Parler en public : et si tout n’était qu’une histoire de respiration ?
La scène est plantée : une conférence sur l’avenir de la publicité en ligne. À ma gauche, un représentant de Google. À ma droite, une représentante de Facebook. Et au milieu, moi. Le genre de situation qui pourrait facilement faire monter la pression, n’est-ce pas ? Pourtant, une fois l’événement terminé, une réflexion s’est imposée à moi. Alors que pour moi, cet exercice était presque naturel, voire agréable, je sais que pour beaucoup, prendre la parole en public est une véritable épreuve. Que ce soit sur une scène, face à ses collègues, ou même seul derrière le micro d’un podcast, cette situation peut générer un stress immense, une peur de sonner faux, de perdre ses mots. On se sent exposé, jugé, et on joue parfois gros : un contrat, sa réputation, la confiance de son équipe.
Depuis que j’ai lancé Le Podcast du Marketing, cette question de la diction et de l’aisance à l’oral revient sans cesse. On me demande mes ‘secrets’, mes ‘trucs’. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a pas de magie. Il n’y a pas de don inné réservé à une élite. En y réfléchissant bien, je suis arrivée à une conclusion surprenante, presque trop simple : tout est, en grande partie, une histoire de respiration. Bien sûr, il y a d’autres éléments, d’autres techniques, mais la gestion du souffle est la pierre angulaire sur laquelle tout le reste se construit. C’est elle qui calme le stress, elle qui donne du rythme à nos phrases, elle qui porte notre voix et nos émotions.
Alors, avant que vous ne pensiez que je suis une experte certifiée en art oratoire, laissez-moi poser un disclaimer :
‘je ne suis pas une professionnelle de la voix hein, le podcast effectivement est rentré dans mon activité professionnelle mais je n’ai aucune formation spécifique sur la voix ou ni même sur le son pour tout vous dire, je suis assez nulle en musique.’
Ce que je vous propose ici, ce n’est pas un cours théorique, mais le fruit de centaines d’heures d’enregistrement, d’essais, d’erreurs et de quelques prises de conscience. Ce sont mes trucs à moi, des astuces concrètes et applicables immédiatement, que vous prépariez votre premier épisode de podcast ou la présentation la plus importante de votre carrière. Ensemble, nous allons explorer comment préparer son corps et sa voix, comment transformer le stress en allié, et comment jouer avec la musique des mots pour non seulement être entendu, mais surtout, être écouté.
L’échauffement : la fondation indispensable d’une prise de parole réussie
Imaginez un athlète de haut niveau sprintant sur 100 mètres sans le moindre échauffement. Le risque de claquage est immense, la performance sera médiocre. Pour la voix, c’est exactement la même chose. Beaucoup trop de gens négligent cette étape cruciale, considérant que parler est un acte si naturel qu’il ne nécessite aucune préparation. C’est une erreur fondamentale. Votre voix est un instrument complexe, actionné par des muscles précis, les cordes vocales. Les solliciter à froid, c’est prendre le risque de dérailler, d’avoir une voix qui se casse, qui manque de puissance ou de clarté. C’est la garantie de démarrer votre intervention sur une note d’incertitude.
‘En fait, la voix c’est rien de moins qu’un instrument avant hein, clairement, vous avez de l’air qui passe dans vos cordes vocales et si ces cordes ne sont pas chauffées, si vous parlez comme ça d’un coup, et bien il y a de bonnes chances que votre voix ben déraille un petit peu.’
La préparation vocale n’est pas réservée aux chanteurs d’opéra ou aux comédiens. C’est une discipline d’hygiène professionnelle pour quiconque utilise sa voix comme un outil de travail. Cet échauffement remplit deux fonctions vitales : il prépare l’instrument (les cordes vocales) et il prépare les articulateurs (lèvres, langue, mâchoire). C’est un rituel qui, au-delà de ses bienfaits physiques, vous met en condition mentale, vous centre et vous prépare à entrer en scène avec confiance.
Les vocalises et virelangues : votre gamme avant le concert
La première étape de cet échauffement consiste à réveiller en douceur vos cordes vocales. Nul besoin de se lancer dans des arias complexes. Pensez simplement à vos cours de musique au collège. Des exercices simples comme faire des ‘brrrr’ avec les lèvres (le ‘lip roll’ ou ‘trille labial’) sont incroyablement efficaces. Cet exercice détend les lèvres et la mâchoire tout en engageant le soutien respiratoire, sans forcer sur les cordes vocales. Vous pouvez ensuite enchaîner avec des gammes simples sur des ‘mmm’ ou des ‘ou’, en partant d’une note confortable et en montant et descendant doucement. L’objectif n’est pas la perfection musicale, mais de sentir la vibration, d’étirer délicatement les cordes vocales et de les préparer à l’effort.
Ensuite, vient le travail des articulateurs. C’est là que les virelangues entrent en jeu. Ces phrases conçues pour être difficiles à prononcer sont un entraînement redoutable pour les muscles de la bouche.
‘Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archi sèches.’
L’idée n’est pas tant de réussir à les dire parfaitement du premier coup, mais de forcer vos lèvres et votre langue à effectuer des mouvements amples et précis. En répétant ces phrases, vous gagnez en agilité et en clarté d’élocution. Vous préparez votre bouche à articuler distinctement chaque syllabe, ce qui est essentiel pour être compris de votre auditoire, surtout si vous avez tendance à parler vite sous l’effet du stress.
L’hydratation : le carburant silencieux de votre voix
Le deuxième pilier de la préparation est l’hydratation. Des cordes vocales bien hydratées sont des cordes vocales souples, élastiques et performantes. La déshydratation, même légère, peut les rendre rêches et entraîner une fatigue vocale prématurée. C’est pourquoi vous me verrez souvent avec une tasse de thé à la main. Ce n’est pas seulement pour le plaisir, c’est une stratégie. Boire une boisson chaude, comme du thé ou une tisane (sans trop de caféine, qui peut être asséchante), a un double avantage. D’une part, cela hydrate directement les tissus de la gorge. D’autre part, la chaleur a un effet relaxant sur les muscles du larynx et aide à maintenir les cordes vocales ‘au chaud’, prêtes à vibrer de manière optimale.
‘Boire de l’eau et à fortiori de l’eau chaude, et bien ça va permettre d’hydrater les cordes vocales et de les garder au chaud et donc ça va vous aider à conserver votre voix.’
Pensez-y comme à l’huile que l’on met dans un moteur. Sans elle, les pièces frottent, s’usent et le moteur finit par casser. Pour votre voix, l’eau est ce lubrifiant essentiel. Prenez l’habitude de boire régulièrement de l’eau tout au long de la journée avant une prise de parole, et gardez un verre ou une tasse à portée de main pendant votre intervention. Une petite gorgée peut faire des merveilles pour éclaircir votre voix et apaiser une gorge sèche.
Une fois votre instrument physique préparé, chauffé et hydraté, il est temps de s’attaquer à l’autre grand défi, celui qui se joue non pas dans votre gorge, mais dans votre tête : la gestion du trac.
Dompter le stress : transformer la peur en énergie positive
Le stress avant une prise de parole est une réaction humaine et, osons le dire, parfaitement normale. Que vous soyez débutant ou conférencier aguerri, cette petite montée d’adrénaline est souvent inévitable. Elle signale simplement que l’événement a de l’importance pour vous. Le problème n’est pas le stress en lui-même, mais ce qu’il peut faire à votre voix et à votre discours.
‘Le problème avec le stress, c’est que ça peut influer sur votre voix. En fait, qu’est-ce que c’est le stress ? C’est rien de moins qu’une émotion et l’émotion, elle vient parfois se canaliser sur la gorge, ce qui fait que vous allez avoir peut-être la gorge un peu serrée, vous n’allez pas trouver vos mots ou en tout cas qui vont sonner un petit peu tremblotant, chevrotant.’
Cette sensation de ‘gorge nouée’ est une réalité physiologique. Le stress active notre système de ‘combat ou fuite’, tendant nos muscles, y compris ceux du larynx, et rendant notre respiration courte et superficielle. Le résultat ? Une voix aiguë, faible, qui manque de conviction. L’enjeu n’est donc pas d’éliminer le stress, ce qui est impossible, mais d’apprendre à le canaliser, à le transformer en une énergie qui servira votre propos au lieu de le saboter. Et pour cela, il existe des outils d’une simplicité désarmante.
La respiration ventrale : votre ancre anti-panique
Face au tourbillon du stress, votre souffle est votre ancre la plus fiable. Mais pas n’importe quel souffle. La respiration thoracique, courte et rapide, que nous adoptons en situation de panique ne fait qu’amplifier le phénomène. La clé est de basculer vers une respiration abdominale, ou diaphragmatique. C’est une technique que j’ai apprise dans un contexte totalement différent, celui de la plongée sous-marine, un moment où la gestion du stress est littéralement vitale. Mon moniteur m’avait simplement dit :
‘Estelle, respire par le ventre.’
Ce conseil, je vous le transmets aujourd’hui, car son efficacité est redoutable. Avant de monter sur scène, avant d’appuyer sur ‘enregistrer’, isolez-vous quelques instants. Posez une main sur votre ventre. Inspirez lentement et profondément par le nez, en sentant votre ventre se gonfler comme un ballon. Marquez une courte pause, puis expirez très lentement par la bouche, en sentant votre ventre se dégonfler. Concentrez-vous uniquement sur cette sensation. Je ne saurais expliquer le mécanisme exact, neurologique ou physiologique, mais je peux vous l’assurer :
‘de vous concentrer sur votre respiration par le ventre lente comme ça, régulière, et bien ça fait immédiatement descendre votre niveau de stress.’
Répétez cet exercice 5 à 10 fois. Il envoie un signal puissant à votre système nerveux : ‘tout va bien, je suis en sécurité’. Votre rythme cardiaque ralentit, vos muscles se détendent, et votre esprit s’éclaircit. C’est l’outil le plus puissant et le plus discret à votre disposition.
Le plongeon : l’action comme antidote ultime au stress
Vous avez respiré, vous vous sentez plus calme, mais le trac persiste ? C’est normal. Il reste la peur de l’inconnu, l’appréhension du premier mot, du premier regard. Dans ces moments-là, la meilleure stratégie est paradoxalement la plus simple : y aller. Se lancer. L’attente est souvent pire que l’action elle-même. C’est dans ces quelques secondes ou minutes avant de commencer que notre cerveau a tout le loisir d’imaginer les pires scénarios. Une fois que vous êtes dans l’action, votre esprit n’a plus le temps pour ces angoisses. Il est entièrement mobilisé par la tâche à accomplir : parler, délivrer votre message, interagir avec votre public.
‘Le stress disparaît après quelques secondes sur scène. (…) En général, vous n’avez pas besoin de plus de 5 secondes pour que votre stress disparaisse. Parce que pourquoi est-ce qu’on est stressé ? On est stressé par l’inconnu. (…) Une fois que vous y êtes, une fois que vous êtes dedans, ben c’est plus l’inconnu d’une part et puis surtout, vous êtes totalement concentré sur ce que vous êtes en train de faire.’
C’est une expérience que tous les orateurs connaissent. Les premiers mots sont parfois un peu hésitants, mais très vite, le flow s’installe. La machine est lancée, et le stress de l’anticipation se transforme en énergie de performance. N’attendez pas de vous sentir ‘prêt’ à 100%. Acceptez cette part de trac, respirez un grand coup, et faites le premier pas. Le reste suivra.
Maintenant que vous êtes prêt physiquement et mentalement, il est temps de nous pencher sur le cœur de l’art oratoire : la manière de délivrer votre message pour qu’il soit non seulement entendu, mais qu’il captive et résonne.
La musicalité de la voix : l’art de captiver votre auditoire
Une fois le stress maîtrisé et la voix échauffée, le véritable travail commence : celui de rendre votre discours vivant et engageant. On peut avoir le message le plus brillant du monde, s’il est délivré de manière monotone et sans relief, il n’atteindra jamais sa cible. La qualité de votre voix importe, bien sûr, mais on ne peut pas la changer fondamentalement. En revanche, ce sur quoi nous avons un contrôle total, c’est la musicalité de notre parole. Il s’agit de la manière dont nous utilisons les variations de hauteur, de rythme et de volume pour créer une mélodie qui captive l’oreille de l’auditeur. C’est ce qui fait la différence entre un discours que l’on subit et une histoire que l’on a envie d’écouter jusqu’au bout.
Moduler pour ne jamais lasser : l’ennemi numéro un, le ton monocorde
Nous avons tous en mémoire ce professeur qui parlait d’une voix plate, sur une seule et même note, pendant des heures. Le résultat était inévitable : l’ennui, puis le sommeil.
‘On n’est pas, ou en tout cas, je vous invite à ne pas le faire, on n’est pas sur du monocorde de quelqu’un qui parlerait comme ça toujours sur la même note parce que vraiment c’est très très très désagréable.’
Le cerveau humain est conçu pour réagir à la nouveauté et au changement. Une voix monocorde est l’opposé de cela ; c’est un son prévisible et sans surprise qui anesthésie l’attention. Pour éviter cet écueil, il faut consciemment jouer avec les hauteurs de sa voix. Pensez à votre discours comme à une partition. Il y a des moments où vous devez monter dans les aigus pour exprimer l’enthousiasme, la surprise ou poser une question. À d’autres moments, descendre dans les graves peut asseoir votre autorité, souligner un point important ou créer une atmosphère plus intime et sérieuse. C’est cette fluctuation, cette ‘langue chantante’ que l’on trouve si séduisante dans certaines langues comme l’italien, qui rend une voix vivante et humaine. Entraînez-vous à vous enregistrer et à écouter ces variations. Identifiez les passages clés de votre discours et demandez-vous : ‘Ici, est-ce que je veux transmettre de l’énergie ? De la gravité ? De la conviction ?’ Et traduisez cette intention en une modulation de votre voix.
Réinventer le rythme : oubliez les règles de l’école
C’est peut-être le conseil le plus contre-intuitif que je puisse vous donner, car il va à l’encontre de tout ce qu’on nous a appris. À l’école, on nous enseigne à marquer une pause à chaque point, à laisser notre voix descendre en fin de phrase, créant ainsi un rythme très haché et prévisible.
‘À l’école, on nous a dit que il fallait attaquer sa phrase de façon forte et puis à la fin de la phrase au point redescendre pour que la voix vienne s’essouffler un peu comme je viens de faire. Le problème quand on fait ça, c’est que (…) ça casse un peu le rythme en permanence.’
Dans une conversation naturelle, nous ne parlons pas comme ça. Au contraire, nous enchaînons souvent les phrases très rapidement, créant une dynamique, un élan qui emporte notre interlocuteur. Et, chose fascinante, nous prenons notre respiration non pas à la fin, mais souvent au milieu d’une idée ou d’une phrase. Cet ‘accident’ rythmique, cette petite rupture, est en réalité ce qui maintient l’auditeur en alerte. Il ne sait pas exactement quand la pause va arriver, il est donc obligé de rester attentif. C’est un moyen incroyablement efficace d’embarquer les gens avec vous, de les ‘happer’ d’une phrase à l’autre sans leur laisser le temps de décrocher. N’ayez pas peur d’accélérer sur une idée, puis de ralentir sur une autre. Jouez avec ce tempo pour créer du contraste et de l’énergie.
La puissance du silence : faire des pauses votre meilleur allié
À l’opposé de l’enchaînement rapide, il y a un outil d’une puissance phénoménale, souvent sous-estimé par peur du vide : la pause. Le silence.
‘Il y a un élément qui à mon avis est sous-exploité et qui a une force phénoménale, c’est la pause. C’est le fait de s’arrêter de parler. De laisser un blanc dans notre discours.’
Cette peur est compréhensible. On craint de perdre l’attention, de donner l’impression d’avoir un trou de mémoire. Pourtant, la réalité est tout autre. Lorsque nous écoutons quelqu’un, notre cerveau a besoin de temps pour traiter l’information. Un flot de paroles ininterrompu, aussi brillant soit-il, finit par saturer notre capacité de compréhension. La pause n’est pas un vide ; c’est un espace de respiration pour l’auditeur. C’est le moment où il peut réfléchir à ce que vous venez de dire, le digérer, et l’imprimer dans sa mémoire. Une pause bien placée avant une information cruciale crée du suspense. Une pause après une phrase forte lui donne un poids et une résonance extraordinaires. Osez le silence. Essayez de tenir une, voire deux secondes de pause complète après une idée importante. Vous constaterez que, loin de décrocher, votre public sera encore plus suspendu à vos lèvres, attendant la suite.
La technique vocale et la maîtrise du rythme sont essentielles, mais elles restent incomplètes sans l’ingrédient final, celui qui transforme un bon orateur en un orateur mémorable : l’émotion.
L’authenticité : laissez transparaître votre personnalité
Au-delà de la technique, ce qui crée une véritable connexion avec un auditoire, c’est l’humanité de l’orateur. On peut maîtriser parfaitement sa diction, son rythme et ses modulations, si le discours sonne mécanique et désincarné, il ne touchera personne. Pour qu’on s’attache à votre message, il faut d’abord qu’on s’attache un peu à vous. Et pour cela, il est primordial de laisser transparaître vos émotions et votre personnalité dans votre voix. C’est particulièrement vrai en podcast, où la voix est le seul vecteur de communication, mais c’est tout aussi crucial sur scène. L’authenticité n’est pas une option, c’est le cœur de la communication.
‘Moi, je pense que dans notre voix, il faut qu’on laisse transparaître nos émotions. C’est ça qui fait que et bien le discours est humain. C’est ça qui fait qu’on va s’attacher à la voix tout simplement.’
Il ne s’agit pas de surjouer ou de feindre des sentiments, mais simplement de s’autoriser à être soi-même. Si un sujet vous passionne, laissez cet enthousiasme colorer votre voix. Si une anecdote vous amuse, n’étouffez pas le léger rire qui monte. C’est cette vulnérabilité, cette transparence, qui rend votre discours crédible et attachant.
Le sourire qui s’entend : votre arme secrète de connexion
Voici l’un des conseils les plus simples et pourtant les plus transformateurs que je puisse partager : souriez quand vous parlez. Cela peut sembler étrange, surtout si vous êtes seul face à un micro. Pourtant, l’effet est immédiat et audible.
‘C’est-à-dire que l’idée c’est lorsque vous parlez, typiquement moi là tout de suite lorsque j’enregistre, et bien je souris. (…) Et en fait, vous l’entendez.’
Physiquement, le fait de sourire remonte les commissures des lèvres et les pommettes, ce qui modifie la forme de votre cavité buccale, votre principal résonateur. Le son qui en sort est instantanément plus clair, plus chaud, plus positif. Mais l’impact va bien au-delà de la simple acoustique. Le sourire est contagieux, même à travers des ondes sonores. Inconsciemment, l’auditeur perçoit cette énergie positive. Il se sent accueilli, en présence de quelqu’un d’heureux et de bienveillant, ce qui le met dans des dispositions d’écoute bien plus favorables. Avant de commencer à parler, prenez une seconde pour sourire sincèrement. Pensez à la joie que vous avez de partager votre message. Maintenez ce ‘sourire intérieur’ tout au long de votre intervention. Vous serez étonné de voir à quel point cela change la perception de votre voix.
Le rire comme ponctuation : humaniser votre discours
Dans la même veine que le sourire, le rire est un formidable outil d’humanisation. Je ne parle pas d’éclats de rire forcés, mais de ces petits souffles de rire, de ces légères intonations amusées qui ponctuent naturellement une conversation. Ils surviennent souvent lorsque l’on partage une anecdote personnelle, une observation un peu décalée ou que l’on fait preuve d’autodérision.
‘Si vous dites quelque chose qui est un peu bizarre rigolo, vous avez le droit d’avoir un début de rire. (…) Vous allez réussir à avoir ce petit accent de rire, ce petit souffle en plus qui fait que bah bien sûr, ça accroche votre phrase et donc ça vient disrupter la personne qui vous écoute.’
Ce petit ‘accident’ vocal est un cadeau pour votre auditoire. Il brise la monotonie, surprend l’oreille et, surtout, il révèle une facette de votre personnalité. Il dit : ‘je suis humain, je ne me prends pas totalement au sérieux’. C’est un puissant créateur de lien et de complicité. Ne cherchez pas à le provoquer artificiellement, cela sonnerait faux. Soyez simplement à l’écoute de vos propres émotions pendant que vous parlez. Si quelque chose vous amuse, laissez ce léger rire s’exprimer. C’est un signe d’authenticité qui sera toujours apprécié.
Toutes ces techniques, de la musicalité à l’authenticité, reposent sur une fondation invisible mais essentielle : votre corps. La manière dont vous vous tenez a un impact direct sur la qualité de votre voix.
L’ancrage corporel : la posture au service de la voix
On a tendance à l’oublier, mais parler est une activité profondément physique. Ce n’est pas seulement votre bouche qui travaille, c’est tout votre corps qui est engagé. Votre posture influence directement votre respiration, qui est le moteur de votre voix. Une mauvaise posture peut littéralement couper votre souffle et priver votre voix de sa puissance et de sa résonance. C’est le dernier pilier, mais non le moindre, pour une prise de parole réussie : être pleinement présent et ancré dans son corps.
‘Faire attention à votre position, c’est bien sûr de ne pas être avachi parce que vous allez tout simplement couper votre colonne d’air qui vous permet d’avoir une diction claire.’
Que vous soyez debout sur une scène ou assis derrière un micro, les principes restent les mêmes. Une posture droite et ouverte permet à votre diaphragme de bouger librement, vous offrant ainsi un meilleur soutien respiratoire. Cela se traduit par une voix plus stable, plus puissante et une meilleure capacité à tenir les notes longues ou à projeter sans forcer.
De la pointe des pieds au sommet du crâne : construire sa présence
L’ancrage est une notion clé. Il s’agit de sentir une connexion solide avec le sol. Si vous êtes debout, écartez légèrement les pieds à la largeur des hanches, déverrouillez les genoux et répartissez bien votre poids. Sentez vos pieds ‘prendre racine’ dans le sol. Cette stabilité physique se traduit par une plus grande stabilité mentale et vocale.
‘Quand je dis ancrée dans le sol, ça veut dire vraiment sentez le sol dans vos jambes. Ça va vous permettre d’être vraiment là, d’être présente et quelque part de vous sentir sûr de vous.’
Cette posture n’est pas rigide. Imaginez un fil invisible qui tire le sommet de votre crâne vers le ciel, allongeant votre colonne vertébrale, tout en gardant les épaules basses et détendues. Cette verticalité ouvre la cage thoracique et libère le larynx de toute tension. Vous n’êtes plus un ‘sac de patates’, mais un canal par lequel l’air et le son peuvent circuler librement. C’est une posture de confiance, une incarnation physique de votre légitimité à prendre la parole.
La posture du super-héros : incarner la confiance avant de parler
Si, malgré tout, le doute et le stress vous envahissent avant de commencer, il existe un dernier exercice physique et mental redoutable. C’est ce qu’on appelle la ‘posture du super-héros’ ou ‘power posing’. Juste avant d’entrer en scène, trouvez un endroit discret et adoptez pendant deux minutes une posture de puissance.
‘Faites cette posture du super-héros, vous savez la posture de Wonder Woman qui est les bras sur les hanches qui se tient droite, elle est complètement ancrée dans le sol, elle est là, elle est présente.’
Des études en psychologie sociale ont montré que le simple fait d’adopter une posture expansive et ouverte pouvait influencer notre état d’esprit et même notre physiologie, en nous faisant nous sentir plus confiants et plus puissants. C’est un moyen de dire à votre corps, et donc à votre cerveau : ‘Je suis prêt. Je suis capable. J’ai ma place ici.’ C’est un rituel simple qui peut radicalement changer votre état interne avant d’affronter votre public.
Conclusion : votre voix, votre signature
Nous avons parcouru un long chemin, de l’échauffement des cordes vocales à la posture de Wonder Woman. Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, ce serait celle-ci : améliorer sa diction et son aisance à l’oral n’est pas une question de talent inné, mais de pratique consciente. C’est une compétence qui se travaille et s’affine, intervention après intervention.
Récapitulons les étapes clés de ce voyage. Tout commence par la préparation physique : chauffer sa voix avec des vocalises et des virelangues, et l’hydrater. Ensuite, vient la gestion du mental : apaiser le stress grâce à la respiration ventrale et se souvenir que l’action est le meilleur remède au trac. Une fois sur scène, le jeu commence : il faut créer de la musicalité, en modulant sa voix, en cassant les rythmes prévisibles et en osant la puissance des pauses. Mais la technique ne serait rien sans l’âme : il faut injecter de l’authenticité, laisser transparaître ses émotions, et surtout, ne jamais oublier de sourire. Enfin, tout cela doit être soutenu par un corps présent et solide, grâce à une posture ancrée et confiante.
N’essayez pas de tout appliquer d’un coup. Choisissez un ou deux de ces conseils pour votre prochaine prise de parole. Peut-être vous concentrerez-vous uniquement sur la respiration avant de commencer. Ou peut-être tenterez-vous de placer une vraie pause de deux secondes après une idée importante. Chaque petit pas est une victoire. Votre voix est unique. Elle est le reflet de qui vous êtes. En apprenant à la maîtriser, vous ne ferez pas que devenir un meilleur orateur. Vous vous donnerez les moyens de partager vos idées avec plus d’impact, plus de conviction et plus d’humanité. Alors, respirez un grand coup, souriez, et lancez-vous.
Questions fréquentes sur l’amélioration de la diction
Comment puis-je concrètement chauffer ma voix avant une présentation ?
Un échauffement vocal efficace combine deux aspects : la préparation des cordes vocales et celle des articulateurs. Pour les cordes vocales, commencez par des exercices doux comme des trilles avec les lèvres (‘lip rolls’) ou des fredonnements (‘humming’) sur des gammes montantes et descendantes. Cela réveille les muscles sans les forcer. Ensuite, pour les articulateurs (lèvres, langue, mâchoire), pratiquez des virelangues. Ces phrases complexes forcent votre bouche à effectuer des mouvements précis et rapides, ce qui améliore considérablement la clarté de votre élocution. N’oubliez pas de boire une boisson chaude pour hydrater et détendre l’ensemble.
‘On commençait par faire un petit peu des des gammes, on faisait des comme ça avec la avec la bouche. Et puis on répétait des vire langues. (…) Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archi sèches. (…) de dire des vire langues en fait, ça va bien évidemment vous chauffer la voix et vous chauffer aussi les lèvres.’
La respiration par le ventre est-elle vraiment efficace contre le stress de parler en public ?
Absolument. La respiration ventrale, ou diaphragmatique, est l’un des outils les plus puissants et immédiats pour calmer le système nerveux. Lorsque nous sommes stressés, notre respiration devient courte et thoracique, ce qui accentue la sensation de panique. En vous concentrant sur une respiration lente et profonde qui gonfle l’abdomen, vous activez le nerf vague, qui envoie un signal de calme à votre cerveau. Cela ralentit le rythme cardiaque, détend les muscles (y compris ceux de la gorge) et vous permet de retrouver votre concentration. C’est un véritable interrupteur physiologique qui fait basculer votre corps du mode ‘alerte’ au mode ‘sérénité’.
‘Je vous assure que de vous concentrer sur votre respiration par le ventre lente comme ça, régulière, et bien ça fait immédiatement descendre votre niveau de stress. Je sais pas vous dire pourquoi, est-ce que c’est une histoire d’oxygénation ? Est-ce que c’est une histoire de concentration ? Je n’en sais rien, mais je vous assure, ça marche.’
J’ai peur que ma voix soit ennuyeuse. Comment puis-je la rendre plus vivante et moins monocorde ?
Pour combattre le ton monocorde, pensez à votre voix comme à une musique. L’objectif est de créer du contraste et de la variation. Jouez consciemment avec la hauteur : montez dans les aigus pour exprimer l’enthousiasme ou poser une question, et descendez dans les graves pour souligner un point important ou apporter de la solennité. Variez également le rythme : accélérez sur des passages dynamiques et ralentissez sur des idées complexes. Enfin, utilisez le volume pour créer du relief. Chuchoter presque un mot peut avoir autant d’impact que de le crier. Enregistrez-vous et écoutez activement ces modulations pour prendre conscience de votre propre palette vocale.
‘L’idée, c’est d’avoir une voix qui fluctue parce que c’est ça qui la rend vivante, c’est ça qui fait qu’on a envie de rentrer en connexion avec cette voix, c’est cette musique. (…) essayez de penser à ça quand vous parlez.’
Faire des pauses me stresse, j’ai peur de perdre mon public. Comment surmonter cette peur ?
Cette peur est très répandue, mais elle est basée sur une fausse prémisse. Une pause bien utilisée ne fait pas perdre le public, au contraire, elle le captive. Voyez la pause non pas comme un vide, mais comme un outil stratégique. Elle donne du poids à ce que vous venez de dire, crée du suspense avant ce que vous allez dire, et surtout, elle donne à votre auditoire le temps d’assimiler l’information. Pour surmonter la peur, commencez petit. Forcez-vous à marquer une pause d’une seconde après chaque idée clé. Vous réaliserez que le ciel ne vous tombe pas sur la tête et que l’attention de votre public est renforcée. Le silence est un signe de confiance et de maîtrise.
‘La pause, le blanc que vous allez laisser qui va durer une seconde et demi, 2 secondes (…) ça va permettre de processser l’information. Ça va permettre en fait à la personne de prendre le temps (…) de réfléchir à ce que vous venez de dire et de l’imprimer dans son cerveau.’
Comment faire pour que ma voix sonne plus naturelle et moins ‘lue’ ou ‘récitée’ ?
Pour sonner plus naturel, il faut s’éloigner de la diction scolaire et se rapprocher du rythme de la conversation. L’une des astuces les plus efficaces est de ne pas systématiquement marquer un arrêt en fin de phrase. Au contraire, enchaînez rapidement sur la phrase suivante pour créer une dynamique, un élan. Prenez vos respirations à des moments moins prévisibles, parfois même au milieu d’une phrase. Cela crée des ‘accidents’ rythmiques qui surprennent l’oreille et maintiennent l’attention. Parlez comme si vous racontiez une histoire à un ami, pas comme si vous lisiez un prompteur. L’authenticité naît de ces imperfections maîtrisées.
‘Pour que le rythme soit vraiment entraînant (…) il faut faire exactement tout l’inverse de ce qu’on a appris à l’école. (…) Vous ne vous arrêtez pas nécessairement entre deux phrases à chaque fois qu’il y a un point. Bien souvent, vous allez voir que vous allez enchaîner la phrase suivante très très rapidement.’
Le conseil de ‘sourire en parlant’ me semble étrange. Pourquoi est-ce si important ?
Le sourire a un double impact, physique et émotionnel. Physiquement, l’action de sourire modifie la forme de votre bouche et de vos joues, ce qui éclaircit et réchauffe le timbre de votre voix. C’est un changement acoustique réel. Émotionnellement, même si l’auditoire ne vous voit pas, il perçoit inconsciemment l’énergie positive que le sourire véhicule. Une voix souriante est perçue comme plus amicale, plus engageante et plus digne de confiance. Elle crée une connexion instantanée et met votre interlocuteur dans de meilleures dispositions pour recevoir votre message. C’est un moyen simple de transmettre de la bienveillance et de la passion.
‘Inconsciemment vous entendez ce sourire parce que le sourire sonne différemment. Vous entendez ce sourire et donc ben vous avez en face de vous quelqu’un d’heureux, ça donne envie d’être heureux. (…) ça vous met dans de bonnes dispositions pour écouter ce que j’ai à vous dire.’
Quel est l’exercice le plus simple pour commencer à améliorer ma diction dès aujourd’hui ?
L’exercice le plus simple et le plus complet est la pratique des virelangues. Choisissez une ou deux phrases comme ‘Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archi-sèches’ ou ‘Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien’. Répétez-les plusieurs fois par jour. D’abord lentement, en exagérant l’articulation de chaque syllabe, comme si vous mâchiez les mots. Puis, accélérez progressivement en essayant de maintenir la même clarté. Cet exercice ne prend que quelques minutes et fait travailler tous les muscles de la parole : lèvres, langue et mâchoire. C’est un entraînement complet pour gagner en précision et en agilité.
‘Les vire langues, qu’est-ce que c’est ? Ce sont ces phrases un petit peu difficiles à prononcer (…). de dire des vire langues en fait, ça va bien évidemment vous chauffer la voix et vous chauffer aussi les lèvres parce qu’il ne faut pas oublier que de parler, ça n’est pas que et bien la voix, c’est aussi le mouvement des lèvres.’
Ma posture a-t-elle vraiment un impact sur ma voix, même assis pour un podcast ?
Oui, absolument. Que vous soyez assis ou debout, votre posture est le fondement de votre production vocale. Une posture avachie comprime votre diaphragme, le muscle principal de la respiration. Cela limite votre capacité à prendre de grandes respirations profondes et à soutenir votre voix. Vous aurez moins de puissance, moins de contrôle et vous vous fatiguerez plus vite. En vous tenant droit, le dos décollé du dossier de votre chaise et les pieds bien à plat au sol, vous libérez votre cage thoracique. Votre colonne d’air est dégagée, votre diaphragme peut bouger librement, et votre voix gagne instantanément en assurance et en résonance.
‘Tenez-vous droite et surtout, soyez ancrée dans le sol. (…) Ça va vous permettre d’être vraiment là, d’être présente et quelque part de vous sentir sûr de vous. (…) ça permet de parler librement et d’avoir plus de force dans votre voix.’


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