Product Market Fit : Le guide pour transformer une idée en succès commercial
L’aventure entrepreneuriale est souvent dépeinte comme une épopée héroïque, une succession d’idées de génie et de pivots audacieux. Pourtant, la réalité est bien plus pragmatique. Derrière chaque succès fulgurant se cache une vérité fondamentale, un alignement quasi parfait entre une offre et une demande. C’est ce que nous appelons le Product Market Fit. Beaucoup d’entrepreneurs, animés par la passion, se lancent tête baissée dans le développement et la promotion, persuadés de détenir la solution miracle. Ils investissent du temps, de l’énergie et des ressources considérables, pour finalement se heurter à un mur de silence : le marché ne répond pas. Le produit, aussi brillant soit-il sur le papier, ne trouve pas preneur. Pourquoi ? Parce qu’ils ont sauté l’étape la plus cruciale. Ils ont construit une solution avant de valider l’existence même du problème qu’elle prétend résoudre.
Ce concept de Product Market Fit peut sembler abstrait, un jargon de plus dans l’écosystème startup. Mais il est en réalité le socle de toute croissance saine et durable. C’est le point de bascule où l’on cesse de pousser son produit sur le marché pour que ce soit le marché qui se mette à le réclamer. C’est le moment où tous les signaux passent au vert, indiquant qu’il est temps d’appuyer sur l’accélérateur. Comme je l’expliquais lors de mon échange avec Laurent dans le podcast Bannouze, notre définition chez Spag est très orientée action :
‘Le Product Market Fit, c’est plutôt d’essayer de d’être sûr que le qu’on a le bon produit, que le produit a trouvé son marché et surtout qu’en fait, au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert pour commencer des vrais tests.’
Cet article est un guide pratique pour vous aider à naviguer dans cette quête essentielle. Nous allons décomposer ensemble les étapes, les méthodes et l’état d’esprit nécessaires pour trouver, valider et consolider votre Product Market Fit. Oubliez les suppositions et les intuitions. Préparez-vous à écouter, tester et apprendre pour construire une entreprise qui répond véritablement aux attentes de ses clients.
Qu’est-ce que le Product Market Fit ? Dépasser le buzzword pour en faire votre meilleur allié
Le terme ‘Product Market Fit’ (PMF) est sur toutes les lèvres, mais sa signification profonde est souvent survolée. Il ne s’agit pas simplement de réaliser quelques ventes initiales. Vendre un produit à son cercle d’amis ou à quelques premiers curieux ne signifie pas que vous avez trouvé votre marché. Le véritable PMF est un état de grâce où votre produit ne se contente pas de répondre à un besoin, il devient la solution évidente et désirée pour une audience clairement identifiée. C’est la certitude que votre offre est si pertinente qu’elle génère une traction organique, une fidélité naturelle et un bouche-à-oreille positif. C’est le signal que votre moteur est non seulement puissant, mais qu’il est aussi parfaitement adapté à la route sur laquelle vous vous engagez. Sans cet alignement, toute tentative d’accélération marketing revient à mettre le pied au plancher avec un moteur qui tousse dans une voiture sans roues. Vous brûlerez beaucoup de carburant pour très peu de résultats.
Le PMF est intimement lié au marketing digital, il en est même le prérequis absolu. Trop d’entreprises se ruent sur des campagnes publicitaires coûteuses en pensant que la visibilité va créer la demande. C’est une erreur fondamentale. Le marketing digital est un amplificateur. Il ne peut pas rendre désirable un produit qui ne l’est pas fondamentalement. Si votre produit ne convainc pas, dépenser des milliers d’euros sur Google Ads ou Facebook Ads ne fera qu’amplifier son inadéquation avec le marché. Vous toucherez plus de monde, mais ce monde ne sera toujours pas intéressé. C’est pourquoi je considère que le PMF est le ‘feu vert’ ultime.
‘…qu’on a trouvé son marché, sa cible, son audience, qu’il y a un intérêt, que le produit a été adoubé, validé voilà.’
Ce n’est qu’une fois cet adoubement obtenu que chaque euro investi en marketing aura un retour sur investissement potentiellement exponentiel. Le PMF, c’est s’assurer que la fusée est bien construite et pointée dans la bonne direction avant d’allumer les propulseurs.
Les signes révélateurs d’un Product Market Fit atteint
Comment sait-on que l’on a atteint ce fameux graal ? Ce n’est pas toujours un événement unique et spectaculaire, mais plutôt une convergence de signaux positifs. Le premier indicateur est souvent une demande qui dépasse vos efforts de vente. Les clients viennent à vous sans que vous ayez à les démarcher agressivement. Le cycle de vente se raccourcit. Les témoignages positifs affluent sans que vous ayez à les solliciter. Un autre signe majeur est la rétention : les clients restent et, mieux encore, ils rachètent ou augmentent leur usage de votre service. Ils deviennent des ambassadeurs, recommandant votre produit à leur entourage. Si vous deviez arrêter toute action marketing demain, votre activité continuerait-elle de croître, même modestement ? Si la réponse est oui, vous êtes sur la bonne voie. Enfin, un test simple mais efficace est le ‘test de la déception’. Demandez à vos utilisateurs à quel point ils seraient déçus si votre produit n’existait plus. Si une part significative (généralement plus de 40%) répond ‘très déçu’, vous tenez quelque chose de solide. C’est la preuve que votre produit n’est pas un simple ‘nice-to-have’, mais qu’il est devenu indispensable pour une partie de votre audience.
La validation pré-lancement : construire sur des fondations solides
L’erreur la plus commune est de passer des mois, voire des années, à développer un produit en secret, dans l’espoir de surprendre le monde avec une idée de génie. C’est un pari extrêmement risqué. La phase qui précède le lancement officiel est sans doute la plus importante pour jeter les bases d’un futur Product Market Fit. C’est le moment de l’exploration, de l’écoute et de la co-construction. Avant d’écrire une seule ligne de code ou de lancer une production, votre mission est de devenir un expert non pas de votre solution, mais du problème que vous cherchez à résoudre et des gens qui y sont confrontés.
Cette étape commence bien sûr par une analyse de marché. Mais il faut aller au-delà du simple business plan. Il ne s’agit pas de remplir des cases, mais de comprendre la dynamique concurrentielle.
‘C’est quand même de regarder un peu le marché dans lequel on évolue, est-ce qu’il y a déjà des produits similaires, pas similaires ? Est-ce qu’on est dans ce fameux océan bleu ou océan rouge ?’
Une analyse approfondie peut révéler des opportunités inattendues. Parfois, le marché est saturé, mais les acteurs en place sont peu matures digitalement, lents à innover, ou négligent une niche spécifique. Votre opportunité se trouve peut-être là, dans leur angle mort. C’est une analyse de maturité concurrentielle : qui sont-ils, comment communiquent-ils, quelles sont leurs faiblesses perçues par leurs propres clients ? Cette investigation initiale vous permet de définir un positionnement unique et pertinent avant même d’avoir un produit.
Le mythe de l’idée volée : pourquoi vous devez parler de votre projet
Une peur paralyse de nombreux entrepreneurs : ‘si je parle de mon idée, on va me la voler’. C’est l’un des plus grands mythes de l’entrepreneuriat. Je suis catégorique à ce sujet : une idée, seule, ne vaut rien. Des milliers de personnes ont probablement eu la même idée que vous. Ce qui fait la différence, c’est l’exécution, la capacité à transformer cette idée en un produit que les gens aiment et à le distribuer efficacement.
‘Si l’idée de génie, quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée. Donc en fait, c’est il faut que si c’est un très bon produit, il faut qu’il soit développé puis il faut qu’il soit faut qu’il y ait du faire savoir sur ce produit.’
Garder votre idée secrète vous prive de l’atout le plus précieux : le feedback précoce. En parler à votre cible potentielle n’est pas un risque, c’est une nécessité. C’est l’occasion de co-construire votre produit avec ceux qui sont censés l’utiliser. Allez sur LinkedIn, contactez des experts du domaine, des futurs utilisateurs potentiels. Proposez-leur un café (virtuel ou réel) pour discuter de leurs problèmes, de leurs frustrations, de leurs outils actuels. Vous n’êtes pas là pour vendre, mais pour apprendre. Cette démarche de co-construction est la meilleure assurance contre le risque de construire un produit inutile.
L’exemple de Mymetics : prototyper, tester, affiner
L’histoire de Mymetics, le jeu de société que j’ai co-créé, illustre parfaitement ce processus. L’idée de base était un jeu de mime sur les expressions françaises. Entre nous, ça semblait génial, mais est-ce que ça allait vraiment plaire ? Plutôt que de nous lancer dans la production, nous avons passé près de trois ans à tester un prototype rudimentaire.
‘on en avait fait un peu des prototypes mais sans se lancer dans un prototype énorme sur des petits papiers, on a fait jouer des gens mais pendant 3 ans avant de se lancer vraiment jusqu’à ce que tout le monde, tout le monde nous dise vraiment c’est trop bien…’
Ces sessions de jeu étaient des mines d’or d’informations. Nous avons observé les réactions, les moments de rire, mais aussi les points de friction. Nous nous sommes par exemple rendu compte d’un ‘pain point’ majeur : les joueurs mimaient toujours les mêmes expressions. Cette observation nous a conduits à une évolution clé du produit : créer des cartes avec des expressions imposées pour varier le jeu. Au moment du lancement, le produit n’était plus simplement notre idée, mais le résultat de dizaines d’itérations basées sur des retours réels. Nous avions déjà une forme de Product Market Fit avant même d’avoir vendu la première boîte.
L’écoute post-lancement : le dialogue continu comme moteur d’amélioration
Une fois le produit lancé, le travail ne fait que commencer. Le marché vous envoie en permanence des signaux, des données précieuses sur ce qui fonctionne, ce qui déplaît, et sur les usages que vous n’aviez peut-être pas anticipés. Ignorer ces signaux, c’est naviguer à l’aveugle. La phase post-lancement est une boucle de feedback continue où chaque interaction client est une opportunité d’affiner votre produit et votre stratégie. Il est crucial de sortir de derrière son écran. Le digital est un outil formidable, mais rien ne remplace le contact direct avec ceux qui utilisent et paient pour votre produit.
Pour Mymetics, par exemple, le contact physique a été déterminant.
‘on a fait beaucoup de marchés de Noël, de de foires de pour être face au clients, jouer, leur montrer, est-ce que qu’est-ce qu’ils comprenaient, comprenaient pas ? Qu’est-ce qu’il est déclenchait l’achat, voilà, tout ça fait des nous aide à avoir des arguments marketing.’
En observant les gens jouer, en écoutant leurs questions, en voyant leurs yeux s’illuminer (ou non), nous avons récolté des arguments marketing bien plus puissants que tout ce que nous aurions pu imaginer dans une salle de réunion. C’est durant ces échanges que nous avons découvert une cible que nous n’avions absolument pas prévue. Nous pensions viser les jeunes de notre âge pour les soirées entre amis. En réalité, notre cœur de cible s’est révélé être tout autre.
‘…on s’est rendu compte pour Mymetics que finalement, c’était pas les gens de notre entourage spécifiquement qui achetait le plus, mais des mamans de 50 ans et plus qui achetaient parce qu’elles voulaient créer de l’unité dans leur famille.’
Cette découverte a tout changé. Elle nous a obligés à adapter notre communication, nos canaux de distribution et même à réfléchir à de futures évolutions du jeu. C’est un exemple parfait de la nécessité de confronter ses hypothèses à la réalité du marché.
L’entrepreneur face au miroir : la lutte contre les biais cognitifs
Cette confrontation avec la réalité est souvent difficile. L’un des plus grands obstacles au Product Market Fit n’est pas technique ou marketing, il est psychologique. C’est le monde des biais cognitifs. En tant que créateur, on tombe amoureux de son produit. On est persuadé de sa supériorité, on se voile la face sur ses défauts. Ce que Laurent soulignait est une vérité profonde :
‘c’est quand même le monde du biais cognitif en fait, cette ce sujet parce que en en tant qu’entrepreneur, souvent on a on se voile un peu la face. son produit, c’est le meilleur avant même de d’avoir questionné ses clients.’
Ce biais de confirmation nous pousse à ne retenir que les retours positifs et à ignorer les critiques. On se met à ‘parler à la place de son client’, en imaginant des besoins qui n’existent pas, ce qui mène à développer des fonctionnalités inutiles et chronophages. Le remède est simple en théorie, mais exigeant en pratique : l’humilité. Il faut accepter que l’on ne sait pas, et que la vérité se trouve chez les clients. Accepter de voir son ‘bébé’ critiqué, accepter que sa cible rêvée n’est pas la bonne, c’est douloureux. Certains entrepreneurs préfèrent rester dans leur tunnel de certitudes plutôt que de se confronter à une réalité qui les obligerait à tout changer. C’est pourtant la seule voie vers un succès durable.
Interpréter les retours : l’art de la nuance
Écouter ses clients est une chose, savoir interpréter leurs retours en est une autre. Il faut se méfier des extrêmes. Un client furieux qui trouve votre produit ‘vraiment nul’ ne représente pas forcément l’ensemble de votre base client. Il est important de relativiser et de regarder la représentativité statistique.
‘c’est pas parce qu’il y a un client qui dit que c’est vraiment nul qu’il est représentatif. Il y a un peu aussi ce sujet de la représentativité…’
Un seul retour négatif, même virulent, ne doit pas déclencher un changement de stratégie radical. À l’inverse, il ne faut pas non plus se reposer sur ses lauriers face à une vague d’avis 5 étoiles. Parfois, ces avis proviennent des premiers utilisateurs, les ‘early adopters’, qui sont par nature plus indulgents et enthousiastes. Le vrai test viendra avec le marché de masse. L’objectif est de croiser les données quantitatives (le volume d’avis, les notes, les taux de rétention) et qualitatives (le contenu des avis, les verbatims des entretiens). En mixant ces deux approches, on obtient une vision bien plus juste et nuancée de la perception de son produit, ce qui permet de prendre des décisions éclairées plutôt que de réagir à chaud au dernier commentaire reçu.
Le ‘Test and Learn’ : la méthodologie pour une croissance pilotée par la donnée
Une fois les premières bases posées, comment continuer à optimiser et à scaler ? La réponse réside dans une approche structurée et itérative : la méthodologie ‘Test and Learn’. Ce n’est pas simplement ‘essayer des trucs pour voir ce qui marche’. C’est une discipline rigoureuse qui vise à transformer chaque action marketing en une expérience scientifique, dont on peut tirer des conclusions fiables pour l’avenir. Le principe est d’arrêter de se baser sur des intuitions (‘je pense que cette pub va marcher’) et de commencer à se baser sur des preuves (‘les données montrent que cette audience réagit mieux à ce message’). Cette approche est particulièrement puissante dans l’univers digital, où tout est mesurable.
Le plus grand piège du testing est de le faire de manière superficielle. J’entends souvent des entrepreneurs dire :
‘Non mais ça j’ai essayé, ça marche pas.’ Oui il faut essayer dans des bonnes conditions.
Un test valable requiert de la méthode. Il faut qu’il soit significatif, c’est-à-dire qu’il porte sur un volume suffisant de données pour que les résultats ne soient pas le fruit du hasard. Il faut aussi que les conditions soient comparables. On ne peut pas comparer les résultats d’une campagne menée en août avec une autre menée en décembre pendant les fêtes. La clé est de documenter sa démarche : quel est mon hypothèse ? Quelle variable je teste ? Sur quelle période ? Avec quel budget ? Quels sont mes indicateurs de succès ? Cette rigueur, qui peut sembler fastidieuse, est ce qui différencie le tâtonnement de l’apprentissage véritable.
Au-delà de l’A/B test : le testing multi-axes
La méthode ‘Test and Learn’ va plus loin que le simple A/B testing, qui consiste généralement à comparer deux versions d’un même élément (par exemple, deux objets d’email). Nous adoptons une approche multi-axes, ou multi-dimensionnelle. Il s’agit de tester simultanément plusieurs variables pour comprendre les interactions entre elles.
‘le principe du Test and Learn, c’est du multi-axe, on va tester des audiences, des cibles… Face à ses cibles, les bénéfices… les axes marketing… Et puis suite à ça, est-ce qu’il y a des formats publicitaires qui marchent mieux ?’
Par exemple, pour un même produit, nous allons tester : 1) différentes cibles (ex: les femmes de 35 ans vs les femmes de 50 ans), 2) différents messages (ex: un axe sur la praticité vs un axe sur le luxe), et 3) différents formats (ex: une vidéo vs un carrousel d’images). L’analyse croisée de ces tests nous permet de découvrir des combinaisons gagnantes. Peut-être que la vidéo fonctionne très bien sur la cible jeune avec le message ‘praticité’, tandis que le carrousel est plus performant sur la cible plus âgée avec le message ‘luxe’. C’est une exploration beaucoup plus riche qu’un simple A/B test et elle permet de construire une compréhension fine des mécanismes de son marché.
La ‘Fake Brand’ : tester une idée avant de la développer
L’une des applications les plus puissantes du ‘Test and Learn’ est la possibilité de valider l’appétence pour un produit avant même qu’il n’existe. C’est une technique que nous utilisons beaucoup, notamment avec les départements innovation de grands groupes. Le principe est de créer une ‘fausse marque’ ou ‘fake brand’.
‘on peut faire une fausse marque. avec une landing page. qui explique le futur produit qui est pas encore créé. Des publicités avec différentes couleurs, pub, messages et cetera auprès de cette cible.’
Nous créons une page web qui présente le produit comme s’il était sur le point de sortir. Nous lançons ensuite des campagnes publicitaires ciblées pour attirer du trafic sur cette page. L’objectif est de mesurer l’intérêt réel : combien de personnes cliquent ? Combien laissent leur email pour être prévenus du lancement ? On peut même intégrer un questionnaire pour approfondir : ‘Seriez-vous intéressé par ce produit ? Pour quelles raisons ? Quel prix seriez-vous prêt à payer ?’. Cette méthode fournit des données business inestimables à un coût dérisoire par rapport au développement d’un produit complet. Elle permet de savoir à quel coût on peut acquérir un client potentiel (CPA) et d’estimer la taille du marché intéressé, des informations cruciales pour construire un business plan réaliste. C’est le moyen ultime de confronter une idée à la réalité du marché, sans risque industriel.
Conclusion : Le Product Market Fit, un voyage, pas une destination
La quête du Product Market Fit n’est pas une case à cocher une bonne fois pour toutes. C’est un processus dynamique, une danse permanente avec son marché. Les besoins des clients évoluent, de nouveaux concurrents apparaissent, les technologies changent. Ce qui fonctionnait il y a deux ans peut ne plus être pertinent aujourd’hui. L’état d’esprit ‘Test and Learn’ n’est donc pas une simple phase de lancement, mais une culture d’entreprise à part entière. La plus grande erreur serait de considérer le PMF comme acquis et d’arrêter d’écouter, de questionner et d’itérer.
Au fil de cet article, nous avons vu que le chemin vers le Product Market Fit repose sur des piliers fondamentaux : une écoute humble et active de ses clients, une lutte consciente contre ses propres biais, et une méthodologie de test rigoureuse. De la co-création avant le lancement à l’analyse fine des retours post-lancement, chaque étape est une occasion d’apprendre et de s’assurer que l’on construit quelque chose que les gens désirent vraiment. C’est un travail exigeant, parfois inconfortable, car il nous force à confronter nos rêves à la réalité. Mais c’est la seule voie possible pour bâtir une entreprise solide, résiliente et promise à une croissance durable.
Alors, je vous lance un défi. Dès aujourd’hui, prenez votre téléphone et appelez cinq de vos clients. Pas pour leur vendre quelque chose, mais pour les écouter. Demandez-leur sincèrement pourquoi ils vous ont choisi, ce que votre produit a changé pour eux, et ce qui les frustre. Documentez chaque test, même le plus petit. Soyez obsédé par la compréhension de votre marché. C’est ce voyage, cette quête incessante d’alignement, qui transformera votre idée prometteuse en un succès incontestable.
Questions fréquentes sur le Product Market Fit (FAQ)
1. Qu’est-ce que le Product Market Fit, en termes simples ?
Le Product Market Fit (PMF) est le moment où vous avez la preuve que votre produit ou service répond parfaitement aux besoins d’un marché bien défini. Concrètement, cela signifie que vous avez créé une solution que les clients non seulement veulent, mais qu’ils sont prêts à payer, à utiliser régulièrement et à recommander. C’est l’alignement parfait entre votre offre, votre cible et le problème que vous résolvez. Atteindre le PMF est le signal que vous pouvez commencer à investir sereinement dans la croissance et le marketing à grande échelle, car vous savez que votre ‘moteur’ est efficace.
‘ma définition ou notre définition chez Spack du product Market Fit, c’est plutôt d’essayer de d’être sûr que le qu’on a le bon produit, que le produit a trouvé son marché et surtout qu’en fait, au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert.’
2. Comment savoir si on a vraiment atteint son Product Market Fit ?
Le Product Market Fit n’est pas un diplôme qu’on obtient, mais plutôt une convergence de signaux positifs. Les indicateurs clés sont une croissance organique (des clients viennent à vous sans effort marketing intense), un cycle de vente qui se raccourcit, un taux de rétention élevé (les clients restent et rachètent), et un bouche-à-oreille naturel. Un excellent test consiste à demander à vos utilisateurs à quel point ils seraient déçus si votre produit disparaissait. Si plus de 40% répondent ‘très déçu’, c’est un signe très fort que vous avez trouvé votre PMF.
‘…qu’on a trouvé son marché, sa cible, son audience, qu’il y a un intérêt, que le produit a été adoubé, validé voilà.’
3. Quelles sont les premières étapes pour valider une idée avant de se lancer ?
Avant même de créer votre produit, la validation est cruciale. Commencez par une étude de marché pour comprendre la concurrence, non pas pour copier mais pour identifier les faiblesses et les opportunités. Ensuite, et c’est le plus important, parlez aux gens. Contactez votre cible potentielle sur des plateformes comme LinkedIn et demandez-leur de vous parler de leurs problèmes, pas de votre solution. Créez un prototype simple (même sur papier) et faites-le tester. L’objectif est de co-construire la solution avec vos futurs utilisateurs pour vous assurer qu’elle répond à un besoin réel.
‘De la même manière qu’il y a des beta testers pour les logiciels, on peut très bien faire des beta testers pour tout.’
4. Pourquoi est-il si difficile pour un entrepreneur d’écouter les critiques sur son produit ?
C’est un phénomène très humain lié aux biais cognitifs. Un entrepreneur est passionné par son projet, c’est son ‘bébé’. Il a tendance à souffrir du biais de confirmation, c’est-à-dire qu’il va inconsciemment chercher et survaloriser les informations qui confirment sa vision, tout en minimisant ou ignorant les critiques. Il y a aussi une peur de la confrontation à la réalité : admettre que le produit n’est pas parfait ou que la cible n’est pas la bonne peut être douloureux et remettre en question des mois de travail. C’est pourquoi il faut une discipline consciente pour accepter que la vérité se trouve chez le client, et non dans ses propres convictions.
‘en tant qu’entrepreneur, souvent on a on se voile un peu la face. son produit, c’est le meilleur avant même de d’avoir questionné ses clients.’
5. La méthode ‘Test and Learn’ est-elle applicable pour une petite entreprise avec peu de budget ?
Absolument. La méthode ‘Test and Learn’ n’est pas une question de budget, mais d’état d’esprit. Une petite entreprise peut tout à fait l’appliquer à son échelle. Par exemple, au lieu de lancer 10 campagnes publicitaires, elle peut en lancer deux avec des messages différents et un petit budget pour voir laquelle performe le mieux. En SEO, elle peut tester différents types de titres d’articles. Sur les réseaux sociaux, différents visuels. La clé n’est pas le montant dépensé, mais la rigueur : documenter l’hypothèse, la méthode, les résultats, et en tirer des leçons pour le test suivant. C’est accessible à tous.
‘Ce qu’il faut faire attention dans les petits projets, souvent nous ce qu’on voit, c’est que les gens ont l’impression d’avoir testé. Et en fait pas correctement.’
6. Comment gérer les avis clients négatifs sans se démotiver ?
Il est essentiel de ne pas prendre chaque avis négatif personnellement et de garder du recul. La première chose à faire est d’évaluer la représentativité. Un seul client mécontent sur mille n’indique pas un problème fondamental. Cependant, chaque avis est une opportunité. Répondez au client, essayez de comprendre la source de sa frustration. Parfois, un avis négatif peut mettre en lumière un vrai défaut ou un point d’amélioration. Il faut apprendre à faire la part des choses : ne pas surréagir à un cas isolé, mais être très attentif si plusieurs retours négatifs convergent vers le même problème.
‘faut pas non plus prendre tous les avis négatifs comme voilà, c’est pas parce qu’il y a un client qui dit que c’est vraiment nul qu’il est représentatif.’
7. Peut-on vraiment tester un marché sans avoir de produit fini ?
Oui, et c’est même fortement recommandé pour économiser du temps et de l’argent. Une technique efficace est celle de la ‘fausse marque’. Vous créez une landing page professionnelle qui décrit votre produit comme s’il existait. Vous y présentez ses bénéfices, son prix, etc. Ensuite, vous investissez un petit budget publicitaire pour y attirer votre cible. L’indicateur de succès est le nombre de personnes qui laissent leur email pour être informées du lancement. Cela mesure l’intérêt réel et vous donne une première estimation du coût d’acquisition client, le tout avant d’avoir investi massivement dans le développement.
‘on peut faire une fausse marque. avec une landing page. qui explique le futur produit qui est pas encore créé… et on regarde si elle alors c’est très clair sur la landing page en disant que c’est un produit qui va être développé…’
8. Faut-il avoir peur de se faire voler son idée si on en parle trop tôt ?
C’est une crainte très répandue mais largement infondée. Une idée en soi n’a que très peu de valeur. Ce qui crée le succès, c’est l’exécution : la qualité du développement, la stratégie marketing, le service client, la capacité à construire une marque… Les bénéfices que vous tirerez en parlant de votre idée à des clients potentiels pour la co-construire et l’améliorer sont infiniment supérieurs au risque, très faible, que quelqu’un la ‘vole’ et l’exécute mieux que vous. Le secret ne protège pas, il isole et mène souvent à construire un produit déconnecté du marché.
‘Ouais ça je suis pas du tout d’accord… ce qui compte c’est la c’est la c’est la l’exécution après coup. Enfin, tout le monde l’a toujours dit mais si l’idée de génie, quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée.’




