Logo de l'épisode #60 : Retail > Comment le luxe s'adapte au digital du podcast Bannouze : Le podcast du marketing digital !

#60 : Retail > Comment le luxe s’adapte au digital

Épisode diffusé le 18 juin 2021 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Le luxe face au miroir du digital : chronique d’une révolution silencieuse

Pendant des décennies, l’industrie du luxe et le monde digital se sont observés avec une certaine méfiance. Le luxe, c’est le tangible, l’exclusif, le sensoriel ; une expérience qui se vit dans des écrins physiques, de véritables temples dédiés à l’art de vivre. Le digital, lui, semblait incarner l’opposé : la masse, l’immatériel, l’instantané. Comment concilier l’inconciliable ? Comment transposer un héritage séculaire et un savoir-faire artisanal dans l’univers éphémère des clics et des écrans ? C’est le défi majeur que les plus grandes maisons ont dû relever. En tant que responsable du développement international mode et luxe pour Tmall, j’ai eu la chance d’être aux premières loges de cette mutation profonde. Une transformation qui, loin de dénaturer l’âme du luxe, lui offre au contraire des territoires d’expression inédits et une proximité renouvelée avec ses clients.

Ce n’est pas une simple transition technologique ; c’est une réinvention culturelle. Il a fallu passer d’une logique de produit à une logique de client, du transactionnel à l’expérientiel. La pandémie mondiale a agi comme un formidable accélérateur, un électrochoc qui a forcé les acteurs les plus réticents à plonger dans le grand bain numérique. Mais la vague était déjà là, puissante, venue notamment de Chine, où le consommateur de luxe, ultra-connecté et avide d’innovation, avait déjà des années d’avance. Ce que je souhaite partager avec vous aujourd’hui, ce n’est pas un simple état des lieux, mais une feuille de route. Nous allons explorer ensemble comment les maisons de luxe naviguent dans cette nouvelle ère, comment elles parviennent à protéger leur précieux capital de marque tout en s’ouvrant au monde, et quelles sont les stratégies concrètes pour transformer ce défi en une opportunité de croissance et de rayonnement sans précédent. Car la question n’est plus de savoir s’il faut y aller, mais comment y aller avec intelligence, audace et élégance.

L’aube digitale du luxe : une histoire de petits pas et de géants endormis

Pour bien comprendre la révolution actuelle, il faut se souvenir d’où nous venons. L’histoire d’amour entre le luxe et le digital n’a pas été un coup de foudre, mais plutôt une cour longue et prudente. Au début des années 2000, lorsque le e-commerce commençait à émerger, l’industrie du luxe a perçu le digital comme un terrain de jeu intéressant, mais secondaire. La priorité absolue, le cœur du réacteur, restait le retail physique. Pourquoi ? Parce que la boutique était bien plus qu’un point de vente. C’était le lieu de l’incarnation de la marque, un espace où l’architecture, le service, les matières et l’accueil créaient une expérience immersive unique, chose que l’on pensait impossible à répliquer en ligne.

‘Pour la plupart des marques, le retail physique est longtemps resté la priorité, je dirais. Donc en fait l’évolution digitale, elle était finalement, elle s’est faite à petit pas.’

Cette approche prudente a donné naissance aux premiers sites marchands, comme ceux d’Hermès et de Gucci au début des années 2000, suivis par Chanel et Louis Vuitton vers 2005. Mais ces plateformes étaient souvent de simples catalogues en ligne, des outils transactionnels qui ne cherchaient pas à engager le client au-delà de l’acte d’achat. Pendant ce temps, les investissements colossaux se concentraient sur l’ouverture de flagships spectaculaires dans les capitales mondiales. Ces ‘véritables temples du luxe’ étaient conçus pour exposer l’intégralité des collections et l’art de vivre des maisons. L’expérience client était pensée pour l’intérieur de ces murs, et très peu pour l’espace digital. Ce n’était pas un refus de la modernité, mais une stratégie délibérée dictée par le ‘rythme de la marque’. Le luxe évolue selon son propre tempo, un temps long qui privilégie la pérennité sur la tendance. Il y avait une crainte légitime de banaliser l’image, de perdre ce voile d’exclusivité en rendant les produits trop accessibles. Le digital était vu comme un canal de masse, potentiellement dangereux pour une industrie bâtie sur la rareté.

Le grand basculement : comment la pandémie a redéfini les règles du jeu

Puis, 2020 est arrivé. La crise sanitaire mondiale a provoqué un séisme d’une ampleur inédite. Du jour au lendemain, ces temples du luxe, sur lesquels reposait toute la stratégie, ont dû fermer leurs portes. Ce qui était auparavant une évolution lente et mesurée est devenu une question de survie. Le digital n’était plus une option, mais une nécessité vitale. Cet événement a agi comme un catalyseur surpuissant, forçant une introspection profonde et un changement de paradigme radical au sein de toute l’industrie.

‘La pandémie qui est arrivée en 2020 sur l’ensemble des différents territoires a vraiment, je pense accéléré une tendance qu’on avait déjà vu depuis quelques années et notamment sur des marchés comme la Chine.’

L’accélération a été fulgurante. Les marques ont dû, en quelques mois, accomplir une transformation qui aurait probablement pris plusieurs années. Mais le changement le plus profond n’a pas été seulement technologique, il a été philosophique. Les maisons de luxe ont compris que le digital ne devait plus être un simple canal de vente transactionnel, mais un véritable lieu d’expérience et de relation client. On a assisté à un basculement vers une approche résolument ‘consumer centric’. Il ne s’agissait plus seulement de lister des produits, mais de créer un dialogue, d’engager les consommateurs, de leur offrir une expérience riche et personnalisée qui prolonge l’esprit de la marque en ligne. C’est à ce moment-là que l’on a réalisé que l’on pouvait utiliser l’outil digital pour renforcer l’expérientiel, et non le diluer. On a vu des initiatives fleurir, comme celle des Galeries Lafayette en France, qui ont utilisé le live shopping pendant le confinement pour maintenir le lien, permettre aux clients de découvrir les collections et d’interagir avec des conseillers de vente. Le digital est devenu le pont qui a permis de maintenir la connexion humaine lorsque le contact physique était impossible.

La Chine, laboratoire du futur du luxe digital

Si la pandémie a été un accélérateur global, elle a surtout mis en lumière l’avance considérable d’un marché en particulier : la Chine. Comprendre la dynamique chinoise, ce n’est pas seulement observer un marché étranger, c’est entrevoir le futur du luxe digital à l’échelle mondiale. Depuis des années, la Chine est le moteur de l’industrie, et cette tendance ne fait que se renforcer.

Portrait du consommateur chinois de luxe : digital, jeune et exigeant

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le consommateur chinois est déjà le premier consommateur de luxe au monde, et d’ici 2025, il représentera près de 50 % des achats globaux. La crise sanitaire a provoqué un phénomène massif de ‘rapatriation’ de la consommation : ne pouvant plus voyager, les Chinois ont acheté sur leur marché domestique, faisant de la Chine continentale le premier marché du luxe mondial. Mais au-delà des chiffres, c’est le profil de ce consommateur qui est fascinant. Il est plus jeune, parfaitement à l’aise avec le mobile qui est le centre de sa vie, et incroyablement sophistiqué dans ses attentes digitales. Il ne cherche pas juste un produit, il cherche une histoire, une innovation, une interaction. Pour lui, la frontière entre le monde physique et le monde digital est totalement poreuse.

Le ‘New Retail’ : bien plus que de l’omnicanal

En Europe ou aux États-Unis, nous parlons beaucoup d’omnicanalité, c’est-à-dire la convergence des canaux de vente. En Chine, ce concept est déjà dépassé. On parle de ‘New Retail’, une philosophie initiée par le groupe Alibaba. Il ne s’agit pas de faire communiquer des canaux, mais de les fusionner complètement en une seule et même expérience, où le online et le offline sont indissociables. Tout est intégré et centré sur le mobile du consommateur. Un client peut essayer un vêtement en boutique, le scanner avec son application, le payer en ligne et se le faire livrer chez lui. Il peut assister à un live shopping depuis son canapé et interagir en temps réel avec un vendeur qui se trouve dans le flagship de Shanghai. Cette intégration est si profonde et si fluide qu’elle redéfinit complètement le parcours client. C’est cette réalité qui explique pourquoi en Chine, certaines marques réalisent déjà près de 50 % de leur chiffre d’affaires sur le digital, un chiffre impensable ailleurs.

‘En Chine, on parle de New Retail où l’intégration entre le online et le offline est beaucoup plus puissante et réelle parce que le marché chinois est un marché mobile.’

Le rôle crucial des plateformes comme Tmall Luxury Pavilion

Face à un écosystème aussi complexe et mature, se lancer seul est un pari risqué. C’est pourquoi les plateformes jouent un rôle clé. Mais pour le luxe, il était hors de question d’être présent sur une marketplace généraliste. Il fallait un environnement qui protège et valorise leur image de marque. C’est la raison d’être de Tmall Luxury Pavilion, que nous avons lancé fin 2017. C’est un espace digital exclusif, dédié aux marques premium et luxe. L’enjeu est de leur permettre d’ouvrir leur propre ‘flagship digital’ tout en gardant un contrôle absolu. Elles maîtrisent leur environnement, leurs prix, leur distribution, leur communication et, surtout, la relation avec leurs clients. C’est une solution qui combine la puissance de l’écosystème d’Alibaba, avec son trafic et sa connaissance client, et l’exigence d’exclusivité propre au luxe.

L’arsenal technologique pour une expérience client réinventée

Cette digitalisation accélérée ne repose pas uniquement sur un changement de stratégie, mais aussi sur l’adoption de nouveaux outils et de nouvelles technologies. L’objectif est toujours le même : placer le consommateur au cœur d’une expérience à 360 degrés, immersive et personnalisée. Ces technologies ne sont pas des gadgets, mais des leviers puissants pour créer de l’engagement et de l’émotion.

Le live shopping, bien au-delà de la vente

Le live shopping est souvent perçu en Occident comme une forme moderne de télé-achat. En Asie, et particulièrement pour le luxe, c’est un outil de communication et de branding extrêmement sophistiqué. Oui, il génère des ventes, mais son premier objectif est de créer du contenu engageant. Une marque peut organiser un live pour présenter les coulisses de ses ateliers, interviewer son directeur artistique, ou proposer une session de stylisme exclusive. On ne vend pas seulement des produits, on vend une expérience, un accès privilégié à l’univers de la marque. C’est un format qui humanise la relation digitale et recrée une forme de conseil personnalisé à grande échelle.

Réalité augmentée et virtuelle : la fin des frontières

Les technologies immersives comme la réalité augmentée (RA) et la réalité virtuelle (RV) sont en train de transformer l’expérience d’achat. La RA permet à un client d’essayer virtuellement une montre à son poignet via la caméra de son smartphone, ou de visualiser un sac à main dans son environnement réel pour en apprécier la taille. La RV peut transporter un client à l’autre bout du monde pour une visite privée du flagship des Champs-Élysées. Ces outils ne remplacent pas l’expérience physique, mais ils la complètent, lèvent des freins à l’achat et rendent le rêve plus accessible. Les technologies holographiques commencent même à apparaître, plaçant le consommateur au centre d’une expérience encore plus spectaculaire.

‘On a aussi des technologies qu’on utilise de plus en plus, la réalité augmentée, la réalité virtuelle, les technologies holographiques qui placent le consommateur vraiment au cœur de la stratégie de digitalisation des marques.’

Le guide pratique : 5 piliers pour réussir sa transformation digitale dans le luxe

Pour une marque de luxe, ou même pour les étudiants qui se destinent à ce secteur, il est essentiel de comprendre que le succès d’un projet digital ne tient pas au hasard. Il repose sur une stratégie claire et l’exécution rigoureuse de plusieurs piliers fondamentaux. Voici les cinq points cardinaux à respecter.

1. Choisir ses plateformes avec un soin extrême

Le premier enjeu, et peut-être le plus critique, est celui du contrôle. Le digital peut être un espace où l’image de marque se dilue rapidement. Il est donc impératif de choisir des plateformes qui vous permettent de maîtriser entièrement votre environnement. Cela inclut le contrôle sur vos contenus, votre politique de prix, votre distribution, votre logistique et votre communication. C’est un choix stratégique majeur. Allez-vous privilégier votre propre site e-commerce, un ‘flagship digital’ sur une plateforme dédiée comme Tmall Luxury Pavilion, ou une autre forme de partenariat ? La réponse déterminera votre capacité à protéger votre ‘brand equity’.

‘Le choix est essentiel et je pense que les marques se doivent de choisir des plateformes qui leur permettent d’entièrement contrôler leur environnement.’

2. S’entourer des bons partenaires

Personne ne peut réussir seul, surtout sur des marchés complexes comme la Chine. Au-delà de la plateforme technologique, vous aurez besoin d’un partenaire opérationnel local. Ce partenaire est crucial : il connaît le marché, les consommateurs, les subtilités culturelles et les rouages de l’écosystème digital local. Il vous aidera à gérer les opérations quotidiennes, le service client, le marketing digital sur les réseaux sociaux locaux. Le choix de ce partenaire est aussi décisif que le choix de la plateforme. Il est le garant de la bonne exécution de votre stratégie sur le terrain.

3. Placer la connaissance client au cœur de sa stratégie

On ne peut pas engager une audience que l’on ne connaît pas. Avant de vous lancer, vous devez avoir une connaissance intime de vos consommateurs cibles. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs attentes ? Leurs habitudes de consommation digitale ? Le digital offre des outils d’analyse de données extraordinairement puissants pour affiner cette connaissance en temps réel. Une stratégie d’audience clairement définie est le prérequis indispensable pour ne pas se perdre dans un marché ultra-compétitif. Vous devez savoir précisément à qui vous parlez pour pouvoir adapter votre message et vos offres.

4. Créer un contenu qui élève la marque

Dans le luxe, le contenu est roi. Mais pas n’importe quel contenu. Il doit être qualitatif, engageant, varié et immersif. C’est ce qui fera la différence entre une expérience en ligne banale et une expérience mémorable. Il faut massivement investir dans la vidéo, un format plébiscité par les jeunes générations, qu’il s’agisse des Millennials ou de la Gen Z. Ces contenus doivent raconter une histoire, mettre en lumière le savoir-faire, la créativité, l’héritage. L’objectif n’est pas seulement d’informer, mais de faire rêver et de créer une connexion émotionnelle forte.

5. Ne jamais oublier son ADN : l’innovation au service de l’héritage

Enfin, le point le plus important. Au milieu de cette course à l’innovation, une marque de luxe ne doit jamais oublier qui elle est. Les outils digitaux sont des moyens, pas une fin en soi. Ils doivent être au service des valeurs, de l’héritage et du savoir-faire de la maison. C’est cet équilibre subtil entre la célébration de son histoire et la projection dans le futur qui crée la désirabilité. Il faut utiliser la technologie pour amplifier son récit unique, pas pour le remplacer. C’est en restant fidèle à son ADN que la marque pourra se distinguer et ne pas se perdre ‘dans la masse’.

Conclusion : L’élégance d’une nouvelle ère

La transformation digitale du luxe est bien plus qu’une simple adaptation technique. C’est une renaissance. Nous avons vu que ce qui semblait être une menace – la dématérialisation et l’accessibilité – s’est révélé être une opportunité extraordinaire de réinventer la relation client. Les maisons de luxe ont appris à manier les codes du digital non pas pour se banaliser, mais pour enrichir leur histoire, pour créer des expériences plus intimes, plus personnalisées et plus immersives que jamais.

De la prudence des débuts à l’accélération fulgurante de ces dernières années, le chemin parcouru est immense. Le marché chinois, par son avance et sa maturité, nous a montré la voie vers une fusion totale entre le monde physique et le monde digital. Le ‘New Retail’ n’est plus une vision futuriste, c’est une réalité tangible qui inspire désormais les stratégies globales. La clé du succès réside dans un équilibre délicat : adopter les innovations les plus pointues tout en protégeant farouchement son héritage, et choisir ses terrains de jeu digitaux avec la même exigence que pour l’emplacement d’un flagship. Pour les marques qui sauront naviguer cette nouvelle ère avec audace et authenticité, l’avenir n’a jamais été aussi prometteur. Le digital n’a pas tué le rêve du luxe ; il lui a donné de nouvelles ailes pour le faire voyager plus loin.


Questions fréquentes sur le luxe et sa transformation digitale

Pourquoi les marques de luxe ont-elles mis si longtemps à adopter le digital ?

Les marques de luxe ont adopté le digital avec prudence principalement pour protéger leur capital de marque (brand equity). Leur stratégie initiale était centrée sur l’expérience en magasin, dans des boutiques physiques considérées comme des ‘temples’ où l’exclusivité, le service personnalisé et l’environnement contrôlé étaient primordiaux. Le digital, perçu comme un canal de masse, représentait un risque de banalisation et de perte de contrôle sur l’image et la distribution. L’évolution s’est donc faite à un rythme lent et maîtrisé, privilégiant la pérennité de la marque sur l’adoption de chaque nouvelle tendance.

‘Le retail physique est longtemps resté la priorité, je dirais. Donc en fait l’évolution digitale, elle s’est faite à petit pas. […] Les points de vente physiques finalement étaient je dirais primordial pour les marques et les marques se sont concentrés sur l’expérience client d’ailleurs à l’intérieur de ces points de vente.’

Quelle est la plus grande différence entre l’omnicanal en Europe et le ‘New Retail’ en Chine ?

La principale différence réside dans le niveau d’intégration. L’omnicanal en Europe vise à créer des ponts entre les canaux online et offline (ex: click-and-collect). Le ‘New Retail’ en Chine, un concept popularisé par Alibaba, représente une fusion complète et transparente de ces deux mondes, où la frontière n’existe plus. Cette intégration est rendue possible par l’omniprésence du mobile dans le parcours d’achat. Le consommateur chinois utilise son smartphone pour tout : découvrir, essayer virtuellement, payer en magasin, interagir, et se faire livrer, créant une expérience client unique et totalement fluide.

‘En Chine, on parle de New Retail où l’intégration entre le online et le offline est beaucoup plus puissante et réelle parce que le marché chinois est un marché mobile et donc du coup le consommateur est habitué à faire des transactions via mobile.’

Le live shopping ne risque-t-il pas de dévaloriser une marque de luxe ?

Non, si l’approche est stratégique et qualitative. Pour les marques de luxe, le live shopping n’est pas un simple outil de vente directe, mais un puissant levier de communication et de branding. Plutôt que de se focaliser sur la promotion agressive de produits, il est utilisé pour offrir des expériences exclusives : une visite des ateliers, une rencontre avec un designer, ou une masterclass sur le savoir-faire. Il s’agit de créer du contenu engageant qui raconte l’histoire de la marque et renforce son univers, transformant la vente en une conséquence naturelle d’une expérience client réussie.

‘Le live shopping qu’on voit ici en Europe, c’est vrai que c’est plutôt lié à une tendance de la recherche du chiffre d’affaires. […] En Chine, on ne vend pas que des produits. On peut aussi vendre si je peux me permettre des expériences.’

Comment une marque de luxe peut-elle se lancer sur le digital sans perdre le contrôle de son image ?

La clé est le contrôle absolu de son environnement. Cela commence par un choix stratégique des plateformes de distribution. Une marque doit privilégier des espaces où elle peut maîtriser entièrement sa présentation, ses prix, sa communication et la data client. Des solutions comme son propre site e-commerce ou des environnements dédiés comme Tmall Luxury Pavilion sont conçues pour cela. Ensuite, la protection de l’image passe par la création de contenu de très haute qualité qui met en avant le savoir-faire, l’héritage et les valeurs, assurant que l’expérience en ligne soit aussi premium que l’expérience en boutique.

‘Je pense que les marques se doivent de choisir des plateformes qui leur permettent d’entièrement contrôler leur environnement. Que ce soit d’ailleurs leur contenu, leur distribution, leur prix, leur logistique, leur communication.’

Quel est le profil type du consommateur de luxe chinois aujourd’hui ?

Le consommateur de luxe chinois est aujourd’hui le plus important au monde. Il est en moyenne plus jeune que ses homologues occidentaux (Millennials et Gen Z), hyper-connecté et ‘mobile-first’. La pandémie a accéléré un phénomène de ‘rapatriation’ de la consommation, qui se fait désormais majoritairement en Chine. Ce consommateur est très sophistiqué, avide d’innovations et recherche des expériences d’achat fluides et intégrées entre le online et le offline (‘New Retail’). Il est très sensible au storytelling de marque, au contenu vidéo et aux interactions digitales engageantes.

‘Le consommateur chinois c’est déjà le premier consommateur de luxe au monde et en 2025, il représentera 50 % des achats globaux totaux de l’industrie du luxe. […] avec la pandémie, tout s’est inversé puisque les consommateurs ne pouvant plus voyager, ont consommé en Chine directement.’

Quels sont les trois conseils clés pour une marque de luxe qui veut réussir sa digitalisation ?

Les trois piliers d’une digitalisation réussie sont : premièrement, connaître parfaitement ses consommateurs et l’écosystème digital dans lequel on souhaite opérer, ce qui inclut le choix crucial des plateformes. Deuxièmement, s’entourer des bons partenaires, notamment un partenaire opérationnel sur des marchés complexes comme la Chine, qui sera décisif pour le succès du projet. Troisièmement, produire un contenu de marque qualitatif, varié et engageant (notamment vidéo) qui met en valeur l’héritage et le savoir-faire, tout en étant adapté aux attentes des nouvelles générations.

‘D’abord connaître les écosystèmes. […] Ensuite, je dirais connaître vos consommateurs. […] Et enfin un dernier point, le contenu. J’ai beaucoup parlé du contenu de marque qui est déployé et je pense que c’est valide pour l’ensemble des territoires.’


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