De rédactrice web à formatrice : le parcours inspirant de Lucie Rondelet
Lucie Rondelet a commencé la rédaction web pour une raison simple mais universelle : arrondir ses fins de mois. Ce qui n’était au départ qu’une activité complémentaire s’est transformé en une véritable vocation, au point qu’elle forme aujourd’hui d’autres rédacteurs et a même créé une plateforme les mettant en relation avec des clients. Mais comment passe-t-on d’un besoin financier à une carrière florissante ?
Comment la rédaction web peut compléter un revenu
Tout a commencé en Martinique. Face à un décalage entre son salaire au SMIC et un style de vie plus élevé, Lucie a cherché des solutions. Elle raconte : « J’ai tapé sur internet comment arrondir ses fins de mois et je suis tombé sur un site de radin.com qui expliquait comment on pouvait gagner de l’argent sur internet en écrivant en fait et on était payé au mot. » Cette découverte a été une révélation. Contrairement au commerce de ses parents, qui impliquait stocks et marges complexes, la rédaction ne nécessitait que son cerveau et une maîtrise correcte du français. Elle a donc débuté sur des plateformes de rédaction, une activité qu’elle a intensifiée pendant son congé maternité avant de créer sa propre entreprise en Nouvelle-Calédonie.
La transition clé : la prospection directe de clients
Le véritable tournant s’est produit lorsqu’elle a décidé de quitter les plateformes pour démarcher ses propres clients. Ce qui a fait décoller son activité, c’est cette démarche proactive. Elle explique sa stratégie : « Je savais que on partait en mai et que on emménageait en août. Donc je me suis dit voilà, ça te fait 2, 3 mois pour démarcher tes propres clients. Et ce que j’ai fait, c’est que j’ai démarché des clients pendant 3 mois et dès que j’ai créé mon entreprise, j’avais déjà tout un portefeuille client dès le début. » Elle a commencé à travailler pour eux avant même d’avoir un numéro de SIRET, facturant rétroactivement une fois sa société créée. Cette anticipation lui a permis de démarrer son activité de freelance sur des bases solides.
Comment trouver ses premiers clients en tant que rédacteur web freelance ?
La prospection est souvent le plus grand défi pour un freelance qui débute. Lucie a développé une méthode simple mais redoutablement efficace, basée sur l’observation et la personnalisation.
Identifier les opportunités sur le web
L’idée de base est simple : le web regorge de sites au contenu médiocre. Lucie a très vite compris que c’était une mine d’or. « J’ai très vite compris en ayant mes propres clients sur les plateformes de rédaction qu’en fait il y avait des milliers et des milliers de sites qui avaient du mauvais contenu. Soit du contenu plein de fautes, soit des sites qui manquaient de contenu tout simplement. » Elle a réalisé que le nombre de sites ayant besoin d’aide dépassait largement celui des sites bien conçus, se disant : « c’est pas un boulevard que j’ai, c’est une infinité de possibilités. »
Le processus de démarchage qui convertit
Sa méthode consistait à naviguer sur internet, trouver des sites qui lui plaisaient mais dont le contenu était améliorable, récupérer les contacts dans les mentions légales et envoyer un email personnalisé. « À chaque fois j’envoyais un mail personnalisé pour dire voilà ce que je pense de votre site, avec mon humble avis, je pense que vous pourriez améliorer ci ça ça, peut-être que si vous faisiez appel à moi, je pourrais faire ci ça ça pour votre site. » En contactant entre 30 et 50 sites, elle a décroché 4 à 5 clients stables et sur le long terme. Un taux de conversion impressionnant pour de la prospection à froid.
Comment cibler les clients qui ont un budget ?
Contacter des sites au hasard peut mener à des prospects sans budget. Pour éviter cet écueil, Lucie a appris à filtrer. Elle ciblait deux types de sites : « Soit des sites qui étaient qui avaient l’air un peu connus mais qui avaient du contenu de mauvaise qualité, ou alors j’essayais de trouver des des sites qui étaient monétisés souvent par le biais de formations en ligne ou de justement de vente de produits. » La logique est implacable : un site qui génère déjà du chiffre d’affaires est plus susceptible d’avoir une enveloppe budgétaire à allouer à la rédaction de contenu.
L’importance d’un portfolio pour convaincre
Fait intéressant, Lucie souligne qu’on ne lui a jamais demandé de CV. La seule chose qui compte, ce sont les exemples de textes. « On m’a dit est-ce que vous avez des exemples de texte? Donc je donnais des exemples de texte, juste des URL en fait et hop voilà ben si mon style plaisait, il m’engageait. » C’est pourquoi elle conseille à ses élèves de se constituer un portfolio très varié, qu’elle appelle l’approche du « rédacteur web caméléon ». L’objectif est d’avoir 10 à 20 URLs sur des thèmes très différents (droit, immobilier, cuisine, etc.) pour montrer sa capacité à s’adapter au message et au style de n’importe quel client.
Devenir un rédacteur web rentable : tarifs, vitesse et spécialisation
Trouver des clients est une chose, mais en vivre confortablement en est une autre. La rentabilité en rédaction web repose sur un équilibre entre tarifs, vitesse d’exécution et stratégie de développement.
La vitesse d’écriture, le nerf de la guerre
Lucie a constaté que beaucoup de rédacteurs en difficulté partageaient un point commun : une faible vitesse de rédaction. « Ils disaient qu’ils rédigeaient entre 100 et 300 mots de l’heure. Moi j’en rédige en moyenne quand je suis sur un sujet qui me plaît 1000 et […] je peux écrire jusqu’à 2000 mots de l’heure. » C’est une véritable gymnastique mentale. Un rédacteur qui écrit 500 mots par jour à 5 centimes le mot peine à être rentable. En revanche, celui qui en écrit 3000 à 6 centimes peut atteindre des journées à 180 €, ce qui change complètement la donne.
Comprendre la jungle de la tarification
Les tarifs en rédaction web sont très variables. « Tu as des très très grosses boîtes […] qui vont te payer du 20 centimes le mot pour des textes pas extraordinaires. Et puis tu en as d’autres qui pour la même chose vont te proposer 4 centimes le mot. » Selon Lucie, le prix dépend souvent plus du budget de l’entreprise que de la complexité du travail. Le rôle du rédacteur est donc de « lancer suffisamment d’hameçons » pour pouvoir choisir les clients qui correspondent à son rapport temps/rémunération idéal.
Fixer son propre tarif horaire minimum
Pour s’assurer d’être rentable, Lucie s’était fixé une règle simple : « Je m’étais fixé que je refusais de travailler si je gagnais moins de 40 € de l’heure. » Elle testait les premières commandes d’un client, et si le temps passé ne permettait pas d’atteindre ce seuil, elle refusait poliment les suivantes. C’est une discipline essentielle pour ne pas s’épuiser dans des projets peu rémunérateurs.
La stratégie du caméléon : se spécialiser… plus tard
Contrairement à l’idée reçue de devoir se nicher immédiatement, Lucie conseille de commencer en étant généraliste. « Je conseille de choisir une industrie et de se concentrer dessus à la fin en fait. Une fois qu’on est un vrai rédacteur web SEO. » Pourquoi ? Parce que travailler sur des sujets difficiles et variés force à sortir de sa zone de confort, à maîtriser la recherche de sources fiables et à perfectionner son style. « Une fois que tu as fait tout ce travail […] ben après quand tu reviens dans ta zone de confort tu écris beaucoup plus vite et peut-être avec un style beaucoup plus spontané. »
Les secrets de la rédaction SEO qui fonctionne encore aujourd’hui
La rédaction web est indissociable du SEO (Search Engine Optimization). Mais les règles du jeu ont beaucoup changé. Lucie insiste sur le fait que le SEO représente environ 50% du travail d’un bon rédacteur.
L’évolution du SEO : de l’artifice à l’expérience utilisateur
Aux débuts de Lucie, le SEO était une discipline presque barbare. « Au début quand j’ai commencé, on devait intégrer des mots-clés avec des fautes d’orthographe. […] Il y avait carrément des gens qui créaient une liste de mots-clés, qui les mettaient en bas de leur page […] et qui mettaient le fond de la même couleur pour en essayant de gruger Google. » Ces techniques sont aujourd’hui obsolètes et pénalisées. Google s’est humanisé. « Le but de Google, c’est de se rapprocher le plus possible du cerveau humain. Ce qui fait que […] je fais toujours en sorte d’être logique quand j’écris des articles, en me disant le but ultime c’est que ça plaise à l’internaute parce que si ça plaît à l’internaute, ça plaira à Google. »
Les piliers d’un article optimisé pour Google
Plutôt que de bourrer son texte de mots-clés, Lucie se concentre sur des éléments stratégiques qui améliorent l’expérience utilisateur :
- Le titre (balise `title`) : Il doit contenir la requête clé principale, sans la concurrencer avec une seconde requête. Par exemple, au lieu de « Comment devenir rédacteur web : méthode pour bien écrire », préférez « Comment devenir rédacteur web | 9 astuces ». Le titre doit être copywrité pour donner envie de cliquer dans les résultats de recherche (le SERP).
- L’introduction : C’est la première chose que lisent l’internaute et Google. Elle doit être percutante et accrocheuse pour retenir l’attention.
- Les sous-titres (H2, H3) : L’utilisateur scanne les sous-titres pour juger de la pertinence de l’article. Ils doivent être intéressants et structurer la pensée.
- La promesse tenue : L’article doit impérativement répondre à la question posée dans le titre. Le « blabla » est à proscrire au profit de la valeur ajoutée.
L’entrepreneuriat au féminin : le projet « Celles qui osent »
En développant son activité, Lucie a fait un constat : son audience est majoritairement féminine (plus de 80%), alors que le monde de l’entrepreneuriat web est largement dominé par des figures masculines. C’est de là qu’est né son nouveau projet, « Celles qui osent ».
Un manque de visibilité et des problématiques spécifiques
« Pour moi, c’est surreprésenté par les hommes et du coup j’avais vraiment envie qu’on ait un espace à nous, d’autant plus qu’on n’a pas forcément les mêmes préoccupations que les hommes, » explique-t-elle. Elle prend l’exemple du discours sur la liberté de voyager, souvent mis en avant par les entrepreneurs masculins. « C’est vrai, mais moi j’ai deux enfants de 18 mois et 4 ans. Et aujourd’hui je fais pas ce que je veux. […] Tu fais pas ce que tu veux une fois que tu as une famille. » Ces aspects de la vie d’une femme sont trop souvent absents des discussions sur l’entrepreneuriat.
Créer une communauté pour réussir ensemble
Avec « Celles qui osent », co-créé avec une de ses élèves, l’objectif est d’aider les femmes à entreprendre sur internet en créant une véritable communauté. La vision va au-delà d’un simple blog. Lucie souhaite organiser des séminaires physiques. « Mon but c’est vraiment de […] proposer des séminaires physiques sur plusieurs jours avec plusieurs femmes et d’utiliser donc les rencontres et la puissance du réseau, la puissance du groupe pour réussir à sortir du lot. » L’idée est de créer un écosystème où les participantes s’entraident, se font des liens et de la promotion mutuelle, combinant ainsi la force du réseau, du SEO et de la communauté pour faire décoller leurs projets.
FAQ sur la rédaction web
Combien peut gagner un rédacteur web ?
La rémunération d’un rédacteur web est très variable et dépend de sa vitesse, de ses tarifs et des clients qu’il choisit. Il est possible de facturer entre 4 et 20 centimes le mot. Pour être rentable, il est conseillé de viser un revenu horaire minimum.
Citation de Lucie Rondelet : « Avant de créer ma formation, je m’étais fixé que je refusais de travailler si je gagnais moins de 40 € de l’heure. […] Si tu arrives à écrire 2, 3000 mots même si c’était à 6 centimes le mot ben voilà, ça te fait des bonnes journées à 150, 180 €. »
Comment trouver ses premiers clients en rédaction web ?
Une méthode efficace est la prospection directe. Il s’agit d’identifier des sites web dont le contenu est de mauvaise qualité (fautes, manque d’articles), de trouver le contact dans les mentions légales et d’envoyer un email personnalisé proposant vos services pour améliorer leur contenu.
Citation de Lucie Rondelet : « Ce que j’ai fait, c’est que j’ai démarché des clients pendant 3 mois […] j’envoyais un mail personnalisé pour dire voilà ce que je pense de votre site, […] je pense que vous pourriez améliorer ci ça ça. »
Faut-il se spécialiser pour réussir en tant que rédacteur web ?
Il est conseillé de se spécialiser, mais seulement après avoir acquis une expérience variée. Commencer en tant que généraliste sur des sujets difficiles permet de développer rapidement ses compétences de recherche et d’écriture, avant de choisir une niche où l’on devient plus rapide et pertinent.
Citation de Lucie Rondelet : « Je conseille de choisir une industrie et de se concentrer dessus à la fin en fait. Une fois qu’on est un vrai rédacteur web SEO, parce que […] les meilleurs rédacteurs, c’est vraiment ceux qui ont travaillé sur des choses très difficiles. »
Quelles sont les techniques de rédaction SEO qui fonctionnent aujourd’hui ?
Le SEO moderne se concentre sur l’expérience utilisateur (UX) plutôt que sur le bourrage de mots-clés. Les éléments clés sont un titre (balise `title`) optimisé et accrocheur, une introduction percutante, des sous-titres (H2) pertinents, et surtout, un contenu qui apporte une réelle valeur ajoutée et répond à la promesse du titre.
Citation de Lucie Rondelet : « Le but de Google, c’est de se rapprocher le plus possible du cerveau humain. […] Le but ultime c’est que ça plaise à l’internaute parce que si ça plaît à l’internaute, ça plaira à Google. »
Quelle est l’importance d’un portfolio pour un rédacteur web ?
Le portfolio est l’outil le plus important pour un rédacteur web, bien plus qu’un CV. Il est recommandé d’avoir 10 à 20 exemples d’articles publiés sur des thèmes variés pour démontrer sa polyvalence et sa capacité à s’adapter à différents styles et sujets.
Citation de Lucie Rondelet : « On m’a jamais demandé de CV en rédaction web […]. On m’a dit est-ce que vous avez des exemples de texte ? […] Je conseille à mes élèves […] d’essayer de se créer un portfolio très varié, le plus varié possible. »
Combien de temps faut-il pour se former à la rédaction web ?
Pour atteindre un bon niveau et une vitesse de rédaction rentable, un entraînement régulier d’au moins six mois est nécessaire. Les formations courtes sont souvent insuffisantes pour maîtriser la pratique.
Citation de Lucie Rondelet : « Pour moi, toutes les formations qui durent moins de 6 mois en rédaction web […] c’est pas crédible. Il faut au minimum s’entraîner pendant 6 mois avant d’avoir un bon niveau et de rédiger vite. »
Comment la vitesse de rédaction impacte-t-elle la rentabilité ?
La vitesse est cruciale car la plupart des missions sont payées au mot. Un rédacteur lent (ex: 300 mots/heure) aura du mal à atteindre un revenu décent, tandis qu’un rédacteur rapide (1000 mots/heure ou plus) peut multiplier ses gains pour le même temps de travail, rendant l’activité beaucoup plus rentable.
Citation de Lucie Rondelet : « Je voyais que des rédacteurs web déchus […] ils disaient qu’ils rédigeaient entre 100 et 300 mots de l’heure. Moi j’en rédige en moyenne […] 1000. […] C’est vraiment une gymnastique qu’il faut faire et si on fait pas cette gymnastique et ben on n’est pas rentable. »
Pourquoi y a-t-il moins de femmes visibles dans l’entrepreneuriat web ?
Bien que l’audience soit souvent majoritairement féminine, l’espace de l’entrepreneuriat web est surreprésenté par les hommes. Les femmes entrepreneures font face à des préoccupations spécifiques, notamment la conciliation entre vie de famille et vie professionnelle, qui sont rarement abordées dans le discours dominant.
Citation de Lucie Rondelet : « On n’a pas forcément les mêmes préoccupations que les hommes. Je vois par exemple Olivier Roland […] il dit qu’on peut vivre où on veut […] c’est vrai, mais moi j’ai deux enfants […] je fais pas ce que je veux une fois que tu as une famille. »