Oser l’échec : pourquoi votre plus grande peur est la clé de votre réussite
Je dois vous faire une confession. Pendant des années, j’ai cultivé ce que l’on pourrait appeler le ‘syndrome de la bonne élève’. Petite, j’étais cette enfant modèle, celle qui ramenait des carnets de notes impeccables, qui excellait dans ses études supérieures et décrochait le stage de rêve dans un cabinet réputé inaccessible. Ma carrière a suivi cette trajectoire ascendante, presque sans accroc. Une ligne droite vers le succès, en apparence. Mais cette façade lisse cachait une faille profonde, un talon d’Achille que tout entrepreneur connaît bien : une aversion viscérale pour l’échec. Car être une ‘bonne élève’ a un inconvénient majeur : on n’apprend jamais à se planter. Et quand on n’a pas l’habitude de tomber, la simple idée de trébucher devient une source de paralysie. Comme je le disais dans le podcast, ‘j’aime pas l’échec. Pire, je peux vite avoir peur de l’échec. Et ça, c’est un problème parce que si j’ai peur de l’échec, eh ben, j’ai peur d’avancer. Et si j’ai peur d’avancer, eh ben, je n’apprends plus, je ne bouge plus et j’attends que ça se passe.’ Cette peur n’est pas une simple anxiété passagère ; c’est un véritable frein à main qui bloque notre potentiel, notre créativité et notre croissance. Dans un monde entrepreneurial où l’agilité et l’expérimentation sont reines, rester immobile, c’est régresser. Cet article n’est pas un bilan doré de fin d’année. C’est une plongée nécessaire et honnête au cœur de cette peur universelle. Ensemble, nous allons disséquer ce qui se cache vraiment derrière la peur de l’échec, comprendre son impact concret sur nos résultats, découvrir des stratégies éprouvées pour la dépasser et, enfin, apprendre à nous relever avec force lorsque, inévitablement, nous nous plantons.
La peur de l’échec : décryptage d’un ennemi intérieur
Avant de chercher à combattre un ennemi, il faut d’abord le comprendre. La peur de l’échec est souvent perçue comme un monolithe, une grande ombre menaçante. Pourtant, elle est bien plus complexe. Une conversation avec Edgar Grospiron, l’un de mes invités de podcast préférés, a complètement changé ma perspective. Alors que je lui avouais ma peur de l’échec, il m’a arrêté net : ‘non mais Estelle, t’es mignonne, personne n’aime l’échec. Évidemment que personne n’aime échouer, c’est logique. La vraie question, c’est cette histoire de peur. Est-ce que l’échec nous paralyse ou est-ce qu’il nous fait avancer ?’ Cette distinction est fondamentale. Le problème n’est pas de ne pas aimer l’échec, ce qui est parfaitement humain. Le vrai problème, c’est de laisser la peur de cet échec dicter nos actions, ou plutôt, notre inaction. Cette peur est rarement celle de l’échec en lui-même, mais plutôt de ses conséquences perçues, de ce qu’il révèle de nous aux yeux du monde et à nos propres yeux. C’est une peur composite, un agrégat de plusieurs angoisses plus profondes qui méritent d’être examinées une par une pour être désamorcées.
Les quatre visages de la peur : ce qui se cache vraiment derrière l’angoisse d’échouer
Quand on creuse un peu, on s’aperçoit que la peur de l’échec est un arbre dont les racines sont multiples et profondément ancrées dans notre psyché. J’en ai identifié quatre principales. Premièrement, il y a la peur du jugement des autres. C’est peut-être la plus commune. En tant qu’êtres sociaux, nous sommes câblés pour rechercher l’approbation du groupe. L’échec est perçu comme un signe de faiblesse ou d’incompétence qui pourrait nous aliéner, nous faire perdre en crédibilité auprès de nos pairs, de nos clients ou de notre famille. Deuxièmement, vient la peur de la comparaison. Dans notre monde hyper-connecté, il est facile de tomber dans le piège de mesurer sa propre progression à l’aune des réussites apparentes des autres. On se dit : ‘regarde machin fait telle chose et moi, eh ben, je me suis plantée.’ L’échec personnel devient alors d’autant plus cuisant qu’il est mis en perspective avec le succès, souvent mis en scène, des autres. Troisièmement, il y a la peur de perdre confiance en soi. L’échec peut ébranler notre estime personnelle. On craint que cet événement vienne confirmer cette petite voix intérieure qui nous souffle parfois que nous ne sommes pas à la hauteur, que nous sommes des imposteurs. Enfin, et c’est intimement lié, il y a la peur d’égratigner son ego. Nous avons tous une image de nous-mêmes que nous souhaitons préserver. L’échec vient fissurer cette image, nous forçant à confronter une version de nous-mêmes moins parfaite, plus vulnérable. Comprendre laquelle de ces peurs est la plus prégnante chez soi est la première étape pour commencer à s’en libérer.
L’impact mesurable de la peur sur la performance : le Projet Aristote de Google
Cette peur de l’échec n’est pas qu’un simple sentiment désagréable ; elle a un impact direct, mesurable et prouvé sur notre capacité à réussir. Ce n’est pas une simple intuition, mais la conclusion d’une étude massive menée par Google en 2012, le fameux ‘Projet Aristote’. Les chercheurs de Google ont analysé plus de 180 de leurs équipes en utilisant près de 200 paramètres pour comprendre ce qui différenciait les équipes ultra-performantes des autres. Le résultat est sans appel. Le facteur numéro un, plus important que les compétences individuelles, la structure hiérarchique ou l’expérience, était la sécurité psychologique. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Comme je l’expliquais, ‘c’est le fait de savoir qu’on peut s’exprimer sans crainte, sans avoir peur d’être critiqué, sans avoir peur du regard du groupe, sans être mis à l’écart du groupe.’ C’est la conviction partagée par les membres d’une équipe qu’ils peuvent prendre des risques interpersonnels sans crainte de conséquences négatives. En d’autres termes, c’est un environnement où le droit à l’erreur est non seulement toléré, mais implicitement encouragé comme faisant partie du processus d’innovation. Dans un tel climat, les gens osent proposer des idées audacieuses, poser des questions ‘bêtes’, admettre leurs erreurs et contester le statu quo. Cette étude prouve de manière éclatante que lorsque la peur de l’échec est neutralisée, la créativité, l’engagement et la performance collective explosent. Et ce qui est vrai pour une équipe l’est tout autant pour un entrepreneur seul, dont le dialogue intérieur peut créer un climat de terreur ou de sécurité psychologique.
Nous venons de voir que la peur de l’échec est un phénomène complexe, aux racines multiples, et dont l’impact négatif sur la réussite est scientifiquement prouvé. La question qui brûle toutes les lèvres est donc : comment faire ? Comment passer de la paralysie à l’action ? Comment transformer cette force inhibitrice en un carburant pour notre ambition ? C’est tout l’objet de la section suivante, où nous allons explorer sept stratégies concrètes et actionnables pour reprendre le contrôle.
7 stratégies pour transformer la peur de l’échec en tremplin vers le succès
Accepter que la peur existe et qu’elle a un impact est une chose. Apprendre à la maîtriser pour qu’elle ne nous domine plus en est une autre. Heureusement, il ne s’agit pas d’une fatalité. Il existe des techniques et des changements de perspective puissants pour désamorcer cette peur et la transformer en alliée. Au fil de mes recherches, de mes discussions et de mes propres expériences, j’ai compilé sept approches qui m’ont profondément aidée. Chacune d’entre elles est une clé pour déverrouiller une partie de la cage dans laquelle la peur de l’échec nous enferme. Elles ne demandent pas de devenir quelqu’un d’autre, mais plutôt de mieux comprendre comment nous fonctionnons pour mieux agir.
1. Activer votre ‘bibliothèque de courage’ : puisez la force dans vos victoires passées
Notre cerveau a une tendance naturelle à se focaliser sur le négatif, un biais hérité de nos ancêtres pour qui repérer un danger était une question de survie. Pour contrer ce mécanisme, une technique simple et puissante, que m’a partagée Jenny Chammas, est de se souvenir consciemment des moments où nous avons déjà surmonté une peur. Pensez-y : nous avons tous vécu des situations qui nous semblaient insurmontables. ‘Typiquement, euh quand on a passé le bac. Euh pour moi, c’était surtout quand j’ai passé le permis de conduire… On a tous eu à un moment donné, je sais pas, un concours, un examen, un rendez-vous… un truc où on s’est dit, c’est sûr, là, je cours à la catastrophe, je vais me planter. Et puis finalement, on y a été.’ Et nous avons réussi. Prenez un instant pour lister trois de ces moments. Ressentez à nouveau la peur que vous éprouviez alors, puis la fierté et le soulagement de l’avoir surmontée. Cet exercice n’est pas anodin ; il reconditionne activement notre cerveau. Il lui envoie un message clair : ‘Je suis capable de ressentir la peur ET d’agir. La peur n’est pas un indicateur de l’issue finale.’ En créant cette ‘bibliothèque de courage’ mentale, vous disposez d’une ressource interne inépuisable à consulter chaque fois que la peur de l’échec pointe le bout de son nez, vous rappelant que vous avez déjà gagné contre elle par le passé.
2. Comprendre votre cerveau reptilien : la peur comme signal d’innovation
Pourquoi ressentons-nous cette peur si intensément ? La réponse se trouve dans la partie la plus primitive de notre cerveau. Notre cerveau est une machine à survie, optimisée au fil des millénaires pour nous maintenir en sécurité. Et pour lui, la sécurité est synonyme de routine et de prévisibilité. Comme je le rappelle souvent, il fonctionne encore sur un modèle préhistorique : ‘ce qui nous a gardé en vie finalement, c’est de faire des choses qu’on sait maîtriser, d’aller toujours sur le même chemin, le même sentier parce que ce sentier-là, on sait que euh les lions passent pas par là.’ Toute nouveauté, toute sortie du ‘sentier battu’ est interprétée comme un risque mortel potentiel. Changer de stratégie marketing, lancer un nouveau produit, prospecter un grand compte… pour votre cerveau, c’est comme sortir de la caverne la nuit. Il déclenche donc le signal de la peur pour vous inciter à rester dans votre zone de confort. Mais voici le changement de perspective crucial : aujourd’hui, les mammouths ont disparu. Cette peur n’est plus un signal de danger de mort, mais un signal d’innovation. Si vous ressentez de la peur, c’est probablement que vous êtes sur le point de faire quelque chose de nouveau, de grandir, de sortir de votre routine. ‘Si on n’a pas peur, c’est qu’on n’innove pas.’ Accueillez donc la peur non pas comme un panneau ‘stop’, mais comme un GPS qui vous indique : ‘Vous entrez maintenant en zone de croissance’.
3. Adopter le mindset de l’apprentissage : chaque échec est une donnée
L’une des plus grandes révolutions pour un entrepreneur est de cesser de voir l’échec comme une fin en soi et de commencer à le voir comme une précieuse source d’informations. C’est le cœur du mindset entrepreneurial. Chaque action que vous entreprenez est une expérience. Et une expérience, par définition, ne peut pas ‘rater’ ; elle ne fait que produire un résultat, une donnée. ‘Quoi que je fasse, c’est une occasion d’apprendre.’ Une campagne publicitaire qui ne convertit pas ? Ce n’est pas un échec, c’est une donnée qui vous apprend que votre message, votre cible ou votre visuel n’est pas le bon. Un lancement de produit qui fait un flop ? C’est une information cruciale sur les besoins réels de votre marché. En adoptant cette posture de scientifique de votre propre business, vous retirez toute la charge émotionnelle de l’échec. Il n’est plus question de jugement personnel, mais d’analyse objective. Vous ne vous dites plus ‘je suis nul’, mais ‘cette hypothèse était incorrecte, quelle nouvelle hypothèse puis-je tester ?’. Cette approche ‘test and learn’ transforme chaque revers potentiel en un tremplin vers une meilleure compréhension, une stratégie plus affinée et, à terme, une réussite plus solide. Sans ces ‘échecs’, vous ne feriez que naviguer à vue, en espérant tomber juste par hasard.
4. Redéfinir la réussite : un voyage, pas une destination
Notre culture nous pousse souvent à voir la réussite comme un point final : le diplôme, la promotion, le chiffre d’affaires atteint. Cette vision binaire (j’ai réussi / j’ai échoué) est incroyablement anxiogène, car elle met une pression immense sur chaque action. Et si nous changions de focale ? Si la réussite n’était pas le sommet de la montagne, mais l’intégralité de la randonnée, avec ses sentiers escarpés, ses détours et ses pauses pour reprendre son souffle ? ‘La réussite c’est pas juste l’arrivée. La réussite c’est tout ce qui a permis d’arriver. Et donc les erreurs, eh ben, ça a permis d’arriver. Ça fait finalement tout simplement partie du chemin.’ Dans cette perspective, un échec n’est plus une sortie de route, mais simplement un détour inattendu sur la carte. C’est une partie intégrante et nécessaire du processus. Personne n’a jamais atteint un objectif ambitieux en ligne droite. Les biographies de tous les grands entrepreneurs sont des successions d’essais, d’erreurs, de pivots et d’ajustements. En considérant la réussite comme un cheminement continu, vous cessez de craindre les faux pas. Chaque pas, même s’il semble vous éloigner temporairement du but, vous fait avancer sur le chemin global de l’expérience et de la connaissance.
5. Dissocier l’action de l’identité : vous n’êtes pas vos échecs
C’est peut-être le conseil le plus important, surtout pour les perfectionnistes et les ‘bonnes élèves’ comme moi. Nous avons une tendance terrible à fusionner ce que nous faisons avec ce que nous sommes. Si une de mes actions échoue, mon cerveau court-circuite et en déduit : ‘JE suis un échec’. C’est un piège mental dévastateur. ‘C’est une vraie différence entre avoir raté et être un raté ou une ratée… j’ai très vite le sentiment, si je me plante que oh ! mais je suis une branc, je suis nulle.’ Il est vital d’ériger un pare-feu mental entre vos actions et votre identité. Une action est un événement externe, ponctuel et modifiable. Votre valeur en tant que personne est intrinsèque, stable et inconditionnelle. Avoir raté une présentation ne fait pas de vous un mauvais orateur, mais quelqu’un qui a fait une présentation qui n’a pas atteint son objectif. Cette nuance sémantique est capitale. Elle vous permet d’analyser l’échec de l’action de manière objective, sans que votre ego soit menacé. Vous pouvez alors vous dire : ‘Ok, cette stratégie n’a pas fonctionné. Qu’est-ce que je peux changer dans ma stratégie la prochaine fois ?’ au lieu de ‘Je suis incapable, je n’y arriverai jamais’. C’est la différence entre la critique constructive (sur l’action) et l’autoflagellation destructive (sur l’identité).
6. Jouer l’avocat du diable : mesurer le risque réel pour désamorcer l’angoisse
Notre imagination est souvent notre pire ennemie. Face à une décision, la peur de l’échec enfle et se transforme en un monstre disproportionné, une catastrophe atomique imminente. La plupart du temps, nous laissons cette angoisse vague nous paralyser sans jamais vraiment la regarder en face. L’exercice consiste à faire exactement cela : confronter la peur. ‘De s’arrêter deux minutes, d’arrêter de se dire, j’ai peur que ça que ce que ce soit une catastrophe, et de se dire, quelle serait la réelle catastrophe ? La pire chose qui puisse arriver ?’ Prenez une feuille et écrivez noir sur blanc le pire scénario possible. Vraiment le pire du pire. Puis, à côté, notez les probabilités réelles que cela arrive. Et enfin, pour chaque point de ce scénario catastrophe, écrivez ce que vous pourriez faire pour l’éviter ou pour réparer les dégâts si cela se produisait. Vous réaliserez presque toujours deux choses : 1) le pire scénario est bien moins terrible que le monstre flou dans votre tête et, surtout, il n’est pas fatal. ‘Dans le pire du pire du pire du pire des cas, vous n’allez pas mourir.’ 2) Vous avez bien plus de ressources et de plans B que vous ne l’imaginiez pour rebondir. Cet exercice de ‘fear-setting’ rationalise la peur, la sort du domaine de l’émotion pure pour la ramener à une analyse de risque gérable. La peur s’évanouit souvent lorsqu’on allume la lumière.
7. Adopter la philosophie Schwarzenegger : l’échec est une composante du succès
Pour finir, je veux partager une vision des choses qui m’a été inspirée par Arnold Schwarzenegger, via un podcast de Tim Ferriss. Il explique que notre opposition binaire entre échec et réussite est fondamentalement erronée. Les deux ne sont pas des opposés, mais les deux faces d’une même pièce. ‘L’échec fait partie de la réussite. C’est euh les deux sont finalement absolument indissociables.’ Son raisonnement, basé sur son expérience de compétiteur, est lumineux. Pour qu’il y ait un gagnant dans une compétition, il faut nécessairement qu’il y ait des perdants. Participer à la compétition, c’est accepter la possibilité de perdre. L’échec n’est pas un accident de parcours, c’est une condition sine qua non de l’existence même de la réussite. ‘Pour que quelqu’un réussisse, il faut que quelqu’un échoue. Donc tout simplement, si l’on ne croit pas à l’échec, on ne croit pas à la réussite.’ Transposé à l’entrepreneuriat, cela signifie que se lancer sur un marché, c’est entrer dans une ‘compétition’ où le succès n’est jamais garanti. Refuser l’échec, c’est refuser de jouer. En intégrant cette idée, la peur de l’échec perd de sa dramaturgie. Ce n’est plus une tragédie personnelle, mais une règle du jeu acceptée par tous les participants. L’échec devient alors normal, attendu, et fait simplement partie du processus qui mène, parfois, à la victoire.
Armés de ces sept stratégies, nous sommes bien mieux équipés pour affronter la peur. Mais la théorie, c’est bien. La pratique, c’est de se retrouver face à un échec concret. Malgré toute la préparation du monde, cela arrivera. La question n’est pas de savoir si on va tomber, mais comment on va se relever. C’est ce que nous allons voir maintenant : le processus concret pour transformer une chute en un rebond puissant.
Rebondir après la chute : le processus en 5 étapes pour transformer un échec en levier de croissance
Même avec le meilleur état d’esprit du monde, l’échec reste désagréable. Personne n’aime se planter. Le choc initial, la déception, la frustration… ces émotions sont réelles et légitimes. Le véritable enjeu n’est pas de ne pas les ressentir, mais de ne pas se laisser submerger par elles. Il s’agit de mettre en place un processus, une sorte de ‘protocole post-échec’ qui nous permet de traverser la tempête émotionnelle pour en extraire les leçons et repartir plus fort. Ce n’est pas un processus magique, mais une séquence logique d’actions qui permet de passer de la position de victime à celle d’acteur de sa propre croissance. Voici les cinq étapes clés pour non seulement survivre à un échec, mais l’utiliser comme un véritable carburant pour votre prochaine réussite.
1. Accepter l’échec pour pouvoir le dépasser
La toute première étape, et sans doute la plus difficile, est l’acceptation. Cela semble évident, mais c’est souvent là que nous restons bloqués. Nous entrons dans le déni (‘Ce n’est pas si grave’), nous cherchons des coupables (‘C’est la faute du marché/de mon partenaire/de la conjoncture’), nous ressassons (‘Si seulement j’avais fait différemment’). Toutes ces réactions sont des mécanismes de défense de notre ego. Pourtant, ‘accepter l’échec, c’est ce qui va nous permettre de dépasser l’échec. Si on ne l’accepte pas… on ne peut pas repartir.’ Accepter ne signifie pas aimer ce qui s’est passé ou se complaire dans la défaite. Accepter, c’est reconnaître la réalité des faits, sans jugement et sans drame. C’est dire : ‘Ok, le résultat n’est pas celui que j’attendais. C’est un échec au regard de mes objectifs. Point.’ C’est un acte de lucidité courageux qui ferme la porte au passé et ouvre celle de l’analyse et de la reconstruction. Sans cette acceptation franche, toute tentative de rebond sera construite sur des fondations mouvantes.
2. Mener l’enquête : analyser les raisons profondes
Une fois le choc émotionnel passé et l’échec accepté, il est temps de chausser sa casquette de détective. L’erreur serait de vouloir ‘passer à autre chose’ trop vite. Un échec ignoré est une leçon perdue, et une erreur que l’on est condamné à répéter. Il est essentiel de prendre un temps de réflexion structuré pour disséquer ce qui s’est passé. ‘L’idée c’est d’essayer de comprendre, de réfléchir aux raisons de cet échec. Qu’est-ce qui a fait qu’on s’est planté ? C’est ça qui est intéressant.’ Posez-vous des questions précises : Quelles étaient mes hypothèses de départ ? Lesquelles se sont révélées fausses ? Qu’est-ce qui a bien fonctionné malgré tout ? Où se situaient les points de friction ? Ai-je manqué d’informations, de compétences, de ressources ? Cette phase d’analyse ‘post-mortem’ doit être menée avec curiosité, pas avec accusation. L’objectif n’est pas de trouver un coupable, mais de comprendre les mécanismes qui ont mené à ce résultat pour ne pas les reproduire.
3. Assumer sa part de responsabilité
Dans la continuité de l’analyse, vient le moment d’assumer sa part de responsabilité. C’est un pas crucial pour reprendre le contrôle. Il est toujours tentant de pointer des facteurs externes. Et il est vrai que nous ne contrôlons pas tout. Mais il y a toujours, toujours une part qui nous incombe. ‘On n’est pas responsable de tout… mais on est nécessairement responsable au moins d’une partie de cet échec. Et il faut savoir l’assumer.’ Assumer sa responsabilité n’est pas de l’autoflagellation. Ce n’est pas dire ‘tout est de ma faute, je suis nul’. C’est reconnaître son pouvoir d’action. En identifiant ce qui relevait de vos décisions, de vos actions ou de vos inactions, vous identifiez par la même occasion vos leviers de changement pour l’avenir. C’est un acte d’empowerment. Tant que la faute est ‘dehors’, vous êtes impuissant. Dès que vous reconnaissez votre part, vous récupérez la capacité d’agir différemment la prochaine fois.
4. Pivoter vers les solutions et les opportunités
Après avoir regardé en arrière pour analyser, il est temps de tourner résolument son regard vers l’avant. C’est le ‘switch mindset’ dont je parlais en évoquant mon expérience en Australie, où les gens sont culturellement tournés vers la solution. L’analyse de l’échec vous a donné un diagnostic ; il faut maintenant élaborer une prescription. ‘Comment est-ce que je peux faire différent ? Comment est-ce que je peux changer la donne pour que la prochaine fois, eh ben, ce soit pas un échec, mais une réussite.’ C’est une phase de brainstorming créatif. L’échec a fermé une porte, mais il en a probablement ouvert plusieurs autres. Quelle nouvelle approche tester ? Quelle compétence développer ? Quel ajustement de produit ou de service envisager ? C’est souvent dans les cendres d’un échec que naissent les innovations les plus disruptives. C’est le moment de transformer la frustration en énergie créatrice et de se concentrer sur ce que vous allez construire à partir de maintenant.
5. (Re)fixer des objectifs clairs
Enfin, pour boucler la boucle et se remettre en mouvement de manière constructive, il est indispensable de se fixer de nouveaux objectifs. D’ailleurs, c’est une étape qui aurait dû exister dès le départ. ‘Vous n’allez pas pouvoir définir si ce que vous faites est un succès ou un échec si vous n’aviez pas fixé d’objectifs.’ Un échec n’existe que par rapport à un but non atteint. Peut-être que l’échec précédent a montré que l’objectif initial était irréaliste, mal défini ou tout simplement pas le bon. C’est l’occasion de repartir sur des bases saines. Fixez un nouvel objectif, clair, mesurable, atteignable, pertinent et temporellement défini (SMART). Ce nouvel objectif n’est pas juste une cible ; c’est une nouvelle direction qui matérialise votre apprentissage. Il donne un sens à l’échec passé en le transformant en un jalon sur un nouveau chemin, et il vous remet immédiatement dans une dynamique d’action positive, tourné vers l’avenir.
Conclusion : Faire de la peur votre boussole
Nous arrivons au terme de cette exploration au cœur de la peur de l’échec. J’espère que ce voyage vous a montré, comme il me l’a montré à moi-même, que cette peur n’est pas une fatalité, ni un signe de faiblesse. Au contraire, elle est profondément humaine et, si on apprend à l’écouter correctement, elle peut devenir un outil de croissance extraordinairement puissant. Nous avons vu que derrière l’étiquette ‘peur de l’échec’ se cachent des angoisses plus profondes liées au jugement, à la comparaison et à notre ego. Nous avons compris, grâce au Projet Aristote, que la neutraliser via la sécurité psychologique est un ingrédient essentiel de la performance. Surtout, nous avons découvert des stratégies concrètes pour la transformer : se souvenir de nos succès passés, comprendre que c’est un signal d’innovation, adopter un état d’esprit d’apprentissage, redéfinir la réussite comme un chemin, dissocier qui nous sommes de ce que nous faisons, mesurer les risques réels et accepter que l’échec et le succès sont les deux faces d’une même pièce. Enfin, nous avons un plan d’action en cinq étapes pour nous relever quand nous tombons. Le but n’est pas de ne plus jamais avoir peur. Le but est de danser avec la peur. De la reconnaître, de la comprendre, et de choisir d’avancer quand même. Chaque fois que vous sentez cette peur monter, rappelez-vous que ce n’est pas un mur, mais une porte. Une porte qui mène vers une nouvelle version de vous-même, plus audacieuse, plus résiliente et plus sage. C’était le but de cet épisode et de cet article : vous donner les clés pour oser ouvrir cette porte. N’attendez plus. Quelle est la première action que vous repoussiez par peur et que vous allez entreprendre aujourd’hui ?
Foire aux questions sur la peur de l’échec
Pourquoi la peur de l’échec est-elle si paralysante pour les entrepreneurs ?
Pour les entrepreneurs, la peur de l’échec est particulièrement intense car leurs projets sont souvent intimement liés à leur identité personnelle et à leur sécurité financière. L’échec n’est pas seulement professionnel ; il peut être perçu comme un échec personnel, validant le syndrome de l’imposteur. Cette peur est amplifiée par la pression de devoir réussir seul et la crainte du jugement des pairs, des investisseurs et de la famille. Elle paralyse car elle active notre cerveau reptilien qui, pour nous protéger, nous pousse à l’inaction et au maintien dans notre zone de confort, ce qui est l’antithèse de l’esprit entrepreneurial qui requiert prise de risque et innovation.
‘Si j’ai peur de l’échec, eh ben, j’ai peur d’avancer. Et si j’ai peur d’avancer, eh ben, je n’apprends plus, je ne bouge plus et j’attends que ça se passe. Bref, c’est pas vraiment une bonne idée.’
Comment la ‘sécurité psychologique’ s’applique-t-elle à un solopreneur ?
Pour un solopreneur, la sécurité psychologique ne vient pas d’une équipe, mais de son propre dialogue intérieur et de son environnement de soutien. Il s’agit de cultiver un état d’esprit où l’on se donne le droit à l’erreur sans s’autoflageller. Concrètement, cela signifie célébrer les tentatives autant que les réussites, analyser les échecs avec curiosité plutôt qu’avec honte, et s’entourer d’un réseau de mentors, de pairs ou d’un coach qui offre un espace de parole bienveillant. Créer cette sécurité psychologique pour soi-même est crucial pour oser expérimenter et innover sans être constamment freiné par la peur de mal faire.
‘La sécurité psychologique, le fait qu’on se sente à l’aise pour exprimer nos opinions, eh bien, c’est un élément extrêmement important qui va venir casser finalement cette peur de l’échec.’
Est-ce que ne jamais avoir peur signifie qu’on ne prend pas assez de risques ?
Absolument. La peur est un indicateur neurologique que nous sortons de notre routine, de ce que notre cerveau connaît et maîtrise. Si vous ne ressentez jamais de peur dans votre activité professionnelle, c’est un signal d’alarme potentiel indiquant que vous restez dans votre zone de confort et que vous n’innovez pas. L’absence de peur peut signifier la stagnation. Il ne s’agit pas de chercher le danger pour le danger, mais de reconnaître que l’inconfort et une certaine dose de peur sont des compagnons de route inévitables et même souhaitables pour toute personne qui cherche à croître, à apprendre et à repousser ses limites.
‘Si on n’a pas peur, c’est qu’on n’innove pas. Et si on a peur, c’est peut-être… qu’on est juste en train de sortir de sa zone de confort.’
Quelle est la différence concrète entre ‘avoir raté’ et ‘être un raté’ ?
‘Avoir raté’ est une description factuelle d’une action ponctuelle qui n’a pas atteint son objectif. C’est externe à soi. Par exemple : ‘J’ai raté ce lancement de produit’. Cette perspective permet l’analyse et l’apprentissage. ‘Être un raté’, en revanche, est un jugement de valeur sur son identité globale et permanente. C’est une généralisation abusive d’un événement unique à l’ensemble de sa personne. Passer de ‘j’ai raté’ à ‘je suis un raté’ est un raccourci mental toxique qui détruit l’estime de soi et empêche de rebondir. La différence est cruciale : on peut changer une action, on ne change pas son être.
‘C’est une vraie différence entre avoir raté et être un raté ou une ratée… Ça ne dit absolument rien de la personne que l’on est. Il faut savoir décorréler les deux éléments.’
Comment analyser un échec de manière constructive sans tomber dans la déprime ?
Pour analyser un échec de façon constructive, il faut l’aborder avec une posture de curiosité et non de jugement. Séparez l’analyse de l’émotion initiale. Laissez-vous le temps de digérer la déception, puis organisez une session d’analyse ‘à froid’. Utilisez un cadre factuel : qu’est-ce qui s’est passé ? Quelles étaient mes attentes ? Quel a été le résultat ? Pourquoi y a-t-il eu un écart ? Concentrez-vous sur les processus et les décisions, pas sur les personnes. Identifiez 1 à 3 leçons clés et transformez-les immédiatement en actions concrètes pour votre prochain projet. Cela déplace l’énergie de la rumination vers la construction.
‘L’idée c’est d’essayer de comprendre, de réfléchir aux raisons de cet échec. Qu’est-ce qui a fait qu’on s’est planté ? C’est ça qui est intéressant. Qu’est-ce qui a fait que ça n’a pas marché ?’
Le conseil d’Arnold Schwarzenegger s’applique-t-il si je ne suis pas dans un milieu compétitif ?
Oui, sa philosophie est universelle. Même si vous n’êtes pas dans une compétition directe, vous êtes en ‘compétition’ avec vos propres limites, avec la version précédente de votre projet, ou avec l’inertie du marché. Chaque tentative d’amélioration ou d’innovation comporte une dualité intrinsèque : elle peut réussir ou échouer. Le succès de votre nouvelle page de vente implique ‘l’échec’ de l’ancienne. Le succès d’une nouvelle habitude implique ‘l’échec’ de l’ancienne routine. L’échec et le succès sont donc les deux résultats possibles de toute tentative de changement. Accepter l’un, c’est accepter la possibilité de l’autre.
‘Il ne peut pas y avoir de réussite sans échec. Pour que quelqu’un réussisse, il faut que quelqu’un échoue. Donc tout simplement, si l’on ne croit pas à l’échec, on ne croit pas à la réussite.’
Quelles sont les premières actions à mettre en place quand on se sent écrasé par un échec ?
Lorsque l’on se sent écrasé, la première action est de ne pas lutter contre l’émotion mais de l’accueillir : acceptez de vous sentir déçu, triste ou en colère. C’est la première étape du processus d’acceptation. Ensuite, rompez l’isolement : parlez-en à une personne de confiance (mentor, ami, pair entrepreneur) qui ne vous jugera pas. Le simple fait de verbaliser aide à prendre du recul. Troisièmement, revenez à des actions simples et maîtrisées, même petites, dans un autre domaine de votre vie ou de votre business, pour regagner un sentiment de contrôle et d’efficacité. Ne restez pas inactif, mais ne vous forcez pas non plus à prendre de grandes décisions immédiatement.
‘La première chose à faire, bah, c’est de l’accepter, c’est d’accepter qu’on se soit planté. C’est peut-être le truc le plus difficile à faire… mais accepter l’échec, c’est ce qui va nous permettre de dépasser l’échec.’


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