De Katsuni à Céline Tran : le parcours d’une reconversion vers le bien-être
Céline Tran, autrefois connue mondialement sous le pseudonyme de Katsuni, a marqué l’industrie du cinéma pour adultes pendant 13 ans. Mais un jour, elle a décidé de tourner la page pour explorer de nouveaux horizons. Loin d’être une rupture brutale, cette transition s’est transformée en une quête de sens, la menant vers l’accompagnement, le coaching et l’hypnose. Comment passe-t-on d’une carrière aussi exposée à une pratique centrée sur l’introspection et le bien-être ? C’est tout le sujet de cette conversation, où Céline Tran partage sa vision de l’accompagnement, démystifie l’hypnose et explique comment elle a su créer un équilibre entre son passé et son présent pour construire sa nouvelle identité professionnelle.
L’accompagnement au cœur de la pratique de Céline Tran
Lorsqu’on explore les services proposés par Céline Tran, on découvre une palette d’outils variés : hypnose, coaching, massage. Plutôt qu’une diversification, elle y voit différentes facettes d’une même mission. « Le cœur de mon activité, c’est l’accompagnement. Et cet accompagnement se fait avec différentes techniques », explique-t-elle. Pour elle, chaque pratique est une porte d’entrée vers le développement personnel et le bien-être.
La synergie du corps et de l’esprit : massage, hypnose et coaching
Loin de cloisonner ses activités, Céline les fait dialoguer pour offrir une approche holistique. Un massage bien-être devient ainsi une forme d’accompagnement à part entière. « L’intention derrière le massage, c’est d’amener la personne à se reconnecter à son corps, et bien souvent elle amène avec elle des problématiques de parfois d’abus, de complexes », confie-t-elle. Cette approche intégrée se reflète dans la fidélité de sa clientèle : « Les personnes qui viennent me voir pour un type de séance, souvent prennent un autre type de séance. On va alterner conseils, hypnose et massage. »
Elle propose même des formules où elle jongle avec ces services pour accompagner la personne sur plusieurs niveaux : l’émotionnel avec l’hypnose, le corporel avec le massage, et le pragmatique avec le conseil. C’est cette combinaison unique qui fait la force de sa méthode.
Un cadre bienveillant pour un accompagnement sur mesure
Chaque séance commence bien avant le rendez-vous. Un formulaire de contact permet à Céline d’effectuer un premier tri et de s’assurer que ses services correspondent aux besoins de la personne. C’est une manière de clarifier le cadre et de distinguer son travail de celui d’un psychologue ou d’un ostéopathe. Une séance de massage, par exemple, dure 1h45 et inclut un temps de parole flexible. « Ce temps de parole dure le temps que la personne souhaite qu’il dure. Certaines personnes vont estimer que 5 minutes, ça suffit, et d’autres vont parler peut-être même une heure. »
Le massage en lui-même est un « massage signature », un cocktail personnel de techniques apprises notamment à Chiang Mai. Mais au-delà de la technique, c’est l’intention qui prime : « Je vais pas masser de la même manière quelqu’un qui est beaucoup dans le mental et une autre qui va me dire ‘je suis un sportif, j’ai des tensions très fortes’. »
Démystifier l’hypnose Ericksonienne pour sortir des schémas mentaux
L’hypnose souffre de nombreux clichés, souvent alimentés par le cinéma ou les spectacles. Céline Tran s’attache à déconstruire cette image pour présenter l’hypnose Ericksonienne comme un puissant outil d’accompagnement.
Plus qu’une transe, une conversation pour créer le déclic
« Faire de l’hypnose, c’est pas forcément faire une séance traditionnelle où on va mettre la personne en transe », précise-t-elle. Il s’agit plutôt d’une manière de discuter, d’utiliser les mots pour amener l’autre à adopter un nouveau point de vue. L’objectif est de « court-circuiter le mental », souvent source de blocages, de jugements et d’auto-limitations.
Le but est de provoquer un « bug » dans le schéma de pensée habituel de la personne. « Mon boulot, c’est de l’amener à avoir ce bug qui fait qu’elle est plus dans le mental. » Ce moment se manifeste souvent par un regard qui se fixe, une prise de conscience soudaine. « Quand la personne part dans ses pensées, où le regard se fige, où elle commence à parler en langage symbolique […] là, on y est, en fait, c’est déjà un début de transe. »
Remplacer une transe limitante par une transe aidante
Selon Céline, nous sommes tous, au quotidien, dans des états de transe. « L’idée, c’est de remplacer une transe par une autre », résume-t-elle. Il s’agit de bousculer la transe négative dans laquelle on est embourbé pour en créer une nouvelle, porteuse de perspectives.
Une simple question peut suffire à ouvrir une brèche. À quelqu’un qui manque de confiance, elle demande : « Quelle personne es-tu lorsque tu as confiance en toi ? Imagine. […] Qu’est-ce que ça change dans ta vie ? » Cette projection permet de sortir du problème identitaire (« je suis comme ça ») et d’ouvrir le champ des possibles. Le praticien n’apporte pas la solution, il guide. « L’idée, c’est qu’elle prenne conscience que justement, elle a tout ce pouvoir en elle. »
La reconversion : un saut dans le vide assumé
Arrêter une carrière au sommet de sa gloire pour se lancer dans l’inconnu est une décision qui fascine. Pour Céline Tran, ce ne fut pas un coup de tête, mais l’aboutissement d’un long processus intérieur.
Le déclic sur un tournage
La lassitude s’était installée progressivement, nourrie par des expériences personnelles qui ont altéré son rapport à son métier. Puis, un jour, sur un tournage pourtant idéal, la question s’est imposée avec une clarté brutale : « Qu’est-ce que je fous ici, quoi ? » Ce sentiment d’être étrangère à sa propre vie a été le déclencheur. « Mon rôle, c’est plus ça, en fait. Je me suis paumée, c’est plus ça mon histoire. »
S’ensuivit une période d’exploration pour trouver sa nouvelle place. Loin d’être de l’anxiété, le sentiment dominant était celui d’une profonde vulnérabilité. « Quand on enlève tout ça, qu’est-ce qu’il reste ? Il y a un côté assez effrayant parce que du coup, tu es face au vide. » Mais ce vide était aussi une page blanche, une immense opportunité : « Tu te dis mais putain, mais en fait, c’est là j’ai je peux faire ce que je veux. Mais je commence par quoi ? »
Écrire pour se réapproprier son histoire
L’écriture de son livre, Ne dis pas que tu aimes ça, a été une étape fondamentale de cette transition. Plus qu’un simple récit factuel, elle voulait partager le « point de vue humain », le ressenti derrière les choix, les doutes et les joies. « Au départ, je l’ai écrit comme un journal intime, et mon but, c’était de revivre chaque étape de ma vie », raconte-t-elle. Ce processus thérapeutique a donné naissance à un manuscrit de 650 pages, qu’il a fallu condenser avec l’aide de son éditrice. Une expérience parfois douloureuse mais essentielle pour comprendre qu’« écrire un livre, c’est pas l’écrire pour soi, c’est l’écrire pour qu’il soit lu. »
Construire une nouvelle identité : l’art de l’équilibre
L’un des défis majeurs d’une telle reconversion est de gérer l’image passée. Comment utiliser cette notoriété sans qu’elle n’éclipse le présent ? Pour Céline Tran, la réponse réside dans l’authenticité et le sens.
Une communication naturelle et authentique
Sa clientèle s’est construite de manière organique, avant même l’ouverture de son cabinet. La demande était déjà là. En professionnalisant son activité, elle a rassuré et attiré encore plus de monde. Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé. « C’est génial parce que il y a une interactivité avec les gens, il y a un côté très spontané, très naturel. Et ça, c’est probablement la meilleure manière de créer un lien de confiance. »
En partageant son évolution, ses formations, ses certifications, elle a invité sa communauté à grandir avec elle, créant une relation solide qui dépasse la simple curiosité liée à son passé. Sa chaîne Twitch, « Bien-être et Baston », est un exemple de cet échange sincère où des sujets comme la sexualité ou l’autisme sont abordés avec bienveillance.
Gérer le passé sans le renier
La question de l’équilibre entre Katsuni et Céline Tran est centrale. Comment utiliser l’une sans être cannibalisé par l’autre ? « Pour moi, le seul critère, c’est qu’il y ait du sens », affirme-t-elle. Elle n’a aucun problème à parler de son passé si cela sert un propos constructif aujourd’hui. « Je refuse les interviews qui veulent se construire que sur le passé. […] Parler de sexualité en lien avec le porno, oui, mais parler de mon ancienne carrière et de l’industrie du porno, ça ne m’intéresse pas. »
Le choix de reprendre son vrai nom a été un acte fondateur, une manière de se concentrer sur le présent, quitte à perdre des contrats. C’était une façon de dire : « Ça m’intéresse pas parce que c’est plus moi. » Cette posture claire lui permet aujourd’hui d’évoquer son parcours sans rester bloquée dans la nostalgie, mais en créant des ponts, des correspondances entre hier et aujourd’hui.
Questions fréquentes sur Céline Tran et sa reconversion
Comment Céline Tran a-t-elle géré sa reconversion professionnelle ?
Céline Tran a géré sa reconversion de manière instinctive et progressive. Après une prise de conscience, elle s’est lancée dans une phase d’exploration (école de cirque, arts martiaux) pour se reconnecter à son corps avant de se professionnaliser dans l’accompagnement par l’hypnose et le massage, en communiquant de manière authentique sur son parcours.
« J’ai arrêté le porno vraiment sans réfléchir à la question financière. […] Ça a été plusieurs années d’exploration pour trouver ma nouvelle place. »
Quelle est la différence entre le coaching et l’hypnose dans son approche ?
Dans son approche, le coaching est plus directif, une posture où elle donne des conseils et des prescriptions de tâches. L’hypnose, à l’inverse, est une posture où elle s’efface pour être au service de la personne, utilisant le questionnement pour l’amener à trouver ses propres solutions et ressources intérieures.
« Dans le coaching, on apporte vraiment de choix. […] Dans l’hypnose, on s’efface pour être au service de la personne. Donc, effectivement, c’est beaucoup de questionnements. »
Comment l’hypnose peut-elle aider à sortir des schémas mentaux ?
L’hypnose aide à sortir des schémas mentaux en court-circuitant le mental critique. Par la conversation, les questions et la suggestion, elle crée une ouverture qui permet à la personne d’envisager de nouvelles perspectives et de se connecter à ses ressources internes pour initier un changement.
« Le but, c’est de court-circuiter le mental parce que c’est aussi bien souvent ce qui nous freine. […] L’idée, c’est de rompre le schéma, cette mécanique que la personne a ancré en elle. »
Pourquoi Céline Tran a-t-elle arrêté sa carrière de Katsuni ?
Elle a arrêté sa carrière suite à une lassitude progressive et une prise de conscience profonde. Un jour, sur un tournage, elle a ressenti un sentiment de décalage, réalisant que ce rôle ne correspondait plus à son histoire et qu’elle aspirait à une sexualité pour elle-même et à donner un autre sens à sa vie.
« À ce moment-là, je me dis vraiment, mais qu’est-ce que je fous ici, quoi ? […] Mon rôle, c’est plus ça, en fait. Je me suis paumée, c’est plus ça mon histoire. »
Comment utilise-t-elle le massage dans son accompagnement ?
Céline Tran utilise le massage comme un outil d’accompagnement pour aider les personnes à se reconnecter à leur corps. Chaque séance inclut un temps de parole et le massage est adapté aux besoins spécifiques de la personne, que ce soit pour lâcher le mental ou relâcher des tensions physiques, en se concentrant sur l’intention et l’énergie.
« Faire du massage bien-être, c’est proposer une forme d’accompagnement. L’intention derrière le massage, c’est de d’amener la personne à se reconnecter à son corps. »
Quel a été le processus d’écriture de son livre « Ne dis pas que tu aimes ça » ?
L’écriture de son livre a été un processus thérapeutique et introspectif. Elle l’a d’abord écrit comme un journal intime pour revivre chaque étape de sa vie. Ensuite, avec l’aide d’une éditrice, elle a condensé et restructuré son récit pour le rendre accessible aux lecteurs, transformant son histoire personnelle en une histoire universelle.
« Quand j’ai écrit, j’ai écrit aussi pour moi, il y a un clairement un côté thérapeutique à ce moment-là. C’est quand même pas rien de revenir sur toute son histoire. »
Comment Céline Tran gère-t-elle l’équilibre entre son ancienne et sa nouvelle carrière ?
Elle gère cet équilibre en n’évoquant son passé que lorsque cela a du sens et est constructif pour son propos actuel. Elle a délibérément abandonné son pseudonyme pour se concentrer sur le présent, tout en acceptant que son ancienne carrière fasse partie de son histoire et puisse être un point d’entrée pour parler de sa reconversion.
« J’ai pas de problème à parler de mon passé […] mais il faut que cette évocation soit utile. C’est pas de rester bloqué dans dans une forme de nostalgie. »
Qu’est-ce qu’une « transe » au quotidien selon Céline Tran ?
Selon elle, une transe est un état que l’on vit tous les jours, par exemple en étant absorbé par un film, une musique, ou en étant bloqué dans un schéma de pensée. C’est un état où l’on est moins dans le mental critique et plus connecté à ses émotions ou à une histoire, ce qui est le principe même de l’hypnose.
« Quand on regarde un film, on est en transe. On est conscient d’être assis dans un fauteuil, mais on est absorbé par ce qu’on voit et on vit des émotions à travers des personnages. »