Logo de l'épisode Le syndrome de l'objet brillant - episode 159 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Le syndrome de l’objet brillant – episode 159

Épisode diffusé le 4 janvier 2023 par Estelle Ballot

Écouter l'épisode :

Le début d’année, ce vertige des possibles… et le piège qui nous guette tous

Une nouvelle année commence. L’énergie est palpable. C’est le moment des bilans, des bonnes résolutions, et surtout, des grands plans. Comme vous, je suis en pleine réflexion sur ce que sera mon année. L’excitation est là, les idées fusent. C’est grisant, n’est-ce pas ? On a envie de tout lancer, de tout tester, de faire de cette année LA grande année. Mais dans ce tourbillon d’enthousiasme se cache un piège, un adversaire silencieux qui peut anéantir les meilleures intentions : le syndrome de l’objet brillant.

Je dois vous avouer quelque chose. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il est venu me rendre une petite visite il y a quelques instants à peine. Comme l’auteure du podcast l’exprime si bien : ‘il est venu me chatouiller pas plus tard qu’il y a 10 minutes’. En lisant la newsletter d’une créatrice de contenu que j’admire, Nina Ramen, qui détaillait ses projets ambitieux, mon cerveau s’est emballé. Soudain, une avalanche d’idées pour mon propre business a déferlé : nouvelles offres, nouvelles communications, nouvelles déclinaisons… Un champ des possibles infini s’ouvrait devant moi. C’est une sensation puissante, mais aussi terriblement dangereuse.

Car cette effervescence, si elle n’est pas canalisée, mène tout droit à la dispersion, à l’épuisement et, finalement, à l’échec. On se retrouve à jongler avec trop de projets, à commencer mille choses sans jamais en finir aucune, et à regarder l’année s’écouler avec un sentiment de frustration. Cet article n’est pas un énième guide sur ‘comment fixer vos objectifs’. C’est une discussion franche sur ce qui nous empêche de les atteindre. Nous allons plonger au cœur de ce syndrome, comprendre pourquoi il est si séduisant, apprendre à repérer ses signaux d’alarme et, surtout, découvrir un plan d’action concret pour s’en libérer et faire de cette année une véritable réussite, basée sur la clarté, le focus et la sérénité.

Qu’est-ce que le syndrome de l’objet brillant, ce voleur de focus ?

Avant de pouvoir le combattre, il faut comprendre l’ennemi. Le syndrome de l’objet brillant, ou ‘Shiny Object Syndrome’ en anglais, n’est pas un diagnostic médical, mais une métaphore puissante qui décrit un comportement bien réel, surtout dans le monde de l’entrepreneuriat et du marketing. Il s’agit de cette tendance quasi irrésistible à être attiré et distrait par chaque nouvelle idée, chaque nouvelle stratégie, chaque nouvel outil qui se présente. C’est le corbeau attiré par tout ce qui scintille, oubliant sa trajectoire initiale.

Définition et manifestations concrètes dans votre quotidien

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Comme le dit si bien la podcasteuse, c’est ‘le fait de se sentir attiré par absolument tout ce qui est nouveau’. Dans notre vie professionnelle, cela se traduit par des actions très spécifiques. Vous reconnaissez-vous dans ces scénarios ? Vous assistez à un webinaire sur une nouvelle technique marketing et, le lendemain, vous mettez en pause votre stratégie actuelle pour tout miser sur cette nouveauté. Vous entendez parler d’un nouveau réseau social et vous vous précipitez pour y créer un compte, sans vous demander s’il est pertinent pour votre audience. Vous démarrez trois projets ambitieux en janvier, mais en mars, aucun n’a réellement avancé parce qu’une quatrième idée, encore plus ‘brillante’, a capté toute votre attention.

Ce syndrome se nourrit de la culture de l’instantanéité et de l’innovation constante. Il nous fait croire que la solution à nos problèmes se trouve toujours à l’extérieur, dans la prochaine chose à essayer, plutôt que dans la maîtrise et l’approfondissement de ce que nous avons déjà. Le résultat ? Une dispersion de nos ressources les plus précieuses : notre temps, notre énergie et notre concentration. On court sur un tapis roulant, transpirant à grosses gouttes, sans jamais avancer d’un centimètre. Car, et c’est le point central, ‘tout faire, c’est souvent faire mal’. Chaque ‘oui’ que vous donnez à un objet brillant est un ‘non’ silencieux que vous adressez à vos projets fondamentaux, ceux qui sont réellement alignés avec vos objectifs à long terme.

Les 4 racines psychologiques qui nous poussent à la dispersion

Si ce syndrome est si répandu, c’est qu’il puise sa force dans des ressorts psychologiques profonds et souvent positifs à la base. Comprendre ces mécanismes est la première étape pour reprendre le contrôle. Il ne s’agit pas d’un défaut de caractère, mais de tendances humaines qu’il faut apprendre à canaliser.

La créativité et la curiosité : une force à double tranchant

La plupart des entrepreneurs et des marketeurs sont, par nature, des esprits curieux et créatifs. C’est notre moteur, notre carburant. Comme le souligne l’épisode, ‘on est des curieux, on est des créatifs, on est animé par ça’. Cette curiosité nous pousse à explorer, à apprendre, à innover. Sans elle, nos entreprises stagneraient. Le problème survient lorsque cette force n’est pas encadrée par une vision claire. La créativité sans stratégie devient du chaos. La curiosité sans objectif devient de la distraction. On se transforme en explorateur sans boussole, fasciné par chaque fleur exotique au bord du chemin, mais oubliant complètement la destination. La clé n’est pas d’étouffer cette créativité, mais de la diriger vers un but précis, de l’utiliser pour résoudre les problèmes liés à nos projets prioritaires, plutôt que de la laisser nous entraîner vers de nouveaux projets à chaque instant.

Le perfectionnisme ou le syndrome du ‘bon élève’

Une autre racine est cette envie de ‘bien faire’, poussée à l’extrême. On se comporte comme à l’école, cherchant à obtenir la meilleure note en cochant toutes les cases. Cette pensée magique nous murmure : ‘Si je mets en place toutes les stratégies, ça va marcher. Si j’implémente tous les projets, ça va marcher’. C’est une quête épuisante de la perfection et de l’exhaustivité. On croit à tort que le succès est une addition : plus on en fait, plus on a de chances de réussir. Mais la réalité stratégique est une soustraction : le succès vient de l’élimination du superflu pour se concentrer sur l’essentiel. Ce perfectionnisme nous pousse à ajouter une nouvelle tâche, un nouvel outil, une nouvelle stratégie, de peur qu’il nous manque CET élément qui ferait toute la différence. C’est un piège, car la véritable différence ne se trouve pas dans la quantité, mais dans la qualité et la constance de l’exécution.

Le FOMO (Fear Of Missing Out) : la peur de rater le train

Le FOMO, ou la ‘peur de manquer quelque chose’, est un moteur puissant de notre époque. C’est cette angoisse de passer à côté de l’opportunité qui va tout changer. On voit un concurrent réussir avec une nouvelle méthode et on se dit qu’on doit absolument s’y mettre aussi, tout de suite. Le podcast cite l’excellent exemple de Clubhouse, cette plateforme audio sur laquelle tout le monde s’est rué de peur de rater le coche, avant de l’oublier quelques mois plus tard. Le FOMO nous place dans une posture réactive. Au lieu de construire notre propre chemin, nous courons pour rattraper les autres, suivant les tendances au lieu de suivre notre stratégie. C’est ‘la peur de laisser passer la bonne idée et puis de se retrouver un petit peu à la traîne’ qui nous guide, et non une vision claire de là où nous voulons aller. C’est une course sans fin, car il y aura toujours une nouvelle ‘prochaine grande chose’.

La comparaison : le poison le plus subtil

Enfin, la cause la plus insidieuse et la plus destructrice est sans doute la comparaison. Nous passons notre temps à observer nos pairs, nos concurrents, les leaders de notre secteur. Et inévitablement, la petite voix s’installe : ‘Regarde comme ils réussissent… Pourquoi est-ce que je n’ai pas moi le même niveau de succès ?’. Cette comparaison constante est le carburant principal du syndrome de l’objet brillant. On voit quelqu’un lancer un produit à succès, et on se dit qu’on devrait lancer le même. On voit un autre cartonner sur TikTok, et on se sent obligé d’y aller, même si ça ne correspond ni à notre style ni à notre audience. Cette comparaison est non seulement une source de dévalorisation, mais surtout, elle est fondamentalement biaisée. Et c’est un point si crucial qu’il mérite qu’on s’y attarde en profondeur.

Pourquoi se comparer aux autres est la pire stratégie pour votre business

La comparaison est une illusion. C’est comme essayer de juger la performance d’un poisson à sa capacité à grimper à un arbre. On évalue les autres à travers le prisme déformant de nos propres attentes, sans jamais avoir une vision complète de leur réalité. C’est une démarche vouée à l’échec et à la frustration. Analysons les quatre raisons fondamentales qui rendent toute comparaison stérile et dangereuse.

Vous ne jouez pas le même jeu : Business et modèles différents

La première erreur est de croire que vous êtes sur le même terrain de jeu. ‘Ça ne sert à rien de comparer deux modèles qui sont différents, qui ne fonctionnent pas avec les mêmes règles du jeu’, nous rappelle à juste titre l’épisode. Vous vendez des services haut de gamme en B2B, et vous vous comparez à quelqu’un qui vend des formations à bas prix en B2C. Vous avez un e-commerce de produits physiques, et vous vous comparez à un créateur de contenu qui vit de l’affiliation. Les stratégies, les indicateurs de succès, les cycles de vente, les structures de coûts… tout est différent. Comparer vos revenus ou votre nombre de followers n’a absolument aucun sens. C’est comparer des pommes et des oranges. Avant de vous sentir inférieur, demandez-vous : est-ce que nous faisons vraiment la même chose, de la même manière, pour les mêmes personnes ? La réponse est presque toujours non.

L’iceberg des contraintes personnelles et professionnelles

Ce que vous voyez des autres, c’est la pointe de l’iceberg : les succès, les lancements, les chiffres partagés sur les réseaux sociaux. Ce que vous ne voyez pas, c’est la partie immergée : les contraintes. L’exemple personnel partagé dans le podcast est d’une puissance rare. En se comparant à d’autres, elle a ce réflexe de dévalorisation avant de se rappeler sa propre réalité : ‘Je suis maman de deux enfants dont un jeune enfant […] il faut que je me réveille la nuit […] Évidemment et ben j’ai pas la même énergie, j’ai pas le même temps, je n’ai pas les mêmes disponibilités qu’une personne qui fera le même travail que moi mais qui sera par exemple célibataire, sans enfants’. Cette prise de conscience est fondamentale. Vos contraintes personnelles (familiales, santé, géographiques) et professionnelles (un job à côté, un budget limité) façonnent votre réalité. Ignorer ces contraintes dans la comparaison est une forme d’auto-sabotage.

Le décalage des ressources : Argent, Temps et Équipe

Au-delà des contraintes, il y a les ressources. La règle est simple et implacable : ‘Si vous n’avez pas les mêmes ressources, vous ne pouvez pas prétendre avoir les mêmes résultats, c’est évident.’ Les ressources se déclinent en trois catégories principales. L’argent : la personne à qui vous vous comparez a-t-elle levé des fonds ? Dispose-t-elle d’un budget publicitaire dix fois supérieur au vôtre ? Le temps : travaille-t-elle 80 heures par semaine quand vous ne pouvez en consacrer que 30 à votre projet ? L’humain : est-elle seule, comme vous, ou est-elle entourée d’une équipe de salariés, de freelances, d’assistants ? Un solopreneur ne peut pas, et ne doit pas, se comparer à une entreprise de dix personnes. Les résultats ne seront mécaniquement pas les mêmes, et cela n’a, encore une fois, ‘aucune valeur de compétence, c’est une question de contrainte’ et de moyens.

Des objectifs de vie divergents : le profit n’est pas l’unique boussole

Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, vous n’avez probablement pas les mêmes objectifs de vie. On a tendance à projeter nos propres aspirations sur les autres, en supposant que tout le monde cherche à maximiser son profit. Mais c’est faux. Pour certains, l’objectif est l’impact social ou environnemental. Pour d’autres, comme l’exprime magnifiquement l’auteure, la priorité absolue est ailleurs : ‘Mon objectif premier, celui qui a le plus de valeur finalement pour moi, c’est mon temps et ma sérénité.’ Elle a fait le choix conscient de ne plus jamais être stressée, de pouvoir s’occuper de ses enfants à tout moment. Ce choix a une valeur immense, mais il n’apparaît dans aucun bilan comptable. Si votre objectif est la sérénité, pourquoi vous comparer à quelqu’un dont l’objectif est l’hyper-croissance, avec le stress et les sacrifices que cela implique ? Définir votre propre vision du succès est le plus puissant antidote à la comparaison.

Les signaux d’alarme : comment savoir si vous êtes tombé dans le piège

Le syndrome de l’objet brillant est insidieux. Il ne s’annonce pas avec un gyrophare. Il s’installe progressivement, jusqu’à ce que l’on se sente complètement submergé sans comprendre pourquoi. Heureusement, il existe des signaux d’alarme, trois ‘warnings’ qui doivent allumer une petite lumière rouge dans votre esprit et vous pousser à prendre du recul.

Le sentiment d’être constamment débordé

Bien sûr, il y a des périodes de rush. Un lancement de produit, une saison haute… c’est normal d’être débordé ponctuellement. Le problème, c’est quand cet état devient la norme. ‘Là où on a un problème, c’est quand ce côté ‘je suis débordé’ ne s’arrête jamais.’ Si chaque journée est une course contre la montre, si votre to-do list s’allonge plus vite que vous ne pouvez la cocher, si vous avez l’impression de n’avoir jamais le temps de vous poser pour réfléchir stratégiquement, c’est un symptôme majeur. Être débordé en permanence n’est pas un signe de productivité, c’est un signe de désorganisation et de manque de priorisation. Votre cerveau, en état d’urgence constant, perd sa capacité à prendre des décisions de qualité. C’est le premier étage de la fusée qui mène à l’épuisement.

Des efforts intenses pour des résultats décevants

Vous travaillez sans relâche. Vous ne comptez pas vos heures. Vous avez l’impression de donner tout ce que vous avez. Et pourtant, les résultats ne suivent pas. Vos objectifs semblent toujours hors de portée. C’est une situation incroyablement frustrante et démotivante. ‘Ce qui n’est pas normal en revanche, c’est de ne jamais atteindre ses résultats, d’être toujours en dessous, d’être toujours en train d’essayer de courir après notre efficacité et de ne pas l’atteindre.’ Lorsque l’on souffre du syndrome de l’objet brillant, notre énergie est éparpillée façon puzzle. Imaginez un tuyau d’arrosage avec des dizaines de petits trous : la pression est forte à la source, mais seule une faible bruine sort à chaque trou. C’est exactement ce qui se passe avec vos efforts. En voulant tout faire, vous ne mettez l’énergie nécessaire nulle part pour obtenir un résultat significatif.

L’épuisement chronique, l’antichambre du burnout

C’est le signal d’alarme ultime, le plus grave. Vous n’êtes plus seulement fatigué, vous êtes épuisé. Une fatigue profonde, mentale et physique, qui ne disparaît pas après une bonne nuit de sommeil. ‘Si vous êtes en permanence épuisé, c’est un problème. Vous n’êtes pas supposé travailler à l’épuisement.’ C’est un message qu’il faut graver dans le marbre. Le travail ne doit pas détruire votre santé. Cet épuisement est le signe que vous avez dépassé vos limites depuis trop longtemps, probablement en essayant de mener trop de combats de front. C’est le dernier avertissement avant le mur, le fameux burnout, ce moment où le corps et l’esprit disent simplement ‘stop’. Comme le rappelle l’épisode, les gens qui l’ont vécu disent souvent ne pas l’avoir vu venir. Ces trois signaux sont là pour vous aider à le voir de loin et à changer de cap avant qu’il ne soit trop late.

Le plan d’action en 3 étapes pour retrouver le focus et la sérénité

Identifier le problème est une chose, le résoudre en est une autre. Sortir du cycle infernal du syndrome de l’objet brillant demande une démarche intentionnelle et structurée. Il ne s’agit pas de volonté, mais de méthode. Voici un plan d’action en trois étapes claires pour remplacer le chaos par la clarté et l’agitation par le progrès.

Étape 1 : Choisir sa direction avec la méthode ‘Pourquoi > Objectifs > Projets > Stratégies’

Tout commence par un choix. Comme le dit l’auteure, ‘la vie, c’est faire des choix’. Pour faire les bons, il faut une boussole. Cette boussole, c’est votre ‘Pourquoi’. C’est la raison profonde qui vous anime, au-delà de l’argent. Pourquoi faites-vous ce que vous faites ? Quel impact voulez-vous avoir ? Quelle vie voulez-vous construire ? Une fois ce ‘Pourquoi’ clarifié, tout le reste en découle en cascade :
1. Les Objectifs : Quels sont les 2 ou 3 grands objectifs mesurables pour cette année qui vous rapprocheront de votre ‘Pourquoi’ ? (Ex : Atteindre l’indépendance financière, libérer 10h par semaine, aider 100 clients à…).
2. Les Projets : Quels sont les projets concrets qui vont vous permettre d’atteindre ces objectifs ? (Ex : Lancer une formation en ligne, recruter un assistant, refondre mon offre principale).
3. Les Stratégies : Quelles sont les tactiques que vous allez utiliser pour mener à bien ces projets ? (Ex : Marketing de contenu, publicité Facebook, partenariat…).
Ce système hiérarchique devient votre filtre. Chaque nouvelle idée, chaque ‘objet brillant’, doit être passé au crible de cette pyramide. Est-ce que cette idée sert une de mes stratégies ? Qui sert un de mes projets ? Qui sert un de mes objectifs ? Qui sert mon ‘Pourquoi’ ? Si la réponse est non à n’importe quelle étape, la décision est simple : on met de côté. ‘Tous les projets qui ne répondent pas à vos objectifs sont des projets à mettre de côté.’

Étape 2 : Faire l’inventaire honnête de ses ressources (Argent, Temps, Humain)

Une fois la direction claire, il faut être réaliste sur les moyens de transport dont vous disposez. Vos ressources sont votre carburant. Et comme pour une voiture, ‘vos ressources sont nécessairement limitées’. Prenez un moment, en toute honnêteté, pour faire cet inventaire :
– L’Argent : De quel budget disposez-vous pour vos projets ? Combien pouvez-vous investir dans des outils, de la publicité, des prestataires sans mettre en péril votre trésorerie ?
– Le Temps : Combien d’heures par semaine pouvez-vous et voulez-vous réellement consacrer à votre activité ? Soyez brutalement honnête. Ne comptez pas les heures où vous êtes épuisé ou distrait. Parlez en heures de travail ‘focus’.
– L’Humain : De qui êtes-vous entouré ? Avez-vous une équipe ? Des freelances ? Un mentor ? Un conjoint qui vous soutient ? Qui peut vous aider, vous épauler, prendre en charge certaines tâches ?
Cet inventaire n’est pas fait pour vous brider, mais pour vous ancrer dans la réalité. Il vous permet d’allouer intelligemment vos moyens limités aux projets qui ont le plus d’impact, ceux que vous avez définis à l’étape 1.

Étape 3 : Piloter ses résultats avec des indicateurs clés (KPIs)

Enfin, pour savoir si vous êtes sur la bonne voie, il vous faut un tableau de bord. Pas une usine à gaz, mais quelques indicateurs simples qui vous disent si vous avancez vers vos objectifs. L’approche pragmatique du podcast est la bonne : il faut ‘quelques critères, pas beaucoup de critères sinon vous ne le ferez pas’. Pour chaque projet prioritaire, définissez 1 à 3 KPIs (Key Performance Indicators). Si votre projet est de trouver plus de clients, vos KPIs pourraient être le nombre de prospects contactés par semaine, le nombre de rendez-vous obtenus et le taux de conversion. Suivez ces chiffres chaque semaine ou chaque mois. Ce suivi régulier a un double avantage : il vous maintient concentré sur ce qui compte vraiment et il vous permet de rectifier le tir rapidement si vous déviez de votre trajectoire. Comme le dit l’épisode, ‘ça vous permet de corriger le tir en temps et en heure’, au lieu d’attendre la fin de l’année pour constater que vous n’avez pas atteint vos buts.

Conclusion : Moins d’agitation, plus de direction

Nous avons exploré les méandres du syndrome de l’objet brillant, ce mirage qui promet le succès à travers la nouveauté et la multiplicité, mais qui ne livre bien souvent que la frustration et l’épuisement. Nous avons vu qu’il s’enracine dans nos plus belles qualités – la créativité, l’ambition – mais aussi dans nos peurs les plus communes, comme le FOMO et le poison de la comparaison.

Le message central de cette réflexion est un appel à la simplicité et à la profondeur. Le succès entrepreneurial, tout comme l’épanouissement personnel, ne se trouve pas dans une course effrénée à ‘tout faire’. Il réside dans la capacité à faire des choix. Choisir son ‘Pourquoi’. Choisir ses objectifs. Choisir les quelques projets qui comptent vraiment et leur consacrer toute notre précieuse énergie. C’est un acte de courage que de dire ‘non’ à une idée séduisante pour rester fidèle à son cap. C’est un acte de sagesse que de reconnaître ses limites pour mieux les utiliser à son avantage.

Alors, en ce début d’année, je vous invite à relever un défi différent. Non pas celui d’ajouter plus de choses à votre liste, mais celui d’en enlever. De vous poser la question non pas de ‘Qu’est-ce que je pourrais faire de plus ?’ mais de ‘Quelle est LA chose qui, si je la fais bien, fera toute la différence ?’. Restez focus. Soyez intentionnel. Comme le dit si bien l’auteure, ‘on ne peut pas tout faire, il faut savoir faire le tri’. Faites ce tri, et vous verrez que la magie n’est pas dans l’agitation, mais dans la direction.

Questions fréquentes sur le syndrome de l’objet brillant

Comment concrètement dire ‘non’ à une nouvelle idée brillante ?

Dire ‘non’ est une compétence. Pour refuser une idée qui semble prometteuse, utilisez le filtre ‘Pourquoi > Objectifs > Projets’ que nous avons défini. Si l’idée ne sert pas directement votre plan actuel, ne la rejetez pas brutalement, mais ‘garez-la’. Créez un ‘parking à idées’, un document où vous notez toutes ces suggestions. Cela calme l’envie de tout lancer tout de suite, tout en vous assurant de ne pas oublier une piste potentiellement intéressante pour le futur. Programmez une revue de ce parking tous les trimestres, pour voir si une idée est devenue pertinente.

‘Tous les projets qui ne répondent pas à vos objectifs sont des projets à mettre de côté. Ou alors, il faut changer vos objectifs. Tous les projets qui ne répondent pas directement à votre objectif sont des projets en trop.’

Le syndrome de l’objet brillant est-il juste un manque de discipline ?

Non, c’est plus complexe. Le réduire à un manque de discipline est culpabilisant et inexact. Il est souvent le symptôme d’un manque de clarté stratégique. Quand on ne sait pas précisément où l’on va (son ‘Pourquoi’ et ses objectifs), il est logique que toutes les directions semblent attractives. La discipline devient beaucoup plus facile à exercer lorsqu’on a une vision claire et motivante. Ce syndrome est moins une faiblesse de caractère qu’un signal que votre stratégie fondamentale doit être affinée et réaffirmée.

‘De vouloir tout faire, ça n’est rien d’autre que vouloir dire qu’on ne sait pas où l’on va. Cela veut dire que l’on n’a pas tracé notre chemin, qu’on n’a pas de vision sur l’endroit où l’on veut aller.’

Est-ce que je ne risque pas de stagner si j’arrête d’explorer de nouvelles choses ?

C’est une crainte légitime, mais il faut distinguer l’exploration ciblée de la dispersion chaotique. Rester focus ne signifie pas rester immobile. Il s’agit de canaliser votre curiosité. Au lieu d’explorer 10 nouveaux domaines, explorez en profondeur le domaine lié à votre projet prioritaire. L’innovation et l’amélioration continue doivent se faire au service de vos objectifs, pas en opposition. Prévoyez des temps dédiés à la veille et à l’expérimentation, mais dans un cadre défini qui ne remet pas en cause toute votre stratégie chaque semaine.

‘Attention, disclaimer, je ne suis pas en train de dire qu’il faut rester immobile, refaire exactement la même chose que l’an dernier et voir comment ça se passe. Non, non, évidemment et encore heureux, on a toujours intérêt à tenter de nouvelles choses. Ne pas bouger, c’est reculer.’

Comment distinguer une véritable opportunité d’un simple ‘objet brillant’ ?

Une véritable opportunité s’aligne avec votre stratégie et accélère l’atteinte de vos objectifs actuels. Un objet brillant vous en détourne. Avant de sauter sur une nouveauté, posez-vous ces questions : 1. Est-ce que cela résout un problème que j’ai MAINTENANT dans mon projet prioritaire ? 2. Est-ce que cela s’intègre facilement à mon système actuel ou demande-t-il de tout reconstruire ? 3. Est-ce que les résultats potentiels justifient le temps et l’énergie que je vais devoir soustraire à mes priorités ? Une opportunité vous fait gagner du temps ; un objet brillant vous en fait perdre.

‘Il faut réussir à mettre de côté certains éléments même si c’est dur, il faut savoir dire non à certains projets, à certaines stratégies, à certains nouveaux réseaux qui vont peut-être apparaître.’

Comment gérer le FOMO quand on voit ses concurrents se lancer sur une nouvelle plateforme ?

Le FOMO est une émotion, pas une stratégie. Quand vous le ressentez, reconnaissez-le, puis revenez à la logique. Vos concurrents n’ont pas les mêmes ressources, ni la même audience, ni les mêmes objectifs que vous. Leur succès sur une plateforme ne garantit en rien le vôtre. Restez fidèle à votre propre plan. Concentrez-vous sur la maîtrise des canaux que VOUS avez choisis parce qu’ils sont pertinents pour VOUS. Il vaut mieux être excellent sur un ou deux canaux que médiocre sur cinq.

‘Ce fameux faux mots, c’est ce qui nous pousse parfois à acheter des choses, c’est ce qui nous a poussé pendant un temps à nous abonner sur Clubhouse et puis on a tous oublié Clubhouse entre-temps ou presque tous.’

En quoi définir son ‘Pourquoi’ aide-t-il à combattre ce syndrome ?

Le ‘Pourquoi’ est votre ancre. C’est votre raison d’être fondamentale, votre boussole interne. Face à un objet brillant qui scintille, votre ‘Pourquoi’ vous permet de juger de sa pertinence réelle. Est-ce que cette nouvelle tactique me rapproche de ma mission de vie, de l’impact que je veux créer ? Ou est-ce juste une distraction tape-à-l’œil ? Quand votre motivation est profondément ancrée dans votre ‘Pourquoi’, les tentations externes perdent beaucoup de leur pouvoir. Il devient le gardien de votre focus.

‘Le pourquoi, le why, en anglais, le pourquoi, c’est la raison profonde pour laquelle on fait ce que l’on fait. […] C’est extrêmement important de connaître ce pourquoi parce que c’est finalement ce qui va nous emmener au quotidien.’

Quels sont les premiers signes d’un burnout lié à ce syndrome ?

Les premiers signes sont souvent subtils. Un cynisme croissant envers votre travail que vous aimiez pourtant. Un sentiment de détachement émotionnel. Une efficacité en baisse malgré des heures de travail qui s’allongent. Une irritabilité constante. Des troubles du sommeil. Et surtout, cette impression de courir sans fin sur un tapis roulant, sans jamais ressentir de satisfaction ou de sentiment d’accomplissement. Si vous vous reconnaissez, c’est un signal d’alarme majeur pour ralentir et réévaluer vos priorités de toute urgence.

‘Attention parce que bien souvent les gens qui ont souffert du burnout […] bien souvent, ils disent que ils ne l’ont pas vraiment vu venir. A posteriori, ils savaient sûrement qu’ils allaient dans le mur mais sur le moment, ils étaient entraînés dans une espèce de spirale d’activité.’


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