Logo de l'épisode DNVB nouvelle génération: les règles ont changé - Episode 293 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

DNVB nouvelle génération: les règles ont changé – Episode 293

Épisode diffusé le 24 juillet 2025 par Estelle Ballot

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DNVB : la fin d’une ère et l’aube d’une nouvelle révolution D2C

Souvenez-vous. Il y a quelques années à peine, un vent de révolution soufflait sur le monde du retail. Des noms comme Sézanne, Le Slip Français ou Emma Matelas étaient sur toutes les lèvres, incarnant une promesse presque magique : celle du D2C, le ‘Direct to consumer’. L’idée semblait aussi simple que géniale : créer des marques nées sur Internet, qui s’adressent directement à vous, sans passer par les distributeurs traditionnels. Pour beaucoup, c’était l’avenir, un modèle inarrêtable qui allait balayer les anciennes méthodes. Comme je le disais dans le podcast, ‘le D to C, il y a quelques temps, ça incarnait le véritable avenir du retail’. Ces marques, que l’on a baptisées DNVB (Digital Native Vertical Brands), ont cassé les codes en maîtrisant toute leur chaîne de valeur, en nous racontant des histoires captivantes et en plaçant l’expérience client au sommet de leurs priorités.

Pourtant, comme dans toute belle histoire, l’euphorie des débuts a laissé place à une réalité plus complexe. Le marché a mûri, la concurrence s’est intensifiée, et les premiers signes d’essoufflement sont apparus. Les coûts pour acquérir de nouveaux clients sur les réseaux sociaux ont explosé, fidéliser sur le long terme est devenu un véritable casse-tête, et le modèle du ‘tout-digital’ a commencé à montrer ses failles. On a vu des marques disparaître, d’autres être rachetées, beaucoup ont dû revoir leur copie. Alors, le rêve D2C est-il terminé ? Faut-il jeter ce modèle avec l’eau du bain ? Absolument pas. Ce que nous vivons n’est pas la mort du D2C, mais sa profonde métamorphose. Une nouvelle génération de marques est en train de redessiner les contours du jeu, en apprenant des erreurs du passé pour construire un avenir plus résilient, plus hybride et plus humain. Cet article plonge au cœur de cette transformation pour comprendre comment le modèle D2C a évolué et quelles sont les nouvelles règles pour réussir aujourd’hui.

L’âge d’or des DNVB 1.0 : la promesse d’une relation sans filtre

Au début des années 2010, le paysage du retail a été secoué par l’arrivée de ces nouvelles venues. Leur point commun ? Elles sont nées sur Internet et ont décidé de se passer des intermédiaires. Fini les grossistes, les distributeurs, les grands magasins qui prenaient leur marge et dictaient leurs règles. La promesse était claire et ultra révolutionnaire : ‘vendre directement au consommateur sans passer par la distribution traditionnelle’. Ce lien direct était le cœur du réacteur. En s’appuyant sur la puissance du e-commerce et l’explosion des réseaux sociaux, ces DNVB ont créé une connexion inédite avec leurs clients. Elles pouvaient enfin contrôler leur image, leur message et, surtout, la totalité de l’expérience proposée, de la première publicité vue sur Instagram jusqu’au déballage du colis à la maison.

La recette magique des pionniers

Le succès fulgurant de marques comme Sézanne ou Le Slip Français ne doit rien au hasard. Il repose sur une maîtrise parfaite de plusieurs piliers fondamentaux. D’abord, une intégration verticale totale. Comme je l’expliquais, ‘elles maîtrisent toute la chaîne de valeur, de la conception du produit jusqu’à la vente en passant par la fabrication, le branding, la relation client, le SAV, tout’. Cette maîtrise leur a conféré une agilité incroyable et la capacité d’offrir soit un meilleur prix, soit une qualité supérieure, car elles ne partageaient plus leurs marges. Ensuite, une obsession pour le produit et un storytelling puissant. Ces marques ne vendaient pas juste un produit, mais une histoire, des valeurs, une vision. Le fondateur était souvent très incarné, visible, et les réseaux sociaux devenaient le théâtre de cette narration. Enfin, l’expérience client était érigée en véritable religion. Un parcours d’achat ultra fluide, un packaging soigné qui créait un effet ‘wow’ à l’ouverture, un service client réactif et humain. C’était un modèle qui séduisait à la fois des consommateurs en quête d’authenticité et des investisseurs alléchés par des croissances exponentielles.

Le marketing qui cassait les codes

Le marketing des DNVB 1.0 était radicalement différent. Au lieu de matraquage publicitaire impersonnel, elles ont opté pour la conversation. Elles ont investi massivement dans la création de contenu sur les réseaux sociaux pour bâtir des communautés engagées. Elles ne disaient pas ‘achetez mon produit’, mais ‘rejoignez notre aventure’. Sézanne, par exemple, créait un sentiment d’urgence et d’exclusivité avec ses collections mensuelles qui s’arrachaient en quelques heures. C’était un marketing basé sur l’émotion, l’authenticité et un ton direct. On ne parlait plus de promotion, mais de dialogue. Cette approche a permis de construire un lien affectif très fort, transformant les clients en véritables ambassadeurs. Sur le papier, le modèle semblait parfait, inarrêtable. Mais la réalité du marché allait bientôt le rattraper.

Les premières fissures : pourquoi le modèle DNVB s’est essoufflé

Après une période d’euphorie, le ciel bleu des DNVB a commencé à s’assombrir. Ce qui fonctionnait à merveille pour les pionniers dans un marché encore peu concurrentiel est devenu de plus en plus difficile à répliquer. La multiplication des acteurs a saturé l’espace digital, et le modèle qui semblait si vertueux a révélé ses fragilités structurelles. L’eldorado des débuts touchait à sa fin, laissant place à une phase de remise en question profonde. Il ne suffisait plus d’avoir un bon produit et un compte Instagram pour réussir ; les règles du jeu étaient devenues beaucoup plus complexes.

L’explosion des coûts d’acquisition : la fin du marketing ‘facile’

Le premier et le plus grand défi a été l’inflation galopante des coûts publicitaires. Les plateformes comme Facebook ou Google, qui étaient au départ des terrains de jeu incroyablement rentables, sont devenues des champs de bataille où il faut investir massivement pour exister. Comme je le souligne, on a assisté à ‘une augmentation massive des coûts d’acquisition sur les plateformes de pub hein Facebook en premier lieu’. Là où quelques dizaines d’euros suffisaient pour attirer et convertir un client, il en faut aujourd’hui des centaines, voire des milliers. Cette dépendance quasi exclusive aux publicités payantes a rendu le modèle économique de nombreuses DNVB extrêmement fragile. Elles se sont retrouvées prises dans une spirale où il fallait dépenser toujours plus pour maintenir la croissance, rognant dangereusement leurs marges et leur rentabilité à long terme.

Le défi de la fidélisation : un modèle basé sur le ‘one-shot’ ?

Le second talon d’Achille était la difficulté à retenir les clients acquis à grands frais. Beaucoup de marques D2C, obsédées par la croissance rapide, ont tout misé sur des campagnes d’acquisition agressives, négligeant de construire une véritable stratégie de fidélisation. Le résultat ? ‘On a un effet one shot avec des clients qui viennent, mais enfin bon qui repartent tout aussi vite.’ C’est le syndrome du ‘panier percé’ : on dépense une fortune pour faire entrer des clients par la grande porte, mais ils ressortent presque aussitôt par la fenêtre, attirés par une autre offre, une autre promotion. Sans un travail de fond sur la relation client (CRM), l’emailing de qualité, et la création d’une véritable expérience post-achat, il est impossible de transformer un acheteur ponctuel en ambassadeur fidèle. Cette faiblesse a rendu de nombreuses DNVB vulnérables et dépendantes d’un flux constant de nouveaux clients, un cycle coûteux et épuisant.

Les limites du ‘tout-digital’ et la course à la croissance

Enfin, ce qui était perçu comme une force – l’absence de points de vente physiques – s’est peu à peu transformé en faiblesse. Le manque de visibilité en magasin, l’impossibilité pour le client de toucher, d’essayer, de vivre une expérience sensorielle avec le produit, a fini par freiner l’expansion de ces marques. À un certain stade, la communauté en ligne ne suffit plus pour atteindre une nouvelle clientèle. Parallèlement, la pression des investisseurs a poussé de nombreuses DNVB dans une course effrénée à la croissance, souvent au détriment d’un modèle économique viable. On levait des fonds avant même d’avoir prouvé la rentabilité. Cette logique a conduit à des stratégies court-termistes et, pour certaines, à une impasse. Le modèle D2C originel montrait ses failles. Il n’était pas mort, mais il devait impérativement évoluer pour survivre.

La renaissance : bienvenue dans l’ère du D2C 2.0, l’ère de la marque plateforme

Face à ces défis, le modèle D2C n’a pas disparu. Il s’est réinventé. Nous sommes entrés dans une deuxième phase, celle du D2C 2.0, portée par une nouvelle génération de marques plus stratégiques, plus matures et moins dogmatiques. Ces dernières ont compris que le succès ne résidait plus seulement dans la vente d’un bon produit en ligne, mais dans la construction d’un véritable écosystème de marque. L’évolution la plus majeure est un repositionnement stratégique fondamental : le passage d’une logique de ‘marque produit’ à une logique de ‘marque plateforme’. C’est un changement de paradigme qui redéfinit complètement la relation avec le consommateur.

De la marque produit à la marque plateforme : un changement de vision

Les premières DNVB misaient souvent tout sur un produit star : un matelas, une paire de lunettes, un slip. C’était efficace pour percer, mais limitant sur le long terme. Les marques d’aujourd’hui pensent différemment. ‘Elles réfléchissent dès le départ à un univers plus vaste qui va être capable d’accueillir une gamme plus élargie, des services, des valeurs, voire des collaborations externes.’ On ne vend plus seulement un objet, on invite le client à entrer dans un monde. Une marque plateforme dépasse la simple transaction. Elle devient un lieu d’expérience, un catalyseur de communauté, un point de rencontre où convergent des contenus, des services et des produits. C’est une approche beaucoup plus holistique et ambitieuse. Pensez à des marques comme Respire : on n’achète pas juste un déodorant, on adhère à une vision du bien-être, de la naturalité, et on participe à une conversation plus large via leurs contenus et leurs événements.

L’écosystème au service de la résilience

Pourquoi ce virage est-il si crucial ? Parce qu’il rend la marque beaucoup plus solide et résiliente. Une marque qui repose sur un seul produit est vulnérable à la concurrence, aux changements de tendance ou à une crise économique. Une marque plateforme, elle, dispose de multiples points de contact et de sources de valeur. Comme je l’explique, cette stratégie ‘permet de finalement de mieux résister à l’érosion des ventes, à la concurrence, à la difficulté économique qu’on va pouvoir rencontrer’. Si les ventes d’un produit ralentissent, l’engagement de la communauté, la pertinence des contenus ou le succès d’un service peuvent compenser. C’est aussi une réponse directe à l’évolution des consommateurs. Aujourd’hui, on n’achète plus seulement un produit pour sa fonction, mais pour ce qu’il représente. ‘Ils achètent plus un produit, ils achètent une intention, une vision, une mission, ils reviennent véritablement à la marque en elle-même.’ La marque plateforme répond à cette quête de sens en offrant un univers cohérent dans lequel le client peut s’identifier et s’investir.

La stratégie hybride : réconcilier enfin le digital et le physique

L’une des ruptures les plus significatives entre la première et la seconde vague de DNVB est leur rapport aux canaux de distribution. Les pionniers étaient des puristes du digital, rejetant en bloc le retail traditionnel. La nouvelle génération, elle, a compris que l’avenir est hybride. Elle ne voit plus le monde physique et le monde digital comme deux univers opposés, mais comme deux faces d’une même pièce, parfaitement complémentaires. L’omnicanal n’est plus un gros mot, c’est devenu un atout stratégique majeur pour créer une expérience client complète et cohérente.

L’omnicanal, le nouvel avantage stratégique

Ces marques nouvelle génération ne rejettent plus les circuits de distribution classiques ; au contraire, elles les intègrent de manière intelligente et stratégique. Elles commencent souvent en ligne pour tester leur marché et construire leur communauté, mais elles investissent ensuite dans le physique. Cela peut prendre plusieurs formes : ouvrir leurs propres boutiques, s’implanter dans des concept stores ou des grands magasins, ou encore créer des pop-up stores événementiels. L’objectif est simple : ‘maximiser la visibilité, de capter les clients là où ils sont et puis surtout de créer une expérience cohérente quel que soit le point de contact’. Cette approche hybride reconnaît une réalité simple : nos vies de consommateurs sont hybrides. Nous consultons un produit en ligne avant de l’acheter en boutique, ou nous découvrons une marque en magasin avant de commander sur son site. La porosité entre le online et le offline est totale, et les marques qui réussissent sont celles qui effacent les frontières entre les deux.

La boutique comme média : bien plus qu’un simple point de vente

Le retour au physique ne signifie pas un retour en arrière. La boutique version D2C 2.0 n’a plus grand-chose à voir avec le point de vente traditionnel. Elle est pensée différemment. ‘Une boutique, ça n’est plus que un centre de distribution, c’est devenu un véritable média.’ C’est un lieu d’incarnation de la marque, un espace où l’on ne vient pas seulement pour acheter, mais pour vivre une expérience. C’est un lieu de rencontre pour la communauté, un espace pour organiser des événements, des ateliers, des lancements. C’est aussi un formidable outil pour créer du lien humain, faire tester les produits et, chose cruciale, collecter des retours clients en direct. Des marques comme Oh My Cream ou Balzac Paris l’ont parfaitement compris : leurs points de vente sont des relais d’engagement, des lieux qui nourrissent une relation client bien plus riche et profonde qu’une simple transaction sur un site web. Le retail physique, que l’on disait moribond, retrouve ainsi une nouvelle jeunesse, non pas en opposition, mais en parfaite synergie avec le digital.

Les 3 piliers du marketing D2C nouvelle génération

Pour faire vivre cet écosystème de marque et cette stratégie hybride, le marketing des DNVB 2.0 repose sur trois piliers fondamentaux et indissociables : le contenu, la communauté et la co-création. Ces trois leviers permettent de placer le client non plus en bout de chaîne, mais véritablement au cœur du réacteur. Il ne s’agit plus de pousser un produit, mais de tirer le client vers la marque en créant une relation de confiance, de valeur et de participation. C’est une approche plus durable, plus authentique, et infiniment plus puissante pour construire une fidélité à long terme.

1. Le contenu : l’arme stratégique pour créer du lien

Le contenu est devenu une pièce maîtresse. Les marques D2C qui réussissent ne se contentent plus de publier de jolies photos de leurs produits sur Instagram. Elles se transforment en véritables médias. Comme je l’observe, ‘elles produisent des contenus à forte valeur ajoutée, des articles de blog, des newsletters éditorialisées, des vidéos immersives, des podcasts’. L’objectif n’est pas de vendre directement, mais d’informer, d’inspirer et de divertir. Le contenu devient un prolongement de la marque, un moyen de partager ses valeurs, de prouver son expertise et de rester présent à l’esprit des consommateurs entre deux achats. C’est un investissement sur le long terme qui construit l’autorité de la marque et nourrit une relation bien plus profonde qu’une simple promotion. En apportant de la valeur avant même de demander une transaction, ces marques créent un sentiment de réciprocité et de confiance.

2. La communauté : le cœur battant de la marque

Ce contenu de qualité a pour vocation de nourrir le deuxième pilier : la communauté. Une communauté n’est pas une simple audience ou une liste de followers. C’est un groupe de personnes fédérées autour de la marque, partageant ses valeurs et ses aspirations. La nouvelle génération de consommateurs, notamment la Gen Z, est en quête de sens et cherche à s’identifier à des marques qui portent un message fort. Animer cette communauté devient alors une mission centrale. Une fois bien animée, ‘elle devient le meilleur vecteur de recommandation, de feedback et de fidélité’. C’est un cercle vertueux : la communauté fournit des retours précieux, défend la marque, et attire de nouveaux membres par le bouche-à-oreille, le marketing le plus puissant qui soit. C’est le capital le plus précieux d’une marque D2C moderne.

3. La co-création : transformer le client en partenaire

Le troisième pilier pousse la logique communautaire à son paroxysme : la co-création. Il s’agit d’impliquer activement les clients dans le développement même de l’offre. Cela peut aller de simples sondages pour choisir la couleur d’un futur produit à des tests en avant-première, en passant par des votes sur des collections entières. L’impact de cette démarche est double. D’une part, elle assure que les produits développés répondent à une demande réelle, réduisant ainsi le risque d’échec. D’autre part, et c’est peut-être le plus important, elle crée un attachement émotionnel sans précédent. Comme je le conclus, ‘on n’achète plus un produit, on soutient un projet auquel on a contribué et ça, c’est parfaitement différent’. Le client n’est plus un simple consommateur ; il devient un partenaire, un co-créateur investi dans le succès de la marque. C’est le summum de l’engagement.

Conclusion : Le D2C, plus humain et stratégique que jamais

Le parcours du modèle D2C est fascinant. D’une promesse de révolution purement digitale, il a évolué vers un écosystème riche, complexe et profondément humain. La première vague des DNVB a eu le mérite d’ouvrir une brèche, de prouver qu’une relation directe avec le consommateur était possible et souhaitable. Mais leur modèle, trop rigide et trop dépendant des plateformes publicitaires, a montré ses limites. La nouvelle génération de marques a tiré les leçons de cette première expérience. Elle a compris que l’avenir n’était pas dans l’opposition entre digital et physique, mais dans leur intégration intelligente. Elle a compris que la force d’une marque ne résidait pas dans un seul produit star, mais dans la construction d’un univers cohérent et d’une communauté engagée.

Aujourd’hui, le D2C 2.0 remet le client au cœur de tout, mais d’une manière plus mature. Il ne s’agit plus seulement de lui offrir un parcours d’achat fluide, mais de l’inviter à participer à l’aventure de la marque à travers le contenu, la communauté et la co-création. Le succès ne se mesure plus uniquement à la croissance des ventes, mais à la force du lien créé. C’est un modèle plus exigeant, qui demande plus de stratégie et d’authenticité, mais il est aussi infiniment plus résilient et porteur de sens. J’espère que cette analyse vous aura inspiré et vous donnera matière à réfléchir pour vos propres projets, que ce soit en préparant votre stratégie pour la rentrée ou simplement en observant le monde qui nous entoure. Le D2C n’est pas mort, il est simplement devenu adulte.


Foire Aux Questions (FAQ) sur l’évolution du modèle D2C

Quelle est la principale différence entre les DNVB de première et de deuxième génération ?

La différence fondamentale réside dans leur approche stratégique. La première génération de DNVB (D2C 1.0) était puriste, misant sur un modèle exclusivement digital, un produit star et une forte dépendance à la publicité payante pour l’acquisition. La deuxième génération (D2C 2.0) est beaucoup plus hybride et pragmatique. Elle adopte une stratégie omnicanale en intégrant le retail physique, pense en termes d’écosystème de marque (‘marque plateforme’) plutôt qu’en produit unique, et concentre ses efforts marketing sur la construction d’une relation durable via le contenu, la communauté et la co-création.

‘On a une nouvelle génération de marques qui est en train de redessiner ses contours, ces marques-là ont appris des erreurs de nos DNVB et elles apportent une approche un petit peu plus hybride, en fait un peu moins rigide, dogmatique.’

Pourquoi le modèle D2C ‘tout digital’ a-t-il montré ses limites ?

Le modèle ‘tout digital’ a atteint ses limites pour trois raisons principales. Premièrement, l’explosion des coûts d’acquisition sur les plateformes publicitaires comme Meta ou Google a rendu la croissance rentable extrêmement difficile. Deuxièmement, le manque de points de contact physiques a limité l’expansion des marques en les empêchant de toucher une clientèle moins digitalisée et de créer un lien sensoriel avec leurs produits. Enfin, une forte concurrence et une focalisation sur l’acquisition au détriment de la fidélisation ont créé un effet ‘one-shot’, avec des clients difficiles à retenir sur le long terme.

‘Le manque de visibilité en magasin, la l’impossibilité d’aller tester, d’aller essayer le produit, de créer un vrai lien sensoriel, affectif avec la marque, bah ça va freiner l’expansion parce que la communauté finalement, à un moment donné, elle ne suffit plus.’

Qu’est-ce qu’une ‘marque plateforme’ et pourquoi est-ce l’avenir du D2C ?

Une ‘marque plateforme’ est une marque qui dépasse la simple vente de produits pour offrir un véritable écosystème de valeurs, de contenus, de services et d’expériences. Au lieu de se concentrer sur un seul produit, elle construit un univers vaste dans lequel les clients peuvent s’immerger et s’identifier. C’est l’avenir du D2C car ce modèle crée une relation beaucoup plus profonde et résiliente. Il permet de diversifier les points de contact, de mieux résister à la concurrence et aux crises économiques, et de répondre à la quête de sens des consommateurs qui n’achètent plus un produit, mais une vision et une appartenance.

‘On passe d’une logique marque produit à une logique marque plateforme. Et une marque plateforme, c’est une marque qui dépasse la simple transaction. En fait, elle devient un lieu d’expérience, un catalyseur de communauté, un point de rencontre entre des valeurs, des contenus, des produits, des services.’

Comment les nouvelles marques D2C intègrent-elles le retail physique dans leur stratégie ?

Les nouvelles marques D2C n’intègrent pas le retail physique comme un simple canal de vente, mais comme un atout stratégique et un média à part entière. Elles utilisent les points de vente pour incarner la marque, offrir une expérience immersive, et créer du lien humain. Cela se traduit par l’ouverture de boutiques en propre qui servent de lieux de rencontre pour la communauté, des partenariats avec des concept stores pour gagner en visibilité, ou la création de pop-up stores événementiels. La boutique n’est plus une finalité, mais un maillon essentiel d’un parcours client omnicanal et cohérent.

‘Cette stratégie, elle permet de maximiser la visibilité, de capter les clients là où ils sont et puis surtout de créer une expérience cohérente quel que soit le point de contact.’

Quel est le rôle de la communauté dans le succès d’une marque D2C aujourd’hui ?

La communauté est devenue le cœur battant des marques D2C modernes. Son rôle est central et multifacette. Elle n’est plus une simple audience passive, mais un acteur engagé qui participe à la vie de la marque. Une communauté bien animée devient le meilleur ambassadeur (bouche-à-oreille), une source inestimable de retours produits et d’idées (feedback), et le socle d’une fidélité à toute épreuve. Elle incarne les valeurs de la marque et crée un puissant sentiment d’appartenance, ce qui est essentiel pour se différencier dans un marché saturé et pour répondre aux attentes des nouvelles générations de consommateurs.

‘Si elle est bien animée, bah elle devient le meilleur vecteur de recommandation, de feedback et de fidélité.’

En quoi la co-création renforce-t-elle la relation entre une marque et ses clients ?

La co-création renforce la relation en transformant le client d’un simple consommateur passif en un partenaire actif et investi. En impliquant la communauté dans le développement des produits via des sondages, des votes ou des tests, la marque montre qu’elle valorise leur opinion et construit ses offres sur leurs besoins réels. Ce processus crée un attachement émotionnel extrêmement fort. Le client ne se contente pas d’acheter un produit ; il soutient un projet auquel il a personnellement contribué. Cela génère un sentiment de fierté et d’appartenance qui va bien au-delà de la simple satisfaction client et ancre la fidélité sur le long terme.

‘On n’achète plus un produit, on soutient un projet auquel on a contribué et ça, c’est parfaitement différent.’


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