Logo de l'épisode #85 Vidéo en programmatique : comment cela fonctionne ? Les réponses sur bannouze le podcast du marketing et de la com' digital du podcast Bannouze : Le podcast du marketing digital !

#85 Vidéo en programmatique : comment cela fonctionne ? Les réponses sur bannouze le podcast du marketing et de la com’ digital

Épisode diffusé le 15 mai 2023 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Vidéo en programmatique : Le guide complet pour maîtriser le format publicitaire dominant

Le sifflement d’une notification, le défilement infini d’un fil d’actualité, le lancement d’un épisode de votre série préférée… La vidéo est partout. Elle a cessé d’être un simple format pour devenir le langage principal de notre ère digitale. Pour les professionnels du marketing et de la communication, cette omniprésence est à la fois une opportunité extraordinaire et un défi de taille. Comment capter l’attention dans ce flux incessant ? Comment s’assurer que notre message n’est pas simplement vu, mais réellement regardé, compris et mémorisé ? La réponse se trouve au carrefour de la technologie et de la créativité : dans l’univers de la vidéo en programmatique. C’est un monde qui peut sembler complexe, voire intimidant, avec son jargon technique et ses mécanismes opaques. Pourtant, le maîtriser n’est plus une option, c’est une nécessité.

Dans cet entretien, Laurent Huben de Bannouze reçoit Augustin Decré, Directeur Régional Europe du Sud, Moyen-Orient et Afrique chez Index Exchange, un acteur majeur de l’écosystème publicitaire. Ensemble, nous allons démystifier ce sujet. Nous n’allons pas seulement survoler les concepts ; nous allons plonger dans la salle des machines pour comprendre comment se met en place une campagne, quelles sont les règles du jeu et, surtout, comment mesurer ce qui compte vraiment. Comme le souligne Augustin, la vidéo publicitaire a connu une croissance fulgurante, mais nous ne sommes qu’au début de l’histoire. L’arrivée en force de la Télévision Connectée (CTV) ouvre un nouveau chapitre passionnant, redessinant les frontières entre la publicité télévisuelle traditionnelle et la précision du ciblage digital. Préparez-vous à un voyage au cœur de la publicité de demain, où la data rencontre l’émotion et où chaque impression raconte une histoire.

Panorama du marché de la vidéo digitale : un tsunami imparable

Pour saisir l’importance stratégique de la vidéo en programmatique, il faut d’abord prendre la mesure de sa domination sur le marché publicitaire. Loin d’être une simple tendance, la vidéo est devenue l’épine dorsale de l’écosystème digital. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et dessinent une trajectoire de croissance qui ne montre aucun signe de ralentissement. C’est un changement fondamental dans la manière dont les marques communiquent et dont les consommateurs interagissent avec les contenus.

La vidéo […] a connu une très forte croissance encore en 2022, à peu près 10 % de croissance. C’est aujourd’hui autour de 820 millions de dollars par an sur le marché français et ça représente pour parler du programmatique, 61 % du spend, donc des investissements programmatiques.

La domination incontestée du programmatique

Le chiffre de 61% est absolument fondamental. Il signifie que la majorité des investissements publicitaires automatisés ne concerne plus les bannières statiques, mais bien le format vidéo. Cette bascule a des implications profondes. Elle indique que les annonceurs ont pleinement intégré la capacité de la vidéo à engager, à raconter des histoires et à construire une notoriété de marque à grande échelle, tout en bénéficiant de la précision et de l’efficacité de l’achat programmatique. La vidéo n’est plus seulement un format de ‘branding’ réservé aux grandes campagnes télévisuelles ; elle est devenue un outil de communication complet, capable de répondre à tous les objectifs du tunnel de conversion, de la notoriété (awareness) à l’action. Cette prépondérance s’explique par la supériorité intrinsèque du format : il combine le son, l’image et le mouvement pour créer un impact émotionnel et mémoriel bien plus fort qu’une image fixe.

Mobile first : le moteur de la croissance vidéo

Si l’on zoome sur la répartition de ces investissements, une autre tendance claire émerge : la primauté du mobile. Avec 45% des dépenses vidéo sur mobile contre seulement 16% sur le desktop, le smartphone s’impose comme le premier écran publicitaire. Ce n’est pas une surprise, mais une confirmation de l’évolution de nos usages. Nous consommons du contenu en mobilité, dans les transports, dans des files d’attente, sur notre canapé. Les plateformes sociales comme TikTok, Instagram Reels ou YouTube Shorts ont éduqué une génération entière à une consommation de vidéos courtes, verticales et immersives. Pour les annonceurs, cela implique une adaptation constante des créations publicitaires. Il faut penser ‘vertical first’, savoir capter l’attention en moins de trois secondes, et souvent composer avec une lecture sans le son par défaut. C’est un défi créatif permanent, mais aussi une opportunité de toucher les consommateurs dans leur contexte quotidien avec une pertinence inégalée.

La révolution silencieuse de la CTV (Télévision Connectée)

La croissance actuelle, bien qu’impressionnante, n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend. Le véritable game-changer, le prochain vecteur d’accélération massive, c’est la Télévision Connectée ou CTV. Il est crucial de bien définir ce terme. Comme le rappelle Augustin, la CTV englobe un large éventail d’appareils :

Grosso modo, si on prend la définition, c’est toutes les télévisions qui sont connectées. Et dans ce panel de solutions, il y a bien sûr les Smart TV […] Il y a les consoles de jeux […] Il y a aussi les solutions de streaming […] Et les derniers bah c’est l’IPTV qu’on connaît en France.

L’ensemble de ces technologies équipe déjà 76% des foyers français. Le potentiel est donc colossal. Pendant longtemps, des barrières réglementaires ont freiné son développement en France, mais leur levée à l’été 2020 a ouvert les vannes. Il est désormais possible d’appliquer à l’écran de télévision la finesse du ciblage et de la segmentation qui ont fait le succès du web. C’est la promesse de réconcilier le meilleur des deux mondes : la puissance et l’impact du grand écran avec l’intelligence et la mesurabilité du digital.

Maintenant que nous avons planté le décor d’un marché en pleine ébullition, tiré par le mobile et aux portes de la révolution CTV, une question se pose : comment un annonceur peut-il concrètement se lancer ? Plongeons dans les coulisses techniques du setup d’une campagne de vidéo en programmatique pour comprendre les rouages de cette puissante machine.

Dans la salle des machines : comment mettre en place une campagne vidéo programmatique

Aborder le fonctionnement de la vidéo en programmatique peut sembler complexe, mais le principe de base reste étonnamment familier pour quiconque a déjà touché au marketing digital. Le génie de cet écosystème est d’avoir su adapter une mécanique éprouvée à la richesse et aux spécificités du format vidéo. L’objectif est toujours le même : faire se rencontrer, en quelques millisecondes, un annonceur cherchant une audience précise et un média disposant d’un espace publicitaire pertinent.

En programmatique, c’est à peu près la même mécanique que pour de la bänner. Il y a d’un côté, il y a l’annonceur et de l’autre côté, il y a le média avec au milieu, on est en temps réel. donc il y a une limite de temps, ce qu’on appelle le timeout qui est essentiel dans cette équation.

Le triptyque fondamental : annonceur, média et temps réel

Détaillons ce processus qui se joue des milliards de fois par jour. D’un côté, nous avons l’annonceur. Via sa plateforme d’achat (DSP – Demand-Side Platform), il définit sa stratégie : qui veut-il toucher (sa cible démographique, comportementale, contextuelle), quel message veut-il diffuser (le format de sa vidéo : pre-roll, mid-roll, in-stream, out-stream), et à quel prix est-il prêt à acheter cette exposition (son enchère, souvent exprimée en CPM – Coût Pour Mille impressions). De l’autre côté, nous avons le média (l’éditeur de site web, l’application mobile, le service de streaming). Il utilise une plateforme de vente (SSP – Supply-Side Platform), comme Index Exchange, pour mettre ses espaces publicitaires à disposition du marché. Lorsqu’un internaute arrive sur une page, le SSP envoie un signal, une ‘bid request’, à de multiples DSP. C’est le point de départ de l’enchère en temps réel (RTB – Real-Time Bidding). Chaque DSP analyse la ‘bid request’ pour voir si l’audience correspond aux critères de ses annonceurs. Si c’est le cas, elle propose une enchère. La plus élevée remporte l’impression, et la publicité vidéo est diffusée. Tout ce processus, de la ‘bid request’ à l’affichage de la pub, doit se dérouler en moins de 200 millisecondes, le fameux ‘timeout’, pour ne pas dégrader l’expérience utilisateur.

Les spécificités de la CTV : le ‘village gaulois’ français

Si la mécanique générale est similaire, l’appliquer à la Télévision Connectée (CTV) introduit des défis uniques, particulièrement en France. Le marché français est souvent décrit comme un ‘village gaulois’, résistant à une standardisation rapide. La première spécificité est technique. Alors que le web et le mobile s’appuient sur un protocole commun et mature (OpenRTB), le monde de la CTV en est encore à ses balbutiements. Chaque fabricant de Smart TV, chaque opérateur a ses propres standards, ce qui complexifie les intégrations et ralentit l’adoption à grande échelle d’un système d’enchères totalement ouvert. La deuxième particularité, et non des moindres, réside dans la nature même de l’audience.

On est au niveau du foyer […] là où sur internet, on est au niveau du device, au niveau de la personne. Donc voilà, il y a des particularités qui font qu’il y a quand même des différences.

Cette distinction entre le foyer (identifié par une adresse IP) et l’individu (identifié par un cookie ou un ID mobile) est fondamentale. Elle pose des questions complexes en matière de ciblage et de mesure : qui, dans la famille, regarde réellement la télévision à cet instant précis ? Enfin, le marché français se caractérise par un certain ‘conservatisme’. Les grandes chaînes de télévision, qui sont des acteurs clés de la CTV, ont une culture de vente directe. Elles privilégient encore les ‘deals’ négociés en gré à gré (appelés PMP – Private Marketplace Deals ou PG – Programmatic Guaranteed) plutôt que de mettre leur inventaire premium dans des enchères ouvertes. Il s’agit de préserver la valeur de leurs espaces et de garder le contrôle, ce qui crée un écosystème hybride, plus lent à s’ouvrir complètement.

Une campagne bien configurée techniquement est une première étape essentielle. Mais comment savoir si elle est réellement efficace ? Comment juger de sa performance ? C’est là qu’intervient le choix des bonnes métriques, un domaine où la vidéo a profondément redéfini les règles du jeu, nous éloignant de la simple tyrannie du clic.

Au-delà du clic : quelles métriques pour mesurer le succès de la vidéo ?

L’un des plus grands pièges du marketing digital a été de vouloir appliquer à tous les formats les mêmes indicateurs de performance, avec le taux de clic (CTR) comme juge de paix suprême. Or, la vidéo, par sa nature immersive et narrative, répond à des objectifs bien plus larges que la simple génération de trafic immédiat. La juger uniquement sur sa capacité à faire cliquer serait comme juger un film sur le nombre de spectateurs qui se lèvent pendant la séance. Il faut adopter une grille de lecture plus riche, plus nuancée, qui évalue l’impact réel sur la perception de la marque et l’engagement de l’audience.

Les fondamentaux : répétition et taux de complétion

Avant même de parler de KPIs digitaux, Augustin nous rappelle une vérité fondamentale du marketing, souvent oubliée à l’ère de la performance : le modèle AIDA (Attention, Intérêt, Désir, Action). Une action ne peut survenir sans les étapes qui la précèdent. La publicité vidéo est un formidable outil pour travailler les premières phases de ce tunnel. Son premier rôle est de construire la notoriété, et cela passe par la répétition. Il faut que la marque et son message soient vus plusieurs fois pour s’ancrer dans l’esprit du consommateur. Une fois ce principe de base accepté, on peut se tourner vers des métriques spécifiques à la vidéo. La plus importante est sans doute le taux de complétion (ou VCR – Video Completion Rate).

On veut garantir à l’annonceur qu’il y a un minimum de la vidéo qui va être vue. Donc il y a des taux de ce qu’on appelle le complétion, on va garantir que la vidéo est vue à 70 % X % pour que effectivement le message passe.

Cet indicateur mesure quel pourcentage de spectateurs a regardé la vidéo jusqu’à un certain point (25%, 50%, 75%, 100%). C’est un KPI bien plus qualitatif que le nombre de vues. Il indique si le contenu était suffisamment captivant pour retenir l’audience. Un taux de complétion élevé est le signe d’une création réussie et d’un ciblage pertinent.

Le débat sur le taux de clic et les métriques d’engagement

Le taux de clic n’est pas pour autant à jeter, mais il doit être remis à sa place. Pour une campagne de branding, il est souvent un mauvais indicateur. Un clic peut même être contre-productif, interrompant une histoire que la marque essaie de raconter. Il faut donc le compléter, voire le remplacer, par des métriques d’engagement plus subtiles. Est-ce que l’utilisateur a mis le son ? Est-ce qu’il a mis la vidéo en pause pour la regarder plus tard ? L’a-t-il partagée ? Ou au contraire, l’a-t-il ‘skippée’ dès que possible ? Chacune de ces actions est un signal précieux sur la réception du message publicitaire, bien plus riche d’enseignements qu’un simple clic.

La métrique d’avenir : mesurer l’attention véritable

Allant encore plus loin, un nouveau paradigme émerge : celui de l’attention. C’est le Graal de la mesure publicitaire. L’idée est simple : une vidéo peut être ‘vue’ par le navigateur (l’impression est comptabilisée) et même être complétée à 100%, sans pour autant avoir été réellement regardée par l’utilisateur. L’attention cherche à mesurer le ‘mental clic’, le fait que le cerveau ait réellement enregistré l’information.

Tu peux avoir des vidéos qui sont qui ont des taux de complétion très importants […] mais qui sont parce que elles sont petites, parce qu’elles sont imposées, elles sont sticky, elles sont dans un coin. elles ont un très beau taux de complétion mais tu as peu d’attention parce que bah elles sont soit trop petites soit elles sont imposées.

Comment mesurer cette attention ? Les méthodes évoluent. La plus classique reste les études post-campagne (brand lift studies) avec des panels d’utilisateurs exposés et non-exposés pour mesurer l’impact sur la mémorisation ou l’intention d’achat. Mais de nouvelles technologies permettent d’estimer l’attention en temps réel en analysant des signaux comme la taille du player vidéo à l’écran, le fait que la fenêtre soit active, ou les mouvements de la souris. Cette métrique est révolutionnaire car elle réaligne les intérêts de tout l’écosystème : l’annonceur paie pour une attention réelle, l’éditeur est incité à proposer des emplacements qualitatifs, et l’utilisateur bénéficie d’une expérience publicitaire moins intrusive et plus pertinente.

Cette évolution des métriques n’est pas qu’une question technique. Elle reflète un changement plus profond dans notre rapport à la publicité, une quête renouvelée pour la créativité et la pertinence, loin de la simple course à la performance brute qui a parfois déshumanisé la communication digitale.

Vers un nouvel âge d’or ? la publicité vidéo à la croisée de la performance et de la créativité

Il fut un temps, pas si lointain, où la publicité était un rendez-vous attendu, un spectacle créatif. Des émissions comme ‘Culture Pub’ ou des événements comme la ‘Nuit des Publivores’ célébraient l’audace, l’humour et l’art des publicitaires. Puis, le digital est arrivé, avec sa promesse de mesure et de performance. Dans cette course à l’optimisation, la créativité a parfois été reléguée au second plan, sacrifiée sur l’autel de la standardisation et du taux de clic. La vidéo en programmatique, bien utilisée, a le potentiel de nous faire renouer avec cet âge d’or, en combinant le meilleur des deux mondes.

Le paradoxe du digital : standardisation vs. narration

Le marketing à la performance, s’il a apporté une efficacité indéniable, a aussi favorisé une certaine uniformisation des formats. L’objectif était de maximiser l’efficacité à grande échelle, ce qui a souvent conduit à des créations interchangeables, conçues pour fonctionner dans des cadres rigides. Or, la publicité ne peut se résumer à un simple déclencheur d’action. C’est aussi un vecteur d’émotion, de culture, de construction de marque sur le long terme. C’est précisément là que la vidéo change la donne. Elle offre une toile plus grande, plus riche, pour raconter des histoires, pour surprendre, pour émouvoir. Elle permet de sortir du cadre rigide de la bannière pour créer des expériences mémorables.

La vidéo, une symétrie parfaite avec les contenus d’aujourd’hui

L’une des forces de la publicité vidéo est sa capacité à s’intégrer harmonieusement aux nouveaux modes de consommation de contenu. L’internaute est désormais habitué à des formats courts, dynamiques et immersifs. La publicité peut adopter ces mêmes codes pour être moins perçue comme une interruption et plus comme un contenu à part entière.

Dans l’expérience utilisateur, on est habitué à consommer des vidéos courtes et la pub a une chance extraordinaire, c’est qu’elle est capable de se mettre en symétrie par rapport au contenu rédactionnel. J’ai un contenu vidéo sur un réseau social de 10 secondes, je peux avoir une pub de 10 secondes et raconter une histoire équivalente.

Cette symétrie crée une expérience plus fluide et augmente l’acceptation de la publicité. L’utilisateur est dans un état d’esprit de consommation vidéo ; recevoir une publicité vidéo pertinente dans ce contexte est beaucoup plus naturel qu’une bannière intrusive qui viendrait casser le rythme.

Ciblage et sérendipité : la promesse d’une publicité pertinente et inspirante

Enfin, la puissance de la vidéo est démultipliée par l’intelligence du programmatique. Le fait de pouvoir cibler la publicité avec une grande précision est un élément clé. Une publicité créative et bien produite, si elle est montrée à la mauvaise audience, est un effort vain. À l’inverse, une publicité qui répond à un intérêt, à un besoin, ou même qui surprend agréablement en faisant découvrir un nouveau produit, est perçue comme un service. C’est la magie de la ‘sérendipité’ assistée par la data : utiliser la technologie non pas pour harceler, mais pour inspirer. La vidéo, par sa richesse, est le support idéal pour créer ces moments de découverte et recréer un lien positif entre les marques et leur public.

Conclusion : L’aube d’une nouvelle ère publicitaire

Au terme de cet échange avec Augustin Decré, le constat est clair : la vidéo en programmatique n’est pas simplement une évolution, c’est une véritable refondation du paysage publicitaire. Nous avons vu sa domination écrasante sur le marché, propulsée par l’usage mobile et l’arrivée imminente de la révolution CTV. Nous avons décortiqué sa mécanique interne, qui allie la puissance des enchères en temps réel à la complexité des nouveaux environnements comme la télévision. Plus important encore, nous avons compris que son succès ne se mesure plus à l’aune du clic, mais à travers des indicateurs bien plus pertinents comme le taux de complétion et, surtout, l’attention. C’est cette quête d’attention réelle qui pousse toute l’industrie à se réinventer, à privilégier la qualité sur la quantité et à replacer l’expérience utilisateur au centre de ses préoccupations. La vidéo en programmatique offre aux marques une opportunité unique de renouer avec une publicité plus narrative, plus créative et plus respectueuse, capable de construire une véritable connexion émotionnelle avec les consommateurs. Le défi est immense, mais la promesse est à la hauteur : celle d’une publicité qui n’est plus subie, mais choisie, appréciée, et peut-être même, un jour, de nouveau aimée.


Questions fréquentes sur la vidéo en programmatique

Quelle est la part de la vidéo dans les investissements publicitaires programmatiques en France ?

La vidéo est devenue le format prédominant dans l’écosystème publicitaire programmatique en France. Elle représente aujourd’hui une part majoritaire des dépenses, témoignant d’un basculement stratégique des annonceurs vers ce format plus engageant. Cette croissance est soutenue par l’évolution des usages, notamment sur mobile. La vidéo n’est plus une option mais le cœur de la stratégie publicitaire digitale pour de nombreuses marques qui cherchent à capter l’attention et à construire leur notoriété.

Ça représente pour parler du programmatique, 61 % du spend, donc des investissements programmatiques. Donc c’est maintenant c’est plus du enfin c’est c’est c’est c’est a dépassé les 50 %.

Comment fonctionne concrètement une campagne de vidéo en programmatique ?

Le processus est similaire à celui d’une bannière publicitaire et repose sur des enchères en temps réel (RTB). D’un côté, un annonceur définit sa cible et son budget via une plateforme d’achat (DSP). De l’autre, un média met à disposition son inventaire vidéo via une plateforme de vente (SSP). Lorsqu’un utilisateur correspondant à la cible de l’annonceur visite le média, une enchère est déclenchée. L’annonceur qui enchérit le plus remporte l’espace et sa publicité vidéo est diffusée, le tout en quelques millisecondes.

En programmatique, c’est à peu près la même mécanique que pour de la bänner. Il y a d’un côté, il y a l’annonceur […] et de l’autre côté, il y a un média […] Dès qu’une personne arrive sur ce site, le SSP va identifier bah cette personne […] et il va envoyer ce qu’on appelle une bid request.

Qu’est-ce que la CTV et pourquoi est-elle importante pour l’avenir de la publicité ?

La CTV, ou Connected TV (Télévision Connectée), désigne l’ensemble des télévisions connectées à internet. Cela inclut les Smart TV, les consoles de jeux (PlayStation, Xbox), les boîtiers de streaming (Apple TV, Chromecast) et les box des opérateurs internet (IPTV). Son importance est capitale car elle fusionne la puissance de l’écran de télévision traditionnel avec la précision du ciblage digital. Avec 76% des foyers français déjà équipés, la CTV représente le prochain grand levier de croissance de la publicité vidéo, permettant de toucher une audience de masse avec une pertinence publicitaire inédite.

Grosso modo, si on prend la définition, c’est toutes les télévisions qui sont connectées. […] Et tout ça ça représente 76 % des foyers. Donc si on prend la définition cette définition, 76 % des foyers français sont connectés. Donc on est vraiment au début de l’histoire.

Quelles sont les métriques les plus importantes à suivre pour une campagne vidéo, au-delà du taux de clic ?

Le taux de clic est un indicateur peu pertinent pour les campagnes vidéo, dont l’objectif est souvent la notoriété plutôt que l’action immédiate. Les métriques clés à privilégier sont le taux de complétion (le pourcentage de la vidéo qui a été réellement vue), qui mesure l’engagement du spectateur avec le contenu. D’autres indicateurs d’interaction sont précieux : le partage, la mise en pause, ou l’activation du son. Enfin, la métrique d’avenir est l’attention, qui cherche à mesurer si l’utilisateur a véritablement regardé la publicité et non pas seulement été exposé à celle-ci.

Il y a des KPI qui sont spécifiques à la vidéo. On aime, on est dans une le digital apporte de la performance quand même. Donc il y a ce qu’on appelle le taux de complétion. […] Il y a les KPI qui existaient déjà dans notre industrie qui sont pas à mon avis qui sont pas le bon KPI, le bon métrique, c’est le taux de clic.

Qu’est-ce que le ‘taux de complétion’ en publicité vidéo ?

Le taux de complétion, ou VCR (Video Completion Rate), est un indicateur de performance fondamental pour la publicité vidéo. Il mesure le pourcentage de spectateurs qui ont visionné une vidéo publicitaire jusqu’à un certain seuil (par exemple, 25%, 50%, 75% ou 100%). Un taux de complétion élevé signifie que la création publicitaire était suffisamment intéressante et le ciblage assez pertinent pour que l’audience reste engagée et ne passe pas la publicité. C’est une métrique bien plus qualitative que le simple nombre de vues, car elle garantit que le message de la marque a eu une chance d’être transmis.

On veut garantir à l’annonceur qu’il y a un minimum de la vidéo qui va être vue. Donc il y a des taux de ce qu’on appelle le complétion, on va garantir que la vidéo est vue à 70 % X % pour que effectivement le message passe.

Pourquoi la mesure de ‘l’attention’ devient-elle un KPI essentiel pour la vidéo ?

La mesure de l’attention devient essentielle car elle répond à une limite des métriques traditionnelles : une publicité peut être ‘visible’ à l’écran et même visionnée jusqu’au bout sans avoir capté l’attention réelle de l’utilisateur. L’attention vise à quantifier le ‘mental clic’, c’est-à-dire l’engagement cognitif de la personne avec la publicité. Une vidéo de petite taille dans un coin de l’écran peut avoir un excellent taux de complétion mais une attention quasi nulle. En se concentrant sur l’attention, les annonceurs s’assurent que leur investissement génère un impact mémoriel réel, ce qui est le véritable objectif d’une campagne de branding.

C’est l’attention. […] C’est pas parce que j’ai pas cliqué que j’ai pas retenu la publicité et c’est pas parce que j’ai pas cliqué que ça m’intéresse pas. […] Et l’attention c’est ça.

Le marché français de la CTV est-il différent des autres pays ?

Oui, le marché français de la Télévision Connectée (CTV) présente des spécificités qui le distinguent, le qualifiant de ‘village gaulois’. Contrairement à des marchés plus matures comme les États-Unis, il est marqué par un certain conservatisme de la part des grands acteurs audiovisuels. Ces derniers privilégient encore les accords directs et les ‘deals’ programmatiques garantis plutôt que de s’ouvrir complètement aux enchères ouvertes. De plus, la fragmentation technique et l’absence de protocoles standardisés pour la CTV ralentissent une adoption massive et fluide, créant un écosystème unique et en pleine construction.

Le marché français, vraiment c’est vraiment un le village Gaulois de de la CTV dans le monde. […] Il y a il y a une sorte de conservatisme qui est qui est là sur la partie CTV. On passe beaucoup aujourd’hui par des deals des des PG programmatique garanti ou du one to one et cetera.

La publicité vidéo peut-elle redevenir aussi créative qu’à la télévision ?

Absolument, et c’est même l’une de ses plus grandes promesses. Après une phase de standardisation due au marketing à la performance, la vidéo en programmatique offre les outils pour un renouveau créatif. Elle permet de raconter des histoires, de susciter des émotions et de créer des expériences de marque mémorables. Sa capacité à s’adapter aux formats natifs des plateformes (vidéos courtes, verticales) et à cibler des audiences avec une grande précision démultiplie l’impact d’une bonne création. L’enjeu est de combiner l’intelligence de la data avec l’audace créative pour proposer des publicités pertinentes et inspirantes.

Je pense qu’effectivement avec les vidéos, on a plus de temps, on a plus d’interaction avec l’internaute, on peut raconter une histoire et on a tendance à ça. […] La pub a une chance extraordinaire, c’est qu’elle est capable de se mettre en symétrie par rapport au contenu rédactionnel.


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