Logo de l'épisode Pourquoi j'ai mis 7 ans pour devenir productif - FAQ #5 du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

Pourquoi j’ai mis 7 ans pour devenir productif – FAQ #5

Épisode diffusé le 18 juin 2019 par Marketing Mania

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Déléguer sans perdre en qualité : comment former son équipe ?

Une question qui revient souvent, et qui m’a personnellement « beaucoup trituré pendant un moment », est celle de la délégation, surtout quand une marque est fortement incarnée par son fondateur. Romain a parfaitement résumé le dilemme : « Comment faites-vous pour gérer cela ? La personne désormais chargée de répondre au mail n’est pas Stan Leloup, elle n’a probablement pas encore son expérience ni son mindset. »

La réalité, c’est qu’à une certaine échelle, je n’avais plus le choix. Soit j’arrêtais de répondre aux gens, soit je trouvais une manière de le faire qui soit scalable. C’est ce qui m’a forcé à prendre cette décision. La problématique se divise en deux aspects : la transmission des connaissances en interne et la communication de ce changement à l’externe.

Le transfert de connaissances en interne : un processus d’itération

Au début, je me demandais comment une autre personne pourrait atteindre mon niveau de qualité. Puis, j’ai eu une prise de conscience : « en fait, ce que je suis en train de réfléchir, c’est complètement idiot parce que je suis en train de faire une formation. Donc je suis en train de dire, OK, je suis capable de transmettre ma compétence à quelqu’un d’autre. Je suis capable de former mes clients. Je devrais être encore plus capable de former mon équipe. » Et c’est encore plus rapide, car mon équipe est à mes côtés.

L’élément le plus important que j’ai découvert pour former une équipe est la rapidité d’itération et le feedback. Plus vous donnez de petits projets à une personne et lui fournissez un retour constructif, plus elle apprendra rapidement votre manière de penser et de travailler. Prenez l’exemple des titres pour notre chaîne YouTube d’extraits de podcast. Nous publions une vidéo par jour. Chaque vidéo a besoin d’un titre. C’était une occasion parfaite pour former Paul, mon premier recruté, à l’écriture de titres percutants. Au début, nous validions chaque titre ensemble. Une fois qu’il a atteint un niveau compétent, je lui ai laissé la main. Aujourd’hui, c’est même lui qui forme une autre personne à cette tâche, en lui donnant le feedback que je lui donnais auparavant.

Ce principe s’applique parfaitement au support client. Le volume d’emails offre des dizaines d’opportunités de formation chaque jour. On découvre vite qu’il y a différents niveaux de difficulté :

  • Niveau 1 : Les questions basiques. « Y a-t-il une garantie ? », « Combien de temps dure la formation ? ». Une personne peut y répondre dès son premier jour.
  • Niveau 2 : Les questions dont la réponse est dans la formation. Il suffit de bien connaître le contenu pour y répondre.
  • Niveau 3 : Les questions demandant une analyse ou un feedback. Par exemple, une personne qui veut un retour sur son idée. Cela demande un peu de réflexion, mais les principes peuvent s’apprendre.

Le mécanisme est simple : à chaque fois qu’un membre de l’équipe ne sait pas répondre, il remonte la question. Au début, Paul me demandait pour 70% des questions. Rapidement, c’est descendu à 30%, puis à 5-10%. Aujourd’hui, presque aucune question ne remonte jusqu’à moi. C’est un 80/20 : dès le départ, une personne bien briefée peut gérer 80% des demandes, vous libérant un temps précieux. À terme, votre équipe répondra mieux que vous. Pourquoi ? Car si je dois répondre à 150 emails seul, ma motivation est d’aller le plus vite possible, et la qualité baisse. Une personne dédiée au support client, elle, peut se concentrer. Si elle est débordée, on en recrute une deuxième. Le système est scalable.

La communication externe : transférer sa crédibilité

Comment faire pour que la communauté ne soit pas déçue de ne pas avoir ma réponse directe ? Nous avons beaucoup travaillé sur ce point, notamment en donnant à Paul un rôle central et une autorité au sein de notre communauté, par exemple dans la gestion des groupes de travail. Progressivement, son rôle a évolué du support vers l’accompagnement, jusqu’à donner des feedbacks vidéo.

Pour renforcer sa crédibilité, nous l’avons mis en avant. Il est apparu sur le podcast, nous avons tourné des formations ensemble. En le mettant en avant publiquement, je lui transfère une partie de ma crédibilité par association. Je dis explicitement : « moi je lui fais totalement confiance pour ce genre de choses. Et donc toi, tu peux aussi lui faire confiance là-dessus. » Aujourd’hui, cela a si bien fonctionné que nous avons un programme de coaching où les gens paient spécifiquement pour avoir les conseils de Paul. Ils le font car sa compétence a été prouvée au sein de la communauté.

Équilibre et productivité : comment éviter le burnout en tant qu’entrepreneur ?

Hugo m’a posé une question sur l’équilibre mental, notant que je semblais travailler moins qu’avant, avec des horaires plus raisonnables. « Comment tu avais fait pour changer un peu de mentalité, d’état d’esprit ? Et est-ce que maintenant tu as encore ce sentiment de culpabilité ? »

L’illusion de travailler moins : la clé de la régularité

En réalité, l’impression que je travaille moins est une illusion. Avant, je fonctionnais en dents de scie : « je travaillais comme un acharné, sans faire aucune pause, d’une manière très intense. Après, j’étais épuisé. J’en pouvais plus. » Ce cycle de travail intense suivi d’épuisement total me menait au bord du burnout. Je me sentais coupable de ne pas travailler, donc je repartais à fond pour rattraper le retard, jusqu’à l’épuisement suivant. Parfois, je tombais physiquement malade, et je suspecte que c’était psychosomatique : « être malade, c’était la seule manière dont je pouvais prendre une pause sans me sentir coupable. »

Le grand changement a été d’adopter des habitudes de travail régulières et concentrées. J’ai commencé à mettre des limites : ne pas travailler au-delà d’une certaine heure, ne pas travailler le week-end. Les pauses sont devenues planifiées, et non plus dictées par l’épuisement. Cela a radicalement amélioré ma santé mentale, mais aussi ma productivité globale. Si on additionnait toutes les heures où je ne travaillais pas parce que j’étais vidé, j’aurais pu prendre de belles vacances. Mes heures de travail ont même augmenté au fil du temps grâce à cette régularité, avant de commencer à redescendre récemment avec le recrutement et la délégation des tâches moins exigeantes en énergie créative.

Priorisation et énergie créative : le secret des plus productifs

Le deuxième grand levier a été la priorisation, notamment grâce à la méthode des plans de 90 jours. J’ai réalisé que les tâches les plus importantes sont souvent celles qu’on a tendance à éviter : la créativité, l’écriture, l’enregistrement. On ne peut pas travailler 12 heures par jour sur de l’écriture. L’énergie créative est limitée.

Une référence fascinante est le livre Écriture : Mémoires d’un métier de Stephen King, probablement l’un des auteurs les plus productifs de l’histoire. Sa routine ? Il écrit 2000 mots par jour, ce qui lui prend entre 3 et 5 heures. C’est le maximum que l’on peut espérer atteindre après des années de pratique. Personnellement, je considère avoir entre 3 et 5 heures de temps créatif par jour. Si je commence le matin, en fin de matinée, je suis « un petit peu cramé ». Quand on comprend cela, on devient obsédé par la routine et la régularité pour s’assurer d’utiliser cette énergie précieuse sur les bonnes tâches, au bon moment.

Le choc culturel de l’entrepreneuriat : un apprentissage de longue haleine

Cela m’a pris des années pour développer ces bonnes habitudes. Ça va faire bientôt 7 ans que je suis entrepreneur. La transition depuis le statut d’étudiant ou de salarié est un véritable choc culturel. C’est comme le film Un Indien dans la ville : un personnage habitué à un environnement est plongé dans un monde totalement différent. L’entrepreneur doit tout réapprendre : l’autodiscipline, le choix des priorités, la gestion de sa santé mentale, la socialisation quand on travaille seul. Il ne faut pas se comparer à des entrepreneurs expérimentés dès le premier jour. C’est un processus qui prend du temps.

Notre processus de recrutement en 7 étapes pour trouver le candidat idéal

Steven m’a demandé des détails sur notre processus d’embauche, qui semble pertinent. Il voulait connaître les filtres les plus efficaces, les projets tests, et le listing complet des étapes. Même si la question semble presque trop parfaite, elle n’a pas été préparée !

Les filtres les plus efficaces pour écarter les candidatures non qualifiées

Le filtre le plus important, surtout avec une large audience, est d’éliminer les « touristes » qui ne lisent pas les instructions. Pour cela, nous utilisons une consigne simple mais précise. Par exemple : « envoyer à telle adresse email l’URL de la seule vidéo de Marketing Mania où Tony Robbins apparaît dans la miniature. »

Vous seriez surpris du nombre de personnes qui échouent. Certains envoient leur CV directement, d’autres la mauvaise vidéo, d’autres encore affirment qu’elle n’existe pas. Cela montre un manque d’effort et d’attention aux détails. Ce simple filtre élimine plus de la moitié des candidats sans nous demander aucun temps, car nous avions automatisé la vérification avec Zapier.

Les projets tests : juger sur les actes, pas sur les mots

La philosophie du projet test est de se rapprocher au maximum des tâches réelles du poste. On juge les gens sur ce qu’ils font, pas sur ce qu’ils disent. Pour le poste d’assistant éditorial, le projet était un travail de recherche pour ma vidéo sur PewDiePie. C’était un sujet complexe qui demandait du jugement pour savoir quelles informations étaient pertinentes. Pour l’assistant opérationnel, le projet combinait plusieurs outils techniques. Le but n’était pas de connaître tous les outils, mais de voir si la personne était capable de chercher l’information, de réfléchir de manière critique et de transformer des instructions en actions concrètes.

Nous donnions 48 heures pour réaliser le projet, ce qui nous semblait un bon compromis pour laisser le temps de s’investir sans trop désavantager ceux qui avaient déjà un emploi. Le projet test offre une base de discussion incroyable pour l’entretien. Au lieu de questions bateau comme « quelles sont vos trois plus grandes qualités ? », on peut discuter du processus de réflexion : « explique-moi pourquoi tu as décidé de faire ça comme ça ? » On apprend bien plus sur la manière de réfléchir de la personne.

Le listing complet de notre méthode de recrutement

Notre processus, inspiré du livre Who: The A Method for Hiring, se déroule en sept étapes. C’est un processus exigeant car nous recevons beaucoup de candidatures.

  1. Définir clairement le poste (la Score Card) : Avant tout, il faut définir précisément les missions, les compétences et les traits de personnalité recherchés. Ce document de référence permet de rester objectif tout au long du processus.
  2. Le filtre anti-touriste : L’étape de la consigne précise pour éliminer ceux qui ne lisent pas les instructions.
  3. Premier questionnaire (filtrage des bases) : 3 questions maximum pour vérifier les compétences fondamentales (orthographe, clarté, réflexion de base). C’est un filtre « passe ou échoue ».
  4. Second questionnaire (identification de l’excellence) : Un questionnaire plus long pour les candidats restants, noté sur 5. Seuls ceux qui obtiennent d’excellentes notes partout passent à l’étape suivante. Les questions sont directement liées à la Score Card.
  5. Le projet test : Proposé à 1 à 5 personnes maximum par poste. C’est l’étape la plus déterminante pour évaluer la compétence pratique.
  6. L’entretien (le « weirdo test ») : À ce stade, on sait que les candidats sont compétents. L’entretien sert à vérifier l’alignement des motivations, la compatibilité personnelle et culturelle.
  7. La décision : La dernière étape, où l’on choisit la personne qui correspond le mieux à tous les critères définis en amont.

Dans tout ce processus, le CV ou les études n’ont quasiment aucune importance. Ce qui compte, c’est la capacité démontrée à exécuter les tâches requises pour le poste.


FAQ – Vos questions sur la productivité et le recrutement

Comment former efficacement son équipe quand on est entrepreneur ?

Comment former efficacement son équipe quand on est entrepreneur ?

La méthode la plus efficace pour former son équipe est de s’appuyer sur des cycles d’itération rapides et du feedback constant. Considérez la formation de votre équipe comme celle de vos clients : donnez-leur de petits projets concrets, analysez les résultats avec eux et corrigez le tir. Cela leur permet d’intégrer rapidement votre manière de penser et vos standards de qualité.

« L’élément le plus important pour former l’équipe, c’est la rapidité d’itération et le feedback. Plus tu peux donner de petits projets à une personne sur laquelle elle peut travailler et lui donner du feedback sur l’ensemble de ses projets, plus il va apprendre la manière dont tu travailles. »

Faut-il se sentir coupable de déléguer le support client ?

Faut-il se sentir coupable de déléguer le support client ?

Non, car à un certain niveau de croissance, il devient impossible de répondre personnellement à tout le monde. Déléguer permet non seulement de maintenir un service client réactif, mais aussi d’améliorer sa qualité. Une personne dédiée au support client sera plus concentrée et performante qu’un entrepreneur surchargé qui doit expédier ses réponses.

« À terme, ton équipe va répondre bien mieux que toi. […] Plus le volume augmente, plus ma qualité personnelle de réponse va descendre. […] Maintenant, si je recrute quelqu’un qui s’occupe du support client, bah plus il y a de volume de questions, plus la personne est pratique, plus ces réponses sont bien. »

Comment un entrepreneur peut-il éviter le burnout ?

Comment un entrepreneur peut-il éviter le burnout ?

Pour éviter le burnout, un entrepreneur doit remplacer les cycles de travail intense suivis d’épuisement par des habitudes de travail régulières et durables. Cela implique de fixer des horaires de travail clairs, de ne pas travailler le week-end et de planifier des pauses avant d’être complètement épuisé. La régularité est plus productive à long terme que l’intensité ponctuelle.

« Ce que j’ai remarqué, c’est qu’il y avait ici un schéma qui n’avait pas trop de sens. Et ça, c’est quelque chose que j’ai vraiment pu améliorer en étant beaucoup plus régulier sur les heures de travail et en travaillant pas au-delà d’une certaine heure et en travaillant pas le weekend. »

Quelle est la routine de travail d’un entrepreneur productif ?

Quelle est la routine de travail d’un entrepreneur productif ?

Une routine productive consiste à identifier son temps créatif le plus précieux (souvent 3 à 5 heures par jour) et à le dédier aux tâches les plus importantes, comme l’écriture ou la création de contenu. Le reste de la journée peut être consacré à des tâches moins exigeantes. La clé est la régularité et la protection de cette plage de haute énergie.

« Je considère que j’ai à peu près 3 à 5 heures de temps créatif. […] Quand tu travailles comme ça, tu vas réaliser que la routine et la régularité, c’est vraiment primordial. Parce que c’est ce qui va te permettre de travailler vraiment sur les bonnes choses et d’avoir vraiment cette énergie créative au bon moment sur les bonnes tâches. »

Pourquoi la priorisation des tâches est-elle cruciale pour un entrepreneur ?

Pourquoi la priorisation des tâches est-elle cruciale pour un entrepreneur ?

La priorisation est cruciale car l’énergie, notamment créative, est une ressource limitée. Sans une priorisation claire, un entrepreneur a tendance à graviter vers des tâches faciles mais peu impactantes (comme gérer ses emails) au détriment des tâches difficiles qui font réellement avancer le business (création de produit, marketing stratégique).

« À partir du moment où tu sais exactement ce que tu dois faire, tu vas réaliser que souvent ce que tu dois faire, c’est les choses que tu as tendance à éviter, c’est la créativité, l’écriture, l’enregistrement, ce genre de choses. Et tu as tendance à graviter vers les choses plus faciles comme les emails. »

Comment filtrer efficacement les candidatures pour un recrutement ?

Comment filtrer efficacement les candidatures pour un recrutement ?

Le filtre le plus efficace pour un grand volume de candidatures est le « filtre anti-touriste ». Il consiste à inclure une consigne simple mais précise dans l’offre d’emploi, qui ne peut être respectée que par ceux qui ont lu attentivement. Cela permet d’éliminer automatiquement plus de la moitié des candidats qui ne font pas l’effort de lire les instructions.

« Tu veux éliminer les touristes qui ne lisent pas les instructions. Et pour ça, je conseille d’avoir une consigne qui est plus ou moins arbitraire, mais qui demande d’avoir lu en détail l’offre d’emploi. […] Au final, tu élimines à mon avis plus de la moitié des gens rien qu’avec ce filtre-là. »

En quoi consiste un projet test lors d’un processus de recrutement ?

En quoi consiste un projet test lors d’un processus de recrutement ?

Un projet test est une mission concrète, la plus proche possible des tâches réelles du poste, donnée aux candidats finalistes. Son but est de juger leurs compétences pratiques et leur manière de réfléchir, plutôt que de se fier uniquement à leurs déclarations en entretien. C’est le meilleur moyen d’évaluer la performance réelle d’un candidat.

« La philosophie d’un projet test, c’est que le projet test doit être le plus proche possible des projets que la personne va faire dans son job. Donc c’est globalement l’idée que tu veux juger les gens sur ce qu’ils font et non pas sur ce qu’ils te disent. »

Quelles sont les 7 étapes clés pour recruter le bon candidat ?

Quelles sont les 7 étapes clés pour recruter le bon candidat ?

Un processus de recrutement complet et efficace comprend 7 étapes : 1. Définir le poste et les compétences attendues (Score Card). 2. Mettre en place un filtre « anti-touriste ». 3. Utiliser un premier questionnaire pour les compétences de base. 4. Un second questionnaire pour identifier l’excellence. 5. Faire réaliser un projet test pratique. 6. Mener des entretiens ciblés sur le processus et la motivation. 7. Prendre la décision finale.

« Première étape, c’est de définir clairement le poste. Deuxième étape, c’est le filtre anti-touriste. Troisième étape, c’est un premier questionnaire. Quatrième étape, c’est un second questionnaire. La cinquième étape, c’est le projet test. La sixième étape, c’est les entretiens. La septième étape, c’est la décision. »


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