Plongée dans l’écosystème startup : comment créer un podcast de niche et le monétiser ?
L’univers du podcasting a explosé, mais comment se démarquer et surtout, comment transformer une audience en un business viable ? Gabriel Gourovitch, créateur des podcasts Growth Makers et Dans l’arène, est à l’intersection de plusieurs mondes : le freelancing, la croissance des startups et la formation en ligne. Il a réussi à bâtir une autorité dans l’écosystème très fermé des startups. Dans cet échange, il dévoile sa stratégie pour cibler une audience B2B, le processus qui se cache derrière ses interviews et le cheminement qui l’a mené du podcast à la vente de formations pour entreprises.
La genèse d’un podcast pour startups
Quand on lance un projet, la première question est toujours celle de la cible. Pour Gabriel, tout a commencé avec son podcast, Growth Makers, qui a ensuite donné naissance à ses formations. La cible est claire et précise : « La cible des formations ça va être aujourd’hui 80 %, 70 % de start-up, 20 % de PME avec un business model un peu plus traditionnel qui tend à se digitaliser et 10 % de consultant et de freelance. »
Mais pourquoi ce choix ? Le podcast s’est positionné sur un créneau délaissé. À l’époque, beaucoup de contenus expliquaient comment lancer sa startup, comment aller de « zéro à un ». Mais une fois cette étape franchie, le vide. « Il y avait rien qui expliquait qu’est-ce qui se passe une fois que tu as quelques clients, un produit qui commence à fonctionner, comment est-ce que tu fais pour passer à l’étape next step en fait, tout simplement. » Growth Makers répond à cette question en interviewant chaque semaine des directeurs marketing et des ‘head of growth’ de startups en pleine accélération pour qu’ils partagent leurs stratégies, méthodes et outils.
La légitimité par la pratique : interviewer ceux qui font
La thèse fondamentale du podcast de Gabriel est de prendre le contrepied du modèle académique. « Tu as plein de gens qui te racontent des trucs, ce qu’on appelle les profs mais qui l’ont jamais fait, » explique-t-il. Il critique les études de cas théoriques comme celle de Bonne Maman, jugées déconnectées de la réalité pragmatique des PME et des startups. Pour lui, le business, c’est du concret : « La question c’est qu’est-ce que tu fais pragmatiquement, concrètement pour avancer demain. »
Cette approche a dicté le choix de ses invités : aller chercher des praticiens, des gens « qui l’ont fait », souvent dans l’ombre, et leur demander de partager concrètement leurs chiffres et leurs méthodes. Cette authenticité a été la clé. Au début, obtenir des invités était un défi. Leur question était simple : « C’est quoi le ROI de passer chez toi ? » Aujourd’hui, la situation s’est inversée. Avec 50 000 à 60 000 écoutes par mois sur un marché ultra-qualifié, le podcast est devenu une plateforme de choix pour la marque employeur, le recrutement et la génération de leads à forte valeur.
Du podcast à la formation : un cheminement logique pour monétiser son audience
Beaucoup de créateurs de contenu se demandent comment monétiser un podcast. L’idée de générer des leads pour son activité de freelance était l’hypothèse de départ de Gabriel, mais elle ne s’est pas validée. « Ça marche pas tellement, » admet-il. Les processus de vente étaient longs et complexes. Il fallait trouver un moyen de monétisation plus direct.
L’échec du modèle par le don
Inspiré par d’autres podcasteurs à succès qui utilisaient des plateformes comme Tipeee, Gabriel a tenté l’expérience. Le résultat fut une véritable « veste du siècle ». « Au bout de 3 semaines, on se retrouve littéralement à générer 29 €, » raconte-t-il. Ce fut un choc, mais aussi une leçon précieuse. En interrogeant son audience, il a reçu un témoignage révélateur : « Les gars, vous vous rendez compte que ce que vous expliquez chaque semaine, c’est comment on fait x 2 x 3 sur un business… Et là, vous êtes en train de quémander pour 2 3 €. C’est complètement désaligné de votre pitch. »
La formation en ligne b2b comme suite naturelle
Cette prise de conscience a été un tournant. L’audience n’attendait pas un modèle de don, mais un produit à la hauteur de la valeur perçue du podcast. La suite logique était de structurer toute la matière brute du podcast en quelque chose de plus concret et actionnable : une formation. « Quand on l’a lancé, clairement, ça a direct pris et on s’est rendu compte que c’était vers ça qu’il fallait qu’on se tourne. »
Le format de la formation a été pensé pour les entreprises. Il ne s’agit pas d’un simple achat en ligne avec une carte bleue. La formation se déroule sur six semaines, avec des modules vidéo, des exercices, des templates et un live hebdomadaire avec un expert pour favoriser l’intelligence collective. La vision est claire : « Former vos collaborateurs, on va leur apprendre, on va leur faire de la formation continue sur le marketing. » Cela s’adresse aux collaborateurs mais aussi aux fondateurs de startups B2B qui cherchent, par exemple, à maîtriser la prospection automatisée.
Les coulisses d’un podcast à succès : méthode et abnégation
Produire un podcast hebdomadaire de qualité demande un effort souvent invisible pour l’auditeur. « Ça demande une abnégation de délivrer un contenu chaque semaine qualitatif assez énorme. Et surtout que tu gagnes rien, » souligne Gabriel. C’est un travail de longue haleine.
Le processus de création : la préparation est reine
Qu’est-ce qui fait un bon podcast ? Pour Gabriel, la réponse réside dans la préparation. S’inspirant de la citation de Lincoln sur l’affûtage de la hache, il insiste sur le travail en amont. Le processus est millimétré :
- Trouver et qualifier les invités : Une étape chronophage mais cruciale.
- La préparation de l’interview : Aujourd’hui, Gabriel envoie un questionnaire détaillé à ses invités. « C’est tu as déjà les réponses parce que tu as envoyé un questionnaire, les gens t’ont répondu et en fait, tu sais déjà ce qu’ils vont dire. » Cela permet aux invités de rafraîchir leur mémoire et garantit une conversation dense et pertinente.
- Une structure claire : L’interview suit un schéma précis : contexte de l’entreprise, premiers projets mis en place, projets qui ont surperformé, et une série de questions rapides sur les outils et les conseils.
Cette approche vise l’efficacité maximale. Le podcast Growth Makers n’est pas là pour inspirer de manière vague, mais pour être une « micro formation gratuite » que les employés peuvent écouter sur leur temps de travail. « Time is money, le temps, c’est de l’argent. Moi, je suis là pour vous donner du contenu actionable, on n’est pas là pour perdre de temps. »
La difficile question de la distribution d’un podcast
Contrairement à YouTube et sa machine de recommandation surpuissante, la distribution de podcast reste un défi. La croissance est souvent lente et linéaire. Comment faire pour se démarquer ?
- Les collaborations : « La première manière et la plus simple de faire de l’acquisition, c’est d’aller avec d’autres copains podcasteurs et d’essayer d’échanger des audiences. »
- Le bouche-à-oreille : La viralité se fait à l’ancienne. Une personne qui recommande le podcast à une autre. Dans le monde B2B, cela se passe souvent dans les canaux Slack d’entreprise, où un manager partage un épisode pertinent à son équipe.
- La régularité : Le principe des intérêts cumulés est fondamental. Chaque nouvel épisode renforce la valeur des précédents et contribue à une croissance lente mais solide.
Startup vs Infopreneur : le choc de deux cultures
Gabriel évolue à la croisée de deux mondes aux philosophies souvent opposées : l’écosystème startup et le monde de l’infopreneuriat. Bien que les deux soient peuplés d’entrepreneurs cherchant à être efficients, une différence fondamentale les sépare.
L’ambition : domination mondiale vs artisanat de qualité
« Ce qui va radicalement être différent, je pense que c’est l’ambition, » analyse Gabriel. « L’ambition d’une start-up, c’est de devenir mondial. C’est complètement mégalo. » C’est la quête du statut de licorne, peser un milliard, au prix d’un risque énorme et d’une combustion rapide de capital.
À l’opposé, l’infopreneur ou le créateur d’un « lifestyle business » a une vision différente du succès. « Le but, c’est pas d’être le premier mondial. C’est juste de dire bon, moi, j’ai de l’ambition, je vais faire une boite de 20 30 80 personnes et je serai déjà très heureux. » C’est la différence entre vouloir être Ikea et vouloir être un ébéniste de renom. Le succès se définit plus par l’équilibre de vie, la qualité du produit et la satisfaction client que par la taille de l’entreprise.
Choisir ses problèmes : le vrai enjeu de l’entrepreneuriat
Cette différence d’ambition mène à des problèmes très différents. Lever des fonds signifie s’engager auprès d’investisseurs à maximiser leur retour, ce qui implique une pression constante pour l’hyper-croissance. « Tu lèves 2 millions, il va falloir que tu en lèves 10 un an et demi après pour accomplir cette vision, » explique Gabriel.
À l’inverse, choisir la voie du bootstrapping, c’est accepter d’avancer moins vite, de ne pas toujours travailler avec les talents les plus chers, et de potentiellement ne pas atteindre une vision aussi grandiose. En fin de compte, « dans la vie, on choisit ses problèmes. » La question n’est pas de chercher une vie sans difficultés, mais de choisir les défis qui ont du sens pour soi.
Pour Gabriel, cette dualité est un combat intérieur permanent entre l’envie de conquérir un marché européen et celle de construire une belle entreprise à taille humaine, qui lui laisse le temps de faire ce qu’il aime : créer du contenu, apprendre et transmettre.
FAQ : Monétiser son Podcast et Stratégies de Croissance
Quelle est la meilleure stratégie pour monétiser un podcast B2B ?
La stratégie la plus efficace pour monétiser un podcast B2B est de proposer un produit à haute valeur ajoutée, comme une formation en ligne, qui est directement aligné avec le contenu et les attentes de l’audience. Contrairement aux dons, une formation est perçue comme un investissement par les entreprises et les professionnels.
« On s’est dit que la suite logique bah en fait, c’est quoi la suite logique de toute cette matière travaillée, en fait, c’est de la sculpter, c’est d’en faire quelque chose de beaucoup plus concret. Donc d’avoir la même chose que le podcast, beaucoup plus structuré. Et ça ça veut dire quoi dans dans en vocabulaire comme le nôtre enpreneur, bah c’est de la formation, tout simplement. Et quand on l’a lancé, clairement, ça a direct pris. »
Comment trouver des invités pertinents pour un podcast de niche ?
Pour trouver des invités, il faut se concentrer sur des praticiens qui sont activement impliqués dans le domaine que vous couvrez. Au début, il faut être proactif et démontrer la valeur de votre plateforme. Avec le temps et une audience qualifiée, les invités potentiels viendront à vous car le podcast devient un atout pour leur notoriété et leur marque employeur.
« Comment aujourd’hui, quelle est la difficulté d’aller trouver des directeurs marketing ? Bah zéro, ça ça vient même plutôt en inbound. Donc c’est on vient me demander. C’est à l’époque, c’était un tout petit peu plus complexe. »
Quelle est la principale difficulté dans la croissance d’audience d’un podcast ?
La principale difficulté est le manque de plateformes de recommandation puissantes, contrairement à YouTube. La croissance est donc lente, linéaire et dépend fortement du bouche-à-oreille, des collaborations avec d’autres podcasteurs et d’une régularité sans faille pour créer une habitude d’écoute chez son audience.
« Il reste un un problème spécifique au podcast, je pense, qui est vraiment cette question de distribution, de viralité. Sur YouTube, il y a il y a il y a une plateforme de recommandation qui est absolument démentielle… Un podcast, on a de 1 pas de grande plateforme de recommandation. »
Faut-il préparer ses interviews de podcast à l’avance ?
Oui, absolument, surtout pour un podcast technique ou business. Préparer l’interview, par exemple via un questionnaire envoyé à l’invité, permet de structurer la conversation, de garantir la pertinence des informations et de créer un contenu dense et actionnable pour l’auditeur, en évitant les temps morts.
« Plus ça va être préparé, plus ça va être facile… j’envoie un un questionnaire directement et les gens répondent dans le questionnaire. Donc c’est tu as déjà les réponses parce que tu as envoyé un questionnaire, les gens t’ont répondu et en fait, tu sais déjà ce qu’ils vont dire. »
Quelle est la différence fondamentale entre une startup et un business d’infopreneur ?
La différence majeure réside dans l’ambition et le modèle de croissance. Une startup vise une croissance exponentielle et une domination de marché mondiale, souvent financée par des capitaux externes. Un business d’infopreneur vise plutôt la rentabilité, la durabilité et un équilibre de vie, s’apparentant plus à un artisanat de haute qualité.
« Ce qui va radicalement être différent, je pense que c’est l’ambition. L’ambition d’une start-up, c’est de devenir mondial. Donc c’est complètement mégalo… alors que en infopreneuriat… le but, c’est pas d’être le premier mondial. C’est juste de dire bon, moi, j’ai de l’ambition, je vais faire une boite de 20 30 80 personnes et je serai déjà très heureux. »
Comment intégrer un réseau d’entrepreneurs quand on débute ?
Pour intégrer un réseau, il faut être proactif et apporter de la valeur avant d’en demander. Prenez des initiatives, organisez des événements, aidez les autres gratuitement, montrez votre passion et votre volonté. C’est en devenant utile que des opportunités se créent et que les portes des réseaux s’ouvrent.
« Il faut être passionné, faut avoir une envie à tout et avoir une volonté mais extraordinaire. Par exemple, pour être très concret, j’ai beaucoup fait de rendez-vous avec des entrepreneurs, énormément gratuitement juste pour les aider. J’ai organisé, co-organisé… des meet-up… juste parce que j’étais passionné. »
Vendre des formations aux entreprises est-il un bon modèle B2B ?
Oui, c’est un excellent modèle, car il répond à un besoin constant de formation continue des collaborateurs. En vendant directement aux entreprises, on peut sécuriser des contrats plus importants (paniers moyens élevés) et s’intégrer dans les processus de formation et d’onboarding des sociétés.
« On fait des deals directement avec les entreprises. Et en fait ça découle du podcast… Demain, la vision, c’est de se dire comment est-ce qu’on fait en fait un plan de formation et un parcours customisé sur toujours en vidéo pour être beaucoup plus pertinent for chaque personne dans l’entreprise. »
Quel est le ROI d’un podcast pour une startup ou un créateur ?
Le retour sur investissement (ROI) d’un podcast est multiple. Il peut générer de la notoriété, de la visibilité, des leads qualifiés, des opportunités de recrutement (marque employeur) et, à terme, des revenus directs via des sponsors ou la vente de produits comme des formations. Pour une audience B2B, même une petite base d’auditeurs peut avoir une valeur énorme.
« Aujourd’hui ça rapporte quoi ? notoriété, visibilité, des leads, en fait, tout simplement… C’est de la marque employeur, c’est tu fais du recrutement… Tu peux avoir des leads… sur des paniers moyens assez élevés… on imagine bien en fait qu’il y a une valeur énorme avec une toute petite base. »