Logo de l'épisode “Je me suis débarrassé de mes business dans un jeu-concours” - avec Bertrand Millet du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

“Je me suis débarrassé de mes business dans un jeu-concours” – avec Bertrand Millet

Épisode diffusé le 22 octobre 2019 par Marketing Mania

Écouter l'épisode :

L’idée folle : organiser un concours pour donner ses business

L’histoire de Bertrand Millet, surnommé le Marketing Mentaliste, est celle d’un entrepreneur qui a pris une décision que peu oseraient envisager. Confronté à une dispersion extrême et à un surmenage, il a choisi non pas de vendre, mais de donner ses entreprises, dont une réalisant près d’un demi-million d’euros de chiffre d’affaires. Une stratégie audacieuse qui mêle coup de pub, nettoyage personnel et alignement avec ses valeurs profondes.

La surcharge entrepreneuriale : la genèse d’une décision radicale

Tout commence début 2019. Bertrand se retrouve à la tête de sept activités différentes, réparties en quatre sociétés. Une dispersion qui est devenue son plus gros problème. Il raconte : « J’ai toujours été très dispersé dans mes business, mon plus gros problème, ça a été de me maintenir à un seul et pourtant je prône que pour réussir, pour faire quelque chose de très fort, il faut savoir se concentrer. »

L’inventaire de ses activités donne le vertige : deux entreprises d’infoproduits (une sur les langues, l’autre sur l’entrepreneuriat), une agence de consulting en plein boom avec une trentaine de clients et une équipe de onze prestataires, des projets e-commerce et même le développement d’un logiciel marketing. « Tout ça a fait que 2019 je me retrouve tellement explosé parce que j’ai l’activité de consulting qui explose mais vraiment […] je bosse je sais pas 12-15 heures par jour en continu et ça me fait monter la moutarde au nez, tu vois vraiment. »

Le point de rupture arrive en avril, à Chypre. Après une énième journée de travail acharné, il passe un appel à un ami pour simplement « râler pendant un quart d’heure ». Il se sent coincé. Vendre ses business n’est pas une option simple, surtout pour les activités d’infopreneur, très liées à son image personnelle. « C’est comme si demain toi tu voulais transmettre Marketing Mania […] c’est tellement lié à ton image à toi que trouver le bon repreneur au bon prix et cetera et cetera, c’est un travail qui est encore plus conséquent. »

De la contrainte à l’opportunité : un coup de pub et un grand nettoyage

C’est après cet appel, en rejoignant sa compagne, que l’idée jaillit. « Je rentre dans le bar, je m’assois en face d’elle et là je la regarde et je lui dis, je viens de trouver. C’est bon, j’ai eu l’idée, je vais les donner ces business. » Cette décision, aussi surprenante soit-elle, répondait à trois objectifs clairs.

Premièrement, elle était alignée avec son envie de donner davantage. Deuxièmement, c’était une solution radicale pour se libérer du temps et se recentrer. Enfin, et c’est là que le stratège marketing entre en jeu, c’était un formidable coup de pub. « Au moment où j’ai cette idée-là, je sais que ça va me faire un coup de pub parce que c’est pas anodin de pouvoir donner des business qui génèrent entre 100 et 450 000 euros par an. »

L’objectif était de mettre ce coup de projecteur au service de la seule activité qu’il souhaitait conserver et développer : son consulting haut de gamme sous la marque Marketing Mentaliste. « Je me sers de ce coup de pub pour faire toute cette bascule et en fait, ça a marché. » Le concours était donc à la fois un « coup de pub, un coup de nettoyage et aussi mine de rien quelque chose d’aligné ».

Comment céder son entreprise via un concours : le processus étape par étape

Mettre en place un tel concours ne s’improvise pas. L’enjeu était de trouver des repreneurs capables de faire perdurer et croître les entreprises. Bertrand a donc conçu un processus de sélection en trois étapes, un véritable parcours de recrutement pour trouver les perles rares.

Étape 1 : un concours de vente pour tester les compétences

La première étape était pragmatique : un concours de vente. « Si c’était pour filer ça à n’importe qui qui allait me cracher le business au bout de 3 jours, je pouvais le faire moi-même. Donc, j’avais quand même envie d’avoir des gens qui étaient capables de vendre. »

Bertrand a mis à disposition les produits phares de chaque business en affiliation. Les participants devaient vendre un maximum de produits pour se qualifier pour la suite. Pour prouver que l’opération n’était pas financière, il a reversé 75% de commission. « Vraiment le but c’était pas du tout de me faire de l’argent, c’était vraiment d’évaluer des gens qui étaient capable ou non de vendre un produit. » Cette première phase a permis de filtrer et de ne garder que les dix meilleurs vendeurs.

Étape 2 : évaluer la vision et la posture d’expert

Pour la deuxième étape, les dix finalistes devaient créer un contenu (vidéo, podcast, article) expliquant leur projet. Bertrand cherchait à évaluer leur capacité à se positionner en tant qu’expert. « On appelle ça à tort infopreneuriat, ce que moi j’identifie, c’est de l’expertpreneuriat. C’est-à-dire qu’il y a autant l’expertise que l’expert qui compte et un expert c’est quelqu’un qui a des concepts novateurs, des concepts uniques. »

Il leur a demandé d’expliquer pourquoi ils voulaient le business, quel concept ils préféraient et surtout, quel concept novateur ils comptaient apporter. « Ça a été vraiment ce que j’ai recherché […] de voir des gens qui étaient capables de m’expliquer la façon dont eux allaient par exemple porter un concept novateur. »

Étape 3 : l’entretien final pour valider le projet et le feeling

La dernière étape consistait en un entretien individuel avec les derniers candidats en lice. L’objectif était de les challenger sur la réalité de leur projet, mais aussi de s’assurer d’une bonne entente pour la période de transition. « C’était très compliqué de me dire j’allais bosser avec quelqu’un avec qui ça passait pas du tout le courant. »

Fait intéressant, les deux vainqueurs finaux étaient d’anciens clients de Bertrand, et ce sont également les deux personnes qui avaient terminé en tête de la première étape de vente. La passation s’est organisée de manière progressive : « Je suis encore à 49 % propriétaire cette année, 40 l’année prochaine […] par contre, je garderai à vitam eternam 10 % des parts. »

Se réinventer : passer de la gestion de 7 activités à consultant marketing d’élite

Le concours n’était pas une fin en soi, mais le moyen de pivoter radicalement son modèle d’affaires. L’objectif était clair : se concentrer sur une seule chose, le consulting stratégique de haut niveau, et le faire sous la bannière de Marketing Mentaliste.

Le repositionnement vers le premium : moins de clients, plus d’impact

Aujourd’hui, Bertrand a un modèle économique très différent. « J’ai 5 clients. Et c’est systématiquement du VIP, c’est-à-dire que on est sur des clients qui ont déjà une grosse expérience dans ce qu’ils font. » Il travaille avec des sommités qui veulent se lancer sur le web, des grosses entreprises, ou sur des projets singuliers comme l’accompagnement d’un maire pour sa campagne électorale.

Ce choix de travailler avec peu de clients premium lui permet de se concentrer sur la stratégie pure, sans s’encombrer de l’opérationnel. « Aujourd’hui, je fais vraiment plus que de la stratégie marketing pure, du conseil pur […] je m’occupe plus du tout de cette dimension opérationnelle maintenant. Fort des expériences que j’avais eu avant où là, je me mettais moi finalement à plus faire de marketing, j’étais plus dans le management humain. »

Le marketing mentaliste : sortir des recettes pour remettre de l’intelligence

Le message de Marketing Mentaliste est de « sortir des recettes dans le marketing et de se remettre à réfléchir ». Bertrand constate que beaucoup d’entrepreneurs appliquent des formations à la lettre sans succès, car il leur manque ce qu’il appelle le « facteur X de réflexion ».

Il insiste sur l’importance de s’adapter à sa propre situation. « Juste cette petite graine de réfléchir les choses, de retester les choses, de remettre de l’intelligence dans son marketing, c’est ça juste que j’aimerais apporter. » C’est cette approche, basée sur la psychologie client, qui constitue sa marque de fabrique et attire ses clients VIP. Le concours, en attirant plus de 1400 participants et en faisant parler de lui, a été le tremplin parfait pour lancer cette nouvelle activité sur les chapeaux de roue.

La philosophie de la ‘limite haute’ : pourquoi refuser de scaler son business ?

Quand on lui demande pourquoi il ne recrute pas pour prendre plus de clients et scaler son agence de conseil, la réponse de Bertrand est claire et découle d’une philosophie de vie mûrement réfléchie : le concept de la ‘limite haute’.

Calculer son besoin maximal pour retrouver sa liberté

Il y a dix ans, Bertrand a créé un exercice appelé la ‘limite haute’. « Les gens connaissent bien leur limite basse, c’est combien me faut-il d’argent au minimum pour vivre. Moi aujourd’hui, la limite haute, c’est de combien j’ai besoin au maximum pour vivre. »

Cet exercice consiste à se projeter dans une année idéale, en incluant absolument tout : loisirs, voyages, investissements, impôts, et même une marge de sécurité de 30%. La première fois qu’il a fait ce calcul, il est arrivé au chiffre de 230 000 euros par an. « Un euro de plus, j’aurais pas su quoi en faire. Donc plutôt que de chercher à gagner plus, chercher plutôt à diminuer le nombre de jours pour arriver à ce chiffre là. »

Cette approche change radicalement la perspective. Le but n’est plus la croissance infinie, mais l’optimisation de son temps et de sa qualité de vie, une fois ce seuil de satisfaction maximale atteint.

Le véritable objectif : être en vacances tout le temps

Cette philosophie est ancrée dans une aspiration profonde et ancienne. « Moi quand j’étais petit, je garde cette phrase, j’avais qu’une seule envie, c’est d’être en vacances tout le temps. » Avoir atteint et dépassé sa ‘limite haute’ lui offre une liberté immense, notamment celle de dire non.

Il raconte une anecdote récente où un client lui a proposé de travailler dans des conditions qui ne lui convenaient pas. « J’ai assez de clients aujourd’hui, j’ai assez d’argent qui rentre aujourd’hui […] ben je peux me permettre de lui dire non. Et qu’est-ce que j’ai fait ? Je lui ai dit dans ces conditions là, je ne pars pas. » Cette posture, loin d’être un caprice, lui permet de préserver son plaisir de travailler et son équilibre. « Là où les gens vont me parler de leurs chiffres sur Stripe, moi je vais leur parler de mon nombre de jours sans rien travailler et à profiter de mes voyages. Tu vois, c’est une autre recherche. »

De l’hypnose au marketing : comment un parcours atypique forge une expertise unique

La vision du marketing de Bertrand ne sort pas des manuels traditionnels. Elle est le fruit d’un parcours riche et varié, mêlant entrepreneuriat offline, coaching, pédagogie et même hypnose. C’est ce mélange qui lui a permis de développer une approche singulière et redoutablement efficace.

Gagner 200k€/an avec seulement 30 visites par jour : la preuve par l’expertise

Avant de se lancer sur le web il y a 4 ans, Bertrand a passé 14 ans dans l’entrepreneuriat ‘offline’. C’est en cherchant une solution pour travailler de n’importe où qu’il découvre le business en ligne. Son premier projet sur l’apprentissage des langues est né presque par hasard, comme un exercice. Mais c’est là qu’il va forger son approche.

Il explique : « Le marketing, je l’ai bâti du seul endroit où j’avais des notions qui étaient fortes […]. C’était le monde d’où je venais avant, qui était le monde de la pédagogie, de l’hypnose et du coaching. » Il a transposé les principes de l’accompagnement au changement du coaching et de la communication avec l’inconscient de l’hypnose au marketing. Le résultat ? Des performances hors normes. « J’ai un trafic quotidien de 30 personnes par jour sur mon site […] par contre, je fais 200 et quelques 000 euros de chiffre d’affaires. » Une approche parfaitement adaptée aux experts qui ont de petites audiences mais une forte valeur à proposer.

L’évolution de l’infopreneur à l’expertpreneur

Cette expérience l’a conduit à se battre contre le terme ‘infopreneur’. Pour lui, ce métier n’est pas de vendre de l’information, mais de vendre une expertise. « Je me bats de plus en plus pour qu’on arrête d’appeler ça infopreneur parce qu’on ne vend pas de l’info. » Il préfère le terme ‘expertpreneur’.

Un expert, selon lui, est quelqu’un qui a des concepts novateurs et qui est capable de les expliquer de façon pédagogique et ‘sexy’. Il va même plus loin en décrivant le processus pour devenir un ‘expert pédagogue’ : il faut être capable de ‘reconscientiser’ son savoir, c’est-à-dire de décomposer sa propre compétence, devenue inconsciente avec le temps, pour pouvoir la transmettre. « C’est ce doux, c’est subtil mélange qui fait que je crois qu’on cartonne sur internet. »

FAQ – Vos questions sur la transmission d’entreprise et la stratégie marketing de Bertrand Millet

Pourquoi céder son entreprise via un concours plutôt que de la vendre ?

Céder son entreprise par un concours répondait à trois objectifs : un alignement personnel avec l’envie de donner, une solution radicale pour se libérer du temps et se recentrer, et surtout, un puissant coup marketing pour lancer sa nouvelle activité de consultant premium.

« C’était à la fois un coup de pub, un coup de nettoyage et aussi mine de rien quelque chose d’aligné parce que ça me permettait de faire un cadeau assez conséquent à deux personnes. »

Comment sélectionner le bon repreneur pour un business en ligne ?

Le processus de sélection s’est déroulé en trois étapes : un concours de vente pour tester les compétences commerciales, la création d’un contenu pour évaluer la vision et la posture d’expert, et enfin un entretien individuel pour valider le projet et la compatibilité humaine.

« J’ai fait un concours de vente. […] Ensuite une deuxième étape […] c’était de me faire un contenu dans lequel j’ai demandé de m’expliquer pourquoi ils voulaient ce business. […] Et là c’était un entretien avec moi en direct. »

Qu’est-ce que le concept de ‘limite haute’ pour un entrepreneur ?

La ‘limite haute’ est le revenu annuel maximal dont on a besoin pour vivre une année idéale, en incluant absolument toutes les dépenses (vie perso, pro, investissements, impôts, loisirs). Une fois ce chiffre atteint, l’objectif n’est plus de gagner plus, mais de réduire le temps de travail nécessaire pour l’atteindre.

« La limite haute, c’est de combien j’ai besoin au maximum pour vivre. […] Mon jeu préféré, c’est de sans jamais menacer ce chiffre, d’arriver à diminuer le nombre de jours qu’il me faut pour l’atteindre. »

Est-il encore pertinent de vendre des formations 100% automatisées ?

Le marché semble évoluer. Le modèle 100% automatisé fonctionne de moins en moins, car les clients réclament de plus en plus d’accompagnement et de contact humain. La valeur se déplace de la simple information vers l’expertise personnalisée.

« Aujourd’hui, le marché semble dire de façon assez claire et assez unanime que ça marche de moins en moins le 100 % automatisé […] de plus en plus le marché réclame de l’accompagnement, réclame quelqu’un avec toi. »

Comment passer d’un modèle d’agence à du consulting stratégique ?

La transition implique de se délester de la partie opérationnelle et de la gestion de projet pour se concentrer uniquement sur le conseil de haut niveau. Cela passe souvent par une sélection drastique des clients pour ne garder que des projets premium et à fort impact.

« Aujourd’hui, je fais vraiment plus que de la stratégie marketing pure, du conseil pur et derrière soit les entreprises ont les ressources en interne, soit ben je leur soumets des prestataires […] je m’occupe plus du tout de cette dimension opérationnelle maintenant. »

Peut-on gagner sa vie avec très peu de trafic sur son site web ?

Oui, c’est possible en adoptant une approche d’expert. Avec une offre à haute valeur ajoutée et une stratégie de conversion très efficace, il est possible de générer des revenus importants même avec une audience très restreinte, comme le prouve l’expérience de Bertrand.

« J’ai dit à Olivier [Roland], bah en fait, moi j’ai un trafic quotidien de 30 personnes par jour sur mon site. […] Par contre, je fais 200 et quelques 000 euros de de de chiffre d’affaires et de bénéfices par an. »

Quelle est la différence entre un infopreneur et un expertpreneur ?

Un infopreneur vend de l’information, qui est souvent une commodité. Un expertpreneur vend son expertise, ce qui inclut des concepts novateurs, une approche unique et la personnalité de l’expert lui-même. La valeur réside dans l’expert plus que dans l’information seule.

« Je me bats de plus en plus pour qu’on arrête d’appeler ça infopreneur parce qu’on ne vend pas de l’info. […] Ce que moi j’identifie, c’est de l’expertpreneuriat. C’est-à-dire qu’il y a autant l’expertise que l’expert qui compte. »

Comment trouver l’équilibre pro/perso quand on est entrepreneur ?

Une solution est de définir son véritable objectif de vie (par exemple, ‘être en vacances tout le temps’) et de construire son business au service de cet objectif, plutôt que l’inverse. Cela implique de faire des choix conscients pour limiter la croissance de l’entreprise si elle menace cet équilibre.

« La première question que je pose aux gens qui se lancent dans le business que je rencontre, c’est au service de quoi tu le fais. […] Quand j’étais petit, j’avais qu’une seule envie, c’est d’être en vacances tout le temps. »


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