Logo de l'épisode Devenir une légende du développement personnel - avec David Laroche du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

Devenir une légende du développement personnel – avec David Laroche

Épisode diffusé le 19 mai 2020 par Marketing Mania

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La motivation est-elle la clé de la réussite ? Le point de vue de David Laroche

Le concept de motivation est souvent au cœur des discussions sur la réussite, notamment dans l’entrepreneuriat. Mais est-ce vraiment le moteur principal ? David Laroche, coach en développement personnel suivi par plus de 500 000 personnes sur YouTube, a vu sa position sur le sujet évoluer. Il nous invite à questionner ce pilier du développement personnel.

Motivation externe vs. motivation intrinsèque : une distinction cruciale

Dès le début de notre échange, David Laroche pose une distinction fondamentale : celle entre les « vidéos de motivation » et la motivation que l’on ressent intérieurement. Pour lui, la première n’est qu’une solution temporaire. Il explique : « Je crois pas aux sources de motivation externe, c’est-à-dire que être motivé par une vidéo ou être motivé par quelqu’un d’extérieur, ça tient pas dans le temps. »

La véritable clé, selon lui, est la motivation intrinsèque. Mais d’où vient-elle ? « Je crois beaucoup à cette idée de la motivation intrinsèque qui est le reflet du fait d’avoir un projet qui est en accord avec tes valeurs. » Il précise que par « valeurs », il entend ce qui nous passionne réellement. Si vous aimez la psychologie ou le sport, ce sont des valeurs pour vous. La motivation authentique naît lorsque votre projet a du sens et résonne avec ce que vous aimez profondément.

Le manque de motivation : un symptôme, pas une cause

Et si le manque de motivation n’était pas le problème, mais le signal d’un problème plus profond ? C’est la thèse défendue par David. Il compare ce manque d’entrain à un symptôme médical : « Si tu es pas motivé, c’est le signe potentiel d’un problème. […] La solution, c’est peut-être de te demander : qu’est-ce qui me stresse, et quelle est la cause de ce symptôme ? »

Souvent, la cause est simple : le projet que l’on poursuit n’est pas le nôtre. « Les gens, ils regardent sur YouTube, ils voient des youtubeurs, […] ils courent vers un rêve qui est pas le leur, en essayant de réussir d’une manière qui est pas la leur, ensuite, ils procrastinent, manquent d’énergie, […] et ils vont penser en fait que ils ont un problème de motivation. » La véritable solution n’est donc pas de se forcer, mais d’avoir le courage de construire sa propre vie, une vie qui nous inspire vraiment.

La pratique délibérée : le véritable moteur de la performance

Si la motivation n’est pas l’outil principal, sur quoi faut-il se concentrer pour réellement progresser ? David Laroche est un fervent défenseur de ce qu’il appelle la pratique délibérée.

Qu’est-ce que la pratique délibérée ? Au-delà de la simple répétition

Nous avons tous entendu dire que « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Pourtant, cette idée populaire a ses limites. David explique que la simple pratique ne garantit pas l’excellence : « Pratiquer te garantit juste de ne pas être mauvais. […] Il y a des gens qui courent tous les dimanches et qui sont pas pour autant des champions et ils le seront jamais. »

La pratique simple peut même être contre-productive. « Au bout d’un moment, en pratiquant, tu as tendance à répéter les habitudes que tu as, et les habitudes que tu as sont pas forcément les bonnes, et donc ça, en fait, tu ancres de plus en plus des mauvais réflexes. » C’est là que la pratique délibérée entre en jeu. C’est l’étude de ce que font les personnes capables d’apprendre très vite et de devenir réellement performantes.

Les ingrédients clés : vision claire et boucle de feedback rapide

La pratique délibérée repose sur deux piliers. D’abord, avoir une vision très claire de la surperformance, souvent en étudiant les meilleurs dans un domaine. Ensuite, et c’est le plus important, mettre en place une boucle de feedback très rapide.

David prend l’exemple du coaching : « Tu vas coacher des personnes, mais tu as personne qui te fait du feedback. […] Le feedback que tu as, c’est est-ce que 2 ans plus tard la personne, elle a atteint son objectif ? Mais tu as pas vraiment quelque chose qui […] c’est pas particulièrement rapide et c’est pas précis en plus. » La pratique délibérée cherche à corriger cela en fournissant des retours immédiats et précis sur la performance.

L’exemple de Top Gun : comment surperformer grâce à un entraînement spécifique

Un des exemples les plus frappants de l’efficacité de cette méthode vient de l’armée américaine avec le programme Top Gun. Pour améliorer le ratio d’avions abattus, ils ont implémenté un entraînement basé sur la pratique délibérée. L’idée n’était plus de « s’entraîner à être un bon pilote », mais de se concentrer sur des aspects ultra-spécifiques. « Tu vas être en train de t’entraîner, par exemple, à faire un mouvement bien spécifique. […] Tu vas être en train de t’entraîner en prise de parole à faire des meilleurs silences. » Chaque jour, les pilotes savaient exactement sur quelle micro-compétence ils allaient travailler. Le résultat fut spectaculaire, avec un ratio qui est passé à un avion américain abattu pour six avions ennemis.

Comment appliquer la pratique délibérée pour exceller ?

Le concept est puissant, mais comment l’appliquer concrètement dans des domaines comme la prise de parole, la création de contenu ou même le copywriting, où le feedback n’est pas toujours évident ?

Devenir un maître de la prise de parole en public, étape par étape

David Laroche, qui se décrit comme un ancien grand timide, a utilisé cette méthode de manière extrême pour devenir le conférencier qu’il est aujourd’hui. Il s’est lancé un défi : « faire deux conférences par soir, cinq soirs par semaine, quasiment. » Mais la fréquence ne suffisait pas. Le secret était ailleurs.

« Ce que je faisais pour appliquer la pratique délibérée, c’est que je conscientisais avant chacune des prises de parole : sur quoi tu vas t’entraîner, David ? Et j’acceptais du coup, que sur le reste, je sois moins bon. » Pendant une semaine, il ne se concentrait que sur la fluctuation de sa voix. La semaine suivante, uniquement sur les silences. Pour obtenir un feedback, il se filmait systématiquement : « Ça me permettait de voir que le silence qui m’avait paru extrêmement long dans ma tête, en fait, il avait pas duré très longtemps. » Il a ainsi décomposé la compétence de la prise de parole en micro-éléments (storytelling, regard, posture) et les a travaillés un par un jusqu’à la maîtrise.

Appliquer la pratique délibérée à la création de vidéo et au coaching

La même logique s’applique à la création de contenu vidéo. En analysant ses premières vidéos, David a pu identifier des points d’amélioration spécifiques : la maîtrise de sa voix, son timbre, la qualité de ses exemples. Chaque nouvelle vidéo devenait un terrain d’entraînement pour une compétence précise.

Dans le coaching, il a créé une école où cette méthode est centrale. Ses élèves sont filmés, débriefés, et participent à des exercices où ils doivent reprendre un coaching en cours pour les forcer à s’adapter. « À chaque fois qu’ils finissent un coaching, ils doivent répondre qu’est-ce qui était top, qu’est-ce qui serait à améliorer ? […] La progression chez les gens, elle est surréaliste. »

Une méthode pour le copywriting : emails et vidéos YouTube pour un feedback immédiat

Mais qu’en est-il du copywriting, où le feedback peut prendre des semaines ? La solution est de trouver des formats plus courts avec des boucles de feedback rapides. Deux outils sont particulièrement efficaces :

  • Les emails : Ils permettent de tester des titres (objets) et des accroches quotidiennement. Le taux d’ouverture et le taux de clic fournissent un retour quasi immédiat sur l’efficacité d’un titre.
  • Les vidéos YouTube : Elles sont un laboratoire exceptionnel. Le titre et la miniature sont des exercices d’accroche constants. Surtout, YouTube fournit un graphique de rétention qui montre à la seconde près où l’attention du public a été perdue. C’est un feedback d’une précision inestimable pour un copywriter qui cherche à maintenir l’intérêt de son lecteur.

Au-delà de la technique : le mindset pour une croissance continue

La pratique délibérée est un outil, mais elle ne fonctionne que si elle est soutenue par un état d’esprit adéquat. La gestion des émotions et l’ouverture à la critique sont tout aussi importantes.

La philosophie stoïque : transformer les obstacles en opportunités

David Laroche est un adepte de la philosophie stoïque, popularisée par des penseurs comme Marc Aurèle. Il résume son principe clé : « Dans tout ce qui t’arrive, il y a une opportunité. » Il ne s’agit pas seulement d’accepter ce qui arrive, mais d’en faire une force. L’exemple de l’entreprise de location de voitures Avis est parlant : « We are number 2, that’s why we try harder. » Ils ont transformé leur faiblesse apparente en un argument marketing puissant. C’est cette capacité à retourner un problème en avantage qui est au cœur du stoïcisme et de la performance durable.

Gérer ses émotions : le danger de la pensée positive à tout prix

David exprime une prise de distance par rapport aux clichés du développement personnel, notamment la pensée positive. « Aujourd’hui, je ne crois pas à la pensée positive, par exemple. Et je ne crois pas, du coup, à la quête extrême de vouloir se shooter à des émotions positives. » Des recherches scientifiques montrent que se forcer à ne ressentir que du positif peut activer des « anti-mémoires » dans le cerveau, faisant resurgir des souvenirs ou des peurs négatives.

La clé est plutôt d’observer ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives, sans s’y attacher. « Quand tu es moins attaché à te vivre des shoots d’émotions positives, tu es du coup aussi moins réactif quand tu te vis ton petit shoot d’émotions négatives. Tu contemples les deux en disant : tiens, je me sens fier de moi, tiens, je me sens anxieux. » Cette posture d’observateur permet aux émotions de passer plus vite et de se reconcentrer sur l’essentiel.

L’importance cruciale du feedback : pourquoi il faut rechercher la critique

Le dernier pilier de la croissance est sans doute le plus difficile : l’ouverture à la critique. David insiste sur l’importance du « Growth Mindset », cette idée que les compétences peuvent être développées. « Quand tu es vraiment à l’extrême du growth mindset et de la pratique délibérée, tu es en recherche de critiques. »

Il partage une anecdote personnelle : après avoir posté une de ses premières vidéos, un commentaire cinglant lui a fait remarquer que son costume était beaucoup trop grand. Bien que blessant sur le moment, ce feedback était juste et précieux. « Heureusement qu’il y avait ce ce ce blaireau pour pour pour m’aider à ajuster, en fait, ma tenue. » Aujourd’hui, il va plus loin : il cherche activement à être critiqué par son « anti-avatar », car cela prouve qu’il assume un positionnement clair et fort. « Être critiqué, c’est peut-être la meilleure chose qui peut t’arriver pour ton business parce que ça montre que tu as suffisamment assumé ton positionnement. »

Questions fréquentes sur la pratique délibérée et la motivation

Qu’est-ce que la pratique délibérée selon David Laroche ?

La pratique délibérée est une méthode d’entraînement qui consiste à décomposer une compétence complexe en micro-éléments, à se concentrer sur l’amélioration d’un seul élément à la fois et à utiliser des boucles de feedback rapides pour corriger et progresser. C’est l’opposé de la simple répétition d’une tâche dans sa globalité.

« La pratique délibérée, très simplement, c’est j’ai une vision très claire de ce que ça veut dire surperformer […]. Ensuite, quand j’ai une vision claire, je vais mettre en place une boucle de feedback qui est très rapide. »

Pourquoi la motivation externe n’est-elle pas efficace sur le long terme ?

La motivation externe, comme celle provenant d’une vidéo ou d’un discours, procure un boost d’énergie temporaire mais ne s’ancre pas dans la durée. La seule motivation viable est la motivation intrinsèque, qui vient d’un projet personnel profond et aligné avec ses propres valeurs et passions.

« Je crois pas aux sources de motivation externe, c’est-à-dire que être motivé par une vidéo ou être motivé par quelqu’un d’extérieur, ça tient pas dans le temps. »

Comment un manque de motivation peut-il être un signal positif ?

Un manque de motivation n’est souvent pas le problème en soi, mais plutôt le symptôme que vous travaillez sur un projet qui ne vous correspond pas, ou d’une manière qui n’est pas la vôtre. C’est une alerte qui vous invite à réévaluer vos objectifs et à vous assurer que vous poursuivez bien votre propre rêve.

« Si tu es pas motivé, c’est le signe potentiel d’un problème. […] Le seul problème qu’ils ont, c’est qu’ils vont vers un rêve qui est pas le leur. »

Comment améliorer sa prise de parole en public avec la pratique délibérée ?

Pour améliorer sa prise de parole, il faut cesser de vouloir être un « bon orateur » en général et se concentrer sur des micro-compétences spécifiques. Par exemple, consacrer une semaine à travailler uniquement les silences, une autre à améliorer le contact visuel, et une autre le storytelling, tout en se filmant pour avoir un feedback objectif.

« Je conscientisais avant chacune des prises de parole : sur quoi tu vas t’entraîner, David ? Et j’acceptais du coup, que sur le reste, je sois moins bon. Donc si par exemple, cette session, je m’entraîne à faire fluctuer ma voix […], pendant toute la conférence, je jouais sur ce truc-là. »

Quelle est la différence entre la simple pratique et la pratique délibérée ?

La simple pratique consiste à répéter une activité, ce qui permet de ne plus être mauvais mais mène rapidement à un plateau de performance en ancrant de mauvaises habitudes. La pratique délibérée est un entraînement intentionnel, focalisé sur des points de progression spécifiques avec un objectif de correction et d’amélioration constante grâce au feedback.

« Pratiquer te garantit juste de ne pas être mauvais […], mais pratiquer suffit pas. Il y a des gens qui courent tous les dimanches et qui sont pas pour autant des champions. »

Peut-on appliquer la pratique délibérée pour devenir un meilleur copywriter ?

Oui, absolument. Comme il est difficile d’avoir un feedback rapide sur une longue page de vente, il faut se concentrer sur des formats plus courts. L’envoi d’emails permet de tester quotidiennement des titres et des accroches, tandis que l’analyse de la rétention sur une vidéo YouTube donne des indications très précises sur les passages qui captivent ou ennuient le public.

« Sur YouTube, tu sais exactement à quelle section, à quel moment, à quelle phrase, à quelle seconde, tu as perdu l’attention des gens. Ce qui est pour un copywriter, c’est l’essence du truc. »

En quoi la philosophie stoïque peut-elle aider à la performance ?

La philosophie stoïque aide à la performance en enseignant à distinguer ce que l’on peut contrôler de ce que l’on ne peut pas. Elle encourage à voir chaque obstacle non comme un problème, mais comme une opportunité de grandir, de s’adapter ou de transformer une faiblesse en force, ce qui est essentiel pour le bien-être et la réussite à long terme.

« Cette manière de retourner le problème en avantage, que tu retrouves beaucoup dans la philosophie stoïque, c’est quelque chose que j’adore, clairement, et en plus, qui est au croisement de la performance et du bien-être. »

Pourquoi David Laroche ne croit-il plus à la pensée positive ?

Il ne croit plus à la version extrême de la pensée positive qui consiste à rejeter toutes les émotions négatives. Scientifiquement, cette quête effrénée d’émotions positives peut être contre-productive. Il prône plutôt une posture d’observation de toutes ses émotions, positives comme négatives, pour ne pas être esclave de leurs fluctuations.

« Aujourd’hui, je ne crois pas à la pensée positive. […] Quand tu es moins attaché à te vivre des shoots d’émotions positives, tu es du coup aussi moins réactif quand tu te vis ton petit shoot d’émotions négatives. »


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