Logo de l'épisode 10 ans d'entrepreneuriat avec Jonathan Noble de Swello - Episode 173 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

10 ans d’entrepreneuriat avec Jonathan Noble de Swello – Episode 173

Épisode diffusé le 6 avril 2023 par Estelle Ballot

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Au-delà du lancement : 10 ans d’entrepreneuriat, les leçons de la croissance durable

L’imaginaire collectif de l’entrepreneuriat est souvent saturé d’images de lancements fulgurants, de nuits blanches pour coder un produit révolutionnaire et de la quête effrénée des premiers clients. On se concentre sur la naissance, le ‘big bang’ qui donne vie à une idée. Mais que se passe-t-il après ? Qu’advient-il de l’entreprise une fois que la poussière du lancement est retombée, que les premières années de survie sont passées et que la routine de la croissance s’installe ? C’est une question rarement abordée, et pourtant, c’est là que se jouent les véritables batailles de l’entrepreneuriat : celles de la durabilité, de la structuration et de la vision à long terme. C’est le passage de la survie à la pérennité.

Aujourd’hui, nous allons explorer cette face cachée de la vie d’une entreprise. Oublions un instant le mythe du succès éclair pour nous plonger dans la réalité d’une décennie de construction patiente, de doutes, de pivots et de succès. Pour cela, je m’appuie sur mon expérience, celle de Jonathan Noble, fondateur de Swello. Mon histoire est peu commune, car tout a commencé non pas dans un garage de la Silicon Valley, mais sur les bancs du lycée, entre un cours d’histoire-géo et un cours de chimie. ‘J’ai créé Swello alors que j’étais encore au lycée’, une phrase qui peut sembler folle, mais qui est le point de départ d’une aventure qui dure maintenant depuis plus de dix ans. Cette aventure m’a appris que développer sa boîte ne s’arrête jamais. ‘Faire grandir un business, ça veut dire faire grandir un business tout le temps’. À travers mon parcours, de la première ligne de code bricolée à la gestion d’une équipe de 13 personnes et la signature de contrats interministériels, je souhaite partager avec vous les leçons apprises sur la durée, bien après l’excitation des débuts.

De l’idée au premier code : la naissance improbable de Swello

Toute histoire d’entreprise commence par une étincelle, un problème à résoudre. Pour moi, cette étincelle n’avait rien d’une ambition démesurée de changer le monde. C’était un besoin très personnel, presque trivial. À 15 ans, je tenais un blog high-tech et je voulais partager mes articles sur Twitter au moment où mon audience était la plus active : la journée. Le hic ? ‘La journée, j’étais à l’école et il y avait pas de possibilités avec un portable qui n’avait même pas la 4G à l’époque de publier en journée’. Face à ce mur, mon premier réflexe a été de chercher une solution. Une simple recherche Google, ‘comment programmer des tweets’, ne donne rien. C’est là que le premier enseignement de mon parcours se dessine : lorsque la solution n’existe pas, la fibre entrepreneuriale vous pousse à vous demander : ‘Et si je la créais ?’.

Sans compétences de développeur, l’idée aurait pu s’arrêter là. Mais la curiosité et une certaine audace m’ont poussé à poser la même question sur Twitter. La réponse est venue d’un Canadien, sous le pseudo de Sanf, qui m’a partagé un bout de code. C’était tout ce dont j’avais besoin. Ce petit morceau de code, c’était la clé qui ouvrait la porte. Je l’ai pris, j’ai bricolé un design que je qualifie moi-même d’‘extrêmement moche’ et j’ai mis en ligne la toute première version de ce qui s’appelait alors ‘Clock Tweets’. L’outil était fait pour moi, pour mon besoin. Il n’y avait aucune stratégie, aucun business plan, juste l’envie de résoudre mon propre problème. Cette approche, centrée sur un besoin réel et ressenti, est souvent la plus authentique et la plus puissante pour démarrer un projet. Elle garantit au moins un premier utilisateur satisfait : soi-même.

La magie d’un tweet et la naissance d’un duo d’adolescents

Avoir une première version, même imparfaite, est une étape cruciale. Mais très vite, je me suis heurté à mes limites techniques. Le projet était en ligne, mais pour le faire évoluer, il me fallait de l’aide. Fort de ma première expérience réussie, j’ai réitéré la méthode : j’ai posté un nouveau tweet. ‘Est-ce que ça intéresse un développeur de m’aider, de venir dans ce projet ?’. La réponse qui est arrivée est aujourd’hui encore l’un des piliers de cette histoire. Un jeune de 14 ans, Lancelot, me répond : ‘moi je suis partant’. Nous avions 15 et 14 ans. Deux adolescents, qui ne se connaissaient pas, se sont associés via un simple message sur un réseau social pour construire un outil digital. C’est une illustration parfaite de la puissance de l’écosystème numérique et de la culture de l’entraide qui peut y exister.

Pendant deux ans, Lancelot et moi avons travaillé ensemble. Nous avons mis l’outil en ligne très rapidement, et c’est là que la magie a opéré. Dès la première semaine, un utilisateur inattendu et prestigieux a commencé à utiliser notre service : le journal L’Équipe. Ce fut un véritable électrochoc. Notre petit projet, né d’un besoin personnel et développé par deux lycéens, était utilisé par une marque nationale. C’est à ce moment précis que notre perception a changé. ‘Et c’est là où en fait, c’est passé de ‘c’est un petit projet pour nous, pour s’amuser’ à ‘c’est un projet qui ira dans notre CV ». Cette validation externe a donné une nouvelle dimension au projet. Ce n’était plus un simple passe-temps, c’était une ligne tangible sur un CV, une première expérience professionnelle concrète qui prenait forme avant même d’avoir le bac.

L’importance cruciale de l’écosystème et du soutien familial

On entend souvent dire que les entrepreneurs se font tout seuls. C’est, à mon sens, l’un des plus grands mythes de notre écosystème. Mon histoire en est la preuve. Je n’aurais jamais pu avancer sans le soutien constant de mon entourage. J’ai eu la chance de grandir dans une famille d’entrepreneurs. Mes parents, mes frères, ma sœur, tous avaient cette fibre. Mon grand frère, directeur artistique, avait déjà monté une boîte. Cette atmosphère a sans doute dédramatisé l’acte d’entreprendre. ‘Je pense qu’il y a de ça aussi dans tout ça’, dis-je en réfléchissant à ces débuts. Voir ses proches se lancer, réussir, échouer parfois, mais toujours essayer, cela crée un terreau fertile. Cela normalise l’idée que l’on peut créer sa propre voie.

Au-delà de l’inspiration, il y a eu des mots, des moments précis qui ont agi comme des catalyseurs. Je me souviens d’un jour, sur le canapé de mon frère Jérémy à Paris. Il a regardé ce que j’avais fait, ce fameux ‘Clock Tweets’ au design discutable, et il m’a dit : ‘en vrai, c’est chouette ce que tu as fait. C’est pas très beau […], mais en vrai tu sais, lâche pas quoi, enfin tente’. Cette simple phrase, ce mélange de critique honnête et d’encouragement sincère, a peut-être tout changé. Elle a validé l’effort et m’a donné la permission de continuer à y croire. C’est un message que je tiens à faire passer : ‘c’est important, quel que soit le projet, de soutenir ses proches’. Un mot d’enthousiasme, une écoute bienveillante, cela peut paraître anodin, mais cela peut donner les ailes nécessaires pour transformer une petite idée en une grande aventure.

Cette première phase, aussi excitante soit-elle, n’était que le prélude à des défis bien plus structurants. Passer d’un projet ‘pour le CV’ à une véritable entreprise demandait un changement de paradigme complet, des décisions stratégiques et une vision qui dépassait le simple cadre d’un outil gratuit pour Twitter. C’est là qu’a commencé le deuxième chapitre de Swello, celui de la professionnalisation.

Structurer la croissance : de l’accélérateur à la levée de fonds

Après le départ de Lancelot pour ses études, j’ai maintenu le projet seul pendant trois ans. L’outil continuait de grandir organiquement, attirant des utilisateurs prestigieux comme toutes les chaînes de la TNT et les grandes radios. Mais il restait un projet passion, gratuit, sans modèle économique. Le tournant s’est produit fin 2015, lorsque j’ai recroisé le chemin de Thibault, le meilleur ami de mon frère, qui est devenu mon associé et CTO. Ensemble, nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure. Nous avons rejoint un accélérateur à Toulon, TVT Innovation. C’est là que nous avons été confrontés à une question fondamentale qui se pose à tout créateur de projet à succès : que voulons-nous construire ? Deux voies s’offraient à nous.

La première option était de rester une petite équipe, de ‘vivoter’. C’est-à-dire créer une structure qui génère des revenus suffisants pour nous payer, mais sans ambition de croissance exponentielle. C’est un choix tout à fait respectable. La seconde option était plus audacieuse : tenter une levée de fonds pour ‘aller beaucoup plus vite, beaucoup plus loin’. C’est cette seconde voie que nous avons choisie. Pourtant, nos convictions initiales étaient radicalement opposées. En arrivant à l’accélérateur, notre discours était clair : ‘on va rester que sur Twitter, c’est ça notre spécificité et on arrivera sans faire de levée de fond’. Quelques mois plus tard, nous intégrions Facebook et un an après, nous levions des fonds. Cela m’a appris l’une des leçons les plus importantes de l’entrepreneuriat : il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Il faut savoir rester flexible et adapter sa stratégie aux opportunités et aux réalités du marché.

Le pivot stratégique : de ‘jamais de levée de fonds’ à une nécessité pour grandir

La décision de lever des fonds n’a pas été prise à la légère. Elle est venue d’une prise de conscience : pour rivaliser avec des concurrents internationaux comme Buffer ou Hootsuite, qui avaient déjà cinq à six ans d’avance, il fallait des moyens. Des moyens pour recruter, pour développer de nouvelles fonctionnalités et pour accélérer notre commercialisation. Nous avions embauché notre premier stagiaire, Kevin, qui est ensuite devenu notre premier salarié. Le garder en CDI, continuer à développer le produit, tout cela nécessitait de l’argent. Notre projet passion devait devenir un véritable business. Le choix de la levée de fonds était donc un choix stratégique pour la croissance.

Cette décision nous a forcés à structurer notre vision. Qu’est-ce que Swello allait devenir dans 3, 5, 10 ans ? Comment allions-nous monétiser notre base de 110 000 utilisateurs gratuits ? Quel était notre positionnement unique sur un marché déjà concurrentiel ? Ce processus de réflexion, indispensable pour convaincre des investisseurs, a été extrêmement bénéfique pour l’entreprise. Il nous a obligés à passer d’une gestion au jour le jour à une projection stratégique à long terme. C’est un exercice que je recommande à tous les entrepreneurs, même ceux qui ne souhaitent pas lever de fonds. Clarifier sa vision, définir ses objectifs et construire une feuille de route sont des étapes fondamentales pour transformer un produit en une entreprise pérenne.

Lever des fonds avec 700 € de chiffre d’affaires : l’art de vendre une vision

Le plus grand défi de cette levée de fonds était notre situation financière. ‘On faisait que 700 € de chiffre d’affaires’. Pour une entreprise, c’est l’équivalent de zéro. Comment convaincre des investisseurs de miser sur une société qui ne génère quasiment aucun revenu ? C’est une question que beaucoup de porteurs de projet se posent. La réponse réside dans la capacité à vendre autre chose que des chiffres : une vision, une équipe et une traction. Notre principal atout n’était pas notre chiffre d’affaires, mais nos 110 000 utilisateurs. Cette base d’utilisateurs, acquise sans aucun budget marketing, prouvait qu’il y avait un réel besoin pour notre produit. C’était la démonstration d’un ‘product-market fit’ organique.

Ensuite, il y avait l’équipe. L’association entre Thibault, le CTO qui avait déjà sauvé le projet plusieurs fois, et moi-même, porteur de la vision depuis le début, formait un duo complémentaire et solide. Enfin, il y avait la vision : devenir l’outil de gestion des réseaux sociaux de référence en France, avec une approche centrée sur la simplicité et un service client de proximité. Les investisseurs n’ont pas misé sur nos 700 €, ils ont misé sur notre capacité à transformer notre immense base d’utilisateurs gratuits en clients payants, sur la solidité de notre équipe et sur la pertinence de notre vision pour le marché français. Cette expérience m’a appris que la valeur d’une startup ne se résume pas à son compte de résultat. Elle réside surtout dans son potentiel de croissance futur.

Avec des fonds en poche, nous avons pu accélérer, recruter, et commencer à construire l’entreprise que nous visions. Mais l’argent ne résout pas tout. Il amène son propre lot de défis, notamment la gestion de la trésorerie et la pression de la rentabilité. Une pression que nous allions ressentir de plein fouet quelques années plus tard, lors d’une crise mondiale que personne n’avait anticipée.

Naviguer dans la tempête : le COVID-19 comme accélérateur inattendu

Lorsqu’on lève des fonds, on entre dans une phase où l’on ‘brûle du cash’. On investit dans le recrutement et le développement, ce qui signifie que l’entreprise perd de l’argent pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, avant d’atteindre l’équilibre. Nous avons atteint ce point d’équilibre environ trois ans après notre levée, juste au moment où la crise du COVID-19 a éclaté. La situation était paradoxale : nous devenions enfin rentables, mais le monde entier s’arrêtait. Au début de la crise, l’incertitude était totale. ‘On est tous avec des budgets qui s’arrêtent. On fait attention à tout parce que c’est la première fois qu’on vit ça, on a peur’. Pour la première fois de ma vie d’entrepreneur, j’ai ressenti une véritable angoisse financière.

La gestion de la trésorerie est devenue notre priorité absolue. Nous avons vu notre matelas de sécurité fondre et nous nous sommes approchés d’un point critique. ‘C’était la première fois où on passe en dessous d’un certain palier et on se dit ‘OK, si là il se passe pas un truc, ça va être chaud ». Cette peur a été un puissant moteur. Elle nous a obligés à être encore plus rigoureux, à explorer toutes les solutions possibles, y compris les aides de l’État comme le PGE, sur les conseils de nos investisseurs. Cette période difficile nous a appris à piloter l’entreprise avec une précision chirurgicale et a ajouté une corde essentielle à notre arc de compétences de gestionnaires. Mais le plus surprenant est ce qui s’est passé ensuite.

Après la sidération des premières semaines, une nouvelle réalité s’est imposée. Confinés, le seul lien qui restait entre les marques et leurs clients était digital. ‘Il nous reste un seul lien quand on est confiné, c’est internet, c’est les réseaux sociaux’. Soudain, les budgets marketing, qui avaient été coupés, ont été réalloués en masse vers le social media. Le métier de community manager, parfois dévalorisé, est devenu absolument central. Il fallait des experts pour animer, répondre, créer du lien. Et pour faire cela efficacement, il fallait des outils comme Swello. La crise, qui avait failli nous mettre en difficulté, s’est transformée en un formidable accélérateur pour notre marché. Simultanément, nous avions remporté quelques mois plus tôt un appel d’offres interministériel majeur. La conjonction de ces deux événements a créé une dynamique extrêmement positive. La période a été ‘bénéfique à ce moment-là et nous a un peu poussé pour la suite’. Cette expérience est une leçon de résilience : même dans les moments les plus sombres, des opportunités peuvent émerger si l’on est attentif et prêt à les saisir.

Conclusion : les leçons d’un marathon entrepreneurial de 10 ans

En regardant en arrière, ces dix années d’entrepreneuriat avec Swello ressemblent à un marathon rempli de sprints, de virages inattendus et de longues lignes droites. L’histoire a commencé avec un adolescent de 15 ans qui voulait simplement programmer ses tweets, et elle se poursuit aujourd’hui avec une entreprise solide, une équipe talentueuse et des clients prestigieux. Ce parcours m’a enseigné quelques vérités fondamentales que je souhaite partager.

Premièrement, l’importance de commencer, même petit, même de manière imparfaite. L’action prime sur la perfection. Ce premier outil ‘moche’ a été le catalyseur de tout le reste. Deuxièmement, personne ne réussit seul. Que ce soit un Canadien généreux, un associé technique de 14 ans, une famille qui vous soutient ou des investisseurs qui vous conseillent, l’écosystème est la clé de voûte de la réussite. Sachez vous entourer et, plus important encore, sachez écouter. Troisièmement, la flexibilité est une qualité de survie. Les plans sont faits pour être changés. Savoir abandonner une conviction forte, comme notre refus initial de lever des fonds, peut s’avérer être la meilleure décision stratégique que vous prendrez. Enfin, la résilience n’est pas un vain mot. Les crises et les moments de doute sont inévitables. C’est votre capacité à les traverser, à apprendre et à trouver des opportunités dans l’adversité qui définira votre longévité.

L’entrepreneuriat n’est pas une destination, c’est un voyage constant d’apprentissage et d’adaptation. Si mon histoire peut inspirer ne serait-ce qu’une personne à se lancer, à persévérer face à un obstacle ou simplement à oser partager son idée, alors ce partage aura atteint son but. N’attendez pas d’avoir le plan parfait ou l’idée du siècle. Commencez avec votre besoin, parlez-en autour de vous, et soyez prêt pour une aventure qui vous transformera bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer.


Questions fréquentes sur l’histoire de Swello et l’entrepreneuriat

Comment Jonathan Noble a-t-il eu l’idée de créer Swello à 15 ans ?

L’idée de Swello n’est pas née d’une stratégie commerciale, mais d’un besoin très personnel. À l’adolescence, Jonathan gérait un blog high-tech et souhaitait publier ses articles sur Twitter pendant la journée pour toucher une audience plus large. Cependant, étant à l’école, il ne pouvait pas le faire manuellement. Après avoir cherché sans succès un outil existant pour programmer des tweets, il a décidé de créer sa propre solution. C’est cette frustration initiale et ce désir de résoudre son propre problème qui ont été le véritable point de départ de l’aventure Swello, initialement baptisé ‘Clock Tweets’.

‘J’avais ce besoin, voilà, j’avais un blog high-tech qui parlait des dernières sorties iPhone et cetera et je voulais publier mon contenu la journée plutôt qu’en soirée. Sauf que bah la journée j’étais à l’école et il y avait pas de possibilités… Comment programmer des tweets ? […] ça n’existait pas, un tel outil n’existait pas et donc bah c’est parti comme ça.’

Comment Swello a-t-il réussi sa levée de fonds avec seulement 700 € de chiffre d’affaires ?

Lever des fonds avec un chiffre d’affaires quasi inexistant peut sembler impossible, mais Swello a réussi en misant sur d’autres atouts bien plus convaincants à ce stade. Leur principal argument était leur traction utilisateur massive et organique : la plateforme comptait déjà 110 000 utilisateurs, incluant des noms prestigieux comme L’Équipe ou de grandes chaînes de télévision. Cela prouvait l’existence d’un marché et l’adéquation du produit. De plus, ils ont présenté une vision claire pour l’avenir et une équipe fondatrice solide et complémentaire. Les investisseurs n’ont pas investi dans les revenus présents, mais dans le potentiel futur de l’entreprise à convertir cette large base d’utilisateurs en clients payants.

‘On faisait que 700 € de chiffre d’affaires. Faut se rendre compte que 700 € c’est quasi égal à 0 € pour une boîte. […] C’est pas forcément ça qui les intéressait, c’est pas forcément le chiffre d’affaires.’

Quel a été l’impact de la crise du COVID-19 sur une entreprise SaaS comme Swello ?

La crise du COVID-19 a eu un double effet sur Swello. La phase initiale a été marquée par une grande incertitude et une pression sur la trésorerie, car de nombreuses entreprises ont gelé leurs budgets. Cependant, cette période de peur a été suivie par une prise de conscience : avec le confinement, les réseaux sociaux sont devenus le principal canal de communication pour les marques. Cela a entraîné une réallocation massive des budgets vers le social media et a revalorisé le métier de community manager. Pour Swello, cela s’est traduit par un accélérateur de croissance inattendu, transformant une menace potentielle en une véritable opportunité de marché.

‘Il nous reste un seul lien quand on est confiné, c’est internet, c’est les réseaux sociaux. OK, on remet du budget sur ça. Et en fait, ce métier là […] est devenu un métier hyper valorisé, il faut des experts sur le domaine. […] cette période a été bénéfique à ce moment-là et nous a un peu poussé pour la suite.’

L’entourage est-il vraiment si important pour un jeune entrepreneur ?

Absolument. L’histoire de Jonathan Noble montre que l’écosystème personnel et familial est un facteur déterminant. Ayant grandi dans une famille d’entrepreneurs, l’idée de créer une entreprise était pour lui quelque chose de naturel et de dédramatisé. Au-delà de l’inspiration, le soutien moral est crucial. Un simple mot d’encouragement de son frère a eu un impact significatif, le poussant à persévérer. L’entourage agit comme un filet de sécurité émotionnel et une source de motivation, surtout dans les moments de doute qui sont inévitables dans tout parcours entrepreneurial.

‘Je pense que c’est important quel que soit le projet de soutenir ses proches. Amis, copains, copines, famille. […] peut-être que ce petit message, ce petit mot juste sur un canapé à Paris, ça m’a fait tilt en mode bon bah vas-y go, on va le tenter quoi.’

Peut-on monter une entreprise technologique sans savoir coder ?

Oui, et le début de Swello en est la parfaite illustration. Jonathan n’était pas développeur. Son premier pas a été de trouver un bout de code partagé par un internaute. Son deuxième pas, tout aussi crucial, a été de trouver un associé technique. Il a utilisé Twitter pour lancer un appel et a trouvé Lancelot, un développeur de 14 ans. Cette histoire démontre qu’il n’est pas indispensable de maîtriser la technique soi-même, mais il est essentiel de savoir identifier son besoin et de trouver les bonnes personnes pour s’associer. La vision et la capacité à rassembler des talents sont des compétences aussi importantes que le codage.

‘Je le mets en ligne et en fait, bah je me retrouve quand même seul sur le projet parce que je suis pas développeur. Et donc je refais un tweet, ‘est-ce que ça intéresse un développeur de m’aider ?’ Et j’ai une personne qui a 14 ans […] qui me dit ‘bah moi je suis partant’.’

Quelle est la différence entre un projet ‘pour son CV’ et un véritable business ?

Au début, Swello (alors Clock Tweets) était perçu par ses créateurs comme un projet pour enrichir leur CV, surtout après avoir vu des marques comme L’Équipe l’utiliser. La différence fondamentale réside dans l’ambition et la structure. Un projet pour le CV est souvent une expérience, sans modèle économique clair ni vision à long terme. La transformation en véritable business s’opère lorsqu’on décide de structurer le projet : création d’une société, définition d’un modèle de revenus (passage au payant), recrutement d’une équipe et élaboration d’une stratégie de croissance. C’est le passage d’une occupation passionnante à une entité économique pérenne.

‘C’est là où en fait, c’est passé de ‘c’est un petit projet pour nous, pour s’amuser et cetera’, à ‘c’est un projet qui ira dans notre CV’. Et après […] c’est là où je recroise le chemin du meilleur ami de mon frère Thibault qui est devenu mon associé.’


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