Démystifier la vague no code : quels impacts pour le marketing digital ?
Le terme « no code » est sur toutes les lèvres, présenté comme le nouveau buzzword du monde digital. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce concept ? Est-ce une simple tendance ou une véritable révolution dans notre manière de créer des projets en ligne ? Pour y voir plus clair, nous avons reçu Shubham Sharma, ancien développeur devenu expert en no code et Growth, qui nous partage sa vision sur sa chaîne YouTube Digital Wink. Il nous explique comment cette approche redonne le pouvoir aux créateurs et transforme en profondeur le rôle des marketeurs.
L’idée de départ est simple, comme le souligne Shubham : « mon idée c’est donner aux gens le pouvoir de pouvoir créer, automatiser des choses sans savoir coder ». C’est cette promesse d’accessibilité qui est au cœur de la vague no code, une vague qui réconcilie enfin le marketing et la technique.
Qu’est-ce que le no code, au-delà du buzzword ?
Avant toute chose, il est essentiel de définir ce dont on parle. Loin d’être un concept futuriste, le no code a des racines bien plus anciennes qu’on ne le pense. Shubham nous livre une définition claire : « Alors le no code c’est en fait une manière de faire des produits ou de faire une production quelle qu’elle soit dans le monde informatique par une interface simplifiée. »
Il prend un exemple que tout le monde connaît : « WordPress, c’était du no code en réalité parce que ça permettait de créer des articles sans forcément devoir taper du HTML. » En réalité, de nombreux outils que les marketeurs utilisent depuis des années, comme Typeform ou même Dreamweaver pour les plus anciens, relèvent de cette logique. Alors, pourquoi ce terme explose-t-il maintenant ? « En fait le mot no code c’est quand même pas mal une trend. C’est un mot un peu luxe qu’on utilise en ce moment pour ranger tous ces logiciels qui sont nouveaux dans cette catégorie. » La principale différence n’est donc pas dans le concept, mais dans l’ampleur du phénomène et la puissance des nouveaux outils qui apparaissent.
Le no code, une réponse à la pénurie de développeurs ?
L’explosion du no code n’est pas un hasard. Elle répond à un besoin criant du marché. Shubham explique qu’il y a une corrélation directe entre la demande exponentielle de projets digitaux et l’émergence de ces solutions. « Aujourd’hui quand tu regardes le nombre de personnes qui sur ces 10 dernières années ont eu besoin d’un site internet comparé aux 10 dernières, c’est limite exponentiel. » Face à cette demande, le nombre de développeurs disponibles est insuffisant : « on était en pénurie de développeurs pour pouvoir répondre à cette demande là. »
Cette situation a créé un double mouvement. D’un côté, une frustration immense pour tous ceux qui ont une idée de start-up, de site web ou d’automatisation mais pas les compétences techniques pour la réaliser. De l’autre, des développeurs lassés de travailler sur des tâches répétitives et à faible valeur ajoutée. Shubham utilise une expression parlante du milieu : « vérifier dans une ligne de code si un email est bien un email, ça s’appelle pisser du code et en fait c’est du code bas de gamme. C’est du code que personne n’a envie de faire. » Le no code vient précisément automatiser ce « code bas de gamme », permettant aux développeurs de se concentrer sur des défis plus complexes et aux non-développeurs de donner vie à leurs projets.
Le no code est-il synonyme d’un internet uniformisé ?
Une critique fréquente adressée au no code est qu’il conduirait à une standardisation du web, où tous les sites finiraient par se ressembler. En utilisant les mêmes thèmes WordPress ou les mêmes templates sur des plateformes comme Card ou Click Funnels, ne perd-on pas en diversité et en créativité ?
Shubham reconnaît une part de vérité dans cette observation : « Ce qui fait que les applications se ressemblent, c’est le manque de vision par les créateurs de cette application sur de l’UX, donc d’expérience utilisateur et sur du produit. » Souvent, par facilité ou par manque de moyens, les créateurs optent pour des solutions clés en main sans les personnaliser. Cependant, il nuance fortement ce propos en mettant en avant la nouvelle génération d’outils no code conçus pour la créativité.
« Typiquement aujourd’hui un des produits no code qui fait cette différence là, c’est Webflow et son concurrent qui vient d’apparaître […] c’est un produit de Wix qui s’appelle Editor X. » Selon lui, avec ces plateformes, les limites sont repoussées à un niveau impressionnant : « un développeur créatif n’a plus besoin de développer, il fait tout ça sur Editor X ou sur Webflow par exemple. » Le no code n’est donc pas l’ennemi de la créativité ; il en est même un formidable accélérateur pour ceux qui veulent s’en donner les moyens.
La boîte à outils no code : 4 exemples concrets pour les marketeurs
Pour rendre le concept plus tangible, Shubham nous présente quatre outils emblématiques de l’écosystème no code, avec des cas d’usage précis qui parleront à tous les professionnels du marketing digital.
Zapier, la colle universelle de vos applications
« Le premier qui me vient en tête, c’est Zapier. C’est un outil que moi j’utilise tout le temps. Zapier, ça c’est la colle entre toutes mes applications. » L’exemple est simple : un utilisateur remplit un formulaire Typeform sur votre site. Grâce à Zapier, ses informations sont automatiquement envoyées dans votre séquence d’emailing sur Mailchimp, avec tous les paramètres nécessaires pour la personnalisation et la segmentation. C’est l’outil roi de l’automatisation marketing sans code.
Adalo, pour créer votre application sans une ligne de code
Adalo va beaucoup plus loin en permettant de créer une application mobile ou web. « Demain tu as envie de faire une application un peu comme Allo Resto par exemple. Tu vas sur Adalo, tu prends le template qui fait exactement ça, tu le modifies à ton besoin. » En quelques heures, vous pouvez lancer un produit fonctionnel dans un nouveau marché, sans avoir à réinventer la roue et à investir des dizaines de milliers d’euros en développement.
Airtable, l’excel sous stéroïdes pour votre crm
Shubham décrit Airtable comme « un mix entre une base de données et un Google spreadsheet ». Cet outil ultra-flexible peut devenir un puissant CRM pour un indépendant ou une petite équipe. « Quand une personne va venir sur mon site internet et va interagir avec mon site internet en remplissant un formulaire, automatiquement je vais le mettre dans Airtable. » À partir de là, les possibilités sont infinies : recevoir une alerte sur Slack, générer automatiquement une facture, ou encore visualiser ses rendez-vous dans une vue calendrier.
Notion, bien plus qu’un simple outil de prise de notes
Enfin, Notion, souvent perçu comme un simple outil de prise de notes, révèle sa puissance no code. « Une fois qu’on a une entrée qui a été mise sur un tableau, et bah on va automatiquement créer un diagramme de Gant par exemple. » Mais l’exemple le plus frappant est la création de site web : « on clique sur un bouton et on a un site web. […] on fait clic droit partager sur le web et on a une URL notion qu’on peut mettre sur notre blog et là on a un site web qu’on a créé sans rien faire. »
L’avènement du « full stack marketer » grâce au no code
L’un des impacts les plus profonds de cette vague est la transformation du métier de marketeur. Fini le temps où la moindre modification technique nécessitait un ticket et des jours d’attente. Le no code donne naissance à un nouveau profil : le « technical marketeur » ou « full stack marketer« .
« Le nombre de fois où le marketeur est brisé parce qu’il ne sait pas utiliser la technique, c’est incroyable, c’est ça devient cinq fois par jour », constate Shubham. Grâce à ces outils, le marketeur devient autonome sur la publication de contenu, l’analyse de données, l’automatisation de campagnes, et l’interconnexion de ses différentes plateformes. « La différence entre les marketeurs un peu full stack et les marketeurs qui qui font juste une chose, c’est ça. C’est celles qui savent vraiment interagir avec le web sans faire appel aux développeurs. » Pour Shubham, c’est même devenu une compétence de base : « en 2020, on peut plus dire qu’on ne sait pas ce que c’est qu’un nom de domaine, on ne peut plus dire on ne sait pas ce que c’est qu’un cookie, on ne peut plus dire on ne sait pas publier une page web en fait. »
Comment s’approprier les outils no code : une méthode en 3 étapes
Face à la profusion d’outils, comment s’y retrouver et faire les bons choix ? Shubham déconseille de se jeter sur toutes les nouveautés. Il prône une approche structurée et scientifique, inspirée du growth hacking.
« Pour moi il y a trois étapes, il y a la première étape d’essai où je vais essayer, je vais regarder un peu ce qui se passe. » Cela consiste à créer un compte avec une adresse email jetable pour explorer l’outil sans engagement.
La deuxième étape est celle de l’implémentation et du test. « C’est toujours commencer avec ce processus d’expérimentation […] je pars d’une hypothèse en me disant voici ce qui me plaît pas, voici ce que j’ai envie d’améliorer, je me laisse 3 semaines pour essayer d’améliorer cette KPI. » L’idée est de définir un objectif clair et une durée limitée pour évaluer l’outil en conditions réelles.
Enfin, la troisième étape : l’adoption. « Si cette hypothèse est validée, je garde cette solution sinon je l’oublie. » Cette méthode rigoureuse permet d’éviter de multiplier les abonnements inutiles et de construire une stack d’outils réellement adaptée à ses besoins.
En conclusion, la vague no code est bien plus qu’un simple effet de mode. C’est un mouvement de fond qui démocratise la création sur le web et redéfinit les frontières entre les métiers. Pour les marketeurs, c’est une opportunité unique de gagner en autonomie, en efficacité et en créativité. Comme le montre Shubham Sharma, il ne s’agit plus de savoir si l’on doit s’y intéresser, mais comment s’approprier intelligemment ces nouveaux super-pouvoirs.
FAQ sur le no code et le marketing digital
Qu’est-ce que le no code concrètement ?
Le no code est une approche qui permet de créer des produits informatiques (sites web, applications, automatisations) via des interfaces graphiques simplifiées, sans avoir à écrire de code. C’est une manière de « programmer » en utilisant des clics et des glisser-déposer.
« Le no code c’est en fait une manière de faire des produits ou de faire une production quelle qu’elle soit dans le monde informatique par une interface simplifiée. » – Shubham Sharma
WordPress est-il considéré comme un outil no code ?
Oui, selon Shubham Sharma, WordPress est l’un des premiers exemples populaires de no code. Il permettait de créer et de publier des articles de blog sans avoir besoin de connaître le langage HTML, rendant la création de contenu accessible à tous.
« WordPress, c’était du no code en réalité parce que ça permettait de créer des articles sans forcément devoir taper du HTML. » – Shubham Sharma
Pourquoi le no code est-il si populaire aujourd’hui ?
Sa popularité vient d’une demande exponentielle pour la création de sites, d’applications et d’automatisations, couplée à une pénurie de développeurs. Le no code offre une solution pour répondre à ce besoin croissant en donnant le pouvoir de créer aux non-techniciens.
« …on était en pénurie de développeurs pour pouvoir répondre à cette à cette demande là… ces développeurs qui ont moins besoin de… bosser sur des tâches qui sont plutôt redondantes… ont donné des outils à des personnes qui elles ne savent pas coder pour pouvoir les faire par elles-mêmes. » – Shubham Sharma
Quels sont des exemples d’outils no code pour les marketeurs ?
Pour les marketeurs, des outils comme Zapier permettent d’automatiser des flux de travail entre différentes applications. Airtable peut servir de CRM et de base de données flexible, Adalo de créer des applications mobiles, et Notion de gérer des contenus et de créer des sites web simples.
« Le premier qui me vient en tête, c’est Zapier. C’est un outil que moi j’utilise tout le temps. Zapier, ça c’est la colle entre toutes mes applications. » – Shubham Sharma
Comment le no code rend-il les marketeurs plus autonomes ?
Le no code donne aux marketeurs l’autonomie de créer des pages, d’analyser des données, et de mettre en place des automatisations complexes sans dépendre des équipes de développement. Cela crée un nouveau profil de « full stack marketer », capable de gérer l’ensemble du processus, de l’idée à l’exécution.
« le nombre de fois où le marketeur est brisé parce qu’il ne sait pas utiliser la technique, c’est incroyable… la différence entre les marketeurs un peu full stack et les marketeurs qui qui font juste une chose, c’est ça. C’est celles qui savent vraiment interagir avec le web sans faire appel aux développeurs. » – Shubham Sharma
Peut-on créer une application mobile complète avec le no code ?
Oui, des plateformes comme Adalo permettent de créer des applications mobiles et web fonctionnelles qui couvrent environ 80% des besoins courants. Il est possible de cloner des concepts existants, comme Allo Resto, en utilisant des templates et en les personnalisant.
« Demain tu as envie de faire une application un peu comme Allo Resto par exemple. Tu vas sur Adalo, tu prends le template qui fait exactement ça, tu le modifies à ton à ton besoin… et là tu vas pouvoir avoir un Allo resto que tu peux lancer… » – Shubham Sharma
Est-ce que le no code va remplacer les développeurs ?
Non, le no code ne vise pas à remplacer les développeurs mais à les soulager des tâches répétitives et à faible valeur ajoutée. Il automatise le « code bas de gamme », ce qui permet aux développeurs de se concentrer sur des problématiques plus complexes et créatives.
« C’est du code que personne n’a envie de faire, c’est du code que l’on va généralement externaliser, c’est du code qui a pas de valeur et en fait ce code là tend à disparaître grâce au nos codes parce qu’en fait, il y a plus besoin d’écrire ce code là, il est généré automatiquement. » – Shubham Sharma
Comment commencer à utiliser les outils no code sans se perdre ?
L’approche recommandée est d’adopter une démarche d’expérimentation scientifique. D’abord, testez librement un outil qui répond à un besoin. Ensuite, mettez en place un test structuré sur une période définie avec une hypothèse claire et des indicateurs de succès. Si le test est concluant, adoptez l’outil.
« …je pars d’une hypothèse en me disant voici ce qui me plaît pas, voici ce que j’ai envie d’améliorer, je me laisse 3 semaines pour essayer d’améliorer… et que si cette hypothèse est validée, je garde cette solution sinon je l’oublie. » – Shubham Sharma




