va pouvoir alimenter votre cerveau de façon bien plus large.’

L’intelligence artificielle : votre allié pour voir les motifs cachés

Face à la masse d’informations disponible, l’humain atteint vite ses limites. C’est là que l’intelligence artificielle devient un partenaire stratégique. L’IA est exceptionnellement douée pour une chose : détecter des motifs et des corrélations dans d’immenses ensembles de données, là où notre cerveau ne verrait que du chaos. ‘L’IA va pouvoir vous aider à collecter ces données et surtout à trier ces données, à définir quels sont les éléments qui vont être importants.’

Imaginez des algorithmes capables d’analyser des milliers de publications scientifiques, de brevets déposés et de discussions sur les réseaux sociaux pour identifier des concepts émergents qui gagnent en traction. Des outils peuvent analyser sémantiquement des tonnes d’avis clients pour faire ressortir non pas les plaintes les plus fréquentes (les signaux bruyants), mais les frustrations les plus intenses et inhabituelles (les signaux faibles). L’IA ne remplace pas le flair humain, mais elle le décuple. Elle agit comme un tamis ultra-puissant qui nous présente les pépites potentielles, nous laissant le soin, avec notre expertise et notre connaissance du contexte, de déterminer si c’est de l’or.

Des signaux faibles aux insights stratégiques : le cas pratique

Identifier des signaux est une étape, mais le véritable enjeu est de les traduire en actions concrètes. Un signal faible qui reste au stade de la ‘note intéressante’ est une opportunité manquée. Le but ultime est de ‘transformer ces signaux faibles en insights stratégiques’, c’est-à-dire en informations qui vont directement nourrir et orienter votre stratégie d’entreprise ou marketing. Pour bien comprendre ce processus, rien ne vaut des exemples concrets qui illustrent comment une lecture fine de ces frémissements peut construire ou détruire des empires.

L’exemple Netflix vs. Blockbuster : chronique d’une disruption annoncée

C’est l’exemple que je cite le plus souvent tant il est emblématique. À la fin des années 90, Blockbuster était le roi incontesté de la location de vidéos, un géant avec des milliers de magasins. Netflix n’était qu’une petite startup. Les signaux bruyants de l’époque étaient : ‘les gens aiment aller au vidéo-club en famille le week-end’. Mais les signaux faibles racontaient une autre histoire. Il y avait une frustration croissante contre les pénalités de retard, perçues comme injustes. Il y avait l’émergence du peer-to-peer (Napster) qui montrait un désir de consommation dématérialisée et instantanée, même si c’était illégal et complexe. Il y avait les premiers balbutiements du haut débit dans quelques foyers, qui laissaient entrevoir un futur sans support physique.

Blockbuster a vu ces signaux mais les a considérés comme marginaux. Netflix, au contraire, y a vu l’avenir. Ils ont compris que le besoin profond n’était pas ‘louer une cassette’, mais ‘accéder à un contenu de divertissement de manière simple et illimitée’. Ils ont parié sur ces signaux faibles et ont pivoté d’un service de location de DVD par la poste vers le streaming. La suite, on la connaît : ‘Netflix c’est plus de 200 millions d’abonnés à travers le monde […] Blockbuster, en quelques années a disparu.’ Cette histoire nous enseigne une leçon vitale : votre business n’est pas menacé par vos concurrents actuels, mais par ceux qui comprennent mieux que vous les signaux faibles de votre marché.

La mode, un laboratoire des tendances à ciel ouvert

Un autre domaine fascinant pour observer les signaux faibles en action est celui de la mode. On a souvent l’impression que les défilés de haute couture présentent des tenues importables et extravagantes. On se dit : ‘qui va porter ça ?’. C’est une mauvaise lecture. Ces défilés ne sont pas faits pour être portés tels quels ; ce sont des laboratoires de tendances. Les grands créateurs sont des capteurs de signaux faibles. Ils synthétisent l’air du temps, les angoisses sociales, les aspirations collectives, les nouvelles technologies textiles, les mouvements artistiques… pour les traduire en formes, en couleurs, en matières.

Ce que vous voyez sur les podiums, ce sont des signaux faibles matérialisés. Ce sont des concepts poussés à l’extrême. Et c’est sur la base de ces ‘extravagances’ que le prêt-à-porter va ensuite construire les collections qui se retrouveront en magasin deux ou trois ans plus tard. Des entreprises comme Nelly Rodi se sont spécialisées dans ce décodage, vendant des ‘cahiers de tendance’ qui sont de véritables synthèses de signaux faibles pour guider les industriels. Cela montre que la détection de signaux faibles n’est pas un art amateur, c’est une véritable industrie qui prouve son importance cruciale pour anticiper la demande future et ne pas se tromper dans des cycles de production très longs.

Naviguer en eaux troubles : les 3 pièges à éviter

À ce stade, vous êtes probablement convaincu du potentiel immense des signaux faibles. C’est ‘génial’, vous vous dites, il suffit de mieux observer et d’écouter son intuition pour avoir une longueur d’avance. Oui, mais attention. Le chemin est semé d’embûches. Parce que cette démarche n’est pas une science exacte, elle est sujette à de nombreux biais cognitifs. Tomber dans ces pièges peut vous amener à prendre des décisions encore pires que si vous n’aviez rien fait. Pour moi, il y a trois grands écueils à connaître et à anticiper pour ne pas transformer une opportunité en catastrophe.

Le piège de la surcharge : se noyer dans l’information

Le premier danger, une fois que vous ouvrez les vannes de la curiosité, c’est l’infobésité. Vous allez commencer à voir des informations potentiellement intéressantes partout. Chaque article, chaque conversation, chaque donnée peut sembler être un signal. Le risque est de crouler sous une masse de données que vous ne parvenez plus à analyser. ‘Il va falloir faire extrêmement attention de filtrer correctement les informations sinon vous allez crouler sous la masse de data.’

Pour éviter cela, il faut développer des filtres. Un bon filtre est de se demander : ‘Est-ce une information qui remet en cause une de mes certitudes sur mon marché ?’ Si la réponse est oui, elle mérite une attention particulière. Un autre filtre puissant est celui de la convergence : un signal faible isolé est souvent un bruit. Mais lorsque vous voyez la même idée, le même schéma émerger de sources complètement différentes et indépendantes (par exemple, dans un rapport économique, une série de science-fiction et un mouvement de jeunes sur TikTok), alors vous tenez probablement un signal faible robuste. Ne suivez pas chaque étincelle, cherchez les débuts d’incendie.

Le piège de l’interprétation : la boule de cristal déformante

Le deuxième piège, et le plus subtil, est celui de l’interprétation. Un signal faible n’est qu’un point de départ. Le vrai travail est d’imaginer ses implications futures. ‘Et ça, c’est le nœud du problème, c’est votre capacité à vous projeter sur les implications futures. Et ça, c’est pas scientifique.’ C’est là que nos propres désirs, nos peurs et nos biais entrent en jeu. On a tendance à surinterpréter les signaux qui confirment ce que l’on a envie de croire (le biais de confirmation) et à minimiser ceux qui nous dérangent.

La surinterprétation est aussi un risque majeur : voir dans un petit changement le début d’une révolution copernicienne. ‘Ah, j’ai vu que le feu est passé au rouge, c’est un signal faible. […] Non, attention, […] il faut aller travailler des concordances.’ La parade à ce piège est de ne jamais considérer une interprétation comme une certitude. Voyez-la comme une hypothèse. Au lieu de vous dire ‘L’avenir, c’est ça !’, dites-vous ‘Et si l’avenir ressemblait à ça ? Quelles seraient les conséquences ? Comment pourrais-je tester cette hypothèse à petite échelle dès aujourd’hui ?’. Ne mettez jamais tous vos œufs dans le même panier, surtout quand ce panier n’existe pas encore.

Le piège de l’ego : le biais d’expérience et la théorie du Cygne Noir

Enfin, le dernier piège est peut-être le plus dangereux, car il touche les plus expérimentés d’entre nous. C’est le biais d’expérience. C’est le fameux : ‘J’ai 20 ans de métier, je sais comment ça marche, ça s’est toujours passé comme ça’. Cette confiance, bâtie sur des succès passés, peut devenir votre plus grand aveuglement. Vous devenez incapable de voir les signaux qui ne rentrent pas dans vos schémas mentaux habituels. C’est la porte ouverte au ‘Black Swan’, le cygne noir.

Je rappelle rapidement cette théorie passionnante : les Européens ont cru pendant des siècles que tous les cygnes étaient blancs, car ils n’avaient jamais vu que des cygnes blancs. Leur expérience confirmait cette ‘vérité’. Jusqu’au jour où ils ont découvert l’Australie et ses cygnes noirs. Une seule observation a suffi à faire s’écrouler des siècles de certitudes. ‘C’est pas parce que quelque chose s’est toujours passé comme ça, qu’il va continuer à se passer comme ça.’ Le cygne noir est cet événement imprévisible qui change toutes les règles. Les signaux faibles sont souvent les plumes de ce cygne noir, visibles bien avant qu’il n’atterrisse. Pour les voir, il faut cultiver l’humilité, se dire en permanence : ‘Et si tout ce que je crois savoir était faux ?’.

Conclusion : Devenez l’architecte de votre futur

Nous arrivons au terme de ce voyage au cœur des signaux faibles. J’espère avoir réussi à vous convaincre d’une chose : anticiper l’avenir n’est pas une question de don, mais de méthode et d’état d’esprit. Il ne s’agit pas de prédire le futur avec une certitude absolue, mais de se préparer à plusieurs futurs possibles en devenant plus sensible aux changements qui s’opèrent sous la surface.

Récapitulons les clés. Tout commence par la prise de conscience que votre intuition est une formidable source de connaissance inconsciente. Nourrissez-la en cultivant une curiosité radicale, en diversifiant vos sources d’information bien au-delà de votre zone de confort. Apprenez à distinguer le murmure des signaux faibles du vacarme des tendances bruyantes. Utilisez les données et l’IA non pas pour confirmer ce que vous savez déjà, mais pour débusquer les anomalies et les motifs cachés. Enfin, et c’est peut-être le plus important, abordez cet exercice avec humilité. Confrontez vos interprétations, testez vos hypothèses à petite échelle, et ne laissez jamais votre expérience passée devenir une prison pour votre vision future.

‘J’espère que […] j’ai aiguisé votre curiosité sur ces fameux signaux faibles.’ Commencez dès aujourd’hui. Notez cette petite chose bizarre que vous avez observée, cette conversation qui vous a interpellé. Tirez sur ce fil, sans savoir où il mène. C’est un muscle qui se travaille. En entraînant votre cerveau à capter ces signaux, vous ne serez plus simplement en train de réagir au marché. Vous serez en train de le façonner. Vous prendrez cette fameuse longueur d’avance sur vos concurrents, non pas en courant plus vite, mais en partant plus tôt, dans la bonne direction.

Questions fréquentes sur les signaux faibles

Quelle est la principale différence entre un signal faible et une tendance ?

La différence fondamentale réside dans leur temporalité et leur visibilité. Une tendance est un mouvement de fond déjà établi, visible et souvent quantifiable, que la majorité du marché a identifié. C’est un phénomène actuel. Un signal faible, en revanche, est un indicateur précoce et souvent qualitatif d’un changement futur possible. Il est discret, fragmentaire et ambigu. On peut dire qu’un signal faible est à la tendance ce que le germe est à la plante : il la précède et contient en lui le potentiel de ce qu’elle deviendra. Suivre une tendance, c’est être dans le présent ; détecter un signal faible, c’est se connecter au futur.

‘En fait, c’est l’annonce d’une nouvelle tendance sociétale. Ce sont des éléments de fond, ce sont des codes que l’on décode justement inconsciemment mais qui s’inscrivent dans notre esprit.’

Comment puis-je concrètement commencer à écouter mon intuition pour mon entreprise ?

L’écoute de l’intuition commence par lui faire confiance, surtout dans les phases initiales d’un projet. Lorsque vous lancez un produit et que vous n’avez pas de données clients, votre intuition est votre meilleure ressource pour esquisser un premier portrait de votre client idéal (persona). Prenez le temps de noter, sans jugement, les caractéristiques qui vous viennent spontanément à l’esprit concernant ce client : ses problèmes, ses aspirations, ses frustrations. Vous serez surpris de la pertinence de ce premier jet. C’est le résultat direct du traitement des signaux faibles par votre cerveau. Cet exercice n’est pas une finalité, mais un point de départ bien plus solide que de partir d’une feuille blanche.

‘Tout ça en général, on le sait, on en a une petite idée. On n’est pas sûr, attention, ça reste de l’intuition. […] Il n’empêche que bien souvent on a raison. Et pourquoi est-ce qu’on a raison ? Parce que encore une fois notre cerveau a décodé beaucoup plus d’informations qu’on ne l’a verbalisé.’

L’exemple de Netflix et Blockbuster s’applique-t-il aussi aux petites entreprises ?

Absolument. L’échelle est différente, mais le principe est universel. La disruption digitale ne concerne pas que les géants. Un restaurant local qui ignore le signal faible de la demande croissante pour des options végétaliennes créatives peut se faire rapidement distancer par un nouvel acteur. Un freelance qui ne perçoit pas le changement dans les attentes de ses clients vers plus d’accompagnement stratégique et moins d’exécution pure risque de voir sa valeur perçue diminuer. Avec le digital, les marchés évoluent à une vitesse fulgurante à toutes les échelles. Être à l’écoute des signaux faibles est une question de survie et d’agilité, que vous soyez un solopreneur ou une multinationale.

‘Ça nous concerne quelle que soit la taille de notre marché, la taille de notre activité, la taille de notre entreprise et ça va nous concerner de plus en plus parce que avec le digital, […] les choses vont de plus en plus vite.’

Quel est le plus grand risque en utilisant les signaux faibles dans sa stratégie ?

Le plus grand risque est de miser toute son entreprise sur une mauvaise interprétation. Un signal faible n’est pas une prophétie, c’est une possibilité. Le danger est de le prendre pour une certitude et d’engager toutes ses ressources dans une direction qui s’avère être une impasse. C’est le piège de la surinterprétation ou de l’excès de confiance. On peut devenir le ‘futur Netflix’, mais on peut aussi se tromper complètement. La clé est de ne pas parier la ferme, mais plutôt de se comporter comme un investisseur en capital-risque : allouer une petite partie de ses ressources (temps, budget) pour explorer et tester les pistes ouvertes par les signaux faibles les plus prometteurs.

‘Ne mettez pas tout votre budget sur ce que vous pensez d’un signal faible qui est passé par là parce que peut-être que ça marchera et vous allez devenir le futur Netflix, mais peut-être que ça arrivera pas du tout.’

Qu’est-ce que la théorie du ‘Black Swan’ et pourquoi est-elle importante en marketing ?

La théorie du ‘Black Swan’ (Cygne Noir) décrit un événement qui a trois caractéristiques : il est une surprise totale (rien dans le passé ne laissait présager son arrivée), il a un impact majeur, et après coup, on tente de le rationaliser pour le rendre explicable et prévisible. C’est crucial en marketing car cela nous rappelle les limites de l’expérience. Ce n’est pas parce que votre marché a toujours fonctionné d’une certaine manière qu’il continuera de le faire. Se fier uniquement à son expérience, c’est s’aveugler aux ‘cygnes noirs’ potentiels. La détection des signaux faibles est une des rares protections contre ce phénomène, car elle nous force à considérer des possibilités qui sortent de nos schémas habituels.

‘C’est pas parce que quelque chose s’est toujours passé comme ça, qu’il va continuer à se passer comme ça. […] Il suffit qu’une fois ça ne se passe pas comme ça pour faire écrouler toutes vos croyances.’

Dois-je changer toute ma stratégie marketing dès que je perçois un signal faible ?

Non, surtout pas. Ce serait une réaction excessive et dangereuse. Un signal faible est une invitation à l’exploration, pas à la révolution immédiate. La bonne approche est mesurée. D’abord, validez le signal : est-il corroboré par d’autres sources ? Ensuite, transformez-le en une hypothèse testable. Par exemple, si vous percevez un désir naissant pour plus d’authenticité, ne changez pas tout votre branding. Lancez une petite campagne sur un canal spécifique avec un ton plus direct et transparent, et mesurez les résultats. L’idée est d’intégrer l’exploration des signaux faibles comme une activité de recherche et développement continue, en parallèle de votre stratégie principale.

‘Ça n’est pas parce que vous sentez quelque chose, qu’il faut tout de suite pivoter. En revanche, si vous sentez quelque chose, vous pouvez tester, mettre une part de vos ressources […] mais ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier sur quelque chose qui n’existe pas encore.’


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