De x5 en 2 ans : les coulisses d’une croissance explosive
Il y a deux ans, dans le podcast Marketing Mania, j’accueillais Mike, le fondateur de Dragueur de Paris, un site de coaching en séduction. Ingénieur de formation, il avait appris le marketing en 6 mois et générait déjà entre 1,5 et 2,5 fois son salaire chaque mois, tout en restant anonyme et en conservant son emploi. Récemment, un nouveau message de sa part a attiré mon attention : \ »J’ai encore fait x5 en 2 ans. Et aussi, j’ai quitté mon job.\ »
Cette évolution est l’occasion parfaite de le réinviter pour comprendre ce qui a changé. Cet article retrace notre conversation et les leçons tirées de son parcours, de la gestion de crise pendant le Covid à sa transition pour devenir entrepreneur à plein temps, en passant par les pièges de la productivité et ses stratégies pour vendre des prestations haut de gamme.
Survivre au Covid : comment transformer une crise en opportunité ?
L’un des premiers sujets que nous avons abordés est inévitable : l’impact du Covid. Pour une activité de coaching en séduction, les confinements et les restrictions semblaient être un coup fatal. Mike explique : \ »La plupart de mes concurrents avaient connu des baisses de chiffre d’affaires, et que moi, finalement, je m’en étais bien tiré.\ » Comment a-t-il réussi là où les autres ont échoué ?
L’adaptation face à la crise : du coaching de rue au digital
La clé de sa résilience réside dans son positionnement initial et sa capacité d’adaptation. \ »Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans le milieu de la séduction, la majorité des coachs se concentrent sur la drague de rue. […] Quand le Covid est arrivé, bah forcément, la directive gouvernementale, c’était tout le monde chez soi. Donc, la drague de rue, c’était un petit peu mort.\ »
Mike, lui, s’était déjà spécialisé sur les sites de rencontre. Un coup de chance ? En partie. Il parle de l’arrivée du Covid comme d’un \ »cygne noir\ », un événement imprévisible aux conséquences majeures, qui l’a finalement avantagé. Mais la chance ne fait pas tout. Son business a aussi dû faire face à des difficultés concrètes, comme la fermeture des boutiques de vêtements, une étape cruciale de son programme de coaching. \ »Quand on coach un homme, la première chose qu’on fait, c’est on lui fait un relooking. […] Sauf que le problème, bah là, c’est les boutiques, ça fait très longtemps que c’est fermé.\ »
La solution ? L’innovation. \ »On a été forcé de s’adapter et […] maintenant, on les fait en ligne en fait, les relooking. C’est-à-dire ce qu’on fait avec les hommes, au lieu de passer 2 heures, 2 heures et demie avec eux en boutique, et ben on va passer le même temps sur des sites internet où on va leur faire leur dress code en ligne.\ » Cette crise l’a forcé à rendre son entreprise plus résiliente, une leçon essentielle pour tout entrepreneur.
Le \ »home dating\ » : réinventer la rencontre en période de confinement
L’autre défi majeur était la rencontre physique elle-même. Avec les bars et restaurants fermés, comment organiser un premier rendez-vous ? Là encore, l’adaptation a été la clé. \ »On a, entre guillemets, inventé une nouvelle méthode qu’on a appelé le home dating. Ça veut dire que maintenant, au lieu de faire des rendez-vous au café, tu les fais directement soit chez toi, soit chez la femme avec qui tu es en train de parler.\ »
Mike précise que cela demande une approche différente, plus axée sur la confiance et la communication en amont via des appels ou même des rendez-vous sur Zoom. C’est un exemple parfait de comment adapter son business au Covid : ne pas subir le contexte, mais le redéfinir à son avantage.
D’ingénieur à entrepreneur à plein temps : les coulisses d’une transition réfléchie
Lors de notre première discussion, un point m’avait marqué : bien qu’il gagnait assez pour quitter son job, Mike avait décidé de ne pas le faire. Deux ans plus tard, il a franchi le pas. Qu’est-ce qui a provoqué ce changement ?
Le dilemme : une carrière toute tracée face au feu sacré de l’entrepreneuriat
La décision n’a pas été simple. \ »J’avais beaucoup de mal à choisir entre continuer ma carrière d’ingénieur dans un grand groupe où j’avais une carrière toute tracée […] et surtout où je voyageais aux quatre coins du monde, et basculer en mode web-entrepreneur.\ » Pendant plus d’un an, il a pesé le pour et le contre, sans parvenir à une conclusion claire. \ »Quand tu arrives pas à faire un choix, c’est qu’il te manque des éléments d’information, ou alors qu’il faut que le contexte change pour que le choix que tu dois faire devienne une évidence.\ »
Le déclic : quand le contexte rend le choix évident
Plusieurs événements se sont conjugués pour rendre sa décision limpide. Une opportunité de poste à l’étranger qui ne l’enthousiasmait pas, une rupture amoureuse qui l’a poussé à se remettre en question, le départ de son mentor au travail, et enfin, le Covid qui a mis un terme à sa vie de voyages professionnels. \ »J’ai compris que cette vie-là était derrière moi. […] Et du coup, à la fin en fait, j’avais vraiment perdu le feu sacré.\ »
Le véritable moteur est alors devenu le besoin d’un nouveau challenge. \ »Clairement, c’était l’entrepreneuriat. […] J’ai besoin d’un nouveau truc qui va me booster. Et du coup, j’ai repesé le pour et le contre, et à ce moment-là, le choix est devenu évident.\ » Cette histoire illustre parfaitement le processus de décision complexe derrière le passage du salariat à l’entrepreneuriat.
L’erreur post-démission : comment la loi de Parkinson m’a mené au bord du burnout
Après avoir sauté le pas, on pourrait croire que tout est devenu plus simple. Pourtant, Mike a rapidement été confronté à un piège classique pour qui vient de quitter son job : la gestion du temps et de l’énergie.
Le piège de la liberté : plus de temps, moins d’efficacité
Avoir un emploi à côté de son business présente un avantage inattendu : la contrainte. \ »Avoir cette limite de temps, ça t’oblige à aller à l’essentiel et à réfléchir en 20-80. […] Et figure-toi que quand je suis passé à plein temps sur Draguer de Paris, j’avais beau avoir totalement conscience de ça, je me suis quand même fait piéger.\ »
C’est la fameuse loi de Parkinson appliquée à l’entrepreneuriat : le travail s’étale pour occuper tout le temps disponible. \ »J’ai commencé à faire des funnels partout, j’ai commencé à dire, vas-y, tiens, on va monter un compte Instagram… […] et en fait, ça fait très peu de différence à la fin. Les leviers que j’avais actionnés quand j’avais mon travail de salarié à côté, ce sont toujours ceux qui marchent le mieux aujourd’hui.\ » Cette prise de conscience a été cruciale pour éviter le burnout après avoir démissionné.
Retrouver l’équilibre : la diversification comme remède
Pour contrer cette tendance à s’éparpiller, Mike a mis en place une nouvelle structure de travail. Il a réalisé qu’il culpabilisait de ne travailler que 3 ou 4 heures par jour sur son activité principale. Sa solution ? Diversifier ses activités pour recréer des contraintes saines. \ »Je passe peu de temps sur chaque business, mais à chaque fois, je me concentre sur les leviers qui sont les plus significatifs.\ »
Sortir de l’anonymat : la stratégie derrière le changement de branding
Un autre changement majeur en deux ans est la fin de son anonymat. Alors qu’il cachait son visage, il s’affiche désormais ouvertement. Cette décision de créer un personal branding fort n’est pas anodine.
De l’ombre à la lumière : pourquoi révéler son visage ?
La première raison était liée à son ancien travail. \ »Je voulais garder cet anonymat pour avoir cette marge de manœuvre et pour pas que des collègues de boulot tombent sur Draguer de Paris.\ » Une fois cette contrainte levée, la question du branding s’est posée différemment. Il a ressenti le besoin de faire évoluer son image pour qu’elle corresponde davantage à qui il est devenu et pour miser sur son histoire personnelle.
\ »On s’est rendu compte que notre spécialité, c’est de révéler ce qu’on appelle le potentiel masculin des hommes. […] Et quelque part, je suis un bon ambassadeur de ce avant-après, parce que il me suffit de mettre sur le site des photos avant-après, et les gens quand ils regardent, ils font, ah, ouais, putain, c’est une sacrée évolution.\ » Montrer son visage est devenu un atout marketing puissant pour incarner la transformation qu’il vend.
Un branding plus mature pour de nouvelles ambitions
Le changement visait aussi à adoucir une image de marque initialement très \ »rentre-dedans\ ». \ »Pour développer l’entreprise, pour faire des partenariats, je me suis rendu compte que il fallait que je commence par adoucir un petit peu l’image du site.\ »
Cette maturité est essentielle pour la croissance du business et pour rassurer des partenaires externes, comme les banques. \ »Si tu as un site internet séduction très agressif, les banquiers, ils aiment pas. […] Alors que si tu as une image qui est beaucoup plus lissée […], bah tu rassures tes partenaires, et à partir de là, tu peux avoir des prêts à la banque, tu peux aller démarcher d’autres personnes.\ »
Le copywriting : comment utiliser un business de niche pour facturer des prestations premium ?
L’une des stratégies les plus fascinantes de Mike est la manière dont il a diversifié ses revenus en devenant un copywriting freelance très demandé, en utilisant son site de séduction comme principal canal d’acquisition.
Une source de clients inattendue et ultra-qualifiée
Comment trouve-t-il ses clients ? La réponse est surprenante. \ »C’est via Draguer de Paris. C’est-à-dire, j’ai régulièrement des personnes qui s’inscrivent, qui regardent mon contenu, et qui m’envoient un email, ‘ouais, salut Mike, bah, écoute, j’aime bien ta façon d’écrire, ton contenu, j’ai vu que tu étais copywriter, est-ce que tu peux m’en dire plus ?’\ »
Il ne fait aucune prospection. Son business de coaching en séduction agit comme une preuve vivante de ses compétences, attirant des entrepreneurs qui veulent les mêmes résultats. Il a opté pour un format de coaching (done with you) plutôt que de la rédaction pure (done for you), car c’est moins épuisant cognitivement et lui permet d’obtenir de la \ »data\ » sur d’autres marchés, enrichissant ainsi son propre business.
Le marché du copywriting : opportunités et stratégies pour débuter
Notre discussion a dérivé sur l’état du marché du copywriting. Le constat de Mike est clair : \ »Les copywriters qui cherchent des clients, […] en général, c’est pas les meilleurs. Parce que les très bons copywriters, ils sont toujours bouclés.\ » La charge cognitive et le temps de recherche nécessaires limitent le nombre de clients qu’un bon copywriter peut gérer.
Alors, comment devenir copywriter débutant et percer ? Mike suggère une approche honnête et sans risque pour le client. \ »Tu fais une garantie conditionnelle. Tu dis, ‘écoute, ce que je te propose, c’est je vais t’écrire de A à Z une page de vente, on va la tester, et tu vas fixer un seuil à partir duquel l’infopreneur va te rémunérer’. […] Si ta page de vente ne génère pas au moins 50 000 €, tu tu me payes pas, c’est gratuit.\ » C’est une stratégie gagnant-gagnant : le client n’a rien à perdre et le copywriter gagne en expérience et se construit un portfolio solide.
Le parcours de Mike en seulement deux ans est riche d’enseignements pour quiconque souhaite devenir entrepreneur. Il démontre que la croissance n’est pas qu’une question de chiffres, mais aussi d’adaptation, de remise en question permanente et de stratégies intelligentes pour capitaliser sur ses propres atouts.
Questions fréquentes sur le parcours de Mike et ses stratégies
Comment un entrepreneur peut-il s’adapter à une crise comme le Covid ?
Un entrepreneur doit être résilient et créatif. Face à une crise, il faut analyser les nouvelles contraintes et adapter son modèle économique, comme passer des services physiques (relooking en boutique) à des services en ligne, ou même inventer de nouveaux concepts (home dating) pour répondre aux besoins du marché dans le nouveau contexte.
\ »Ça te force à être résilient, c’est-à-dire tu fais face à un événement qui a des conséquences assez fortes, et tu dis, comment je peux rendre mon entreprise la plus résiliente possible face au changement ?\ »
Qu’est-ce qui pousse à quitter un bon poste d’ingénieur pour devenir entrepreneur ?
La décision est rarement soudaine. C’est souvent une convergence de facteurs : la perte de motivation pour une carrière tracée, un besoin de nouveaux défis, et un changement de contexte personnel ou professionnel qui rend la voie de l’entrepreneuriat plus évidente et désirable que la sécurité du salariat.
\ »J’ai besoin d’un nouveau challenge, j’ai besoin d’une nouvelle raison de me lever le matin. J’ai besoin d’un nouveau truc qui va me booster. Et du coup, j’ai repesé le pour et le contre, et à ce moment-là, le choix est devenu évident.\ »
Comment la loi de Parkinson affecte-t-elle les nouveaux entrepreneurs ?
Après avoir quitté un emploi, l’abondance de temps libre peut devenir un piège. La loi de Parkinson stipule que le travail s’étend pour remplir le temps alloué. Un nouvel entrepreneur peut alors se disperser sur des tâches non essentielles, perdre en efficacité et risquer le surmenage, alors que les contraintes d’un emploi l’obligeaient à se concentrer sur les actions à plus fort impact.
\ »Avoir cette limite de temps, ça t’oblige à aller à l’essentiel et à réfléchir en 20-80. […] quand je suis passé à plein temps […], j’ai commencé à faire plein de choses que je n’avais pas le temps de faire avant, et en fait, ça fait très peu de différence à la fin.\ »
Est-il possible de réussir en ligne sans montrer son visage ?
Oui, il est tout à fait possible de réussir et de bien gagner sa vie en ligne en restant anonyme. Mike l’a fait pendant près de trois ans. Cependant, révéler son identité et construire un personal branding peut débloquer un niveau supérieur de croissance, de confiance et d’opportunités de partenariat.
\ »Est-ce qu’on peut réussir sans montrer son visage sur Internet ? La réponse est oui, je l’ai fait pendant quasiment 3 ans, et on peut très bien gagner sa vie avec ça, c’est pas le problème. Par contre, ce que j’avais envie, c’était d’aller plus loin.\ »
Comment débuter en copywriting et trouver ses premiers clients ?
Pour un débutant, une stratégie efficace est de proposer une garantie conditionnelle basée sur la performance. Il s’agit d’offrir ses services gratuitement et de n’être rémunéré (souvent par une commission) que si les résultats atteignent un seuil de performance prédéfini. Cela élimine le risque pour le client et permet au copywriter de se construire une expérience et des preuves de résultats.
\ »Tu fais une garantie conditionnelle. […] tu fais un deal avec lui, comme par exemple, bah, écoute, si ta page de vente ne génère pas au moins 50 000 €, tu me payes pas, c’est gratuit. Et si on dépasse le seuil, […] je sais pas, tu fais 20, 30, 40 % de commission.\ »
Pourquoi un bon copywriter est-il souvent déjà pris ?
Les excellents copywriters sont très demandés et leur capacité de travail est limitée. La rédaction persuasive de haute qualité demande une immersion cognitive intense, beaucoup de recherche et de tests. Un copywriter ne peut donc gérer qu’un petit nombre de clients (souvent 3 ou 4 maximum) simultanément pour maintenir un haut niveau de qualité, ce qui explique pourquoi ils sont rapidement \ »bookés\ ».
\ »Les très bons copywriters, ils sont toujours bouclés. […] un copywriter qui a déjà trois clients réguliers, et cetera, potentiellement, c’est fini, quoi.\ »
Comment un personal branding peut-il aider la croissance d’un business ?
Un personal branding fort humanise une entreprise, crée un lien de confiance direct avec les clients et incarne la promesse de la marque. Il permet aussi de se positionner comme un expert, de rassurer des partenaires institutionnels comme les banques et de faciliter la création de partenariats stratégiques pour développer l’entreprise au-delà de son marché initial.
\ »J’avais aussi envie de miser un peu plus sur mon personal branding, de le mettre un peu plus en avant, comme ambassadeur de la marque, pour rassurer davantage les gens, pour donner davantage confiance, et pour que l’entreprise ait une plus grande notoriété.\ »
Comment rester efficace quand on devient entrepreneur à temps plein ?
Il est crucial de se méfier de la liberté totale et de recréer des contraintes pour rester focalisé sur l’essentiel (la loi de Pareto 20/80). Cela peut passer par la diversification des activités pour limiter le temps alloué à chacune, ou par l’instauration d’une discipline de travail rigoureuse qui priorise les tâches à plus fort effet de levier, celles qui étaient identifiées comme cruciales lorsque le temps était limité.
\ »C’est un peu une rigueur, un équilibre à essayer de trouver, et aussi comment je l’ai résolu, bah, c’est en ayant d’autres activités à côté, ce qui fait que je passe pas plus de 3, 4 heures par jour sur Draguer de Paris […], je me concentre sur les leviers qui sont les plus significatifs.\ »