Comment créer un business en ligne à partir d’une passion inattendue ?
Spontanément, si quelqu’un vous dit ‘j’adore la philo’, il est difficile d’imaginer comment en faire un métier rentable, à part devenir professeur. Où est le problème à résoudre ? Où est la douleur si forte que des clients seraient prêts à payer ? C’est pourtant le défi que Romain Trefel, fondateur du site milleidéedeculturegénérale.fr, a relevé avec brio. En partant d’un livre refusé par un éditeur, il a non seulement fondé sa propre maison d’édition, mais a surtout bâti un business florissant en vendant des manuels et des formations en ligne sur la philosophie et la culture générale.
L’histoire de Romain est fascinante car elle illustre parfaitement comment transformer un intérêt personnel en une entreprise viable. Comme il l’explique lui-même : « Aujourd’hui, je gagne ma vie grâce à deux choses. Il y a une partie j’ai créé une petite maison d’édition il y a 3 ans. Donc je vends surtout des des manuels pour le pour le supérieur. Et l’autre partie ce sont des des formations en ligne, […] surtout des des la méthode de la dissertation et un peu plus globalement, la philosophie. » Ce succès repose sur un principe fondamental : il a trouvé la douleur cachée d’un marché très spécifique.
Identifier le vrai besoin : la clé pour monétiser sa passion
Le problème caché des élèves de prépa HEC
Le marché cible de Romain, ce sont « à 90 %, la prépa HEC. Donc les les élèves qui ont entre 18 et 21 ans et qui préparent les concours des grandes écoles de commerce. » Pour avoir vécu cette période, je peux confirmer l’intensité de la pression. Votre unique obsession, c’est de réussir ce concours. C’est là que Romain a trouvé le véritable besoin. Il ne vend pas de la philosophie pour le plaisir de la connaissance, il vend un outil pour atteindre un objectif vital : intégrer une grande école.
Cette approche pragmatique fait écho à une expérience marquante de mes années de prépa avec un livre au titre choc : « Je vais vous apprendre à intégrer HEC ». L’auteur, Emmanuel Veilleux, y déconstruisait les mythes de la prépa. Il « optimisait tout sur le concours, sur le résultat. » Ce livre m’a ouvert les yeux sur l’idée que « ce que les autorités te disaient n’était pas forcément la meilleure marche à suivre. » Romain s’inscrit dans cette même veine : il apporte une solution concrète à un problème urgent.
Se positionner face à la solution « gratuite » : le professeur
Une question cruciale se pose alors : comment vendre un produit alors que chaque élève de prépa dispose déjà d’un professeur de philosophie, une solution perçue comme gratuite ? La réponse de Romain est dans la différenciation et la valeur ajoutée. Les professeurs, excellents pour transmettre la connaissance, manquent souvent de temps ou d’une approche pragmatique pour préparer à l’épreuve elle-même.
Romain explique que les professeurs « font un très long cours sur le thème », mais ce qui manque cruellement aux élèves, c’est la pratique. « Pour devenir bon en dissertation, culture générale en 4 heures, dans des conditions stressantes, ben il faut faire des dissertations. » C’est cette pièce manquante du puzzle que Romain fournit. Il ne donne pas seulement la matière, mais la méthode pour l’organiser et la restituer de manière convaincante. Il offre des dissertations entièrement rédigées et commentées, ce que les manuels traditionnels font rarement. C’est ainsi qu’il se positionne non pas en opposition, mais en complément indispensable pour ceux qui veulent maximiser leurs chances de succès.
Du cours particulier à la formation en ligne : le passage à l’échelle
L’influence d’un ami comme déclencheur
La transition de Romain vers la vente de formations en ligne n’était pas planifiée. Après ses études, il donnait de nombreux cours particuliers de philo pour subvenir à ses besoins. Le déclic est venu d’un ami, Arnaud, qui avait lui-même la fibre entrepreneuriale. C’est un parfait exemple de l’importance de l’entourage dans un parcours d’entrepreneur.
Romain raconte : « C’est lui qui m’a dit ‘ah, mais tu devrais arrêter de t’embêter, tu répètes toujours la même chose à force, il faut que tu t’enregistres et que tu le mettes sur Teachable.' » Son ami l’avait fait quelques mois auparavant, lui fournissant un modèle et un retour d’expérience précieux. « J’ai vraiment eu beaucoup de chance parce qu’en réalité, je je pense pas que j’aurais trouvé tout seul. » Cette anecdote souligne qu’il ne faut pas hésiter à s’inspirer des réussites de son entourage pour faire évoluer son propre projet.
Les premiers résultats et la validation du marché
Les débuts sur la plateforme Teachable ont rapidement validé l’idée. Malgré le fait que ce soit un test, le succès a été immédiat. « Ça a bien marché, j’ai eu quasiment 100, j’ai fait 100 ventes la la première année. » Le tarif était de 200 €, ce qui représente un chiffre d’affaires de 20 000 € dès la première année pour un produit numérique. Ce succès initial a prouvé qu’il existait une demande forte pour une approche différente de la préparation aux concours.
Ce passage au numérique lui a permis de démultiplier son impact et ses revenus, en touchant une centaine de personnes avec un effort initial d’enregistrement, là où les cours particuliers l’auraient limité à quelques élèves seulement.
Construire son autorité et sa stratégie marketing de niche
Le livre comme produit d’appel pour bâtir sa crédibilité
Avant même de lancer ses formations, Romain avait déjà une petite notoriété grâce à son manuel « Mille Idées de Culture Générale ». Ce livre, vendu sur Amazon, a joué un rôle crucial. Il ne le voit pas comme une étape dans un tunnel de vente, mais plutôt comme un outil pour « bâtir [sa] crédibilité. »
Il mise sur le fait que « les élèves vont d’abord commander les manuels, qu’ils vont les les aimer et et qu’ensuite peut-être ils reviendront pour me demander d’autres choses. » Cette stratégie de long terme, basée sur la qualité et la confiance, est particulièrement efficace dans un petit marché où le bouche-à-oreille est roi. Les élèves qui intègrent les écoles recommandent ensuite ses manuels et formations à la génération suivante, créant un cercle vertueux.
Une approche de contenu qui répond à un besoin précis
Le succès SEO de Romain repose sur une stratégie simple mais redoutable : donner aux gens exactement ce qu’ils cherchent. Son site est rapidement monté dans les résultats de Google car il offrait du « product to market fit ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Il fournissait « des dissertations entièrement rédigées et même commentées parfois. »
Il explique : « Je commentais mes choix, je leur expliquais. » Cette approche éminemment pragmatique tranche avec les cours théoriques traditionnels. En offrant une ressource directement actionnable, il a non seulement attiré un trafic qualifié, mais a aussi prouvé instantanément la valeur de son expertise, incitant les visiteurs à s’inscrire à sa liste email pour en recevoir davantage.
Le marketing par email : segmenter pour mieux vendre
Une fois les prospects capturés, Romain déploie une stratégie d’email marketing sophistiquée via ActiveCampaign. Il a structuré sa séquence en cinq branches, chacune correspondant à un produit différent. L’approche est méthodique : « Je pense qu’il a c’est d’abord mieux qu’ils prennent les manuels. Et ensuite, je leur propose la formation qui aide à utiliser les manuels. Ensuite, il y a la masterclass, etc. ».
Le rythme est d’un email par semaine, mais il alterne systématiquement contenu de valeur et promotion. « C’est toujours j’alterne deux e-mails d’engagement et un e-mail de conversion. » Ces emails d’engagement, inspirés de Ramit Sethi, apportent une valeur immense et gratuite, parfois sans même un lien. C’est cette générosité qui construit une relation solide avec son audience et rend ses offres commerciales beaucoup plus efficaces le moment venu.
Bots Messenger vs Email : le verdict des tests sur le terrain
Les résultats décevants de ManyChat en conversion directe
Comme beaucoup de marketeurs, Romain a été tenté par la promesse des bots Messenger, souvent présentés comme les remplaçants de l’email. Il a testé ManyChat et a rapidement obtenu près de 3000 abonnés. Cependant, les résultats en termes de ventes ont été très décevants. « En revanche, derrière, j’ai j’ai très peu converti. »
Cette expérience l’a conforté dans l’idée que pour des produits complexes nécessitant de la persuasion, l’email reste un canal supérieur. « Ça a créé un un mouvement de de balancier un peu en moi, et je me suis ah non, il faut que je je mise sur le le copywriting et le storytelling en e-mail. » Les emails qu’il a ensuite rédigés, en se concentrant sur ces aspects, ont « très très bien marché. »
La stratégie hybride : utiliser ManyChat en soutien de l’email
Plutôt que d’abandonner les bots, Romain a trouvé une manière plus judicieuse de les intégrer. Sa nouvelle stratégie consiste à utiliser ManyChat « uniquement en soutien de l’e-mail. » L’idée est simple : « Si la personne, en même temps que je lui envoie l’e-mail, reçoit un message ManyChat lui disant ‘salut, je viens de t’écrire un e-mail sur ce sujet’, […] bien évidemment, ça booste le taux d’ouverture. » C’est une utilisation intelligente qui combine la portée instantanée de Messenger avec la profondeur de l’email.
Cette approche hybride montre que la question n’est pas de savoir si un outil va en remplacer un autre, mais comment les faire fonctionner ensemble pour optimiser l’ensemble du système marketing.
Comment monter sa propre maison d’édition et publier un livre
D’un rejet d’éditeur à une nouvelle opportunité
L’aventure de Romain dans l’édition a commencé par un échec. Après avoir écrit un livre, une grande maison d’édition l’a approché avant de le rejeter brutalement. Cette déception aurait pu être la fin de l’histoire, mais elle est devenue un commencement. Une semaine plus tard, il découvre une publicité pour CreateSpace, un service d’Amazon (aujourd’hui intégré à KDP) permettant l’impression à la demande.
Il raconte : « J’ai fait le le test avec ce premier petit livre. Ça a bien marché. » Cette expérience lui a ouvert les yeux sur une réalité méconnue : le monde de l’édition n’est plus une forteresse inaccessible.
Le métier d’éditeur réinventé : externaliser pour réussir
La grande prise de conscience de Romain a été de comprendre que « toutes les opérations dans le processus de production d’un livre peuvent être découpées et externalisées. » Il n’y a plus besoin d’une structure lourde pour publier un livre de qualité.
Il détaille le processus : « Tu peux trouver ton graphiste sur Upwork. Tu peux trouver des professeurs de français sur leboncoin qui relisent les bouquins. Tu peux trouver un designer pour la couverture, et cetera. » Avec Internet, un individu peut centraliser et déléguer toutes les tâches traditionnellement assurées par un éditeur. Cette démocratisation de l’édition offre des opportunités immenses à tous les créateurs de contenu qui souhaitent matérialiser leur expertise dans un livre, que ce soit pour le vendre directement ou pour l’utiliser comme un puissant outil de marketing.
FAQ : Vos questions sur la création d’un business en ligne de niche
Comment gagner de l’argent avec la philosophie ?
Il est possible de gagner de l’argent avec la philosophie en identifiant un problème concret et urgent qu’elle peut aider à résoudre. Plutôt que de vendre la connaissance pure, concentrez-vous sur un marché de niche (comme les étudiants en prépa) et offrez-leur des solutions pragmatiques (comme la méthodologie de la dissertation) pour atteindre un objectif précis (réussir un concours).
« Ce qu’a fait Romain, c’est qu’il a trouvé cette douleur, il a trouvé le vrai besoin dans le marché. Et le marché c’est les élèves de prépa HEC qui veulent intégrer l’école. […] Votre principal problème dans la vie, c’est de savoir si vous allez réussir votre concours. »
Quel est le meilleur moyen de vendre des formations en ligne à des étudiants ?
Pour vendre des formations en ligne à des étudiants, il faut proposer une approche plus pragmatique et orientée vers les résultats que les cours traditionnels. Concentrez-vous sur la méthodologie et la pratique de l’épreuve finale plutôt que sur l’accumulation de connaissances théoriques. Utilisez des stratégies de contenu comme le SEO et une communication par email pour bâtir une relation de confiance.
« Je leur donnais exactement ce qu’ils voulaient, ce dont ils avaient besoin, notamment des des dissertations entièrement rédigées et même commentées parfois. Je commentais mes choix, je leur expliquais. »
Comment se différencier d’un professeur quand on vend une formation ?
La différenciation se fait en offrant une valeur que le professeur, par manque de temps ou de perspective, ne fournit pas toujours. Mettez l’accent sur des aspects pratiques, des stratégies pour optimiser les résultats aux examens, et fournissez des exemples concrets et commentés. Votre positionnement n’est pas de remplacer le professeur, mais de proposer un complément indispensable pour la réussite.
« Il existe des profs qui sont très il y en a même certains qui sont très très pragmatiques. […] Mais c’est très très rare. Donc si tu as pas eu la chance d’avoir un prof qui est pragmatique, ma seule vraie alternative, ça reste de de me tourner vers tes produits. »
Les bots Messenger sont-ils plus efficaces que l’email pour vendre ?
Non, pour la vente de produits d’information complexes, l’email reste plus efficace que les bots Messenger. L’email permet un meilleur storytelling et copywriting, essentiels pour persuader et convertir. Les bots peuvent cependant être utilisés en soutien pour augmenter les taux d’ouverture des emails ou pour des communications courtes et directes.
« J’ai eu très rapidement quasiment 3000 personnes. En revanche, derrière, j’ai très peu converti. […] Je me suis dit ah non, il faut que je je mise sur le le copywriting et le storytelling en e-mail. J’ai fait de de super e-mails ensuite, et là qui ont qui ont très très bien marché. »
Comment publier un livre sans passer par un éditeur traditionnel ?
Vous pouvez publier un livre en auto-édition en utilisant des services d’impression à la demande comme Amazon KDP (anciennement CreateSpace). Le processus consiste à externaliser les différentes étapes de production : relecture, mise en page, création de la couverture, etc., via des plateformes de freelances. Vous gardez ainsi le contrôle total et une plus grande part des revenus.
« Toutes les les opérations dans le processus de production d’un livre peuvent être découpées et externalisées. Et il n’y a pas besoin d’avoir une maison d’édition. Tu peux trouver ton graphiste sur Upwork. Tu peux trouver des professeurs de français sur leboncoin qui relisent les bouquins. »
Qu’est-ce que Amazon CreateSpace (maintenant KDP) ?
Amazon CreateSpace était le service d’Amazon pour l’impression de livres à la demande. Il a depuis été intégré à Kindle Direct Publishing (KDP). Il permet à n’importe qui de soumettre un fichier numérique (manuscrit et couverture) et de rendre son livre disponible à la vente en format papier sur Amazon, sans aucun stock ni investissement initial. Le livre est imprimé et expédié uniquement lorsqu’un client passe commande.
« Je je voyais une pub pour CreateSpace sur sur internet. J’ai fait le le test avec ce premier petit livre. Ça a bien marché. […] CreateSpace, c’est une filiale d’Amazon qui te permet de leur soumettre un fichier électronique, et eux, ils vont te créer à la demande quand la personne commande un livre qui peut être imprimé. »
Comment trouver le vrai besoin d’un marché de niche ?
Pour trouver le vrai besoin, il faut aller au-delà de l’intérêt général et identifier une ‘douleur’ ou un problème urgent que les membres de cette niche cherchent à résoudre. Discutez avec votre audience, lisez leurs questions sur les forums, et analysez les solutions existantes pour trouver les manques. Le besoin se situe souvent dans l’application pratique et l’obtention d’un résultat tangible.
« Où est le problème vraiment que vous allez pouvoir résoudre avec ça ? Et où est la douleur que vous allez pouvoir résoudre avec un produit pour lequel vous allez pouvoir vous faire payer ? Et ben, ce qu’a fait Romain, c’est qu’il a trouvé cette douleur, il a trouvé le vrai besoin dans le marché. »
Comment utiliser un livre pour vendre des formations plus chères ?
Un livre est un excellent outil pour construire votre crédibilité et votre autorité. En le vendant sur des plateformes comme Amazon, vous touchez une large audience et prouvez votre expertise à faible coût pour le client. Les lecteurs satisfaits seront ensuite beaucoup plus enclins à acheter vos formations plus chères, car ils vous font déjà confiance et ont déjà validé la qualité de votre contenu.
« Ce qui me sert aujourd’hui, […] j’ai créé mon mon petit manuel sur sur le thème, et celui qui se vend le plus de loin. […] Ça me sert, je dirais, plutôt à à oui, à bâtir ma crédibilité. Je je mise sur le fait que que les élèves vont d’abord commander les manuels, qu’ils vont les les aimer et et qu’ensuite peut-être ils reviendront pour pour me demander d’autres choses. »